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Nous devons également à MM. Desmoutis et Chapuis, à M. Quenessen et à M. Savard, de Paris, et à M. Matthey, de Londres, un grand nombre d'échantillons de résidus de toute sorte de leurs usines, ce qui nous a permis de rendre aussi complets que possible les documents analytiques relatifs à ces matières intéressantes. Enfin nous mentionnerons avec plaisir l'aide intelligente que nous a fournie, dans une partie de ce long travail, un jeune chimiste très-habile, M. Hautefeuille, à qui nous sommes très-heureux d'adresser nos remerciments.

CHAPITRE Ier.

DE QUELQUES PROPRIÉTÉS DES MÉTAUX DU PLATINE.

La famille des métaux du platine a un caractère particulier qui l'isole complétement des autres familles plus ou moins naturelles que l'on a formées avec les autres métaux. Il serait bon, selon nous, qu'on laissât toutes les espèces qui la composent dans un seul groupe qui n'admettrait qu'eux et qui les contiendrait tous. Il est vrai que ces métaux ne sont pas tous analogues en tout point; mais ils ont des caractères spécifiques, une physionomie commune qui empêchera toujours de les séparer dans leur étude, quand même au point de vue d'une classification très-rationnelle on les aurait disséminés dans les diverses familles des corps simples.

Groupe du platine.

Analogies

Ces métaux ne se trouvent jamais séparés les uns des autres, excepté et très-rarement le palladium: aussi le de ces métaux. palladium est-il parmi eux celui qui se rapproche le plus des autres métaux. Plus ou moins altérables sous l'influence de l'oxygène et du chlore, ils se rapprochent tous par la facilité avec laquelle ils cèdent aux réducteurs les éléments auxquels ils sont combinés. Leurs affinités

Leurs différences.

principales se manifestent avec les corps halogènes, tels que le chlore, le brome, l'iode et le cyanogène, et ils donnent tous naissance à ces combinaisons caractéristiques de la série des métaux du platine, dans lesquels le sel ammoniac ou le chlorure de potassium s'est uni à un chlorure métallique pour former un sel ordinairement peu soluble dans un excès de sel ammoniacal, si le degré de chloruration du métal est suffisamment avancé.

Tous ces corps possèdent en outre cette curieuse faculté de déterminer par leur simple contact un grand nombre de réactions chimiques, cette action catalytique, comme l'a appelée Berzélius, dont on s'est servi pour réaliser des expériences de la plus haute importance. On ne doit pas croire que les phénomènes de ce genre puissent être exclusivement attribués à l'état de porosité de ces métaux que l'on ne connaît encore qu'à l'état de mousse. Le platine fondu et travaillé au marteau est sous ce rapport aussi actif que le platine obtenu par l'agrégation de sa mousse.

Les différences entre tous ces corps sont également remarquables. Ainsi l'osmium, qui brûle à l'air pour donner de l'acide osmique en vapeur, a été comparé à l'arsenic par Berzélius; tout récemment M. Dumas penche à le ranger à côté du tellure. Mais à coup sûr c'est un métalloïde, le métalloïde de la série du platine.

Le ruthénium, que nous connaissons depuis peu par les beaux travaux de M. Claus, et dont M. Fremy a observé récemment l'oxyde à l'état cristallisé, se rapproche de l'étain par les propriétés chimiques et la forme même de cet oxyde, qui est un prisme à base carrée identique au prisme de l'étain oxydé.

Nous ferons voir que le palladium est analogue à l'argent par un grand nombre de caractères: sa volatilité,

son oxydabilité à une température convenablement élevée, ce qui le rapproche aussi du mercure, son action sur l'acide iodhydrique, etc.; mais l'énergie basique de l'oxyde d'argent ne se rencontre dans aucun des oxydes du palladium.

Le rhodium est un métal qui n'est comparable à aucun autre; placé près de l'argent à cause de son oxydabilité à chaud, des propriétés basiques de son oxyde principal, de l'action remarquable qu'exercent sur lui l'acide sulfurique ou plutôt le bisulfate de potasse; près de l'or pour les réactions de ses chlorures, il est difficile d'en faire un métal moins noble que l'or, à cause de sa résistance à l'action de l'eau régale.

Le platine représente dans toutes ses propriétés le corps véritablement analogue à l'or, et toutes les fois. qu'on n'a pas réuni entre eux les métaux du platine, c'est près de l'or qu'on a toujours rangé lę platine.

