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porte que les habitants de ces deux localités auront droit dans l'hospice nouvellement rétabli, à un nombre de lits proportionné aux revenus annexés (1).

L'histoire des châtelains de Beaurain se confond ensuite avec celle de la maison de Croy, qui a possédé jusqu'à la fin du dernier siècle la forteresse dont les ruines n'avaient pas été relevées depuis plus de deux cents ans.

II. LES COLET.

A droite de la route d'Hesdin à Montreuil, à cent mètres de la Canche, apparaissent deux larges pans de murailles, débris de la redoutable forteresse dite de Lianne, Léalne, Léaulne ou Léaune. Ancienne résidence des Colet, elle a conservé le nom de ses possesseurs du XIV• siècle.

On se perd en conjectures sur l'origine des Colet. Malbrancq leur accorde un paragraphe spécial intitulé: « Colletonum familia præsertim è Belriniensibus (Gallicé Beaurain) comiti sancti Pauli odiosa. » Il les qualifie de nobles et puissants seigneurs: «Viri nobilitate ac potentiâ insignes, divitiis pariter ac possessionibus opulenti » et, pour donner une idée de ces vastes possessions, l'auteur ajoute qu'ils étaient propriétaires de Beaurain et de la Caloterie: «Domini de Belloramo et de Calothria (2) .» Meyer, dans sa chronique, parle des Calotois, aussi bien que dom Cotron, l'un des continuateurs du moine Hariulfe (3). Pour Jean de la Chapelle, les Calletois sont

(1) Archives du Pas-de-Calais, titres de l'hôpital de Beaurain. (2) MALBRANCQ, de Morinis, III, 160.

(3) Chronica Centulensis Abb. Sti Richarii continuatio auctore V Cotron, ch. VI.

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RUINES et PLAN de la TOUR des LIANNE
à Beaurainville.

des feudataires très-nobles, très-riches, domini temporales de Biaurain et totius Caletarie (1).

Les Calotins, d'après Devérité, « appartenaient à une nombreuse famille dont l'influence chaque jour grandissante portait ombrage aux voisins (2). »

Les Bénédictins, racontant la fondation de l'abbaye de Cercamp, l'attribuent à l'expiation rendue nécessaire par les massacres qui ont ensanglanté la guerre du comte de Saint-Pol, contre les Calaterienses Toparchas (3).

Dans l'histoire littéraire de la France, les Caletes domini de Belloramo, sont désignés comme habitants de Calais (4). Cette dernière assertion est inadmissible et ne se rencontre nulle part ailleurs, elle a toutefois inspiré à un complaisant antiquaire, une étude longue et approfondie sur la géographie de l'ancienne Gaule-Belgique, la situation de la tribu des Calètes etc., etc.... Il consacre sept pages entières à l'examen de cette question obscure, modifiant à son gré les syllabes et il trouve de sérieuses raisons de croire que l'agglomération d'individus, possédant au XIIe siècle un vaste fief sur les bords de la Canche, la famille des Caledonum ou Caletonum, était un clan, une tribu celtique demeurée, avec le nom primitif, dans ce coin obscur de la Morinie (5).

: Or, il est très-contesté que la peuplade des Calètes, le Pagus Caletensis, se soit étendu au-delà de la Bresle, limite du pays de Caux. Danville, Walkenaer et autres

(1) Chronica abreviata, cap. XLI.

(2) Histoire des comtes de Ponthieu, I. 124.

(3) Gallia Ina X. col. 1336.

(4) Hist. littéraire, X1, 612.

(5) LABOURT, La Bête Canteraine.

géographes ne lui assignent pas d'autres bornes. Comment admettre ensuite que la tribu des Caletes ou Coletes se soit perpétuée distincte, homogène, pendant onze siècles après l'anéantissement de la nationalité gauloise et l'occupation successive du territoire par les Romains et par les Francs. A ces nombreuses citations, basées pour la plupart sur le récit de Malbrancq, emprunté lui-même au chroniqueur Hariulfe, ne convient-il pas d'ajouter le témoignage des moines comblés des bienfaits de la famille Colet? Les cartulaires de Picardie renferment beaucoup de chartes octroyées au XII et au XIIIe siècles, par les Colet Coleth (1), Colez (2), Colès (3): Guillaume de Tyr (4) cite parmi les victimes de la seconde croisade:

<< uns molt bons chevaliers, Huistace Cholez qui » << nez estoit de la terre de Pontif (Ponthieu) »

Le Polyptique de Dommartin, rédigéen 1252, dit que les Coletois partagent en l'étendue du fief de Dommartin récoltes et frais de semences (5).

Faut-il donc chercher dans l'antiquité celtique la signification du surnom de Colet ? nous en avons démontré l'impossibilité. Dans le nom de Caloterie? pas davantage, car la Calotterie faisant partie de la banlieue de Montreuil, n'eut pas de seigneurs au moyen-âge; Turpin, l'historien des comtes de Saint-Pol avance que les Colet dominaient : « in Belrinio totâque castellania (6) »; Serait-ce l'expli

(1) Cart. de Valloires, 146. Cart. de Dommartin, 47.

(2) Pt. Cart. de Dommartin fo 42.

(3) Cart. de Selincourt, fo 32, Bibliothèque de la ville d'Amiens. (4) Guillaume de Tyr XIX-926. édition publiée par l'Institut.

(5) Polyptique, fo 4.

(6) TURPIN. Annales comitum Tervanensium, edit. 1731.

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