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avait instruit les évêques de ce qui avait été décidé au concile de Calcédoine, Eusébe, évêque de Milan, convoqua un concile. Les évêques qui assistèrent à cette assemblée adressèrent à S. Léon une lettre par laquelle ils déclaraient adhérer à la doctrine des Pères du concile de Calcédoine et du pontife romain. Asimo, évêque de Coire, chargea son voisin, l'évêque de Côme, de signer la lettre en son nom, ce que ce dernier fit dans les termes suivants : « Moi, Abundantius, évêque de l'Eglise de Côme, pour moi et pour mon saint frère Asimo, évêque de l'Eglise de Coire dans la Rhétie première, absent, j'ai souscrit à tout ce qui est écrit cidessus, anathématisant ceux qui ont manifesté des sentiments impies touchant le mystère de l'incarnation du Seigneur 1. » Asimo, qui vivait l'année 452, est le premier évêque de Coire dont le nom soit parvenu jusqu'à nous. On célébre à Coire la fête de ce saint prélat le 19 janvier. Ses successeurs furent :

Parilius ou Puritius. Les bollandistes font mention d'Asimo et de Parilius comme des plus anciens évêques de Coire connus 2. Claudianus, vers 470; Ursicinus, vers 485; Sidonius; Eddo. Valentinien fut évêque de Coire de 536 à 548. On lui attribue la fondation du monastère de Saint Lucius. Paulin, son neveu, lui éleva un monument funéraire dans l'église de S. Lucius. On lisait dans l'épitaphe de cet évêque qu'il avait comblé de bienfaits les pauvres, habillé ceux qui étaient nus et racheté les captifs. Il mourut au mois de septembre, l'année 548 3.

La suite au prochain N°.

J. Dey.

1 Ego Abundantius, episcopus ecclesiæ Comensis in omnia suprascripta pro me et pro absente sancto fratre meo Asimone episcopo ecclesiæ Curiensis primæ Rhetiæ subscripsi anathema dicens his qui de incarnationis dominicæ Sacramento impia senserunt. V. Eusebii Mediol. episc. epist. inter Leonis I epistolas.

2 Bolland., t. II, Junii 148.

3 V. Tschudi, Gall. com., p. 298. Hottinger, Helv. Kirchengesch., 1. III, p. 218.

DESCENDENCE

DES ÉVÊQUES DE LAUSANNE,

de leurs faictz et gestes.

AVANT-PROPOS.

La chronique que nous allons publier, sous le titre cidessus, est déjà connue, quoiqu'elle n'ait pas encore été livrée à l'impression. L'historien Ruchat l'a découverte le premier en explorant des liasses d'anciens papiers rassemblés par son grand-oncle, Abram de Mière, conseiller de Moudon. Le manuscrit qu'il trouva ainsi n'était pas l'original, mais une copie seulement. Il le transcrivit et l'inséra dans les Monumenta Lausannensia qui accompagnent son Histoire générale de la Suisse, ouvrage inédit, dont le manuscrit original se conserve à la bibliothèque de la ville de Berne. « Ruchat apprend dans une courte préface, dit Bridel (Conserv. suisse, XII, 361), que ce manuscrit (de Moudon) fourmillait de fautes, et qu'il le mit au net. Les unes venaient de l'ignorance du copiste qui connaissait mal le latin, et il les a aisément corrigées, quoiqu'il en comptât plus de deux cents; les autres appartenaient à l'auteur de la pièce: il en corrigea une partie à l'aide de la chronique du prévôt d'Estavayer; mais il avoue qu'il en reste quelques-unes, soit parce que la phrase était inintelligible, ou qu'il y avait des lacunes de plusieurs mots. »

La copie de Ruchat fut transcrite plusieurs fois, et ainsi cette chronique se répandit dans le public; elle fut généralement désignée sous le nom de chronique de Moudon, parce qu'elle avait été trouvée dans cette ville. Plus tard, en 1828, le pasteur Bridel en publia une traduction dans le N° XLVÍ (T. XII, 363-399) du Conservateur suisse, mais d'après la copie corrigée de Ruchat.

On ignore le sort du manuscrit de Moudon. Il fut impossible de le découvrir, malgré toutes les recherches que l'on fit dans ce but. On désespérait ainsi de retrouver l'original ou une copie ancienne de cette chronique, lorsque, faisant dernièrement des recherches aux archives du canton de Vaud, à Lausanne, je tombai par hasard sur une chronique de nos évêques, que je reconnus immédiatement être celle appelée de Moudon.

