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aux fortifications, et comme, à cette époque, les frais des fortifications incombaient aux villes, Lyon dut s'imposer encore de ce chef. Ainsi, au mois de mai 1473, on leva une taille d'ı denier pour fortifier la ville du côté de la Savoie, qui était le côté le plus faible et le plus dangereux de la ville. Ces précautions n'étaient que trop justifiées par l'attitude de Philippe de Bresse. En tout cas, jusqu'ici, Louis XI avait tenu, sinon l'esprit, du moins la lettre de ses engagements au sujet de la suppression des tailles proprement dites. Mais le 27 juin 1473, les conseillers se virent demander 4.000 écus par un envoyé de Louis XI, Robert de Vailly. Ce conseiller leur apprit en outre que cet argent était destiné « a reparer et fortifier les villes d'Amiens, Beauvais, Compiegne. Noyon et autres es frontieres de Picardie » que Charles le Téméraire avait voulu occuper l'année précédente. Cette somme, d'ailleurs, n'était pas une taille, mais un don demandé aux villes exemptes de taille 3. Ce don était plus lourd que toutes les tailles payées précédemment par la ville. Les conseillers essayèrent de transiger en offrant 100 écus à Robert et en promettant le paiement immédiat de 2.000 écus qu'on emprunta aux marchands les plus riches. Robert ne se fit pas trop prier 1. C'était d'ailleurs la tactique de Louis XI de demander toujours le double de ce qu'il désirait. De la sorte, tout le monde y trouvait son compte : le roi qui avait son argent et la ville qui eroyait avoir été l'objet d'une faveur. Le 23, une assemblée décida un impôt de 3 deniers par livre pour rembourser les 2.000 écus 3 ;

4. Vour la délibération du az mat t53,85 12. fol. 32 19-33 vol. Il faut signaler toutefors la prese ice d'un art lleur de Bourg, François de Bolloigne, venu a Lyon pour y servir die sout thestice, se besoin est » Vour CC 137, n° 20, le mandement du 20 décembre 1731

* 88 12 12 3, Robert de Væ b, conseiller du roi, leur a dit que le roi « par Tadvis et deliberacion des gens de son grand conset, et pour survenir a ses grans et urgets a fores mesmoment pour fere reparer et fort. fer les villes d'Amiens, Beaukex Covor se Joyen et autres es fronteres de Pande avait demandé une soane d'argent aux villes exemptes de talex Lies Xi avait, d'ailleurs, écrit JA 20 mai 1473. Sa lettre a ete publice par Maxaak. 1 de xoa ceva des Laces de Luas X, pasti V. aussi la

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cette taille devait se lever moitié avant Noël, moitié avant la SaintJean. Elle fut confiée à Alardin Varinier 1.

1 Voir CC 93, fol. 1, la reddition de comptes de Alardin Varinier. Cette taille fut « levée a deux termes pour le soulagement du peuple ». Le roi ne semble pas avoir ratifié la réduction accordée par Robert de Vailly au mois de mai, puisque le 4 juillet ainsi qu'il a été dit plus haut, le roi avait envoyé Briçonnet et demandé qu'on trouve l'argent par n'importe quel moyen. Mais Briçonnet dut se contenter de 2.000 écus: Cela ressort d'une lettre écrite aux Lyonnais par le secrétaire Gilles Flameng le 19 juillet et publiée par M. Vaesen, note de la p. 156 du t. V des Lettres de Louis XI,

CHAPITRE VI

LYON ET LA GUERRE DE CATALOGNE

[1473]. Un mois après, Louis XI s'adressait encore aux Lyonnais; cette fois, il ne s'agissait plus de donner, mais de prêter au roi 20.000 francs pour la guerre qu'il faisait au roi Jean d'Aragon1.

