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outre un prêt de 500 livres en vue de la guerre contre Jean II et prescrivit aux consuls de fortifier la ville1.

Toutes ces demandes avaient été précédées d'une lettre-manifeste où le roi exposait aux habitants de Lyon les causes de la révolte et sollicitait leur concours 2. Les Lyonnais répondirent à l'attente du souverain ils le remercièrent « très humblement » des grands signes d'amour qu'il leur donnait, mais en ce qui concerne les harnais ils déclarèrent que Jean de Cambrai seul en devait répondre3. Bientôt après, on annonçait l'arrivée de Jean Galéas, le fils du duc de Milan, qui accourait au secours de Louis XI avec une troupe d'hommes d'armes. Le Bailli réclama à nouveau, le 23 juin, une somme d'argent pour soutenir la guerre « contre ceux de Beaujelois, Fourest et Bourbonnois 5». On consentit un prêt, pour le remboursement duquel Claude Amyot accepta, le 11 juillet, de lever une taille. Ce prêt était destiné principalement au remboursement des harnais, que l'on consentait enfin à payer, mais les notables refusèrent de << saillir et aler sur les champs » avec le Bailli attendu qu'il «< ne fut jamais acoustumé ainsi le faire ne demander par les Baillis qui ont esté le temps passé ».

Cambray eust a respondre des dis arnoys et brigandines ou du prix d'icelle et que le dit segneur en garderoit la dicte ville de dommage et autrement comme est contenu es dites lettres ».

Le commissaire Robinet demanda dans cette séance aux conseillers d'assurer les marchands auxquels Jean de Cambray commanderait les harnais. Le procèsverbal de la même séance porte que « Monseigneur le Bailli de ceste ville demandoit et requeroit à icelle ville et païs Lonnoys ung aide de mille et cinq cens livres tournois par maniere de prest pour entretenir la guerre contre le duc de Bourbon. » Robinet de Franqueville reçut en cadeau 2 aulnes de « drap de soye veloux et cramoysi», coutant 12 écus, fournies par Jean Buatier (V. le mandement du 15 juillet 1465. CC 421, no 19.

Voir les Lettres de Louis XI, publiées par J. Vaesen, t. II, p. 255–257, une lettre de Louis XI, datée du 6 avril 1465 (Saumur).

3 Délibération du 25 mai (BB 11 fol. 61 v0-62). Les conseillers et les notables décidèrent que « touchant les dites lettres envoyées et escriptes par le roy a la dite ville et de ce qui lui a pleu de sa grace communiquer et fere savoir a la dite ville de ses bonnes novelles en quoy il monstre grant signe d'amour a icelle ville l'en doit mercier tres humblement ». Ils font allusion à la lettre par laquelle Louis XI leur annonçait sa victoire.

Il en est question le 16 juin (BB 11 fol. 63 vo). pour plaire au roi on les logerait bien.

Il fut décidé ce jour-là que

5 (BB 11, fol 65). — Nous apprenons par cette délibération que « mon seigneur le Bailli demandoit argent de la dite ville ou d'aucuns particuliers d'icelle par maniere d'emprunt ou autrement pour souldoyer comme il disoit les nobles du païs affin de fere guerre à l'encontre de ceulx de Beaujeloys, Fourestz et Bourbonnois comme le roy le lui mandait ».

et Voir ibidem.

La venue du comte Galéas fut pour la ville une nouvelle source de frais. Il manquait d'artillerie. Le Bailli, qui n'avait pas la moindre pièce de canon à lui offrir, pria à plusieurs reprises les Lyonnais d'écrire au duc de Savoie qu'il voulût bien prêter aux Milanais une ou deux grosses bombardes1. Malheureusement le nouveau duc, Amédée, n'était pas autant que feu son père l'ami des Lyonnais : il se préparait même à protéger les foires de Genève. Aussi les consuls préférèrent-ils faire fabriquer une bombarde à leurs frais. Le 1 septembre, on décida d'aller attendre le comte Galéas dans les plaines de Saint-Fons. On lui promit de ne pas laisser enchérir les vivres durant son séjour, mais on lui demanda en retour de ne pas commencer les hostilités avant qu'on eût levé la récolte3. Les députés de la ville lui déclarèrent également que la bombarde demandée par lui était d'un tiers plus grosse que celle qu'il avait commandée et qu'en ce qui concerne les forteresses du Lyonnais il fallait pour y entrer s'adresser aux nobles et aux gens d'église. Le 20, on accorda à Galéas deux bonnes queues de vin 5. Il dut d'ailleurs séjourner à Lyon pendant la plus grande partie du mois d'octobre, la bombarde n'étant pas achevée. Enfin, le 10 octobre, on la lui livra elle avait coûté 78 écus d'or 6.

