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SCÈNE V.

CRÉON, OLYMPE, ATTALE, GARDES.

OLYMPE.

QU'ATTENDEZ-Vous, Seigneur ? la princesse n'est plus.

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Elle n'a fait qu'entrer dans la chambre prochaine;
Et du même poignard dont est morte la reine,
Sans que je pusse voir son funeste dessein,
Cette fière princesse a percé son beau sein:
Elle s'en est, Seigneur, mortellement frappée;
Et dans son sang, hélas! elle est soudain tombée.
Jugez à cet objet ce que j'ai dû sentir.

Mais, sa belle ame enfin toute prête à sortir,
<< Cher Hémon, c'est à toi que je me sacrifie
Dit-elle; et ce moment a terminé sa vie.

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J'ai senti son beau corps tout froid entre mes bras,
Et j'ai cru que mon ame alloit suivre ses pas:
Heureuse mille fois, si ma douleur mortelle
Dans la nuit du tombeau m'eût plongée avec elle!

SCENE VI.

CRÉON, ATTALE, GARDES. (

CREON.

AINSI donc vous fuyez un amant odieux,
Et vous-même, cruelle, éteignez vos beaux yeux !

Vous fermez pour jamais ces beaux yeux que j'adore;
Et, pour ne me point voir, vous les fermez encore !
Quoiqu'Hémon vous fût cher, vous courez au trépas
Bien plus pour m'éviter, que pour suivre ses pas!
Mais dussiez-vous encor m'être aussi rigoureuse,
Ma présence aux enfers vous fût-elle odieuse,
Dût après le trépas vivre votre courroux,
Inhumaine, je vais y descendre après vous.
Vous y verrez toujours l'objet de votre haine,
Et toujours mes soupirs vous rediront ma peine,
Ou pour vous adoucir, ou pour vous tourmenter;
Et vous ne pourrez plus mourir pour m'éviter.
Mourons donc....

ATTALE, lui arrachant son épée,

Ah! Seigneur, quelle cruelle envie!

CREON.

Ah! c'est m'assassiner que me sauver la vie.
Amour, rage, transports, venez à mon secours;
Venez, et terminez mes détestables jours;
De ces cruels amis trompez tous les obstacles.
Toi, justifie, ô ciel ! la foi de tes oracles.
Je suis le dernier sang du malheureux Laius;
Perdez-moi, dieux cruels, ou vous serez déçus:
Reprenez, reprenez cet empire funeste:
Vous m'ôtez Antigone, ôtez-moi tout le reste :
Le trône et vos présents excitent mon courroux:
Un coup de foudre est tout ce que je veux de vous;
Ne le refusez pas à mes vœux, à mes crimes :
Ajoutez mon supplice à tant d'autres victimes.

Mais enfin je vous presse, et mes propres forfaits
Me font déjà sentir tous les maux que j'ai faits.
Jocaste, Polynice, Etéocle, Antigone,

Mes fils que j'ai perdus pour m'élever au trône,
Tant d'autres malheureux dont j'ai causé les maux,
Font déjà dans mon cœur l'office des bourreaux.
Arrêtez... Mon trépas va venger votre perte;
La foudre va tomber, la terre est entr'ouverte:
Je ressens à-la-fois mille tourments divers,
Et je m'en vais chercher du repos aux enfers.

(Il tombe entre les mains des Gardes.)

FIN DES FRÈRES ENNEMIS.

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ALEXANDRE

LE GRAND,

TRAGÉDIE.

1665.

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