Les métaux ordinaires ne présentent que peu d'analogies avec l'iridium, qui leur est supérieur à tous par sa résistance à la plupart de nos réactifs les plus énergiques; et certainement, si les propriétés physiques de l'iridium étaient en rapport avec ses propriétés chimiques, l'iridium serait plus que l'or le roi des métaux.

Toutes ces considérations nous font proposer de constituer avec les métaux du platine un groupe dont chaque espèce aura son analogue parmi les métaux ordinaires; et cette famille sera aussi naturelle que l'est, parmi les mammifères, la famille des marsupiaux, composée avec des insectivores, des rongeurs, des carnassiers, etc., et que leur physionomie commune, des caractères suffisamment importants, empêchent de répartir dans les séries de mammifères si bien ordonnées par Cuvier.

Mais avant d'examiner successivement les métaux

du platine que nous avons étudiés, qu'il nous soit permis de remarquer combien on a laissé incomplète l'histoire des propriétés physiques de certains corps simples et en particulier des métaux du platine, à ce point que pour celle qui semble la plus facile à déterminer, la densité, on ne trouve en général dans les traités de chimie que des indications discordantes. Berzélius, opérant sur les petites quantités de matière qu'il avait à sa disposition, se contentait de découvrir les corps simples, leurs réactions importantes, leurs équivalents, et, après ces magnifiques travaux que tout le monde connaît, il semblait dédaigner le radical qu'il avait isolé, et en général il ne le soumettait qu'à l'action des réactifs, négligeant d'étudier sa forme et les modifications qu'il pouvait recevoir des agents physiques. Nous ne voudrions pas laisser croire cependant que nous critiquons en quoi que ce soit la méthode de Berzélius, et les résultats qu'elle a produits, surtout en ce qui concerne les métaux du platine. Depuis que nous avons nous-mêmes pris une connaissance complète de ses travaux à ce sujet, nous avouerons qu'il a laissé bien peu de chose à faire dans la voie qu'il avait tracée. Ceux qui voudront se donner la peine de lire avec attention tout ce qui concerne cette question dans le Traité de chimie de Berzélius (1), verront qu'il n'a laissé

(1) Berzélius (voyez la première édition française, t. IV, p. 456 et 457, 1831) donne le mode de préparation de ruthénium par l'un des procédés recommandés par M. Claus; il trouve le sel rose, Ru2Cl3, 2CIK, caractéristique du ruthénium, et la composition du chlorure, Ru2Cl3, en mentionne l'analogie et les différences avec le chlorure de rhodium auquel il le compare, conclut que ce n'est pas du rhodium de sa résistance au bisulfate de potasse, et admet seulement que c'est un chlorure sus-iridique, parce que « quand on chauffe le métal qu'on » en extrait par l'hydrogène dans du gaz chlore avec du chlo» rure potassique, il ne donne que du chlorure iridico-potas

à M. Claus l'insigne honneur de découvrir le ruthénium que parce qu'il a opéré sur des quantités de matière insuffisantes. Après Berzélius et M. Wöhler, après MM. Claus, Fremy, Fritzsche et encore d'autres habiles chimistes, qui ont étudié le platine et les métaux du platine par les procédés ordinaires de la voie humide, il ne nous restait, pour obtenir quelques faits nouveaux, d'autre ressource que de changer complétement de méthode : c'est ce que nous avons fait, et nous allons donner les résultats auxquels nous sommes arrivés.

SI. - Osmium.

L'osmium a été préparé jusqu'ici sous un état tel, que l'histoire de ses propriétés physiques est aussi incomplète que si l'on ne connaissait le fer qu'à l'état de fer pyrophorique, ou le silicium et le bore qu'à l'état de matières amorphes et éminemment combustibles. Nous avons considéré l'osmium comme un métalloïde; et, en effet, comme un certain nombre de métalloïdes, l'osmium a la propriété de changer entièrement de propriétés chimiques et physiques suivant la manière dont il a été préparé. L'osmium ordinaire, préparé par les procédés de Berzélius, est une masse spongieuse à demi métallique, exhalant une odeur très-forte d'acide osmique, ce qui indique une altération sensible par l'oxygène à la température ordinaire. Sa densité est égale à 7. Si on l'obtient en réduisant un mélange de vapeur d'acide osmique et d'hydrogène, comme l'a fait Berzélius, il est métallique et prend une densité de 10 environ.

sique ordinaire, en sorte qu'il est impossible d'attribuer son » existence à la présence d'un métal étranger mêlé à l'iridium. » En outre, l'osmium est susceptible de former des sels roses » analogues. »

Divers états de l'osmium.

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