le consentement exprès des supérieurs; qu'il y aurait toujours entre leurs abbayes au moins la distance de quatre lieues, eu égard au système de mesure usité dans chaque province; que les fermes rivales seraient établies à denx lieues au moins; que les différends respectifs ne seraient plus réglés par arbitres, mais toujours déférés à la connaissance du chapitre général des deux ordres.

Quantité de chartes portent la signature du second abbé de Saint-Josse-au-Bois (1); souvent on recourait à sa grande expérience et la loyauté de son caractère, jointe à une rare érudition, le rendait l'arbitre du Ponthieu. Les historiens de Prémontré vantent sa piété angélique et sa dévotion pour la sainte mère de Dieu; ils vantent encore le grand attrait de ses exemples. Adam se montrait sévère pour lui-même, plein de bonté pour le prochain, il était véritablement le père de ses religieux.

Il ajouta la terre de Bamières aux possessions de l'abbaye par suite de la donation de messires Oilard de Ecmicourt, Richard de Rollencourt, Eustache de Maisonchelles, Vaultier Becket, et Bernard de Bailleul, qui la tenaient en fief par moitié d'Eustache Colet et du comte de Ponthieu (1138).

Adam est qualifié du titre de bienheureux, on ne lui rendit cependant pas de culte public; l'épitaphe, consacrée à sa mémoire, fait allusion au jour de sa mort, arrivée le 31 mai 1166.

L'une des sept chapelles du choeur de l'église de Dom

(1) Cf: Les cartulaires de Saint-André-au-Bois, Archives du Pas-deCalais; de St-Jean d'Amiens et de Valloires, Archives de la Somme ; de Saint-Pierre-de-Selincourt, Bibliothèque d'Amiens.

martin avait été dédiée à St-Josse, mais les pèlerins se rendirent toujours plus volontiers à l'oratoire primitif abandonné par Adam: chaque année, au jour de la Trinité, la communauté allait y vénérer les reliques insignes renfermées dans un buste d'argent, produit de l'offrande des fidèles (1). La révolution a tenté d'abolir la dévotion séculaire au bon saint Josse; l'impiété renversa le sanctuaire, mais l'emplacement où il s'élevait 'demeura l'objet de la vénération publique. Il y a peu d'années, M. Verlingue y a fait élever une chapelle qui fut solennellement bénite le 3 juin 1860, par M. Braquehaye, curé-doyen d'Hesdin; plus de cinq mille personnes assistaient à la cérémonie et saluèrent avec bonheur le rétablissement du pèlerinage traditionnel à l'ermitage de Saint-Josse, au berceau de la célèbre abbaye de Dommartin (2)!

Gombert reçut en 1167 la crosse de Dommartin. Son illustre prédécesseur y avait fait graver ces mots : Onus, non honor.

(1) Ce buste a été enlevé en 1793 par ordre du district de Montreuil, avec deux autres statues d'argent. La pesée des trois objets produisit 106 marcs d'argent. Archives du Pas-de-Calais, District de Montreuil, liasse 58.

(2) Le dimanche de la Trinité, 1791, dom Crassier, célèbra la dernière messe à 6 heures du matin, dans la chapelle de St-Josse, démolie en 1793. Les matériaux ont été employés à la construction de fours à St-Remy et à Mourier. La statue du saint, soustraite au pillage, soigneusement gardée pendant la révolution, a été placée en 1836, dans l'église de Mourier. Notes de M. Levrin, ancien curé de Tortefontaine.

C'était effectivement une lourde et difficile mission d'administrer à la fois le spirituel et le temporel d'une abbaye importante; la nécessité pour le supérieur de ménager à ses enfants les moyens d'existence en même temps qu'il les dirigeait dans les voies de la perfection, donna naissance à une institution très-répandue au Moyen-Age: celle des Avoués; l'avoué d'une église ou d'un monastère tenait ordinairement dans le monde un rang distingué, et se déclarait le défenseur et le protecteur des intérêts temporels; des barons, des ducs, des comtes ne dédaignaient pas ce titre, dont souvent ils abusaient, il est vrai, en s'attribuant les redevances qu'ils avaient touchées comme fondés de pouvoir. Le comte de Flandre et son père Thierry d'Alsace acceptèrent d'être les avoués de l'abbaye de Dommartin pour les biens situés entre les rivières de Canche et d'Authie (1), à la sollicitation de Gombert qui termina sa carrière au mois de mai 1170. (2)

Saint Norbert avait statué que tous les ans il y aurait réunion en chapitre général; les abbés et les prévôts des différentes maisons devaient se rendre à Prémontré, afin de conférer avec le général et de rendre compte de leur

(1) Inventaire de la chambre des comptes de Lille, t. I, fo 44, no 94 et ler cart. d'Artois, pièce 292.

(2) Lédé, notes mns., fo 30.