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DES MINES.

DU PLATINE

ET DES MÉTAUX QUI L'ACCOMPAGNENT.

Par MM. H. SAINTE-CLAIRE DEVILLE et H. DEBRAY.

La métallurgie du platine est un art tout moderne, l'introduction du platine dans les laboratoires de la science et de l'industrie date de quelques années. Aussi tout ce qui se rattache à la métallurgie de ce métal et de ses congénères est en général peu connu, quoique méritant d'une façon toute particulière l'attention des savants. L'intérêt personnel du chimiste y est engagé : car c'est lui qui emploie principalement le platine, et c'est à ce métal qu'il doit, en outre de quelques expériences capitales, les moyens d'opérer avec sécurité et promptitude dans la plupart des analyses. Jusqu'ici, en effet, le platine n'a reçu, en dehors des usages chimiques, aucune application de quelque importance. Le minerai de platine, quand on saura mieux le chercher ou quand on voudra exploiter largement les gîtes connus, ne sera peut-être pas plus rare que l'or, et comme le platine est à peu près indestructible et que sa valeur considérable le protége contre les pertes et accidents TOME XVI, 1859.

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Objet de ce travail.

de toute sorte, il finira par s'accumuler dans le commerce et deviendra de plus en plus commun. Peut-être alors pourra-t-il entrer dans les usages de la vie partout où sa densité considérable et sa couleur un peu terne ne seront pas un obstacle, partout où son inaltérabilité absolue aura une certaine importance. Toutes ces questions dépendent, pour leur solution, du prix auquel pourra se livrer le métal, et les chimistes sont intéressés à le voir baisser à ce point que les grands vases de nos laboratoires puissent être faits en platine.

C'est dans l'espoir de faciliter un progrès de ce genre que nous avons entrepris les recherches pénibles dont nous allons donner les résultats dans ce mémoire, qui nous a coûté plus de quatre années de travail. Si nous réussissons, nous sommes sûrs de trouver une récompense très-douce dans les bons sentiments de nos confrères dont nous aurons facilité les études, nos méthodes permettant de diminuer dans l'avenir le prix de revient de notre précieux métal. Jusqu'à nos premières communications (1) on n'avait pas songé à utiliser tous les métaux qui accompagnent le platine dans sa mine, et, à l'exception du palladium et de l'osmium qu'on aura toujours intérêt à en séparer, le platine a été extrait du minerai en laissant un résidu qui s'est accumulé dans presque toutes les fabriques, qui sont en très-petit nombre, et à la monnaie de Russie. Nous ferons voir que le rhodium et l'iridium, qui entrent pour une forte part dans ces résidus, sont très-propres à donner de la qualité au platine. Par conséquent, en trouvant un moyen facile et économique d'extraiue du minerai de platine toutes les substances utilisables sous

(1) Voyez Comptes rendus de l'Académie des sciences, t. XLIV, p. 1101.

la forme d'un alliage de platine, de rhodium et d'iridium, on rendait un service important à la métallurgie du platine. C'est ce que nous avons fait par une méthode qui sera décrite avec détail dans ce mémoire.

Mais, pour opérer avec sécurité le traitement du minerai brut de platine, il fallait en connaître la composition exacte. On trouvera dans l'un des chapitres de ce mémoire l'analyse de tous les minerais connus de platine dont nous avons pu nous procurer des échantillons, et en même temps une méthode d'essai par voie sèche et des procédés nouveaux d'analyse permettant d'opérer avec sécurité et promptitude.

En même temps nous avons étudié les propriétés physiques principales des alliages qu'on obtient en incorporant dans des minerais de platine très-pur une certaine quantité de résidus de platine riches, soit en iridium, soit en rhodium, faisant ainsi des alliages triples, intéressants au point de vue de leurs applications. Pour bien savoir comment on doit opérer ces mélanges, il fallait connaître : 1° la composition des résidus de platine; 2° la composition des osmiures d'iridium de toutes les qualités dont nous avons pu nous procurer des échantillons. On trouvera dans ce mémoire un chapitre relatif à la solution de cette double question et les méthodes par voie sèche pour l'essai rapide des résidus et des osmiures, des méthodes par voie humide pour analyser avec précision les osmiures d'iridium.

Les procédés généraux de la métallurgie nouvelle du platine que nous proposons sont exclusivement des procédés par la voie sèche et des méthodes de fusion (1) à

(1) Dans l'intérêt même de la réussite de nos procédés, il a été pris au profit de la Société de l'aluminium de Nanterre des brevets sur la fabrication du platine par les méthodes qui vont

Essais

et analyses.

Alliages

de rhodium

et d'iridium.

Métallurgie

nouvelle du platine.

Propriétés physiques des métaux du platine.

très-haute température; ils seront décrits successivement dans divers chapitres où seront traités : la révivification du platine pur, la métallurgie du platine pur, l'extraction du minerai brut d'un alliage triple de platine, de rhodium et d'iridium d'une composition convenable et constante; l'extraction soit des résidus, soit de l'osmiure d'iridium des métaux utilisables qu'ils contiennent: platine, palladium, iridium et rhodium.

Nous avons pu, en opérant ainsi par des méthodes entièrement nouvelles et à des températures qui n'ont été obtenues jusqu'ici que sur des points relativement restreints, faire une étude particulière des propriétés des métaux du platine à des états encore peu connus. Ce sont ces propriétés que nous étudierons dans les premiers chapitres qui composeront la partie théorique de ce mémoire; le reste étant consacré, comme nous l'avons déjà dit, aux analyses et à la métallurgie, en formera la partie technique.

Nous devons au général de Gerngross, au général Samarski, chef du corps des mines en Russie, à M. le conseiller d'État Jacobi, à M. Kockscharow, de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, et à M. le colonei de Rachette, la plupart des échantillons sur lesquels nous avons opéré pendant le cours de ce travail. C'était pour nous une difficulté toute particulière de nous procurer ainsi les éléments de nos recherches, qu'on ne trouve plus dans le commerce et que la monnaie de Russie possède seule. Que ces messieurs veuillent bien recevoir ici l'expression de toute notre reconnaissance.

être décrites. La Société de l'aluminium a cédé ces brevets en France à MM. Desmoutis, Chapuis et Quenessen, en Angleterre à M. Matthey. Aujourd'hui ces procédés fonctionnent et vont se perfectionner chaque jour entre les mains des habiles fabricants à qui ils ont été confiés.

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