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me fois à la couronne, fort à propos, pour récompenser messire Jehan de Croy, seigneur de Renty, de Seninghem et d'Airaines, grand bouteillier de France, conseiller et chambellan du roi de France et du duc de Bourgogne :

Le duc d'Orléans venait de succomber sous les coups de la faction Bourguignonne; ses enfants, effrayés de l'as cendant du meurtrier de leur père formèrent, avec le comte d'Armagnac, une ligue qui prit son nom, ligue des. tinée à renverser l'orgueilleux Jean sans Peur. Celui-ci n'était point préparé à soutenir une attaque aussi redoutable; il voulut négocier et faire entrer dans ses intérêts le vieux duc de Berry, oncle du roi. Jehan de Croy, chargé de cette délicate mission, partit aussitôt pour Bourges.

Il chevauchait un jour à travers les plaines incultes de la Sologne, lorsqu'une bande d'Armagnacs attaque à l'improviste sa petite escorte et s'empare de sa personne : Enfermé au château de Blois, accusé de participation au meurtre du duc d'Orléans, Croy fut si cruellement maltraité, qu'il perdit les ongles des pieds et des mains. L'intervention de la duchesse de Bourbon, dont les enfants avaient été incarcérés au château de Renty, par le fils du malheureux prisonnier de Blois, put seule mettre un terme à cette affreuse captivité, qui dura treize mois.

Le duc de Bourgogne et le roi s'efforcèrent de faire oublier à leur cher fils, le sire de Croy, les mauvais traitements dont il avait été la victime, en exécutant leurs ordres Ils se plurent à le combler de faveurs, et il reçut, au mois de janvier 1412 (1),non plus à viage mais pour lui

(1) P. ANSELME, T. VIII, fo 565.

et ses descendants, la châtellenie de Beaurain, avec les dépendances.

Jean de Croy périt à Azincourt, laissant comme héritier de son immense fortune, messire Antoine de Croy, seigneur de Renty, Seninghem, Beaurain, etc., dit le grand Croy, qui épousa Marguerite de Lorraine, dame d'Arschot : C'était une alliance princière dont il fallait perpétuer le souvenir, aussi leur fils aîné ajouta-t-il à l'écu de Croy écartelé de Renty, que portaient ses ancêtres, le blason de Lorraine, écartelé de: Alençon et Wallon Capelle, ses parents maternels; trois générations adoptèrent les armoiries de Croy, ainsi modifiées de 1475 à 1553. Ce blason sculpté, tel que nous le décrivons (1), au chœur des églises de Buire-le-Sec et de Maresquel, ainsi qu'à la voûte de la chapelle latérale de l'église de Beaurainville (2), fixe d'une manière certaine l'époque de leur construction, dans les premières années du XVI° siècle.

A messire Antoine de Croy, succéda Jean, premier sei

(1) Écartelé au 1 et 4: d'argent à 2 faces de gueules, qui est de

Croy.

au 2 et 3 d'argent à 3 doloirs de gueules, qui est de

Renty.

Sur le tout, en abîme, un écusson écartelé :

au 1 et 4 : d'or à la bande de gueules, chargée de 3 alérions d'argent, qui est de Lorraine.

au 2: d'azur à trois fleurs de lys d'or à la bordure de gueules chargée de besans d'argent, qui est d'Alençon.

au 3: de gueules à 2 faces d'or, qui est Wallon

Capelle.

(2) L'écusson qui formait la clef de voûte de cette chapelle était entouré de B sculptés, il s'est brisé lors de la restauration exécutée en 1870.

gneur du Roeulx, châtelain de Beaurain, qui se maria avec demoiselle Jehanne de Crecques ou de Crésecques, dame de Contes et de Maresquel, fille de Jean de Crésecques, sire desdits lieux et de Bonne de Fromessent. Ils eurent un fils, Ferry de Croy qui leur succéda en 1475 (1) et attacha son nom à la rédaction des coutumes de la seigneurie de << Beaurain-Chastel et Beaurain-le-Ville, avec Neufville, Berck, Campagnes, Gouy, Saint-Remy, Ecquemicourt, Bureuilles, Maresquel, Ricquebourg, Hesmond, SaintVast, Verton et Merlimont qui en relevaient. » Les coutumes du comté de Saint-Pol et de la prévôté de Montreuil ont servi de base à la législation de Beaurain, sauf 10 articles spécifiés par M. Bouthors. (2) Ainsi, pour le pâturage des marais, l'article 6 limite à neuf, le nombre des bêtes à laine que chaque ménage y peut envoyer, sauf « entre Beaurain<< le-Chastel et Beaurain-le-Ville, au lieu dit le Franc-Ma<< rest, auquel lieu, par privilége accordé par les seigneurs « dudit Beaurain-le-Ville et Beaurain-Chastel, le Nofville << et les quatre portes (3) et nuls autres peuvent mener < pasturer tel nombre que bon leur semble. »

(1) BOUTHORS, Coutumes locales du Bailliage d'Amiens, II, p. 602 et suiv.

