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Combustible.

Fours en chaux.

tivement considérables, et le couler en lingotière comme un métal d'une fusibilité ordinaire.

Le combustible que nous avons employé le plus souvent est le gaz de l'éclairage. Cependant on peut se servir de l'hydrogène qui donne même une chaleur plus considérable, au moins quand il est pur. La combustion est alimentée par un courant d'oxygène, et la distribution des gaz se fait avec le chalumeau de la fig. 10, sur la description duquel nous ne reviendrons pas. Nous ferons remarquer seulement que pour fondre des quantités assez considérables de platine, 12 à 15 kilogrammes par exemple, il faut que les robinets de cet appareil, surtout celui qui amène le gaz de l'éclairage, soient d'une section considérable, laissant i centimètre carré ou au moins 75 millimètres carrés d'ouverture pour le débit du gaz. Le bout de platine du chalumeau ou plutôt le trou par où s'échappe l'oxygène doit alors avoir 2 millimètres au moins de diamètre. On doit pouvoir donner une pression de 4 à 10 centimètres de mercure au gaz oxygène.

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Le four (voyez fig. 8) où se fait la combustion est en chaux cerclée avec des fils de fer. Il se compose de deux parties: 1o la voûte AA prise dans un morceau de chaux cylindrique, légèrement cintrée à sa partie inférieure et percée en Q d'un trou conique par où pénètre le chalumeau CE; 2° d'une sole B creusée dans un autre morceau de chaux également cylindrique. On doit lui donner une profondeur telle, que le platine fondu y occupe une épaisseur de 3 à 4 centimètres au plus. A la partie antérieure D, qui doit faire une légère saillie, on pratique avec une râpe une rainure, légèrement inclinée en dedans, qui doit en même temps servir de trou de coulée et d'issue pour la flamme. Pour faire une fusion, on ajuste les diverses pièces en chaux de

cet appareil de manière à leur donner la disposition figurée dans notre dessin, puis, tenant à la main le chalumeau, on ouvre le robinet H (fig. 10), on donne un assez faible courant de gaz combustible et, en tournant le robinet O (fig. 10), l'oxygène nécessaire pour le brûler. On plonge alors la flamme dans l'appareil par le trou P (fig. 8), de manière à éviter une petite explosion qui pourrait endommager l'appareil. On chauffe lentement les parois du four en augmentant peu à peu la vitesse des gaz, jusqu'à ce qu'on ait atteint le maximum de température. Avec une lame de platine qu'on introduit par le rampant D (fig. 8), et que l'on met sur le jet de gaz, on voit où est fixé le maximum de température, c'est-à-dire le point où la fusion se fait le plus vite; on l'abaisse ou on le relève au besoin en desserrant la vis P (fig. 20) et abaissant ou élevant l'orifice du bout de platine qui amène l'oxygène. On assujettit la vis et l'on introduit peu à peu le platine par l'ouverture D. Si ce platine est en lames minces de moins d'un millimètre d'épaisseur, on a à peine le temps de les amener sous le dard. On les voit disparaître et fondre presque au moment où elles entrent dans le four. L'oxygène doit arriver avec une certaine pression, de 4 à 5 centimètres de mercure environ, et doit animer le platine d'un mouvement giratoire, ce qui régularise la température dans toute sa masse.

Quand on ne veut pas couler le platine, la fusion étant complète, l'affinage terminé, ce que l'on voit à ce qu'il ne se forme plus de matière vitreuse à la surface du platine, on diminue peu à peu la vitesse des deux gaz, laissant toujours dominer le gaz réducteur, mais en très-léger excès. Ce gaz détermine une production d'eau ou d'acide carbonique très-rapide aux dépens du gaz combustible et de l'oxygène dissous dans le pla

Coulée

tine; il se manifeste alors une ébullition très-sensible dans la masse métallique. Peu à peu la solidification s'opère jusqu'au centre, et l'on éteint entièrement le foyer. Il y a toujours projection de platine à la voûte du four; on le recueille après l'opération avec la plus grande facilité. ·

Quand on veut couler le platine, on prépare une lindu platine. gotière soit en fonte épaisse et bien frottée avec de la plombagine, soit en charbon de cornues ou en chaux. Ces dernières se fabriquent avec la plus grande facilité avec des plaques de la matière, sciées et maintenues par du fil de fer. Après la fusion, on enlève la voûte du four, on saisit le foyer avec des pinces, et l'on coule le platine sans se presser, comme on le ferait pour un métal ordinaire. La seule difficulté, que l'habitude apprend à surmonter, c'est de pouvoir en même temps distinguer la surface éblouissante du platine et l'ouverture béante de la lingotière afin de verser à coup sûr.

