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par l'expérimentation synthétique, subissant ainsi les phases que la physique a traversées pour arriver, depuis Galilée, au point où nous la voyons aujourd'hui.

MÉMOIRE

SUR LA MÉTALLURGIE DU ZING DANS LA HAUTE SILÉSIE (PRUSSE). Par M. JULIEN, ingénieur des mines.

La haute Silésie offre un très-vaste champ d'études, soit minéralogiques ou géologiques, soit métallurgiques; son sol renferme en abondance et en même temps qu'un très-riche bassin houiller, des minerais de diverses natures; les minerais de fer, les calanines et les galènes y sont particulièrement l'objet d'exploitations importantes; aussi existe-t-il à Tarnowitz, Königshütte, Kattowitz, Zabrze, etc., un grand nombre d'usines à fer, à plomb et à zinc. Ces dernières surtout offrent un intérêt particulier à cause de leur nombre relativement restreint en Europe; c'est de leur étude que je me suis principalement occupé pendant mon séjour dans cette contrée, et leur description fera l'objet de ce mémoire.

La métallurgie du zinc a, dans ces dernières années, pris une très-grande importance en haute Silésie; un très-grand nombre d'usines ont été construites sous l'impulsion de sociétés puissantes, parmi lesquelles je citerai la compagnie Silésienne, fondée en 1853, et aujourd'hui l'une des plus importantes. En 1857, le nombre total des usines à zinc existant dans cette partie de la Prusse était de quarante-sept (une usine royale, Lydogniahütte, et quarante-six particulières). Leur production totale a été pendant cette même année de 31.480 tonnes de zinc fondu (rohzink), représentant une valeur de 17.660.000 francs environ (statistique de TOME XVI, 1859.

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M. de Carnall Oberberghauptmann). Mais malgré cet énorme accroissement dans le nombre et l'importance des usines, on peut dire qu'aucun progrès sensible n'a été réalisé dans le traitement métallurgique; on a varié un peu la disposition des fours, augmenté le nombre des cornues, mais plutôt en vue d'accroître la production absolue du zinc que d'apporter une amélioration véritable. Il est du reste résulté des nombres obtenus dans plusieurs essais que le meilleur four, celui qui donne le meilleur rendement, est encore le double four à vingt moufles, tel qu'il existait il y a vingt ans, tel que l'a décrit en grand détail M. Callon, dans un mémoire inséré dans les Annales des Mines, 1840, 3a série, tome 17. Supposant donc connues les dispositions principales du four silésien, je me bornerai à une description succincte des fours et des opérations, dirigée surtout de manière à me permettre d'indiquer quelques petites améliorations de détail, et je m'attacherai plus spécialement:

1° A l'exposé des données numériques que j'ai pu recueillir en assez grand nombre, et de l'étude desquelles ressortent quelques remarques générales assez importantes;

A l'examen des divers changements essayés et des raisons qui les ont fait rejeter;

3o Enfin, à la comparaison aussi complète que possible de la méthode silésienne et des autres méthodes, comparaison faite d'abord en général, indépendamment des circonstances locales, et en second lieu en faisant la part de ces circonstances.

Ce travail se trouvera ainsi naturellement divisé en quatre chapitres que je ferai précéder d'une sorte d'introduction ayant pour but de donner une idée générale de l'ensemble du pays, et de faire connaître la nature

des minerais ainsi que leur mode de transport aux usines.

Les environs de Beuthen, où se trouvent les princi- Considérations générales. pales mines de calamine, et ceux de Königshütte, où ont été construites la plupart des usines, afin de diminuer les frais de transport du combustible, sont occupés par des alluvions tertiaires recouvrant la formation du muschelkalk, et formant de vastes plaines; aussi les communications sont-elles très-faciles. Cependant l'industrie du fer et du zinc a pris dans ce pays une telle importance que le mode ordinaire de transport est depuis longtemps insuffisant, et que l'on a dû recourir à un chemin de fer reliant les principales mines aux usines. Dans le principe, ce chemin fut construit à voie étroite (0,82 d'axe en axe), et il fut exploité à l'aide de chevaux. Mais l'activité toujours croissante conduisit bientôt à remplacer ces derniers par des machines. On regretta alors vivement la faible largeur de la voie; les machines furent d'un prix relativement élevé, et l'on ne parvint qu'à l'aide de dispositions très-ingénieuses à leur donner une force suffisante; mais elles font aujourd'hui un bon service. Ce chemin de fer s'étend depuis Tarnowitz jusqu'à Kattowitz, et sur ce parcours de 25 kilomètres environ donne un grand nombre de ramifications allant rejoindre les principales mines, telles que Scharley, Theresiagrube, etc. Ce mode de transport offre certainement des avantages sur le mode ordinaire, mais cependant la différence n'est pas aussi grande qu'on pourrait le supposer au premier abord. Il ne faut pas oublier, en effet, que les routes sont à peu près horizontales et qu'un attelage de deux chevaux peut alors traîner un poids assez considérable (1); le four

(1) La ligne de faîte séparant le bassin de l'Oder de celui de la Vistule passe entre Beuthen et Königshütte, mais ne produit qu'une élévation insignifiante.

rage est à un prix excessivement bas, ainsi que la maind'œuvre; d'un autre côté, le chemin de fer est à voie étroite, il fait un grand nombre de détours qui le rendent plus long que la route ordinaire; enfin la distance totale à parcourir est assez faible; celle de Scharleygrube à Königshütte, par exemple, n'excède pas 8 kil. Quoi qu'il en soit, toutes les usines aujourd'hui, excepté l'usine royale Lydogniahütte, se servent de ce mode de transport pour leurs approvisionnements. Chacune d'elles construit à cet effet de petites ramifications se reliant d'un côté avec le chemin commun, et se terminant de l'autre par des estacades facilitant le déchargement. Toutes les usines sans exception font venir leur minerai non grillé, et cela par des raisons que nous verrons bientôt. Je ne citerai que pour mémoire, et pour n'y plus revenir, un petit atelier de grillage construit comme essai près de Theresiagrube par la compagnie Silésienne, et exclusivement pour l'espèce de minerai appelée erdgalmei. Cet atelier se compose de deux fours à réverbère à double sole, et de deux fours à cuve; ces deux derniers sont hors feu depuis longtemps, mais les premiers étaient en activité lors de ma visite; cinq ouvriers étaient employés à ce grillage En douze heures on grille trois charges de 36 à 40 quintaux métriques chacune, et on consomme environ 11 kil. 600 de houille par quintal de minerai. On n'emploie que de la houille menue coûtant 6 silberg. la tonne, pesant 3 zt. ou o1,42 le quintal. En ajoutant à cette dépense les frais de main-d'œuvre et d'entretien, on trouve que le grillage coûte of,13 le zt. (centner) de minerai grillé, ou o1,25 le quintal. Le minerai perd en eau et acide carbonique 30 à 34 p. 100 de son poids; il faut râbler souvent pour renouveler les surfaces, et avoir grand soin de ne pas trop élever la température et de laisser l'air arriver

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