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POÉSIE.

BEATUS VIR.

PSAUME PREMIER.

Heureux celui qui rompt tout pacte avec l'impie,
Aux trames des méchants qui jamais ne se lie,
Qui ne s'égare point sur les pas du pécheur,
Et ne va point semant un poison corrupteur;
Mais qui dans le Seigneur, à marcher dans sa crainte,
A méditer nuit et jour sa loi sainte,

Met son plaisir, sa gloire et son bonheur!

Tel qu'un arbre planté le long d'une eau fertile,
Qui se couvre de fruits dans la saison utile;
Tel fleurira le juste: heureux en ses desseins
Il coulera des jours prospères et sereins.
Mais l'impie! il sera semblable à la poussière,
Ou comme la feuille légère
Qu'emporte le souffle des vents,

Il sera retranché du nombre des vivants.

Du juste le Seigneur a connu l'innocence,
Il a vu ses combats et ses pleurs pénitents;
Les justes seront ses enfants.

Mais à l'heure de sa vengeance,

Du pécheur endurci qu'affreux sera le sort!
Dans ces sentiers fleuris où tout semble sourire,
Dans ces sentiers maudits où règne le délire,
Il ne moissonnera qu'une éternelle mort.

H. Τ.

1

GLANURES.

Les bons écouteurs ressemblent aux bons ménagers: ils font leur profit de tout.

L'argent ne doit entrer en la maison des gens d'honneur que par la voie de la vertu.

La joie est la plus grande babillarde du monde.

Souvent on s'est repenti d'avoir parlé, mais de s'être tu, jamais.

Qui moquerie sème, moquerie recueille.

La résignation n'est pas du contentement, mais elle y mène.

La religion est l'ancre sur laquelle s'appuient les sociétés et sans laquelle tout flotte et se disperse.

Le Rédacteur, J. GREMAUD.

ANTIQUITÉS CELTIQUES DES LACS DE LA SUISSE. (Fin.)

FOUILLES DU LAC LÉMAN 1.

M. F. Forel vient de faire don au cabinet d'antiquités du Musée cantonal de trois petites haches, connues des antiquaires sous le nom de celt, d'une pointe de javelot, d'un couteau dont la lame, légèrement arquée, part d'une douille dans laquelle entrait un manche en bois, de deux bracelets entr'ouverts et d'une grande épingle à cheveux. Outre ces pièces, qui sont toutes en bronze, le Musée doit encore à la générosité de M. Forel quelques fragments de poterie et deux espèces de disques en terre cuite, de 4 pouces de diamètre, percés d'un trou circulaire.

Ces divers objets sont en quelque sorte les specimens des antiquités que M. Forel a retirées du milieu des pilotis qui se trouvent dans le lac Léman, vis-à-vis de la ville de Morges, et qui appartiennent à un nouveau genre de découvertes que quelques journaux ont déjà mentionnées comme révélant l'existence d'habitations qui s'élevaient autrefois au-dessus de la surface de nos lacs. Il ne sera peut-être pas sans intérêt d'entrer dans quelques détails sur un sujet qui jette un jour inattendu sur les usages des plus anciens habitants de l'Helvétie.

Pour se faire une idée de ce qu'étaient ces curieuses constructions, il suffit de dire un mot de celles qu'élèvent encore de nos jours plusieurs habitants de l'Archipel indien et entre autres les Papoos de la Nouvelle-Guinée. Leurs

4 Nous reproduisons en entier cette notice de M. Troyon, quoiqu'il revienne sur plusieurs faits déjà exposés dans l'article précédent. C'est que l'auteur s'en sert pour comparer et expliquer les découvertes faites. Ce dernier article renferme donc, outre les détails sur les fouilles opérées dans le lac Léman, la conclusion explicative du précédent. (Réd.)

