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imposée à la ville (elle dépassait le tiers denier qu'on était accoutumé à payer), décidèrent d'envoyer auprès du roi un député chargé de faire une réclamation à ce sujet1. Le receveur de l'aide était Symonet de Milly. Mais le 27 juin, le roi sans doute à court d'argent, fit demander immédiatement 500 livres qui devaient être prises sur la dernière taille et versées entre les mains de Guillaume du Beth, maître de la Chambre aux deniers du roi'. Ce qui fut fait immédiatement. Rolin Guérin, receveur de la ville, devait encore verser 430 livres. On s'engagea à les remettre à Guillaume du Beth, mais on garantit à Rolin que cette somme lui serait remboursée « sur le denier de la première taille a mettre 3». Le 9 juillet, les consuls et les notables votèrent un impôt de 2 deniers par livre pour l'entretien des gens d'armes et le payement du second terme. Cet impôt n'ayant pas donné ce qu'on espérait, il fallut le 20 août ordonner la levée d'un nouvel impôt à 1 denier pour livre. Et malgré cela, au mois d'octobre, il restait encore à verser 600 livres, et, quelque temps après, Guillaume du Beth fit réclamer par « son député » Jehan Guernier, greffier des aides, une somme que la ville devait encore, pour achever le payement de l'aide de Razilly.

Comme les Consuls ne pouvaient pas la verser, ils recoururent à un procédé qui leur avait déjà servi en cas de détresse. Ils accordèrent le 25 octobre à Raolin Robigny la ferme du dixième du vin à la condition expresse qu'il prendrait cette dette à son compte; elle devait d'ailleurs lui être déduite des 930 livres représentant le prix de sa ferme. Les documents ajoutent qu'on fut obligé d'agir ainsi parce qu'on n'avait « de quoy paier autrement pour le présent».

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Voir Pièces justificatives, no CXCIII.

(BB 4, fol. 34): « Ilz ont passé ung mandement sus Rolin Guerin et sus les deniers de la taille dernierement mise sus de la somme de cinq cens livres tournois pour bailer a maistre Guillaume du Beth, maistre de la Chambre aux deniers du roy nostre sire, en deschargement et sus le premier terme de l'aide dernierement mise sus a Mailly pour le roy nostre sire et ont passé le mandement a Symonet de Mily receveur dudit aide de la somme de VIC livres ».

3 Cest dans la même séance que cette garantie fut donnée à Rolin Guérin.

4 (BB 4. fol. 35), la moitié de cette taille devait se lever en août. l'autre moitié en septembre.

5 V. la délibération du 20 août 1447 (fol. 38). Cette délibération des consuls fut confirmée le lendemain 21 août par les notables et les maîtres des métiers (BB 4, fol 38 v) « consideré que le roy nostre sire par ses lettres patentes a mandé la dicte somme de VIIe XLIV livres tournois estre paiecz et bailleez promptement et sans nul repit es dis gens d'armes ».

et La délibération du 25 octobre 1447 (BB 4, fol. 45 r°). V. Pièces justificatives, n* CXV.

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Taille de Bourges [1448]. En 1448, le Roi décréta à Bourges la levée d'une nouvelle taille de 200,000 livres. Le chiffre de la taille était le même que celui de l'année précédente, mais la quote-part de Lyon fut moins élevée car on ne demanda à la ville qu'une somme de 1.100 livres pour le « premier payement ». Pour trouver cette somme et acquitter diverses obligations de la ville, on ordonna le 26 mai la levée d'un denier et maille par livre ; et le 13 novembre, une taille analogue fut votée en vue du second terme2.

Taille de Montargis [1449]. Les années suivantes, les tailles royales se succèdent avec une régularité mathématique. Le nom seul de la ville qui donne son nom à la taille change, mais la somme demandée au royaume est presque toujours la même, 200.000 livres3. En 1449, c'est à Montargis que Charles VII établit la taille : le Lyonnais fut taxé à 6.300 livres tournois pour le principal et à 610 livres pour les frais. Sur cette somme, Lyon devait fournir 2.015 livres rien que pour le premier terme (avril). Le 16 mai, on devait encore 107 livres 10 sous au receveur de cet aide, Symonet de Milly. En réalité, on devait prendre la somme demandée sur une taille d'un denier pour livre qu'on vota ce jour-là. L'argent provenant de cet impôt fut employé sans doute à toute autre chose, car le 25 août, on dut ordonner la levée d'une taille semblable pour le même objet. C'est seulement le 1er décembre que cette somme fut payée au receveur royal5.

Voir la délibération du 26 mai 1447 (BB 4, fol. 63). Le texte se trouve Pièces justificatives, no CXCVIII. Voir CC 70 le détail de la perception.

