Imágenes de páginas
PDF
EPUB

assignations faites sur ce pays conservaient leur valeur. On dut envoyer Ratel du Parpillole en Languedoc pour obtenir le renouvellement des lettres d'assignation 2.

[1474). Comme, le 19 janvier (1474), on craignait toujours que les anciennes assignations ne fussent tombées en désuétude, on envoya Philippe de Chaponnay auprés de Louis XI3. La ville n'était d'ailleurs pas prête de fournir aux officiers royaux le reste des sommes qu'elle devait lui verser. L'entretien des remparts absorbait alors presque toutes les recettes de Berthet et de Varinier, si bien que les conseillers durent le 23 mars prêter chacun 15 livres à Berthet. Les tailles et les emprunts étaient même tellement insuffisants que pour obéir aux prescriptions royales touchant les fortifications, le Consulat dut lui demander la permission de lever « aucun aide et trehü sur le blé converti en farines et sur le sel vendu en la ville et passant par icelle tant par terre que par les rivières du Rhône et de la Saône » 5. Il ne voulait pas percevoir moins de 6 ou 8 deniers par « asnée » et 15 deniers par quarte de sel. On sollicitait aussi du roi l'ordre de faire contribuer les paysans et les gens d'église aux fortifications".

Les conseillers avaient compté sans l'intervention énergique des

1 Voir la délibération du 22 décembre (BB 12, fol. 61 vo). Claude Guerrier annonçait aux consuls « qu'il doubte que les assignacions faictes a la dicte ville sus les receveurs de Lenguedoc touchant l'emprunt de Vm Ve livres tournois aussi ne soient rompues ou au moins dilaéez obstant la mutacion des gens de finances du dit païs qui avoent faictes et bailléez les dites assignacions ». Le 31 décembre (BB 12, fol. 137 vo), Guerrier annonçait son échec définitif aux conseillers en faisant son rapport.

2 Le voyage de Ratel décidé le 22 décembre avait pour objet d'obtenir du roi le renouvellement de ces lettres. On devait ensuite l'envoyer auprès du général de Languedoc pour obtenir l'attache.

› Voir la délibération du 19 janvier (BB 12. fol. 69). Ce voyage était motivé par ce fait que Guerrier, le 31 décembre, avait montré aux conseillers une lettre du général de Languedoc (Imbert de Varey), de passage à Paris, qui avait manifesté des craintes sérieuses à ce sujet.

4 BB 12, fol. 74 vo.

5 et 6 Le 1o mai (BB 12, fol. 76 vo-77 vo). On prit cette décision à la suite de l'ordre de Louis XI prescrivant d'achever rapidement les fortifications. Il fut résolu de demander au roi de « prandre et lever aucun aide et treheu sur le blé converti en farines et sus le sel vendu en la dite ville et passant par icelle tant par terre que par les rivieres du Rosne et de la Saonne, c'est assavoir sus chescune asnée de farine de six ou huit deniers tournois et sus chascune quarte de sel quinze deniers tournois ou autre tel somme pour reparacions »; on demanderait aussi des lettres pour « contraindre les gens d'église de la dicte ville et aussi les païsans a soy aider aux reparacions >>.

UNIV. DE LYON.

CAILLET.

14

officiers royaux, de Macé Picot et de l'évêque de Lombez qui réclamaient 2.000 écus et n'hésitèrent pas à les faire emprisonner à Roanne pour la fête des trois Rois. Il fallut promettre de payer la moitié de cette somme à Pâques et l'autre moitié à la Toussaint. Aussi les conseillers demandèrent-ils que les nouveaux impôts sollicités pour les fortifications fussent appliqués à l'emprunt des

2.000 écus1.

En attendant de les obtenir, on leva une taille à 3 deniers par livre payable à 3 termes (St-Jean, Noël, St-Jean). Entre temps un don opportun de 300 livres à Monseigneur de Gaucourt permit à la ville de recouvrer ses assignations 3.

Le 26 août, Berthet avait déjà reçu de Anthoine Astart, receveur de Vivarais, 1.200 livres tournois en déchargement des 5.500 livres prêtées au roi. Sur cette somme, on prit 800 livres pour payer Macé Picot et 300 autres pour payer l'évêque de Lombez❝.

Le versement d'Astart venait à propos, car la taille n'avait encore rien donné, tant était grand l'épuisement de la ville.