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demeures en bois, de forme carrée ou circulaire, reposent sur une espèce de plate-forme, supportée par des pieux plantés dans les eaux, à quelques centaines de pieds du rivage, et assez élevés pour que les vagues puissent passer sous les habitations. Ces groupes de cabanes, disposés en général parallèlement à la rive, sont mis en communication avec celle-ci par un pont étroit qui repose aussi sur des pieux. Tout en satisfaisant leur goût pour la pêche, ces populations se créent ainsi un abri contre les bêtes fauves et les invasions de l'intérieur des terres. Ce genre de construction est du reste fort ancien. Dans un article de la Revue Suisse, M. Vouga, professeur à Neuchâtel, citait à ce sujet un passage d'Hérodote, d'après lequel on voit que les Pœoniens du lac Prasias, en Thrace, construisaient déjà leurs demeures d'une manière parfaitement analogue. Voici ce que dit à cet égard l'ancien historien grec: « Les maisons des Pœoniens >>> sont construites sur des pieux très-élevés, enfoncés dans >> le lac, et sur lesquels on a posé des planches jointes en>> semble; un pont étroit est le seul passage qui y conduise. >> Les habitants plantaient autrefois ces pilotis à frais com» muns, mais dans la suite il fut réglé qu'on en apporterait >>> trois du mont Orbelus à chaque femme que l'on épouserait. >>> La pluralité des femmes est permise en ce pays. Ils ont >> chacun sur ces planches leur cabane avec une trappe bien >> jointe qui conduit au lac, et, dans la crainte que leurs en>> fants ne tombent par cette ouverture, ils les attachent par >> le pied avec une corde. La pêche est si abondante dans ce >> lac, qu'en y descendant par la trappe un panier, on le retire >> peu après rempli de poissons. >>>

Ce sont les restes d'habitations du même genre dont on retrouve les traces sur plusieurs lacs de la Suisse. La baisse extraordinaire des eaux, pendant l'hiver précédent, amena, sur les bords du lac de Zurich, la découverte du Meilen, dont M. le docteur Keller a publié la description. M. Em. Muller, de Nidau, retrouvait en même temps des débris analogues dans le lac de Bienne, et des observations du même genre ne tardèrent pas à être faites sur le lac d'Yverdon et le lac Léman. M. de Morlot a même constaté des débris analogues autour de l'îlot du petit lac d'Inkwyl, dans le canton de Berne. - Morges est le point le plus riche de tous ceux

qui ont été examinés jusqu'à présent sur le lac Léman. A environ 300 pieds de la rive, on voit sous 8 à 12 pieds d'eau, des restes de pilotis disposés irrégulièrement sur un espace d'à peu près 1200 pieds de longueur et de 100 à 200 pieds de largeur. Ces pieux, généralement en chêne, sortent encore de 2 à 3 pieds de la vase et des cailloux qui les entourent; on voit auprès de nombreuses pièces de bois dont plusieurs sont carbonisées, et il est à remarquer que, dans la plupart des localités explorées, ces constructions paraissent avoir été détruites par le feu. C'est entre ces pieux, distants de quelques pieds, qu'on trouve à la surface de la vase ou des cailloux, divers instruments d'usage domestique, des armes consistant en pointes de lance, poignards et parfois même des épées, des ornements tels que bagues, bracelets, épingles à cheveux, et des poteries nombreuses provenant de vases des dimensions les plus diverses' et dont l'argile a généralement été pétrie avec de petits cailloux siliceux. Il existe encore à Morges, et sur quelques autres points, des restes de canots, taillés en auge comme les pirogues des sauvages, et pointus à leurs extrémités. Plusieurs pièces, par l'originalité de leur forme, demandent encore à être déterminées. On doit du reste remarquer que tous ces objets, ainsi que les fragments de poterie, ont dans leurs arêtes des cassures parfaitement vives, et qu'ils n'ont point été roulés par les eaux, ce qui ne permet pas de supposer que ces habitations aient jamais été sur les rives; car, dans ce cas, les vagues n'auraient pas tardé à émousser toutes les pièces anguleuses et à les disperser, tandis qu'on ne les retrouve qu'auprès des pilotis où les fragments du même vase sont encore parfois en place. Il en résulte que, depuis un âge très-reculé, le niveau de nos lacs ne s'est point sensiblement augmenté et que les plus grandes tempêtes n'en agitent les eaux qu'à peu de profondeur. Les pilotis, de longueur du reste inégale, dont on voit les débris, ont donc été beaucoup plus élevés, et l'on ne peut mettre en doute qu'ils n'aient supporté des cabanes pareilles à celles des Pœoniens et des Papoos, quand on trouve, comme à Meilen, les foyers formés de dalles brutes calcinées par le feu.

↑ J'ai entr'autres pêché à Corcellettes, avec M. L. Rochat, des vases de 2 à 25 pouces de diamètre.

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