Pour le 26 mai, v. Pièces justificatives, n° CXCVIII. Pour la délibération du 13 novembre 1448, v. BB 4, fol. 77 vo: Cette taille du 13 novembre devait servir à paier le dernier quarteron des gens d'armes et les 1.100 livres de l'aide de Bourges.

...

3 Voir la délibération du 16 mai 1449 (BB 4, fol. 90-91). Il y est question de cet impôt en ces termes : <«< la somme de II XV livres tournois a quoy ladicte ville a esté imposée pour sa part et porcion de la somme de six mille troys cens livres tournois pour le principal et six cens dix livres pour tous frais d'un aide de deux cens mille livres tournois dernierement mis sus au païs de Languedoil en la ville de Montargis pour le roy nostre sire ».

4 La délibération du 25 août 1449 (BB 4, fol. 98).

5 La délibération du 1er décembre 1449 (BB 4, fol, 107 vo).—«Ilz ont passé ung mandement a Symonet de Milly, receveur de l'aide du roy nostre sire dernierement mise sus de la somme de IIII© VII livres dix sous tournois restans a paier audit receveur du premier paiement d'avril dernierement passé dudit aide sus Raoulin Guerin, receveur des tailles et deniers communs de ladicte et sus les deniers de sa dicte recepte tant desdictes tailles que deniers communs tant mis que a mectre. >>

Taille de Louviers [1450]. La taille de l'année suivante fut établie à Louviers.

Nous ignorons quelles sommes furent respectivement demandées à la généralité de Languedoil, au Lyonnais et à la ville. Simonet de Milly avait encore à recevoir de la ville 700 livres qu'elle devait encore pour le paiement du premier terme 1.

Taille de Montbazon [1451]. Pour l'année 1451, nous sommes mieux renseignés : Lyon eut à donner 1.200 livres sur la taille dont le roi décréta la levée dans la ville de Montbazon?. Le 22 août, la ville devait encore à Simonet 800 livres qu'on demanda à un nouvel impôt d'un denier pour livre3. Le 2 septembre, on ne devait plus que 500 livres .

Voir la délibération du 17 mai 1450 (BB 4, fol. 118 vo). Il y est question des VIIe livres tournois dues de reste a Symonet de Milly receveur de l'aide dudit seigneur dernierement mise sus a Louviers et du premier paiement dudit aide ». Au mois de novembre 1450 on décida la levée d'i taille à denier et obole pour livre « pour le reste du second paiement de l'aide » de Louviers et pour le dernier quarteron des vivres des gens d'armes (V. CC 72, fol. 2).

2 et 3 Voir la délibération du 22 août 1451 (BB 4, fol. 163 vo). Il y est dit « qu'il est deu a Symonet de Milly, receveur de l'aide derrenierement mise sus a Montbason pour le roi nostre Sire la somme de huit cens livres tournois de reste de la somme de XII livres a quoy ladicte ville a esté imposée pour sa part et porcion du dit aide et laquelle somme il fault semblablement paier au dit receveur ».

La délibération du 2 septembre 1451 (BB 4, fol. 166 vo). Ce jour-là on passa mandement à Symonet de Milly des 500 livres encore dues.

CHAPITRE VIII

LYON ET LES RÉFORMES MILITAIRES DE CHARLES VII
LA TAILLE DES GENS D'ARMES

Ordonnances et Règlements de Charles VII. On sait que Charles VII employa la deuxième partie de son règne à faire diverses réformes, dont la principale fut la réorganisation de l'armée. C'est après la signature de la trêve de 1444 et la campagne de la Praguerie que le Roi et ses Conseillers abordèrent résolument ces réformes. L'ordonnance de Louppy-le-Château du 26 mai 1445, une ordonnance de quelques mois antérieure et qui n'a pas été retrouvée, un règlement en date du 4 décembre de la même année organisèrent une cavalerie d'élite, connue sous le nom de Compagnies d'Ordonnances',

Ces troupes furent réparties en compagnies composées chacune de cent hommes d'armes. Chaque homme d'armes devait avoir avec lui six hommes et six chevaux : c'est ce qu'on appelait une lance. Le chiffre règlementaire de six hommes par lance ne fut pas toujours atteint, tant s'en faut. Quand une lance était complète, elle