Elle se trouve sous le N° 2825 de la layette de Lausanne, formant un cahier, en papier, de 12 feuillets in-folio. Le premier feuillet contient un répertoire; la chronique, qui commence au folio 2, porte le titre suivant: Descendence des Evêques de Lausanne de leurs faictz et gestes. Ce cahier, cartonné maintenant, était enveloppé d'une feuille, dont la partie écrite a été conservée et collée sur le carton; on y lit: Double de la décendence des jadis évêques de Lausanne de leurs faictz et gestes appartenant à noble et généreux Guilliaulme de Illens donzel de Lausanne major de Cugiez et de Montet. C'est donc là une copie seulement, mais elle est certainement contemporaine de l'original. Celui-ci a été composé, ou au moins terminé, après l'élection de Sébastien de Montfaucon et avant l'établissement de la réformation à Lausanne, ainsi entre les années 1517-1536. La copie de Ruchat indique l'année 1533, comme celle de la rédaction finale; dans celle de Lausanne cette date ne se trouve pas. L'écriture de cette dernière appartient évidemment au seizième siècle, et plutôt à la première moitié qu'à la seconde; la copie est donc de l'époque même de l'original.

Comme nous l'avons vu, la copie de Moudon renferme des fautes nombreuses; il en est de même de celle de Lausanne, et autant qu'on peut en juger malgré les corrections de Ruchat, ces fautes sont à peu près identiques. On pourrait en conclure qu'elles proviennent, en grande partie au moins, de

l'original même; il faut en excepter quelques-unes qui sont uniquement le fait du copiste.

L'auteur de cette chronique est resté inconnu; son nom de baptême seul nous est révélé: il se nomme lui-même Louis dans l'article consacré à l'évêque David. Au reste, son travail prouve en lui plus de bonne volonté que de science chronologique et historique. Il y a dans son œuvre deux parties, qu'il faut distinguer: l'époque antérieure à l'année 1240, et celle postérieure. Pour la première il copie la chronique du Cartulaire de Lausanne, du prévôt Conon d'Estavayer; souvent il abrége, et parfois il ajoute de nouveaux détails. La seconde partie est malheureusement très-courte; l'auteur se borne le plus souvent à quelques indications chronologiques, qui sont loin d'être toujours exactes. Ainsi la valeur historique de notre chronique n'est pas grande; cependant il ne faudrait pas conclure de ce que nous venons de dire que cette pièce soit inutile. On y trouve des faits et des indications qui ne se rencontrent pas ailleurs; elle peut ainsi servir à l'histoire de nos évêques. A ce mérite joignons celui qu'elle a d'être la seule chronique écrite sur ce sujet, depuis le Cartulaire jusqu'à l'époque de la réformation; au moins aucune autre ne nous est parvenue. Celle que Msgr. de Lenzbourg cite sous le titre de Manuscrit de Fribourg est égarée, et n'était peut-être qu'une copie de celle qui nous оссире.

Nous publions la présente chronique en entier, d'après la copie des archives de Lausanne; les seuls changements que nous faisons sont relatifs à l'orthographe: nous distinguons l'u du v, le iduj, et vice-versâ, et remplaçons l'e par æ ou toutes les fois que l'usage le demande. Nous avons cru, en cette circonstance, devoir préférer l'utilité générale à la satisfaction du paléographe. A part cela nous n'avons fait ni changement ni suppression; le manuscrit est reproduit fidèlement. Mais comme les fautes y sont très-nombreuses, nous avons restitué le texte d'après la chronique du Cartulaire pour la partie qui y correspond, et pour la suivante d'après le contexte; cette restitution est placée entre parenthèses, soit que les mots ajoutés suppléent à une omission, soit qu'ils rétablissent des mots mal écrits dans la copie; ces derniers mots sont imprimés en italique, comme aussi les mots inutiles qui doivent être retranchés. Par ce moyen, on a en présence le texte de la copie et le texte restitué. Quant à certaines fautes insignifiantes nous n'avons pas cru devoir les corriger.

Quelques notes ont été ajoutées au texte, mais seulement quand elles étaient nécessaires. Il importait de rectifier de nombreuses erreurs de dates; nous le faisons, non par des notes, mais par une liste chronologique de nos évêques, qui suivra la chronique.

J. GREMAUD.

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