Imágenes de páginas
PDF
EPUB

cette prévision hardie fut confirmée plus tard par les expériences de son plus célèbre disciple (1).

des combustibles

conditions.

Le gisement des diverses espèces de combustibles Transformation minéraux fournit encore des points d'appui à cette même minéraux idée théorique. Après avoir remarqué que dans l'île dans ces mêmes de Sky le lignite ordinaire se change, sous le basalte qui le traverse, en un combustible compacte, à cassure brillante, semblable à la houille, Hutton conclut que la houille a la même origine que le lignite, comme Buffon l'avait déjà supposé; que les couches de houille et les dépôts de bitume résultent de la transformation de matières végétales et animales par la chaleur et sous l'influence de la pression. En généralisant cette idée, il vint à comprendre même le graphite dans cette série de produits dérivés de l'enfouissement et de la transformation des êtres organisés (2).

Ainsi, par une pensée toute nouvelle, l'illustre géologue écossais faisait coopérer successivement l'eau et la chaleur interne du globe à la formation des mêmes roches.

opéré

des couches.

C'est le trait du génie de rapprocher dans une mêine origine des phénomènes très-dissemblables. La chaleur 3o La chaleur souterraine n'a pas seulement consolidé et minéralisé interne a en outre les couches au fond de la mer, Hutton reconnaît qu'elle le redressement a en outre soulevé et redressé des couches qui étaient primitivement horizontales. Saussure venait alors d'observer le redressement des célèbres poudingues de Valorsine, mais sans se prononcer sur la cause du phénomène (3).

(1) Sir James Hall, dont les conclusions sur l'action simultanée de la chaleur et de la pression seront signalées plus loin. (2) N° 121, page 206 de la traduction française.

(3) Les observations de Stenon sur le même sujet que M. Élie de Beaumont a remises en lumière (Annales des sciences naturelles, t. XXV, p. 337 à 183) paraissaient alors tout à fait tombées dans l'oubli.

4o Origine éruptive

du granite

et

Une autre découverte due à Hutton a eu aussi une influence capitale sur la géologie; je veux parler de d'autres roches. l'origine éruptive du granite. En étudiant cette roche dans les montagnes de son pays, notamment à Portsoy et dans le Glen-Tilt, il reconnut qu'elle forme dans les masses encaissantes des veines qui témoignent de son injection à l'état fluide; que sa nature minéralogique annonce, d'ailleurs, l'action de la chaleur. Il est toutefois juste d'ajouter qu'un compatriote de Hutton', Strange, venait d'arriver à la même conclusion (1).

5o Filons métalliferes remplis

de bas en haut.

Les roches connues en anglais sous le nom de trapp, toadstone ou de whinstone, ont aussi été injectées dans des régions où il n'y a pas d'indices de volcans (2) : Hutton le démontre par de nombreux exemples qu il avait observés en Écosse, contrée éminemment favorable à ce genre d'études. Il recherche en outre la cause de la différence que présentent ces laves souterraines comparées à celles que rejettent les volcans, où l'on ne trouve ni zéolithe, ni spath calcaire. C'est encore la chaleur sous pression qui lui paraît expliquer cette différence (3).

Pour l'auteur de ces déductions fondamentales, les filons métallifères ne peuvent être que des injections de

(1) Transactions, t. LXV, p. 5. 1775.

(2) Il faut toutefois se rappeler que Desmarets avait déjà démontré depuis longtemps l'origine ignée des basaltes de l'Auvergne, de l'Italie et de la côte septentrionale de l'Irlande (1768-1771).

(3) A propos de l'erreur, d'ailleurs très-concevable que commettait alors Hutton sur l'origine de ces amandes calcaires, je ne puis m'empêcher de remarquer avec quelle pénétration un autre grand observateur de la nature, Spallanzani, reconnaissait, dès cette même époque, l'origine mixte des roches amygdaloïdes des Collines Euganéennes. La disposition de leurs boursouflures lui apprenait que la roche avait coulé, en même temps que la présence du carbonate de chaux dans leur sein lui paraissait résulter d'infiltrations.

masses fondues, comme Descartes l'avait pressenti. En résumé, Hutton explique l'histoire du globe avec autant de simplicité que de grandeur. L'atmosphère est la région où les roches se décomposent; puis leurs débris vont s'accumuler dans le fond de la mer. C'est dans ce grand laboratoire que les matières meubles sont ensuite minéralisées et transformées, sous la double action de la pression de l'Océan et de la chaleur, en roches cristallines ayant l'aspect des roches anciennes, lesquelles seront soulevées plus tard par l'action de cette même chaleur interne, et démolies à leur tour. La dégradation d'une partie du globe sert donc constamment à la reconstruction d'autres parties, et l'absorption continue des dépôts inférieurs produit sans cesse de nouvelles roches fondues qui peuvent être injectées à travers les sédiments. C'est un système de destruction et de renouvellement dont on ne peut pressentir ni le commencement ni la fin. Comine dans les mouvements planétaires où les perturbations se corrigent elles-mêmes, on voit des changements continuels, mais renfermés dans certaines limites, de telle sorte que le globe ne porte aucun caractère d'enfance ni de vieillesse.