[1475]. Mais Lyon ne fut pas seulement obligé d'aider Louis XI contre Charles le Téméraire, il dut encore ravitailler l'armée opérant en Catalogne 5. Ainsi, au mois d'octobre (le 23 octobre), Barthélemy Berthet partait pour Aigues-Mortes avec un convoi de vivres (30 pièces de vin, 200 moutons, 200 fournées d'avoine). A cette date, Picot n'était pas encore payé complètement, car nous voyons, le 16 janvier 1475, Alain Varinier recevoir l'ordre de rembourser sur le produit de ses tailles 400 livres avancées par Léonart de Roussy « et autres ses consorts florentins » en vue de versements à faire au trésorier de Nîmes. Les officiers royaux une

1 Le mai également, comme Macé Picot et l'évêque de Lombez « desja aux foires des Trois Rois avaient fait contrainte a Roanne » et qu'ils réclamaient encore, on prit la décision susdite.

2 Voir la délibération du 15 mai (BB 12, fol. 78 v°-79) et CC 94.

3 Voir la délibération du 13 juillet (BB 12, fol. 87 v°).

4 Voir la délibération du 26 août (BB 12, fol. 91).

5 Lyon fournit notamment 41 botes de vin (la bote valant 5 anées et demie) qui furent achetées en Beaujolais et coutèrent 204 livres, 7 deniers. Ce prix était de 3 fr. la bote rendue au port de St-Bernard d'Ance ». (V. CC 454, no 33, une pièce d'octobre 1474). Ce document contient la liste de tous les vignerons du Beaujolais qui fournirent le vin.

"

• Délibération du 23 octobre (BB 12, fol. 95).

7 Voir délibération du 16 janvier 1475 (BB 12, fol. 100). « Ont ordonné et

-

fois payés, il fallut que les conseillers se préoccupassent de rembourser les Lyonnais riches ayant avancé toutes ces sommes. On ne put le faire que partiellement avec le remboursement des assignations. Les sommes rendues par Loys de Pere, receveur «< d'Arbigois » et par le receveur de Vivarais se montaient en effet à 1.700 livres. Pour trouver l'autre tiers, il fallut prendre à Varinier 200 livres sur la taille qu'il levait1 (30 mai 1475).

Les Lyonnais s'étaient à peine tirés de ce mauvais pas, que Louis XI sollicitait à nouveau leur générosité bien connue pour assurer l'exécution du traité de Picquigny. Ce traité par lequel Louis XI obtenait le départ d'Édouard IV coûtait à la France 75.000 écus payables immédiatement, plus des pensions annuelles, se montant à plus de 50.000 2.

[1476]. Le 4 septembre, le roi demandait aux Lyonnais 3.000 francs (5030 livres 3) et envoyait à Lyon Guillaume Briçonnet et Jean Pommereu. On les reçut le 13 octobre1. Aucune démarche ne put sauver les habitants et le 15 octobre il fallut voter une taille de 4 deniers par livre (payable au 1er novembre, au 1er février et au 1er avril). Cette somme fut versée avant le 26 novembre à Chauvet

appoincté que Alardin Varinier receveur des tailles de la dite ville paie et delivre de et sus les deniers de sa recepte des dites tailles a Leonnet de Roussiz et autres ses consors florentins la somme de quatre cens livres tournois a eulx deue pour prest fait d'icelle a la dicte ville pour icelle somme ou plus grant bailler et delivrer a maistre Macé Picot, tresorier de Nysme, en diminucion de la somme de xvi vi livres x sous a luy assignée par le roy nostre sire sus la dite ville... » 4 Voir la délibération du 30 mai (BB 12, fol. 108). On annonça ce jour-là le remboursement par Loys de Peire, receveur d'Albigeois, et par le receveur du Vivarais de 1.700 livres. L'année précédente, Imbert de Varey était allé à Narbonne pour demander à l'archevêque d'Albi et au sire de Lude, lieutenant du roi en Languedoc, de leur rembourser les 3.000 francs assignés sur leur recette. Mais ils étaient dans l'impossibilité de le faire, et avaient décidé de renvoyer à l'année suivante le payement de cette assignation (V. Pièces justificatives, no CCXCIV, le texte de la lettre adressée par Imbert de Varey, le 4 juin 1475).