Ainsi, pendant toute la durée de la révolte, Lyon resta fidèle au roi. Le Consulat doit être d'autant plus loué de son attitude que les nobles du Lyonnais et l'Archevêque avaient pris fait et cause pour les partisans du duc de Bourbon".

Voir la délibération du 28 juillet (BB 11, fol 70-71 vo), aux Pièces justificatives, n° CCLXXVII.

2 Délibération du 18 août (fol. 73 v°-74).

3 Délibération du 1er sept. (BB 11, fol. 75). Il fut décidé d'aller au devant du comte Galéas jusques « au plain de Saint Fons » et de lui porter la réponse de la ville avec cinq demandes énumérées plus haut.

4 Ibidem.

5 (BB 11, fol. 78). On décida de lui donner deux bonnes queues de vin, des torches, des épices, et « du bon peysson au lieu du vin » si possible. V. CC 421 (n° 31) le mandement du 18 octobre prescrivant à Jean Varinier de débourser 12 écus pour payer cette commande.

6 Délibération du to octobre (BB 11, fol. 83). — On sait que les troupes lombardes furent taillées en pièce près de Saint-Genest-Malifaux, par les habitants du pays. Le lieu où eut lieu la bataille est surnommé le Cimetière des Lombards (V. Auguste Bernard, Histoire du Forez, t. II, p. 59.

7 Quant au clergé, quelques membres seulement prirent parti contre le roi. Voir à ce sujet la Chronique de Benoit Mailliard, éd. Guigue, p. 134. — Voici d'après la traduction de l'éditeur, le passage le plus intéressant: « Le même mois, le jour du dimanche de la quadragésime, à la dixième heure de la nuit, le seigneur Rouffet

Dans leur zèle, les Lyonnais se laissèrent aller jusqu'à calomnier les habitants de la ville du Puy, ce qui leur valut une sévère admonestation des consuls de cette ville. Ceux-ci avaient appris par des marchands revenant des foires de Lyon les bruits qui circulaient à leur sujet; il protestèrent, le 17 août auprès des Lyonnais de leur loyauté au gouvernement de Louis XI. Le matin même, une tentative avait été faite auprès d'eux au nom du régent, du duc de Berry, du duc de Bourbon, gouverneur du Languedoc, et de son lieutenant, le vicomte de Polignac, et ils l'avaient repoussée. Ils priaient même les Lyonnais de faire savoir la chose au roi1.

de Balsac, chevalier, seigneur de Bagnols, prit Chatillon (d'Azergues). Alors de cette heure à minuit presque toutes les églises paroissiales du pays de Lyonnais mirent leurs cloches en branle et sonnèrent les sonneries de guerre. Le dit Balsac était contre le roi et du parti des princes (ibid., p. 6-7). Et mense illo, die scilicet dominica de xima, circa horam decimam de nocte dominus Raufetus de Balsaco, miles, dominus de Bagnols, Castillionem cepit. Tunc illa hora usque ad mediam noctem omnes quasi parrochiales patrie Lugdunemis ceperunt tintinare et ad sonum guerre ictus facere. Erat autem ipse de Balsaco contra regem et pro parte principum (p. 134).

1 Voir Pièces justificatives, no CCLXXVIII, le texte de la lettre écrite par les consuls du Puy aux consuls de Lyon le 17 août 1465. Elle fut reçue le 24 août.

