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pouvait avoir ce fâcheux incident; les coupables furent page du sévèrement punis et le seigneur de Lignon, ancien comte de Roulx, alla conjurer la châtelaine d'épargner au pays, la redoutable vengeance de son fils, mais son indignation était extrême et les supplications demeurèrent inutiles. Bientôt, les troupes espagnoles, que commandait le comte de Roeulx firent cruellement expier à d'innocentes populations le libertinage de quelques soldats, « vilains et infàmes ribauds. »

Le siége de la ville de Montreuil, suivi du massacre des habitants et de l'incendie d'une partie des maisons apprit à respecter la mère du tout puissant général des armées impériales.

La comtesse de Roulx vint encore à Beaurain dans la suite. Adonnée à une haute dévotion, elle fréquentait l'abbaye de Saint-André-au-Bois et assistait avec ferveur aux matines; son fils, Adrien de Croy, mari de Claude de Melun hérita de ces bonnes dispositions pour les moines. La grande verrière du chœur de l'église, les représentait tous deux avec leurs armoiries. On y voyait l'image du Christ, ayant à sa droite, la sainte Vierge; à sa gauche, saint Jean l'évangéliste; à ses pieds, Marie Magdeleine; la partie inférieure du vitrail était occupée par saintAndré, saint Claude et saint Adrien.

D'après un compte dressé en 1521, la châtellenie de Beaurain rapportait la somme de3115 livres parisis, 9 sols, 6 deniers ainsi répartis (1):

Beaurain et dépendances.

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876 liv. 9 sols

120 liv. 19 sols 4 den.

(1) Arch. du Pas-de-Calais, liasse de Beaurain.

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50 liv.

6 sols

945 liv.

19 sols 7 den.

92 liv.

19 sols

30 liv.

3 sols

9 den.

39 liv.

4 sols 2 den.

Nuncq. Jean de Croy, comte de Roux, seigneur châtelain de Beaurain, fils d'Adrien, étant décédé sans postérité, ses biens passèrent à un cousin nommé Claude de Croy. Le roi de France prétendit alors retraire la châtellenie de Beaurain, au profit de la couronne, sous le prétexte que Charles VI avait formellement stipulé cette éventualité et fixé le prix de rachat à 500 chaises d'or (monnaie de l'époque valant 16 fr. 20 centimes; soit : 8100 francs.)

La garnison de Montreuil vint occuper la forteresse; on tremblait de voir se rallumer la guerre à peine terminée, mais les ambassadeurs de France et d'Espagne, chargés d'étudier la question y apportèrent une grande modération et résolurent après de longues conférences, tenues à Hesdin, de s'en remettre à l'appréciation d'arbitres de leur choix S. M. catholique, Philippe II, nomma :

Pierre Greuet, seigneur de Fermont, conseiller ordinaire au conseil d'Artois ; Pierre Payen, seigneur de Bellacourt, avocat fiscal audit conseil; le seigneur de Belvalet, seigneur de Pomera aussi conseiller.

Henri III délégua un président de la Chambre des comptes, un président de la Cour du Parlement et un troisième personnage de qualité. Les six commissaires se réunirent à Saint-André-au-Bois le 5 décembre 1579. Les pourparlers durèrent 18 jours, durant lesquels il y eut à l'abbaye grande affluence de gentilshommes qui venaient

saluer les arbitres. Ceux-ci et leurs serviteurs au nombre de vingt-six occasionnèrent des frais considérables : « Ils <beurent 3 muids de vin et 18 tonneaulx de bière, pour<< quoi, il cousta beaucoup et croys, remarque Lédé, qu'il n'y eust pas grand récompense. Dieu nous garde tousjours de telles déschargées en ceste petite maison ! > Le résultat de la conférence fut favorable aux prétentions du comte de Roulx et, par là même, de S. M. Catholique, au détriment du roi de France (1).

«

Eustache de Croy, comte de Roulx, succéda donc paisiblement à Claude; Il eut deux fils: Albert Claude, qualifié baron de Beaurain, mort sans enfants et Ferdinand Gaston Lamoral, dit le duc de Croy, baron de Beaurain, après son frère, général de l'artillerie du duc de Saxe, etc. Il rétablit l'hôpital de Beaurain; cet hôpital, vulgairement nommé le Cocquempot (2), autrefois doté par les châtelains, avait été dépouillé dans le cours du XVIe siècle. L'ordre de Saint-Lazare s'était emparé de la majeure portion des biens; le commandeur de Loison s'attribuait le surplus, lorsqu'à la sollicitation du duc de Croy, le roi Louis XIV décréta la réunion à l'hôpital des pauvres malades de Beaurain, des propriétés qui lui avaient été enlevées et de celles qui dépendaient des anciennes maladreries de Jumel et de Cavron. L'arrêt du 4 mars 1697

(1) Archives du Nord. Titres de Saint-André.

(2) Le Cocquempot. Primitivement il avait été établi sur l'emplacement du jardin où les archers s'exerçaient au tir, le but était ordinairement un oiseau, souvent un coq empaillé placé, empallé sur un piquet ou paul d'où l'expression: cog en paul d'où l'on a fait par corruption Cocquempot, nom conservé à l'un des quartiers de Montreuil qui a la même origine.

porte que les habitants de ces deux localités auront droit dans l'hospice nouvellement rétabli, à un nombre de lits proportionné aux revenus annexés (1).

L'histoire des châtelains de Beaurain se confond ensuite avec celle de la maison de Croy, qui a possédé jusqu'à la fin du dernier siècle la forteresse dont les ruines n'avaient pas été relevées depuis plus de deux cents ans.

II.-LES COLET.

A droite de la route d'Hesdin à Montreuil, à cent mètres de la Canche, apparaissent deux larges pans de murailles, débris de la redoutable forteresse dite de Lianne, Léalne, Léaulne ou Léaune. Ancienne résidence des Colet, elle a conservé le nom de ses possesseurs du XIV• siècle.

On se perd en conjectures sur l'origine des Colet. Malbrancq leur accorde un paragraphe spécial intitulé: « Colletonum familia præsertim è Belriniensibus (Gallicé Beaurain) comiti sancti Pauli odiosa. » Il les qualifie de nobles et puissants seigneurs: «Viri nobilitate ac potentiá insignes, divitiis pariter ac possessionibus opulenti » et, pour donner une idée de ces vastes possessions, l'auteur ajoute qu'ils étaient propriétaires de Beaurain et de la Caloterie: Domini de Belloramo et de Calothria (2) .> Meyer, dans sa chronique, parle des Calotois, aussi bien que dom Cotron, l'un des continuateurs du moine Hariulfe (3). Pour Jean de la Chapelle, les Calletois sont

(1) Archives du Pas-de-Calais, titres de l'hôpital de Beaurain. (2) MALBRANCQ, de Morinis, III, 160.

(3) Chronica Centulensis Abb. Sti Richarii continuatio auctore V Cotron, ch. VI.

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C Norman, del

RUINES et PLAN de la TOUR des LIANNE
à Beaurainville.

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