2 Voir à ce sujet le remarquable travail de notre confrère, Monsieur l'abbé Périnelle, sur les Relations de Louis XI avec l'Angleterre, dont les Positions seules ont paru, et dont le texte se trouve entre les mains de Monsieur Joseph Calmette, le savant professeur de l'Université de Dijon. (V. p. 5-6 du tirage à part des Positions de thèses de l'École des Chartes de 1902).

3 Sic. Il est très probable qu'il faut lire trois mille trente livres.

♦ (BB 13, fol. 5). — C'est à l'« ostel du Poncellet » où Guillaume Briçonnet et Jean Pommeren avaient convoqué les conseillers qu'eut lieu l'entrevue. Les commissaires communiquèrent aux consuls les lettres de Louis IX. Pommeren est pour Pommereu.

5 (BB 13, fol. 10) et CC 95.

et «< rebatue à Alardin Varinier1». Au début de l'année 1476, la ville fut soulagée par la restitution que fit Loys du Périer, receveur d'Albigeois des 1.300 livres encore dues à la ville 2.

Le Consulat une fois délivré de ces dons et de ces emprunts put songer à organiser les nouveaux impôts que Pierre de Villars venait d'obtenir du roi pour les fortifications. Ainsi, on voit le 17 janvier Pierre Fournier aller à Ste-Colombe et à Condrieu, villes de greniers à sel, pour mettre « à la main du roi » « le tirage du sel 3». François Buclet, Étienne Collongne, François du Molard sont le même jour chargés d'inventorier le sel'. D'autres personnes sont désignées pour se rendre aux différentes portes de la ville afin de lever les nouveaux trehus sur le blé, le vin, les farines et « le pain cuyt ». Enfin François Tourvéon est chargé de la perception de ces impôts. Mais on consentit le 8 février sur la demande des meuniers à ne prendre pour le quintal que livres au lieu de 22, ce qui était une notable diminution de 7 recettes. Il y eut des difficultés pour le sel; ainsi, le 2 avril, on apprit que Robinet du Pré refusait de laisser inventorier son sel'. Il y en eut même tellement, que le roi finit par abolir ce nouvel impôt. Peut-être avait-il ralenti la consommation et amené un déficit dans les caisses royales. Comme c'était le plus important des <«< nouveaux trehus » la ville se trouva vite à cours d'argent. Il lui fallut prendre 800 livres sur les deniers communs pour les fortifi

1 (BB 13, fol. 15). Le 26 novembre on ordonna que la somme de 3.000 livres baillée à Chauvet serait «rebattue » à Alardin.

29 janvier 1476 (BB 13, fol. 26).

3 BB 13 (fol. 26). C'est ce jour-là que Pierre de Villars fit son rapport aux conseillers (séance du matin). Le soir, il fut prescrit à Pierre Fournier de faire le voyage sus dit.

4 Ibidem. Ces mesures étaient d'autant plus nécessaires que le 16 mai le roi avait écrit d'Amiens aux conseillers de fabriquer de l'artillerie pour remplacer celle qui avait été envoyée en Roussillon et leur avait enjoint de prendre diverses mesures (V. la lettre dans le t. V de l'édition des Lettres de Louis XI par M. Vaesen, p. 357-359).

5 (BB 13, fol. 27 vo) V. Pièces justificatives, no CCXCV le texte de la partie de cette délibération relative à ce sujet.

6 Le 31 mars 1476 (BB 13, fol. 41). Ordre est donné au receveur de Tourveon de poursuivre Robinet du Pré et les marchands salletiers au cas où ils refuseront de se soumettre au tirage du sel.

7 2 avril 1476 (BB 13, fol 41). Un accord intervint avec Du Pré ce jour-là. II s'engagea à payer 50 livres le samedi suivant et 50 autres le lundi de Quasimodo. 8 Ainsi le 17 mai 1476 (BB 13, fol. 46) on prescrivit à Alardin Varinier, receveur municipal, de remettre 200 livres à Tourveon pour les fortifications, car ce dernier «a perdu, ayant plus livré que receu ».

cations1. Le roi ayant fait la sourde oreille à toutes les réclamations des consuls, il fallut le 29 août donner l'ordre à Guérin Tourvéon de lever 1.000 livres sur le pain cuit et 1.200 sur les vins et vendanges.

La récente décision de Louis XI relativement au sel était d'autant plus pénible aux Lyonnais que ceux-ci venaient de s'imposer des frais considérables à l'occasion de la visite qu'il fit à Lyon.

1 BB 13, fol. 62 vo.

« AnteriorContinuar »