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entre Guillaume IV et les Templiers, au sujet du relief des hommages perçu à cause des marais que le comte de Flandre avait donné autrefois à Guillaume Ier, Guillaume IV les leur abandonne en aumône, à l'exception de ceux du comté de Fauquembergue, et des domaines de Beaurain et de Verton.

Le traité qui fixe les limites de la châtellenie de Beaurain et du comté de Ponthieu, au moment de l'aliénation par la comtesse Marie, au profit du comte d'Artois, de certains fiefs par delà l'Authie, n'est pas moins intéres

sant:

Le cinquième dimanche après Pâques, année 1244 (1), se trouvent assemblés à Dommartin, outre l'abbé Jehan et les religieux, messires: A. de Beaurain et A. de Renty, mandataires de Guillaume IV de Saint-Omer; messires Guillaume de Maisnières, seigneur de Maintenay (2) et Guillaume, seigneur de Wailly, délégués du comte de Ponthieu; messires Firmin de Ponches et Robert d'Avesne, envoyés de Guy de Ponches, dont les domaines sont limitrophes; messires Arnould de Renty et son fils André, Jehan de Lambersart, chevalier, le bailli d'Hesdin, Wenemer; Guillaume Colet et bon nombre d'autres notables, qui tous déclarent solennellement que la châtellenie de Beaurain s'étend du fief de Douriez à celui d'Anconnay (à

tion des Templiers reposait sur un titre de Thierry, comte de Flandre, en date du 13 septembre 1128, aux Arch. nationales, orig., K. 22, N° 53.

(1) Archives du Pas-de-Calais, orig.

(2) Guillaume de Maisnières, fils de Jean, seigneur de Maintenay, du chef de sa femme, Clémence, héritière et dame de Maintenay, fille de Guillaume II de Montreuil-Maintenay. C. de Valloires, fo 134.

feodo de Dourihier usque ultrà feodum de Anconai, in longitudine) et du milieu de la rivière d'Authie jusqu'aux terres cultivées, vers Beaurain: (a medietale magnæ Alteie usque ad terram arabilem versùs Bellum Ramum, in latitudine). Les limites ainsi reconnues, Guillaume IV se rend accompagné des chevaliers que nous avons nommés, sur les bords de l'Authie et rétablit les bornes de sa châtellenie, près du moulin de Ponches.

Guillaume IV de Saint-Omer, châtelain de Beaurain. eut un frère, Guillaume V, mort comme lui sans enfants et trois sœurs: Béatrix, Alix, Marguerite (1).

Béatrix, mariée à Philippe d'Aire, lui donna les titres de châtelain de Saint-Omer et comte de Fauquembergue; Alix, dame de Beaurain, épousa Baudouin de Créqui qui trancha, en qualité de seigneur de Beaurain, le différent élevé entre le seigneur de Maresquel et l'abbaye de SaintAndré-au-Bois, en 1253; Marguerite, enfin, s'allia à Philippe de Créqui, fils du précédent, et ils vendirent la châtellenie de Beaurain, dont ils avaient hérité à la mort de Beaudouin, au comte de Saint-Pol qui la possédait en 1257 (2).

Les droits respectifs du nouveau châtelain et du comte d'Artois demeurant incertains, on convint au mois d'avril 1271, que ce dernier exercerait toute justice dans ses fiefs, Aubin et Tortefontaine exceptés: (1) que si des dé

(1) DOM DEVIENNE; hist. d'Artois et P. ANSELME, les grands officiers de la couronne, t. VI, fo 779.

(2) Ce ne peut être en 1248 qu'eut lieu la vente de Beaurain au comte de Saint-Pol, comme l'écrit le P. Anselme (VI, 779) puisque Beaudouin de Créqui jugeait encore en qualité de seigneur de Beaurain en 1253.

(3) Inventaire de Godefroy précité, t. 1, no 425.

pendances de la seigneurie de Beaurain sont comprises dans le comté d'Hesdin appartenant au comte d'Artois, celui-ci y rendra la justice, avec obligation de réciprocité de la part du comte de Saint-Pol.

Raoul Ier, comte d'Eu et de Guines, connétable de France, devint châtelain de Beaurain, par son mariage avec Béatrix de Saint-Pol (1); ses baillis étaient Jehan Postel en 1292 et Guillaume de Hocquélus en 1319 (2); Raoul II, son fils, accusé de trahison, ayant été mis à mort sans forme de procès, le roi confisqua tous les biens et pour justifier une violation criminelle de l'équité, il allégua chez la victime des intelligences coupables avec l'Angleterre.