C'est le 20 juillet (V. BB 12, fol. 43), qu'il est question pour la première fois de la venue de Mgr de Gaucourt, chambellan, de Jehan Bourré, seigneur du Plessis, trésorier de France, et de Gilles Cornu, changeur du trésor. On décida ce jour-là qu'une commission serait désignée pour aller les voir à Saint-Jean où ils avaient donné rendez-vous aux conseillers pour le lendemain matin 8 heures. — Le lendemain, at juillet (BB 12, fol. 43), on délibéra sur l'emprunt demandé par le roi « comme de present lui convenoit avoir guerre a l'encontre du roy Jehan d'Aragon, lequel se efforçoit de usurper le païs de Cathelogne et conté de Rossillon ». Mais au sujet de cette affaire, v. les Pièces justificatives de la Notice biographique sur Jean Bourré, publiée par M. Joseph Vaesen dans le t. XLIII de la Bibliothèque de l'école des Chartes (année 1882), p. 430-460. — Les Pièces justificatives de cette notice (p. 460 474), sont tirées des Archives municipales de Lyon, La première (p. 460), intitulée : Arrivée et réception de Bourré à Lyon (20 juillet 1473), est tirée du registre BB 12, fol 43 r. La seconde (464-465), a pour titre : Négociations entre Bourré et le consulat de Lyon sur le quantum du subside à fournir au roi pour l'armée du Roussillon (21 juillet-25 août 1473). Elle est tirée du registre BB 12 (fol. 44 va-45, séance du at juillet), de BB 12, fol. 49 va, séance du 3 août et de BB 12, fol, ão va, séance du 25 août.— La troisième, tirée de CC 92, fol. 1 et 2, est intitulée : Etat du subside levé par ordre du roi Louis XI sur la ville de Lyon pour l'entretien de l'armée de Roussillon p, 467-j69). Elle est suivie de la copie des lettres de « commission et contraincte de mess" de Gaucourt et de Plessis, commisseres royaulx sur le fait du dit emprunt » (CC 92, fol. 48 ro), datées du 32 juillet 1473 (p. 469-471). — La quatrième \p. 471-473) est intitulée : Frais de levée et d'envoi du subside cidessus mentionné. Elle est tirée du registre CC 450 (fol. 2, 3 ro, no 1) et CC 455, no 11. — M. Vaesen a fait, d'ailleurs, un récit de ces événements dans la notice qu'il a consacrée à Jean Bourré (p. 444-445 du t. XLIII de la Bibliothèque de l'école des Chartes), — Louis XI avait écrit à ce sujet aux Lyonnais une lettre datée du 7 juillet 1473 „Amboise), qui a été publié et analysée par M. Vaesen au t. V de son édition des Lettres de Louis VI p. 136-138), V. aussi note i de la p. 158 du même volume la déclaration du ai juillet. — Sur Gilles Cornu, changeur du trèsor, voir la note i de la p. 137 du même volume. — Il faut remarquer que Louis XI faisait de l'argent reçu un usage souvent différent de celui qu'il mentionnait dans ses lettres. Ainsi les sommes demandées par lui au mois de mai étaient destinées aux places de

Celui-ci, profitant des embarras de Louis XI, avait pénétré au cœur de la Catalogne et s'était même avancé au milieu du Roussillon où il avait pris Perpignan (1er mars 1473). Louis XI se voyait en quelques mois enlever le fruit de ses conquêtes précédentes: il réunit aussitôt une armée pour chasser Jean II'. De là, ce subit besoin d'argent. Pour se faire avancer ces 20.000 francs, il avait envoyé une mission composée de personnages fort importants: Mgr de Gaucourt, chambellan; Jean Bourré, seigneur du Plessis et trésorier de France; Gilles Cornu, changeur du Trésor 2. Devant de tels personnages, il fallut s'incliner et malgré l'opposition des notables qui, le 22 juillet, déclarèrent cette contribution excessive et capable de causer la dépopulation de la ville 3. On eut beau représenter à ces envoyés que la ville était chargée de conserver «< ung grand quartier du royaume, païs du Daulphiné et Lenguedoc, qu'un mois auparavant on avait donné 2.000 écus», ils consentirent seulement à se contenter de 10.000 francs. Les conseillers auraient voulu une réduction plus forte: ils ne voulaient pas fournir plus de 5.000 à 6.000 francs. Tout ce qu'il purent obtenir, et ce grâce à Paterin, c'est qu'on n'exigerait pas plus de 8.000 francs. On nomma surle-champ (22 juillet) une commission composée de Ferrand Caille, Bruyer, Hugonin Bellièvre et Claude Gay, chargée de désigner les aisés auxquels on demanderait l'argent. Dès le 3 août, Berthet avait recueilli 4.000 francs que Claude Guerrier et Guillaume Henry se hâtèrent de porter au duc de Gaucourt à Montpellier 8. Le 25 août,

Picardie. Or, dans sa lettre du 19 juillet, Gilles Flameng dit que l'argent reçu à cette occasion serait employé à la guerre du Roussillon et aux réparations de diverses places.

Le meilleur exposé des événements dont le Roussillon fut alors le théâtre se trouve dans l'ouvrage de M. Joseph Calmette, Louis XI, Jean II et la Révolution catalane, ch. Ix, La Revanche de Jean II, p. 348-385.