CHAPITRE III

LYON ET LES FOIRES DE GENÈVE

[1466]. Il s'écoula ensuite plus d'une année avant que Louis XI demandât aux Lyonnais une somme d'argent. Mais une circonstance imprévue les obligea bientôt à lui en offrir. Le nouveau duc de Savoie, Amédée, montrait, nous l'avons vu, une grande sollicitude pour les foires de Genève. Il avait même, le 25 septembre 1465, interdit aux Genevois de se rendre au marché de Lyon1. Bientôt après, ce furent les étrangers allant aux foires de Lyon qui se virent interdire le passage par Genève 2. Comme la Bourgogne, en guerre avec Louis XI, se montrait bien disposée envers Genève, il allait être désormais impossible aux Lyonnais de commercer avec les Suisses de Berne et de Fribourg par cette voie. Cette situation se compliqua bientôt par suite d'une intervention inattendue de Louis XI en faveur des gens de Genève. Il redoutait par-dessus tout une alliance entre le duc de Savoie et Philippe le Bon. Aussi ne trouva-t-il rien de mieux, pour se concilier le duc Amédée, que de supprimer une partie des foires de Lyon. Dès le 1er juin 1466, les consuls se plaignent des gens de Savoie qui s'efforcent d'avoir deux des foires de Lyon. Ils avaient été avertis par Francisque Norry et

1 Voir Borel (Frédéric), les Foires de Genève au XVe siècle, p. 31-32. Amédée IX était duc de Savoie depuis la mort de son père Louis, survenue à Lyon le 29 février 1465. Bien qu'il eût épousé en 1452 la sœur de Louis XI, Yolande de France, il n'hésita pas à protéger les foires de Genève contre celles de Lyon et à suivre à cet égard une politique toute différente de celle de son père. Le 3 septembre 1465, il promulgua des lettres de sauvegarde en faveur des marchands se rendant à Genève. Le 25 septembre 1465 il fit défendre à ses sujets de porter durant les foires leurs denrées en dehors du duché. - Deux mois plus tard, il renouvella ces ordres.

? Enfin le 2 décembre 1465 il interdit aux marchands étrangers de traverser son territoire pour porter leurs denrées à d'autres marchés que celui de Genève,

par l'Archevêque. On décida aussitôt d'envoyer au roi « bien et notablement et gens discrets et bien avertis de la matiere pour en parler au roy, à son conseil et ailleurs ou il sera necessere ». Ces députés eurent «< puissance de fere les dons et gratuités pour acquérir amys et gens qui aident à entretenir les dites foires ». On décida même, en vue de ces « dons et gratuités », de mettre une taille d'ı denier par livre (le 3 juin) 2. Cette taille a une importance exceptionnelle, car elle fut à Lyon le point de départ d'un nouveau mode de perception sur lequel nous reviendrons plus loin 3.

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Jusqu'ici les impôts avaient en général été prélevés de la même façon sur tous les bourgeois. Cette fois-ci on décida que ceux des habitants qui retiraient des foires des avantages spéciaux payeraient plus que les autres habitants «< n'y ayant nulz prouffiz ne aventages ». On faisait allusion aux hôtelliers et aux loueurs de maisons. A ceuxci on demanderait outre leur impôt ordinaire (1 denier par livre) une somme proportionnée à leurs gains. S'ils refusaient, on les ferait contraindre par la cour des aides. L'ambassade envoyée au roi se composa de messire P. Balarin, Humbert de Varey, Jean Mathieu'.

Ils revinrent le 31 juillet sans avoir réussi dans leur mission5 et le 19 août on pria Jean Chaboud de se rendre vers Louis XI «< pour sentir se le dit seigneur voloit ou estoit en aucune disposicion de fere aucun changement ou appointement préjudiciable es dites foyres en faveur et requeste de Philippe de Savoie, comte de Bresse°. »> C'était en effet le gouverneur de Bresse qui poussait le plus Amédée et Louis XI dans la voie où ils venaient de s'engager. Ce nouveau messager n'empêcha pas la mesure si redoutée des Lyonnais d'être prise, car le 23 septembre, ils apprenaient à la fois que Louis XI abandonnait aux Genevois deux des foires de Lyon et qu'il envoyait à Montluel Guillaume de Varye et Imbert de Varey pour s'entendre

1 1er juin 1466 (BB 11, fol. 109 vo-110).

28 juin 1466 (BB 11, fol. 111-113). V. le texte de cette délibération, Pièces justificatives, n' CCLXXIX.

3 Voir l'appendice sur la Perception des Impôts.

Voir Borel (Frédéric), les Foires de Genève au XVe siècle, p. 35, note 33. L'envoi de cette ambassade fut décidé le 24 juin. V. cette délibération dans le t. III des Lettres de Louis XI, publiées par M. Vaesen (note i de la page 71).

5 Délibération du 31 juillet (BB 11, fol. 120).

• Délibération du 19 août (BB 11, fol. 124),

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