< En ce comte Raoul d'Eu, écrit Froissard, avoit un << chevalier durement able, gài, frisque, plaisant, joli et léger et estoit en tous estas si très gracieux que dessus << tous autres il passoit route..... Je le tiens si vaillant et << si gentil que jamais il n'eut pensé trahison. »

Le supplice du connétable fournit au roi l'occasion de distribuer de nouvelles faveurs aux courtisans. Il accorda: le comté d'Eu à Jean d'Artois, la charge de connétable à Jean d'Espagne et la châtellenie de Beaurain enrichit Robert de Lorris, sire d'Ermenonville, chambellan, conseiller du grand et du petit conseil, ambassadeur en Angleterre, etc. (3).

(1) Cart. de Montreuil, f 191. Les francs hommes de Beaurain étaient alors: Renaud de Canaple, Eustache de Gouy, Eustache de Contes, Pierron de Molliens, Jehan de Ricquebourg.

(2) LÉDÉ, notes, mns, 70 vo.

(3) Archives nationales de France, JJ. 84 fo 326 et P. ANSELME, t. II, fo 412.

Le fils de Robert, Jean de Lorris était le filleul de Jean le Bon et lorsqu'il épousa Marie de Châtillon, sa dot comprit la terre de Beaurain et la vicomté de Montreuil-sur-laMer qui rapportait environ mille livres tournois de rente(1), Le vicomte de Montreuil jouissait du droit de travers, percevait un droit fixe sur les marchandises étalées aux marchés (2) et son autorité se trouvait constamment en opposition avec celle du mayeur et des échevins. Jean de Lorris leur proposa de céder ses droits moyennant une rente annuelle et perpétuelle de 160 livres parisis. La commune de Montreuil accepta avec empressement l'échange qui mettait un terme à des difficultés incessantes et l'acte fut passé le 12 septembre 1352 (3). Le vendeur se réservait pour lui et ses descendants le titre de vicomte de Montreuil et l'emplacement « que on dit le « gardin le Conle (4) séant en ladite ville». Quelques années après, au mois de juin 1368, le roi Charles V réunit la châtellenie de Beaurain au domaine, avec l'intention de ne l'en jamais distraire : « yceux chastel et chastelle<< nie voulons et ordonnons, par ces présentes, perpétuel<<lement estre et demouréz miz, appliquéz, uniz, an<< nexéz et adjoinz au domaine..... sans que jamais ils en << soient ou puissent estre divisez, aliénez, ne séparez,

(1) Archives Nationales de France, J. 82, no 85.

(2) Voir notre essai sur les seigneurs de Maintenay, vicomtes de Montreuil, in-8°, fo 27.

(3) Archives nationales de France J. reg. 81, no 798.

(4) Le GARDIN LE CONTE, aussi nommé, dans d'autres titres, la COUR LI CUENS ou cour le Comte; c'est l'emplacement de l'ancien château des comtes de Ponthieu, à Montreuil, situé dans la rue actuelle des Bouchers et qui servit longtemps d'habitation aux sires de MontreuilMaintenay.

<< en aucune manière par quelque cause que ce soit (1).

La ferme résolution de Charles V fut bien courte, car dès la fin de l'année 1368, il accordait encore le sanglant héritage du comte d'Eu, à messire Emond de la Motte, puis à messire Jehan de Dainville (2), son maitre d'hotel et frère de Gérard de Dainville, successivement évêque d'Arras, de Thérouanne et de Cambrai, qui fonda le collége de Dainville à Paris (3).

Oudart de Renty reçut ensuite la châtellenie de Beaurain (1371), Messire Enguerran de Coucy, seigneur de Marles, la Fère, comte de Soisson, l'obtint à son tour, le 23 mai 1584. << Celui-ci estoit ung chevalier esprouvé, qui » toute sa vie n'avoit finé d'armes suivre et moult estoit « de grande vertu. »

Il marcha sous les ordres du comte de Nevers, au se-cours de Sigismond, roi de Hongrie (1396), et assista au désastre de Nicopolis, où les chrétiens se virent écrasés par les Sarrasins, qui « plus de vingt estoient contre ung. (1)

Tombé entre les mains des mécréants, Coucy expira dans les fers, après une longue captivité et le château de Beaurain, toujours octroyé « à viage » retourna une sixiè

(1) Archives nationales de France, J. 361, no 3. Ces lettres, données à Paris, sont scellées du grand sceau de majesté: Le roi assis sur un trône formé par des aigles portant sur des lions avec la légende: KAROLVS FRANCORVM REX. Le contre sceau porte l'écu de France avec sceptre et main de justice.

(2) SALÉ, recueil des choses...., fo 216 et 217. Arch, de l'abb. de SaintAndré-au-Bois.

(3) Cart. de l'évêché d'Arras, ch. 283. Jehan mourut sans enfants de Agnès de Gueulezin qui fonda de concert avec lui deux chapelles dans l'église de Dainville-lez-Arras.

(4) Livre des faits de Jehan Boucicault, ch. xxv.

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