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$ 5. Voie humide.

L'action de la vapeur d'eau sur les chlorures et sur les silicates qui vient d'être signalée, est comme un intermédiaire entre la voie sèche et la voie humide. Il nous reste à résumer les résultats de cette dernière.

M. Becquerel a depuis longtemps, montré l'influence des actions lentes, aidées d'une électricité à très-faible tension, pour précipiter des combinaisons, insolubles qui imitent celles de la nature (1).

C'est aussi par la décomposition lente de l'éther silicique, qu'Ébelmen a produit la silice hydratée en masses solides voisines semblables à l'hyalite et à l'hydrophane (2).

M. Gustave Rose a habilement analysé les conditions de la précipitation du carbonate de chaux à l'état d'arragonite. MM. Bischof et Sterry Hunt ont fait diverses expériences, le premier pour contrôler ses idées sur la formation des minéraux, le second à l'appui de sa manière de considérer l'origine des roches magnésiennes (3). M. Charles Deville a étudié comment l'eau avec le seul aide de l'acide carbonique, et sans le secours de la pression peut concourir à la formation des dolomies (4). Des réactions qui se produisent dans la fabrication des chaux hydrauliques et des ciments, M. Kuhlmann a déduit des résultats qui intéressent la géologie (5). On peut encore mentionner ici l'examen

(1) Annales de chimie et de physique, t. XXXII, 1823, p. 244. (2) Annales des mines, 4a série, t. VIII, p. 149. Comples rendus, t. XXI, p. 527. M. le docteur Gergens a également obtenu une sorte d'opale commune en décomposant très-lentement le silicate de potasse (verre soluble) par de l'acide carbonique en dissolution dans l'eau. Leonhard's Jahrbuch, p. 807, 1858. (3) Bibliothèque de Genève, 1857, p. 268.

(4) Comptes rendus, t. XLVII, p. 90, 1858.

(5) Comptes rendus, t. XII, p. 852; t. XXXV, p. 739.

Actions lentes utilisées

par M. Becquerel pour produire

des combinaisons insolubles, 1823.

Production

de l'hydrophane par Ebelmen.

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Expériences

de l'action des alcalis sur les roches par M. Delesse (1). C'est surtout à de hautes températures et sous pressous pression. sion que l'on parvient à imiter dans l'eau les substances

des végétaux

en houille

minérales.

Transformation Hall (2) et M. Cagniard-Latour (3) avaient depuis longtemps reconnu, que les végétaux se comportent et en anthracite. dans ces conditions d'une manière toute particulière. En soumettant du bois dans de l'eau à une température d'environ 300 degrés, j'ai produit une véritable anthracite (4). A une température moins élevée, M. Baroulier a obtenu au moyen de végétaux renfermés dans de l'argile humide une imitation de houille (5).

Expériences

sur la production

Morlot, Favre

La belle expérience de M. Haidinger et de M. Morlot de la dolomie; sur la formation de la dolomie, a inauguré pour la formaMM. Haidinger, tion des minéraux l'emploi de l'eau sous pression (6). Au lieu de former la dolomie en faisant réagir le sulfate de magnésie sur le carbonate de chaux, MM. Favre et Marignac se sont plus tard servi, pour arriver au même résultat, de chlorure de magnésium (7).

Formation

M. de Sénarmont a entrepris une longue série d'exdes minéraux périences qui ont jeté une vive lumière sur des phégites métallifères nomènes très-importants (8). En opérant à l'aide de l'eau

des

concrétionnés

par

M. de Senarmont, 1849 à 1851.

(1) Bulletin de la société géologique, 2a série, t. XI, p. 127.
(2) Hall obtenait une sorte de houille par la voie sèche.
(3) Comptes rendus de l'Académie, t. XXXII, p. 275, 1857.
(4) Annales des mines, 5o série, t. XII, p. 505, 1857.
(5) Comptes rendus, t. XLVI, p. 376, 1858.

(6) Von Morlot. Ueber Dolomit und seine kunstliche Darstellung aus Kalkstein. Mémoires de l'Académie de Vienne, t. I, p. 305, 1847.

(7) Bibliothèque de Genève. Mai 1849.

(8) Expériences sur la formation artificielle par voie humide de quelques espèces minérales qui ont pu se former dans les sources thermales sous l'action combinée de la chaleur et de la pression. Annales de chimie et de physique, t. XXVIII, 1849, p. 693. Expériences sur la formation des minéraux par voie humide dans les gîtes métallifères concrétionnés. Même recueil, t. XXXII, 1851.

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à des températures de 130 à 300 degrés, il est parvenu à produire à l'état cristallisé, les principaux minéraux qui caractérisent les filons métallifères, entre autres le quartz (1), le fer spathique, les carbonates de manganèse et de zinc, la baryte sulfatée, l'antimoine sulfuré, le mispikel, l'argent rouge. Pour comprendre aujourd'hui toute l'importance du problème qui a été ainsi résolu par ce savant, il faut se rappeler que jusqu'alors on n'avait pu imiter la plupart des minéraux des filons. Or les espèces les plus caractéristiques de ces gisements, au nombre de plus de trente, se trouvaient reproduites par un même procédé conforme à celui que faisait supposer l'observation, et à l'aide des éléments les plus répandus dans les sources thermales.. Ce mémorable travail a, pour la première fois, montré en géologie comment une induction relative à tout un ordre de faits peut être démontrée par la synthèse expérimentale.