Au sujet de ces réformes, v. le Mémoire de Vallet de Viriville sur les Institutions du règne de Charles VII (extrait de la Bibliothèque de l'acole des Chartes de 1874), p. 61-84. Ce passage a été reproduit en partie par Boutaric dans son Histoire des Institutions militaires de la France. Où trouve un certain nombre d'aperçus intéressants : 1° dans Thomas, les Etats provinciauz de la France centrale sous Charles VII, 1, 1, p. 132-da; 2o Cosneau, le Connetable de Richemont, chapitre v, la Reforme militaire de l'armée, p. 355 et suiv. ; 5• Petit-Dutaillis, Histoire de France, publice sous la direction de Lavisse, t. IV (2a partie), p. 94-101. V. aussi de Beaucourt, Histoire de Charles VIIA. IV, p. 387-405. Valiet de Viriville. Histoire de Charles VII, A III, ch. 1; Viollet, Histoire des Institutions politiques et admimostratives de va Prance, t. II. p. 435 et suivantes Ce passage abonde en vues aussi profonde qu'originales sur le caractère et origite des reformes de Charles VII et en citat ons très précieuses d'ouvrages peu connas Vitu. Histoire cirile de l'armée, Paris, 1818), et Quarce de Veracuti, Carmée en France depuis Charles VII jusqu'à la Revolution, Paris–188A, Nous preparons une edition de tous les textes impor taŭts relatiis à cette retorme. Le texte de D'Ordornasce de Luppe le Chastel Loupy le Chasteau, a ele pubãe plusieurs fois, notamment par Cosueau, le Connetable de Nichement a dia dia, d'apves le carton & 68, u 14, des Archives Nationales.

comptait, outre l'homme qui la commandait, deux archers, un valet, un page, un coutelier1. Le Roi fixa à 2.000 le nombre des lances à loger dans tout le royaume : 500 en Languedoc, 1.500 en Languedoil.

A la tête de chaque compagnie, se trouvait un capitaine assisté souvent d'un lieutenant. L'homme d'armes commandait les soldats de sa lance. Ces troupes devaient être réparties dans les diverses provinces et entretenues aux frais des habitants. Des Commissaires furent chargés d'organiser le logement de ces soldats. Quant aux contribution des habitants, elles étaient exigibles en nature, à l'origine au moins, sauf une somme de 20 sous tournois par lance et par mois pour les jours maigres3.

A la suite de diverses réclamations, le roi laissa, au choix des villes et des États provinciaux, trois moyens d'entretenir les gens de guerre.

Les habitants pouvaient fournir les vivres, à la condition toute fois de payer en plus 9 francs par lance fournie et par mois, soit donner 21 francs en argent, plus certains vivres, soit verser 31 francs par mois. C'est ce dernier mode qui prévalut généralement, à Lyon notamment.

Voir à ce sujet Cosneau, le Connétable de Richemont, p. 337-358. En ce qui concerne les dérogations à ce règlement, nous renvoyons à l'Introduction de notre édition des Ordonnances relatives aux réformes militaires du règne de Charles VII que nous préparons pour la Collection de textes relatifs à l'étude et à l'enseignement de l'histoire.

C'est ce que disent les chroniqueurs. Dans l'Ordonnance de Louppy, le roi parle seulement d'un « certain nombre de gens d'armes ». L'Ordonnance antérieure dont on n'a pas retrouvé de traces, mentionne peut-être ce chiffre, mais nous n'en savons rien. V. Cosneau, ibid., p. 361 et surtout Thomas, les États provinciaux de la France centrale sous le règne de Charles VII, t. I, p. 15.

D'après l'Ordonnance de Luppé le Chatel ou Louppy le Chateau, on lui devait : 1o par personne et par an: 3 charges et demie de blé et deux pipes de vin; 2o par homme d'armes (et sa suite), c'est-à-dire par lance, 2 moutons et la moitié d'un bœuf ou d'une vache chaque année, ainsi que 4 lars chaque année; 3° pour le sel, l'huile, la chandelle, les œufs et le fromages nécessaires pour les jours maigres 20 s. t. par mois; 4o par cheval et par an, 12 chevaux chargés d'avoine et 4 charretées de foin et de paille (2/3 en foin, 1/3 en paille). Le texte de l'ordonnance (du moins un des textes de cette ordonnance), est déjà connu, mais comme elle est très longue à parcourir et très prolixe, nous tenions à en extraire et à résumer le passage concernant ces fournitures qui est extrêmement intéressant et qui méritait d'être signalé.

4 Le règlement qui concéda cette liberté aux habitants est de l'année 1455. Il est intitulé: Les trois voyes du vivre des gens d'armes (v. à ce sujet, Vallet de Viriville; Mémoire sur les Institutions militaires du règne de Charles VII (extr. du t. XXIX de la Bibl. de l'Ec. des Chartes, p. 71, et le chapitre relatif à l'armée p. 61-84. Il a été publié par Cosneau, dans son livre sur le Connétable de Richemont, p. 614-6, d'après une copie du temps inachevée.

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