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séquence nous vous ordonnons de vous transporter audit lieu, de faire convoquer en votre présence notre dite commune et de lui faire sentir le plus vivement notre mécontentement souverain sur sa conduite aussi hardie qu'inconsidérée, en lui signifiant le plus sérieusement de se préserver à l'avenir de semblables faux pas, et de se conduire en pareilles et autres occasions avec plus de prudence, sinon nous nous servirons des moyens efficaces pour la contenir dans le devoir, lesquels nous avons bien voulu suspendre dans cette occasion et rencontre, vu le repentir marqué par quelques individus d'icelle; nous vous ordonnons ultérieurement de faire tracer tout ce que vous y rencontrerez de relatif à cet écrit et d'y faire inscrire notre présent rescript pour lui servir d'avertissement et de règle de conduite. Adieu.

Donné en notre Grand Conseil, le 23 janvier 1781.

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ANTIQUITÉS CELTIQUES DES LACS DE LA SUISSE 1.

La sécheresse et le froid soutenu de l'hiver de 1853 à 1854 ayant amené un ralentissement extraordinaire dans le mouvement des eaux qui alimentent les lacs suisses, le niveau de ces bassins s'est, sur quelques points, considérablement abaissé et a mis ainsi de nouveaux rivages à découvert. Ces terrains, qui n'avaient peut-être jamais vu le jour ou du moins qui ne l'avaient probablement pas vu depuis des siècles, ont offert aux archéologues des mines fécondes et fort inattendues. Des masses de pilotis qui s'étaient déjà laissé soupçonner dans la profondeur des eaux ont attiré dès l'abord l'attention, et en fouillant entre leurs interstices, on a mis la main sur divers objets des plus anciens et des plus instructifs.

Les premières découvertes furent faites dans le lac de Zurich; elle donnèrent l'éveil, et des explorations furent entreprises, avec plein succès, dans les lacs de Bienne et de Genève. Il en est résulté des renseignements extrêmement précieux sur les mœurs et l'état de civilisation des anciens Helvètes. Ces trois localités paraissant se rapporter à des peuplades inégalement riches, soit plutôt encore à des époques différentes de l'antiquité celtique, nous exposerons successivement ce qui les concerne. La méthode la plus claire et la plus convenable se réduit tout simplement à donner des inventaires succints des pièces les plus essentielles.

FOUILLES DU LAC DE ZURICH.

Dès le mois de janvier 1854, un établissement, dont on avait déjà eu quelque vague notion en 1829, commença à se

1 Les notices suivantes sur les fouilles des lacs de Zurich et de Bienne sont empruntées au Magasin pittoresque, celle sur les fouilles du lac Léman n'est que la reproduction de l'article publié par Mr. Fr. Troyon, dans la Gazette de Lausanne, 1855, no 88.

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mettre à sec près du village de Meilen. Il était indiqué par des têtes de pilotis. On s'empressa d'y appliquer des ouvriers. Sous une première couche d'argile sableuse d'un à deux pieds d'épaisseur, formée par les débris journaliers du lac, la pioche mit à découvert une seconde couche épaisse de près de 3 pieds, noircie par l'abondance des matières organiques en décomposition, et présentant entre les assemblages de pilotis une foule d'antiquités. Cette couche meuble reposait sur le fond primitif des eaux, formé d'argile sableuse comme la couche supérieure, exempt également d'antiquités, en exceptant, bien entendu, les extrémités des pilotis qui venaient s'y enfoncer.

Ces pilotis sont de bois de chêne, de hêtre, de bouleau, de sapin, et sont assez menus comparativement à nos usages d'aujourd'hui, car leur diamètre ne dépasse guère quatre à cinq pouces. Ils sont rarement formés par un tronc entier, et proviennent la plupart de troncs fendus en trois ou en quatre quartiers. Tous sont aiguisés à leur extrémité, soit par la hache, soit par le feu. Il est difficile d'estimer leur longueur primitive, car la partie qui s'élevait au-dessus de l'eau est détruite depuis longtemps: quelques fragments avaient plus de neuf pieds. La plupart étaient tellement décomposés qu'ils n'offraient plus aucune résistance et se laissaient couper aussi facilement que de l'argile. Ils étaient distribués suivant des lignes parallèles au rivage, inégalement espacés, mais à une distance moyenne les uns des autres d'environ 18 pouces. L'ensemble de l'ouvrage a été reconnu sur une cinquantaine de mètres en avançant dans le lac, et sur une étendue de cent cinquante mètres environ.