M. de Sénarmont a également montré que la seule action de l'eau peut, avec l'aide d'une température élevée, isoler les bases de certains sels. C'est ainsi que l'oxyde de fer anhydre et l'alumine cristallisée ou corindon ont été produits par la décomposition de dissolutions de chlorure de fer et du chlorure d'aluminium. La brochantite (sous sulfate de cuivre) et l'azurite ont été récemment obtenues par le même procédé.

Jusqu'alors la voie humide n'avait encore pu produire de silicates anhydres; je suis arrivé à ce résultat dans une série d'expériences dont je donnerai dans la troisième partie les principaux résultats (2).

(1) M. Schafhaütl a annoncé avoir obtenu de la silice cristallisée dans la marmite de Papin. Anzeigen, 1845, p. 557.

(2) Observations sur le métamorphisme et recherches expérimentales sur quelques-uns des agents qui ont pu le produire. Annales des mines, 5o série, t. XII, 1857, p. 289. · Bulletin de la société géologique de Franee, 2a série, t. XV, p. 97.

Production des silicates anhydres

par

la voie humide, par M. Daubrée,

1857.

La formation

des minéraux des filons

Au reste la nature fait elle-même encore chaque jour des expériences, si l'on peut dire, du genre de celles que nous n'exécutons qu'avec tant de difficultés; elle emqu'opère la nature ploie probablement des procédés analogues à ceux que rarement dont elle s'est servi depuis les temps les plus reculés.

et des roches métamorphiques

n'est

visible.

Malheureusement ces réactions se passent dans des régions où nous ne pouvons atteindre que bien rarement. Ce n'est que dans un petit nombre de cas qu'on peut être témoin de la formation de ces minéraux contemporains. Il a suffi de descendre de quelques mètres sous le sol de Plombières et d'entrer dans des masses imbibées depuis des siècles d'eau thermale, pour y découvrir le cuivre sulfuré en cristaux identiques à ceux de Cornouailles, et toute une série de zéolithes disposée, comme dans les roches basaltiques (1), que serait-ce si l'on pouvait pénétrer plus profondément dans les canaux par lesquels s'élèvent les sources thermales?

Quand on arrive à surprendre ainsi la nature, après le premier plaisir de lui ravir un de ses secrets, on éprouve un sentiment d'humilité en voyant au prix de quelles difficultés nous arrivons à reproduire quelquesunes des plus simples formations minéralogiques. Cependant les résultats déjà acquis montrent qu'il n'y a pas lieu de se décourager, et que l'on peut imiter bien des minéraux sans l'intervention des siècles.

(1) Mémoire sur la relation des sources thermales de Plombières avec les filons métallifères et sur la formation contemporaine des zéolithes. Annales des mines, 5a série, t. XIII, p. 227.

La formation de la pyrite de fer qui est un minéral si répandu n'a été vue qu'assez rarement, d'abord par M. Longchamp à Chaudesaigues. M. Bischof l'a également rencontrée à Brohl et M. Bunsen en Islande.

MÉMOIRE

SUR LES FORMES CRISTALLINES ET LES PROPRIÉTÉS OPTIQUES DE LA ZOÏSITE, DE LA SILLIMANITE ET DE LA WÖHLÉRITE, ET NOTE SUR UNE NOUVELLE DISPOSITION DU MICROSCOPE POLARISANT.

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M. Brooke a, le premier, signalé entre les cristaux de zoïsite et ceux d'épidote des différences qui lui paraissaient incompatibles avec l'admission d'un même type cristallin. Dans la minéralogie de Brooke et Miller, la zoïsite est indiquée comme offrant un prisme vertical de 116°16' avec un biseau obtus placé sur l'arête antérieure, un seul clivage très-facile parallèle à la petite diagonale de la base et un sommet composé de deux couples de faces appartenant à la même zone, mais dont la position est incomplétement déterminée, faute d'un nombre suffisant de mesures directes. Les cristaux sont toujours allongés dans une direction parallèle à l'arête verticale du prisme de 116°16'; ce prisme, terminé par une base rhombe oblique à l'axe principal, est la forme primitive adoptée par M. Miller.

Aucun autre minéralogiste ne paraît s'être rangé à l'opinion de MM. Brooke et Miller, et M. Rammelsberg, qui a fait un grand nombre d'analyses de zoïsite, conclut de leurs résultats que ce minéral peut être regardé comme une épidote dont la plus grande partie de l'oxyde de fer serait remplacée par de la chaux ; pour expliquer les différences signalées entre les formes des deux substances, cet habile chimiste suppose que la zoïsite offre le développement de zones qui n'ont pas encore TOME XVI, 1859.

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