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Collogny le haut (les hameaux et censses de) et Collogny le bas.

Marticourt (le village et par. de) et Villers en partie.

Hully (le village et par. de).

Sarcus (le village et paroisse de) en partie.

Vuallon (le hameau de).

Coulmont (le hameau de) en partie, paroisse de Meux.

Brassy (le village et paroisse de).

Famechon (le village et par. de) en partie.

La Croix Raul (le village et paroisse de) en partie; les censses et ba

meaux de Menvillet de la ditte paroisse.

Fricamps (le village et paroisse de) en partie.

Lignières (le hameau de) en partie, de la ditte paroisse.

Choqueuses (le village et paroisse de).

Baillet en France (le village et par. de) en partie.

Franconville au bois (le village et par. de) en partie.

Largillière (la censse et hameau de) paroisse de Fournival.

Frocourt (le village et paroisse de).

Bonnières (le village et par. de) en partie.

Villers sur Bonnières (le village et par. de).

Saint Arnoul (le village et paroisse de).
Pisseleu (le village et par. de).

On ne comprendrait guère, sans explication, la cote de livres et de sergents figurant à chaque ligne du rôle de 1303. C'est cependant ce qui rend cette pièce fort intéressante à un point de vue général. On sait que Philippele-Bel, faisant la guerre aux Flamands et ayant commencé par être complétement battu en juill. 1302, à Courtrai, rendit aussitôt une série d'ordonnances pour se procurer de l'argent et continuer la lutte. On en a conservé plusieurs. Les gentilshommes furent taxés en proportion de l'importance de leurs domaines, et la population roturière dut fournir six sergents à pied par groupe de cent feux (1). Les prescriptions rendues à cet égard sont connues par le Recueil des Ordonnances, mais on n'en avait pas l'application prise sur le fait comme nous la donne le rôle de la cueillette exécutée dans le comté de Clermont.

Les villes, bourgs, villages, hameaux et exploitations isolées (2) sont

H. Martin, Hist. de France

(1) Ordonn. des rois de France, t. I, p. 383, 391, etc. (4e édit.), IV, 454. Boutaric, Institutions milit., p. 229 et suiv.

(2) Il y a trois personnes isolées que le rôle impose : l'une à 24 liv. (la mère de Jean Bullet), les deux autres, nommées toutes deux Prieu Guérard, chacune à 40. C'étaient ou de gros agriculteurs ou peut-être des fabricants.

rangés, dans la pièce A ci-dessus, par groupes dont l'unité de compte est la centaine de feux, laquelle est chargée de pourvoir à l'équipement de six sergents ou hommes de pied, savoir quatre piquiers et deux arbaletriers, dépense fixée au taux uniforme de 6 livres par sergent, c'est-àdire à 36 livres de contribution pour chaque centaine de feux. Cela fait un peu plus de 7 sols 2 deniers par chaque famille habitant sous un même toit.

A la suite du rôle se trouve le compte-rendu de la perception. On y voit que les collecteurs principaux étaient deux affidés du roi, dépêchés par lui-même, qu'ils étaient secondés par des clercs employés à passer les écritures, puis par des soldats chargés de protéger la caisse et de « contraindre les villes à payer. Les frais de perception s'élevèrent à environ un quarante-cinquième, ce qui constituait une perception faite à bien peu de frais. Une des grosses dépenses de l'opération était l'achat de sacs pour renfermer les masses de billon recueillies. Notre rôle peut servir aussi à donner une idée de la densité de la population, dans cette partie de la France, à l'entrée du XIV° siècle. On évalue d'ordinaire à cinq personnes, en moyenne, la composition de ce qu'on appelait un feu. Ainsi le total de 559 sergents portés au role, démontrant l'existence de 93 centaines de feux imposés, c'était une population de 46,500 personnes que comportaient les Etats du comte de Clermont. A quoi il faut ajouter les diverses classes de gens que ce rôle ne regardait pas et qui payaient d'une autre façon, savoir les nobles et les ecclésiastiques du comté; et il faut tenir compte aussi d'une catégorie d'exemptés qui devait être assez nombreuse, celle des indigents (1).