Objets en pierres. Si intéressantes que soient par ellesmêmes ces constructions antiques, leur intérêt le cède à celui des objets trouvés dans le sol où elles sont implantées. On peut évaluer à plus d'une centaine le nombre des haches de pierre recueillies dans les fouilles, qui n'ont porté cependant que sur un petit nombre de mètres carrés. Ces instruments, très-différents de forme, le sont plus encore de grandeur : les uns ont jusqu'à sept pouces de long, tandis que d'autres n'ont guère qu'un pouce. Quant à la pierre dont ils se composent, les uns sont faits avec de la pierre dure du pays, les autres avec des roches qui ne se rencontrent qu'au

loin, et il s'en est même trouvé qui sont faites avec une pierre bien connue des minéralogistes, le jade, dont jusqu'ici on ne connaît de gisement qu'en Orient; circonstance bien remarquable, puisqu'elle nous met sur la trace des relations des anciens habitants de la Gaule avec l'Orient, et devant laquelle on serait peut-être tenté de reculer si elle n'avait déjà été observée dans plusieurs autres localités, et notamment dans un tumulus celtique de Normandie, où se sont rencontrées des armes du même genre.

Non-seulement des haches, mais l'état plus ou moins avancé de fabrication dans lequel elles se présentent, ne peuvent laisser aucun doute qu'il n'y eut sur ce point une véritable manufacture de haches de pierres. Ce travail constituait peut-être une sorte d'industrie domestique qui occupait dans chaque famille les loisirs des jours d'hiver; c'était affaire de patience.

Un détail assez frappant et qui, à ce que je crois, ne s'est offert que là, c'est que l'on enchâssait ces instruments dans de la corne de cerf qui servait à les maintenir sans risquer de se fendre, comme l'eût fait un manche de bois sous l'action des contre-coups. Les plus petits y sont fixés de manière à faire manifestement l'office de ciseaux, les autres comme des haches véritables, l'enchâssure de corne étant elle-même attachée à un manche de bois. Les haches de pierre trouvées si habituellement dans les monuments celtiques, aussi bien que les instruments de bronze analogues, ayant été considérés par les archéologues tantôt comme des armes de guerre, tantôt comme des outils, tantôt comme des instruments liturgiques, ou même comme des ornements symboliques, on conçoit que ce détail relatif à la nature du manche n'est pas sans importance pour fixer les idées à leur sujet.

Outre les haches on a rencontré des marteaux de pierre, mais incomparablement moins nombreux que celles-ci : l'un de ces instruments est en serpentine très-dure et très-résistante; d'un côté il est tranchant et de l'autre à tête plate, à peu près comme certains marteaux de mineurs encore en usage aujourd'hui.

Les fouilles n'ont mis à découvert qu'un petit nombre d'instruments fabriqués en silex; aussi de tels instruments sont-ils très-rares aujourd'hui même en Suisse, car le pays

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ne renferme pour ainsi dire pas de pierres de ce genre, et celles que l'on y emploie y sont apportées du dehors par le commerce. Les objets de silex trouvés à Meilen tirent donc de cette circonstance un certain intérêt, puisqu'ils sont un monument des anciennes relations commerciales. Ils consistent d'abord en pointes aiguës destinées vraisemblablement à l'office de fers de lances ou de fers de flèches. On ne peut nier qu'elles ne soient très-adroitement fabriquées. La pierre à feu forme également la matière de diverses lames assez plates, munies d'une sorte de tranchant barbelé, enchâssées dans un manche de bois d'if de la figure d'une navette et assujetties dans leur monture avec de l'asphalte. Il est à croire que ces instruments n'étaient autre chose que de petites scies, le manche y étant disposé de manière à empêcher que la main ne fût blessée par les contre-coups dans le travail.

Enfin il faut mentionner des éclats allongés de silex, qui, à en juger d'après leur forme, devaient servir de couteaux : leur longueur est assez variable; car il s'en rencontre de toutes dimensions, depuis 2 jusqu'à 5 pouces.

Le grès forme la substance d'un assez grand nombre de pièces prismatiques, d'une pâte dure et grenue, et qui, d'après leur nature et leur apparence, doivent avoir rempli l'office de pierre à aiguiser. On conçoit que les tranchants de silex, si disposés par la nature de leur substance à s'ébrécher, devaient en effet nécessiter un repassage continuel.

Des pierres arrondies en grès très-résistant, et analogues à celles que l'on rencontre parmi les antiquités du Nord, formaient des espèces de pilons destinés, suivant toute vraisemblance, à écraser le grain, en l'absence de meules à moudre.

Enfin, différentes pierres de grés, en forme de plaques et d'assez grandes dimensions, étaient apparemment destinées à former des pierres de foyer; plusieurs portent encore la trace du feu qui les a plus ou moins calcinées, et quelquesunes même ont encore à leur surface un enduit de suie.

Objets en os. De petits instruments taillés en forme de couteau, et qui peuvent avoir servi dans la fabrication des vases d'argile pour y dessiner les ornements.

Des aiguilles à cheveux ou à coudre, peut-être à tricoter.

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