(2) En 1472 la châtellenie de Beaurain rapportait 460 livres. (Reg. P. 35 de la chambre des comptes de Lille), les principaux fiefs en dépendant sont :

-

Maresquel, du revenu de 70 liv. Hesmon, en 2 fiefs aux Créqui Hemon. Gouy, pairie jadis à Enguerran de Werchin aujourd'hui

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disputée par Jean et Martin de Werchin.

Isaac de Campagne. Beaurainville, pairie.

- —

Campagne, pairie à
Verton, à Péronne

de Soissons, dame de Soyecourt. - Offin. - Léaulne, à N. de Bournonville. Ricquebourg, pairie à Pierre de Gouy, seigneur de

Genne.

(3) Les quatre portes dont il est ici question prouvent qu'une enceinte

Défense absolue d'envoyer dans les marais «tor ou ver » (taureau ou verrat), sous peine de confiscation. (art. vii). De toute ancienneté, les vassaux devaient, en temps de guerre et à la première réquisition de leur suzerain, faire le guet au donjon du manoir; la plupart des hommes de fief de la châtellenie de Beaurain s'étaient affranchis de cette obligation par une redevance annuelle: chaque ménage payait 4 sols parisis en deux termes; un homme veuf, ou une femme veuve payait 2 sols parisis, également en deux termes. Toutefois, les habitants de << Beaurain-Chastel, Bercq et Merlimont sur la mer » demeuraient tenus « en péril imminent de faire guet en personne, au chasteau dudit Beaurain.

Le procès verbal de la rédaction des coutumes a été dressé le 25 septembre 1507, en présence de :

N. RUNET, bailli de Beaurain. — H. DE CANLERS, procureur pour office de Beaurain, bailli de Gouy et de Verton pour M. de Soyecourt; de Campagne, pour Guillot-leGrand et de Canaples, pour M. Ferry de Vaudricourt.-N. BLANC, lieutenant de Beaurain. -LEGRAND, greffier du bailliage de Beaurain. -DAVIAU, abbé de Saint-André et homme de fief. JACQUES LE PRÉVOST, prêtre, curé de Beaurain et doyen de chrétienté de Fauquembergue. LEGRAND, bailli du prieuré de Beaurain. - ADRIEN d'EsTREVILLE, vicaire de Cucq. DAVESNE, curé de Hesmon.

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- J. COTUN, vicaire de Bercq.

NICOLAS DE QUAY, curé

de Verton. GUY, vicaire de Merlimont.-J. CORNAILLE,

vicaire de Gouy. ·

B. LAMY, vicaire d'Aubin, curé d'Ec

de murailles environnait les maisons les plus rapprochées du château;

le chemin de Montreuil à Hesdin la traversait.

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micourt. GUILLAUME DE LA PORTE, bailli de Merlimont. -DE GOUY, seigneur de Ricquebourg. NICOLAS DE GOUY.-S. JUMES, boulanger, pour M. de Rambures. GUILLAUME BELOT DE LA PORTE. A. DE HILDREQUEN, seigneur du Plantis. HUE REGNAUT, homme de fief. REGNAULT. M° JEAN D'ANEL, pour A. Bastard de Sorchy. ED. D'ERVILLY, homme de fief et procureur de Andrieu d'Avesne.-N. VELLET, pour J. Vellet, son père. - JEHAN ROUSSEL, homme de fief. S. GRAND, pour monseigneur Jehan de Fresnoy, comme lieutenant général du bailli de Hesmon. Les échevins et lieutenant de Verton. - JEHAN PAILLETTE, Vicomte de Merlimont. — JEHAN D'ESTAMPE, etc.

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Voici maintenant qualifié châtelain de Beaurain, un capitaine fameux, qui fut mêlé à toutes les expéditions militaires de son temps:

Adrien de Croy, gouverneur de l'Artois et des Flandres, plus connu sous le nom de comte de Roulx. Il avait obtenu du roi de France, une sauvegarde spéciale pour le château de Beaurain, où sa mère, Lamberte de Brimeux, résidait habituellement.

La garnison de Montreuil, assez mal disciplinée, se répandait parfois aux environs de la ville et se livrait à de regrettables excès. Les soldats osèrent même un jour pénétrer dans la forteresse de Beaurain, au mépris de la haute protection qui la couvrait : ils y commirent mille horreurs et se montrèrent, raconte Lédé, « si impudents <<et si effrontément lascifs et impudiques qu'ils outragèrent << les demoiselles de la dame de ce lieu, en sa présence, << sans crainte ny respect de Dieu ny des hommes. >

On comprit à Montreuil les conséquences terribles que

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