2 Voir la délibération du 20 juillet (BB 12, fol. 43).

Voir la délibération du 21 juillet (BB 12, fol. 44-45 vo): seconde assemblée de ce jour.

4 Voir ibid.

5 Dans la 2o assemblée du 21 juillet, les notables ayant appris que les commissaires royaux réunis à Roanne avaient consenti, sur la prière d'une délégation du Consulat, à se contenter de 10.000 francs, firent demander une nouvelle diminution. Mais leur vœu ne fut pas entièrement exaucé.

6 et 7 Voir la délibération du 22 juillet (fol. 45 v°-48). Fernand Caille, Buyer, Hugonin Bellièvre et Claude Gay furent désignés pour fixer les prêteurs.

* Voir la délibération du 3 août (BB 12, fol. 49 v°). Ce jour-là fut décidé le voyage à Montpellier de Claude Guerrier et de Guillaume Henry. C'est le 22 juillet que Berthet avait reçu « le bail de la recepte de cet emprunt » (BB 12, fol. 48-49 vo).

ils revenaient de Narbonne et de Montpellier et annonçaient qu'ils avaient reçu des assignation sur le receveur d'Uzès et le receveur de Vivarais. Ces assignations étaient signées de Pierre de Reffuge, general; Loys Aynart, trésorier, et Guillaume Auvergnat, contrôleur du Languedoc1. Quant aux autres 4.000 francs, les sires de Gaucourt et de Plessis écrivirent au début de septembre qu'ils en avaient besoin immédiatement. Mais la ville ne les avait pas encore en sa possession 2. On envoya, le 14 octobre, Claude Guerrier pour aller s'entendre avec le duc de Gaucourt. Il apportait 1.500 francs à Gaucourt qui lui bailla assignation sur le receveur de Vivarais 3. Quant à la grosse bombarde de la ville, il ne put la ramener, car on l'avait fait fondre à Narbonne ".

Dans le même temps, l'on avait dépêché de Taillemond au roi qui, malgré la promesse de ses agents, réclamait les 2.000 écus restant à fournir pour l'emprunt dont il a été question plus haut5. Mais il n'obtint rien, car cette somme venait d'être assignée sur Macé Picot, trésorier de Nîmes. C'est en effet Macé Picot qui vint les réclamer le 16 novembre. On lui demanda de surseoir à sa demande jusqu'à ce qu'on eût envoyé au roi Claude Guerrier. Celui-ci ne fut pas plus heureux que son prédécesseur. Il avait même cru devoir écrire aux conseillers que, par suite de changements survenus dans le personnel des finances en Languedoc, il ne savait plus si les

V. CC 92, sa reddition de comptes et (fol. 48) la copie des lettres de contrainte de MM. de Gaucourt et du Plessis datées du 22 juillet (Brinon). Voir CC 454, no 95, le mandement du 7 septembre relatif au voyage de Claude Guerrier qui reçut 52 livres 6 sols 3 deniers; le receveur de la ville avait même avancé 1.000 livres à intérêts (v. ibid., no 26).

1 Voir la délibération du 25 août (BB 12, fol. 50).

2 Voir la délibération du 7 septembre (BB 12, fol. 52 vo). Ce jour-là, les conseillers déclarent avoir vu la lettre de Mgr de Gaucourt et de Mgr du Plessis.

3 Voir la délibération du 14 octobre (BB 12, fol. 57). On désigna Claude Guerrier

le 14, mais c'est le 13 que fut décidé le voyage (fol. 57). Il fut de retour avant le 4 novembre (v. la délibération de ce jour, BB 12, fol. 59 vo).

4 Voir la délibération du 4 novembre (BB 12, fol. 59 v⚫).

5 Voir la délibération du 23 septembre (BB 12, fol. 54).

6 Voir la délibération du 29 octobre, jour où Taillemond fit son rapport (BB 12, fol. 59 vo).

7 Le 16 novembre (v. BB 12, fol. 61 vo), il fait demander son argent aux consuls et le 18 novembre (BB 12, fol. 62), on apprend qu'il a refusé de rien entendre. Une nouvelle démarche tentée auprès de lui après la délibération du 21 novembre (BB 12, fol. 62), n'eut pas grand résultat. Claude Guerrier qui fut dépêché auprès de Louis XI le 30 novembre (BB 12, fol. 64), ne fut pas heureux; or, cette vente était le dernier espoir des conseillers pour forcer la main aux commissaires.

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