En considérant cette action comme un phénomène continu, Hutton a obscurci sa belle conception; mais il a rendu un immense service en montrant que les agents naturels qui fonctionnent sous nos yeux doivent servir à expliquer l'histoire du globe, et qu'il ne faut pas recourir à d'autres moyens d'action que ceux que nous montre aujourd'hui la nature, tandis que tous les autres systèmes, au contraire, supposaient des événements sans aucune analogie avec ce qui se passe maintenant.

Ainsi Hutton est bien le fondateur du principe fé

Résumé du système

de Hutton.

cond de la transformation des roches sédimentaires sous l'action de la chaleur.

Toutefois nous reconnaîtrons plus loin qu'il y a beaucoup de réserves à faire sur des conclusions aussi absolues (1). Comme la plupart des hommes de génie qui ont ouvert de nouvelles voies, Hutton a, en effet, exagéré la portée des idées qu'il avait conçues. On ne peut toutefois songer sans admiration avec quelle profonde pénétration et quelle rigueur d'induction cet homme si clairvoyant, à une époque où les observations précises étaient encore bien peu nombreuses, admettant le premier le concours simultané de l'eau et de la chaleur (2) dans la formation des terrains, imaginait un système qui embrasse toute l'histoire physique du globe. Il a posé des principes qui sont aujourd'hui universellement admis, au moins dans ce qu'ils ont de fondamental (3).

(1) La pyrite de fer, si abondamment disséminée dans les terrains stratifiés, lui paraissait, ainsi que tous les minéraux des filons, produits par voie sèche, et lui servait de témoin de l'action de la chaleur que les terrains ont subie. Il étendait cette observation aux silex de la craie dont la solidité contraste avec l'état physique de la silice connue dans les laboratoires.

(2) Dans les cosmologies de Leibnitz et de Buffon, le feu central n'est supposé avoir agi que dans l'origine du globe, avant la formation des terrains. D'ailleurs, combattant certaines idées qui avaient cours alors, Hutton montre bien que la chaleur interne du globe peut exister, sans qu'il y ait inflammation ou combustion intérieure.

(3) Hutton, né en 1726, a fait des observations dans les sites les plus sauvages de l'Écosse et médité pendant plus de quarante ans avant de publier sa première esquisse. La vue des filons de granite de la vallée de Glen-Tilt le pénétra comme d'un rayon de lumière. Il a reconnu lui-même un grand nombre des faits sur lesquels il s'appuie.

CHAPITRE III.

SUCCESSEURS DE HUTTON.

sur les dolomies

Avant même l'apparition de la doctrine de Hutton, Idées de Arduino un observateur italien faisait connaître un fait d'où il du Vicentin 1779. déduisait que les actions ignées récentes peuvent transformer les roches sédimentaires, même les plus modernes.

Dès 1779, Arduino (1) exprima en effet de la manière la plus claire l'idée que les dolomies de Lavina dans le Vicentin ont été formées aux dépens du calcaire secondaire. La nature bréchiforme de la roche lui faisait penser que le calcaire avait été brisé et que l'agent modificateur et igné était ensuite arrivé de la profondeur à travers les fissures.

D'un autre côté, vingt années plus tard, un géologue

(1) Osservazioni chimiche sopra alcuni fossili. Venezia, 1779

Après avoir été attaché à la mine de Montieri, dans la Maremme de Sienne, Arduino s'était domicilié à Vicence où il était arpenteur (Lettres de Fortis sur le Vicentin). M. Pasini a signalé son travail dans le Bulletin de la Société géologique de France, t. IV, p. 112.

« Je me figure, dit Arduino, que la magnésie n'est que de la chaux douée de propriétés particulières par suite d'une action ignée souterraine.... Je ne l'ai trouvée que dans de grandes déchirures des couches calcaires de nos montagnes. »>

Il est extrêmement remarquable que cette assertion neuve et hardie prit naissance l'année même où la magnésie était reconnue comme une terre distincte de la chaux par les expériences de Retzius et de Bergmann. Ce n'est que onze ans plus tard, en 1791, que Dolomieu fixa l'attention sur une espèce particulière de calcaire magnésien qu'il avait remarquée dans le Tyrol méridional. Sur un genre de pierres très-peu effervescentes avec les acides, etc., Journal de physique, t. XXXIX, p. 3. L'année suivante, Théodore de Saussure publia l'analyse de cette roche et lui donna le nom de dolomie qu'elle a conservé depuis lors (Journal de physique, t. XL, p. 161).

« AnteriorContinuar »