On peut aller encore un peu plus loin dans cette voie et mettre en regard, village par village, ce qu'était le chiffre des habitants (des contribuables, du moins) en 1303 et ce qu'il est aujourd'hui même, en se servant des recensements constatés par la dernière édition du Dictionnaire des Postes (1868). C'est un tableau comparatif assez curieux, et que je restreins nécessairement aux noms assez clairement déterminés dans le rôle de 1303, pour ne point prêter à des évaluations erronées :

(1) Les serfs et mainmortables y étaient compris au contraire. Voyez Boutaric, Institut militaires, p. 231. Nous manquons de renseignements ponr imaginer le nombre de ces pauvres gens; mais on peut toujours enregistrer soigneusement les deux pièces signalées en note ci-dessus, p. 79, n. 2. Le rôle des hommes, femmes et enfants de condition (servile), dont le profit se partageait entre le comte et l'abbaye, et qui est de l'an 1375, s'élevait à 424 personnes réparties entre vingt localités, savoir: Estrées S. Denys, 131; Remin, 56; Lachelle, 16; Baugy, 1; Marigny, 3; Venette, 17; Moienvillier, 112; Bailleul, 4; Longueil, 18; Canly, 12; Falel, 3; Fresnoy, 5; Sachy le petit, 12; Jonquières, 5; Arsis, 2; La Campaigne, 1; Basincourt, 3; S. Martin longue eau, 11; Bortiaux, 7; La Croix S. Ouen, 5.

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Entre ces deux résultats, une égalité assez sensible est présumable, puisque les 27,274 têtes de l'an 1868 sont le total de la population, tandis que dans les 23,598 de l'an 1303 ne sont compris ni la noblesse, ni le clergé, ni les indigents.

Je craindrais de trop presser ces chiffres pour en tirer des conséquences; mais ils semblent aller d'eux-mêmes à cette conclusion que la population du Beauvaisis était à peu près aussi compacte au commencement du XIV siècle qu'elle l'est aujourd'hui. Cette contrée est essentiellement agricole, et si la population générale de la France a augmenté, c'est dans les villes, surtout dans les grandes villes. La petite ville de Clermont est restée parfaitement stationnaire (1), et parmi les campagnes environnantes un quart des petits centres habités a perdu ce que les autres ont gagné. Tel est, dans sa simplicité, le fait qui se dégage du tableau cidessus.

Avec toutes les données qui viennent d'être réunies sur le comté de Clermont, la carte de ce petit pays paraîtra peut-être aisée à faire. On pourrait croire qu'il n'y a qu'à inscrire à leur place les localités mentionnées et à les circonscrire par les contours d'une ligne figurant la frontière. Cette conception procéderait cependant d'une très-fausse idée du moyen-âge. Aujourd'hui rien de plus simple, de plus obligé, qu'une carte établie par ce procédé. Chaque souveraineté ou démembrement de souveraineté : province, département, comté, canton, de quelque nom qu'on l'appelle, est nettement séparée des autres; en-deça de ses limites l'autorité qui gouverne a tous les pouvoirs, au-delà elle n'en a aucun. Rien de semblable sur toute la surface du monde féodal. Celui-ci est une agglomération et un morcellement infinis de souverainetés diverses se superposant, s'enlaçant, se pénétrant les unes les autres. Ainsi, je prends un exemple au hasard dans notre sujet.

