TRAGÉDIE. ACTE PREMIER. SCÈNE PREMIÈRE. ORESTE, PYLADE. ORESTE. Our, puisque je retrouve un ami si fidèle, PYLADE... J'en rends graces au ciel, qui, m'arrêtant sans cesse, Sembloit m'avoir fermé le chemin de la Grèce Depuis le jour fatal que la fureur des eaux, Presque aux yeux de l'Epire, écarta nos vaisseaux. Combien dans cet exil ai-je souffert d'alarmes, Combien à vos malheurs ai-je donné de larmes, Où j'ai vu si long-temps votre ame ensevelie: ORESTE. Hélas! qui peut savoir le destin qui m'amène ! PYLADE. Quoi! votre ame, à l'amour en esclave asservie, Par quel charme, oubliant tant de tourments soufferts, ORESTE. Je me trompois moi-même ! Ami, n'accable point un malheureux qui t'aime. T'ai-je jamais caché mon cœur et mes desirs? En faveur de Pyrrhus, vengeur de sa famille, Tu vis mon désespoir; et tu m'as vu depuis |