Appareil

pour la coulée.

Il ne faut jamais couler à la pince une quantité de platine supérieure à 3 ou 4 kil. On courrait un trop grand danger dans le cas où la pince ou toute autre partie de l'appareil céderait. Il faut (comme nous l'avons fait en opérant sur 12 kil. de platine à la fois) employer un four (voyez fig. 9) construit d'après les mêmes principes que celui que nous venons de décrire, mais composé, à cause de sa grandeur, avec des morceaux de chaux ajustés comme des briques dans un appareil cylindrique en tôle, où on les dispose avec une grande facilité, on y creuse ensuite la sole K. La voûte V est elle-même composée de plusieurs morceaux de chaux assemblés et maintenus par un cercle en fer très-solide et muni d'une vis de pression; quand les morceaux de chaux sont bien assemblés et serrés, on travaille la surface de la voûte et l'on perce le trou Q avec la plus grande

facilité. Le foyer contenu dans le cylindre de tôle K est rendu mobile autour de deux supports LL à charnières, disposés de telle sorte, que la ligne horizontale qui joint les charnières passe par le trou de coulée D; et lorsque avec une queue S, attachée au cylindre de tôle, on le soulève, tout l'appareil tourne autour de cette ligne LL, et le liquide contenu sur la sole du four s'écoule en D, sans que le point D lui-même se déplace. On peut essayer cette petite manœuvre très-simple en remplissant la sole avec du mercure, et effectuer la coulée avec ce métal avant de la faire avec le platine fondu. Les principes sur lesquels nous nous sommes appuyés pour construire nos appareils sont fort simples:

1o La chaux est peut-être le corps le plus mauvais conducteur que l'on connaisse, si bien qu'à travers une épaisseur de 2 centimètres au plus, l'appareil étant plein de platine fondu, l'extérieur est à peine à 150 degrés.

2° La chaux est le corps qui rayonne la chaleur et la lumière avec le plus de perfection; c'est à cause de cela qu'on l'a choisie pour obtenir la lumière Drummond. Ce sont donc les meilleures parois que l'on puisse donner à un four à réverbère de cette espèce.

3o La chaux agit sur toutes les impuretés dont on a intérêt à débarrasser le platine, fer, cuivre, silicium, etc., et les transforme en combinaisons fusibles qui pénètrent sa substance si poreuse. Elle agit comme une coupelle dont la matière purifierait le métal qu'on y fond.

Une expérience faite au laboratoire de l'École normale avec des gazomètres de 1.400 à 1.500 litres d'oxygène et le gaz de l'éclairage, au moyen de l'appareil à charnières dont il vient d'être question, a donné les résultats suivants :

Principes

de ces appareils.

Déchets

et dépenses

En quarante-deux minutes, dans lesquelles est comd'oxygène. pris le temps nécessaire à la détermination des proportions de gaz nécessaires et les tâtonnements inséparables de la manipulation d'un appareil qu'on ne connaît pas encore, nous avons fondu 11,595 de platine en monnaie de Russie. Après la fusion, on a été obligé d'affiner le métal qui contenait un peu d'osmium et des quantités notables de silicium, puis on l'a coulé dans une lingotière de charbon de cornues où il s'est maintenu liquide pendant un temps considérable. La dépense de gaz oxygène a été de 1.200 litres, et la perte de poids du platine de 135 grammes, dont la moitié consistait en pertes mécaniques, provenant des projections pendant la coulée, de sorte que la perte réelle a été estimée à 1/2 p. 100 au plus du poids de platine : ce qui correspond à très-peu près aux impuretés que contenait ce platine (1).

Qualité des lingots.

Ainsi, affinage compris, chaque kilogramme de platine exige pour sa fusion 100 litres de gaz oxygène. Mais l'affinage en dépense presque autant que la fusion; car dans des expériences de ce genre faites avec du platine très-pur appartenant à M. Savard, en opérant sur 3 kil., quantité déjà trop faible pour une pareille détermination, la quantité d'oxygène nécessaire pour fondre chaque kilogramme de platine a été de 60 litres seulement.

Le moulage du platine exige les mêmes précautions que le moulage de l'argent. D'après les essais faits au

(1) MM. Desmoutis et Chapuis avaient bien voulu fournir le platine qui a servi à cette expérience. Dans une autre expérience faite également avec de la monnaie de platine russe due à l'obligeance de M. Matthey, de Londres, 3,110 ont perdu

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