Le comte de Clermont, au xiv siècle, avait, comme nous avons dit, donné à sa fille Béatrix la châtellenie de Creil en dot, c'est-à-dire les droits utiles de la châtellenie, composés : 1o de l'exploitation de plusieurs villages voisins habités par des serfs (les Ageux, S. Queux, aujourd'hui Cinqueux, les Haies); 2o de prairies avoisinant Creil; 3o du péage des ponts de Villers. S. Pol, Nogent, Sailleville, Laigneville, Monchi S. Eloi; 4o de cens en argent et en grains perçus à Fayel et à Creil; 5o de la forêt de Pommeroie avec garenne pour le gros et menu gibier; 6o des produits du four banal de Creil et autres revenus de la même ville, tels que les péages sur terre et sur eau, les droits sur la vente du poisson, sur le scel des actes et sur le tabellionnage (2). Voilà donc une seigneurie bien singulièrement morcelée.

(1) En 1868 c'est 5143 au total, et en 1303 c est 4150, plus les nobles, les prêtres et les indigents.

(2) Ces détails et les suivants sont tirés du Cartulaire de Clermont dont il a été fait ci-dessus usage (p. 79), coté aujourd'hui aux Archives de l'Empire KK 1093.

Cependant le comte avait retenu la directe, c'est-à-dire l'hommage de sa fille, et de plus une série de vassaux qui continuaient à relever immédiatement de lui dans le ban de Creil. Ainsi, un seigneur des environs de Senlis, Raoul de Saintines, relevait de Béatrix, dame de Creil, pour un bois du terroir d'Ageu, de la valeur de 8 livres par an; et en même temps il relevait directement du comte, parmi le ban de Creil, pour une terre de la contenance de trois muids de grain qu'il possédait au terroir de Sachy. Et de Raoul de Saintines à son tour, à raison de ces champs qu'il avait à Sachy, relevaient neuf vassaux, arrières-feudataires du comte, pour les fiefs les plus divers et les plus dispersés. C'étaient, premièrement, Le Borgne de Nouroy, pour un fief composé des droits perçus à Nouroy sur les voies et chemins; puis la demoiselle de Rucourt pour un fief semblable, les voiries de Rucourt; la dame de Lagrange, pour 18 ar

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Estève de La

Michaut Canetel,

pents de bois sis au Plessier sur Creil; Pierre Sarazin, pour le tiers du bac de Verneuil; — Guiart d'Elebanne, pour 21 mines de terre du territoire de Sachy; Bertaut de Villers, pour 18 septiers de vin, 12 sols de cens et trois paaz (pacages? péages?) à Villers (S. Pol?); grange, pour 20 soudées de terre à Monchy S. Eloi; pour 20 mines de terre à Sachy le grant; et Robert de Genouville, pour 18 mines de terre à Creil, 8 mines et demie à Laigneville, deux serfs à Saint Queux chargés de payer deux mines d'avoine, et pour la dîme des chanvres et lins de Saint Queux; le tout (de ce fief de R. de Genouville) valant une somme annuelle de six livres et dix sous. Cette mêlée territoriale était la conséquence nécessaire de ce que l'engagement féodal reposait sur des convenances et des affinités personnelles librement appréciées par les parties contractantes.

L'élément roturier et l'élément ecclésiastique ne sont guère moins divisés et dépecés entre les autorités diverses dont ils dépendent, en sorte qu'il est impossible de dresser topographiquement les limites d'un Etat du moyen-âge. Toutefois, j'ai cru pouvoir en donner une approximation par le moyen du rôle de 1303 et de la liste de 1692, qui nous fournissent l'indication des localités où la catégorie la plus nombreuse des habitants du pays, celle des contribuables, dépendait du comte de Clermont. C'est l'état de choses représenté par la carte jointe à ce travail, dans laquelle sont marquées en rouge les localités sur lesquelles étaient assis les revenus du comte. Ces localités remplissent à peu près une surface elliptique où l'on remarque deux lacunes formées, l'une à l'est par la seigneurie de l'abbaye de S. Denys sur Estrées saint Denys et les villages environnants, l'autre à l'ouest par les propriétés de l'évêché de Beauvais. Le roi de France luimême était obligé de supporter jusque dans sa capitale, de petits collègues en souveraineté ayant à côté de lui seigneurie, justice et censive. Tout autre souverain ou seigneur était dans la même condition. Le comte

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