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plus grand zèle1. Il s'étonnait qu'il n'en fut pas de même de Lyon, car il avait le plus grand besoin de cette aide pour l'entretien de l'armée chargée d'opérer en Mâconnais, sous le commandement du maréchal de Séverac.

Les Lyonnais furent tenus au courant des opérations par Humbert de Grolée, bailli de Mâcon, sénéchal de Lyon, qui servit sous le commandement du maréchal. C'est lui notamment qui s'empara de la ville de Tournus, le 23 septembre. Le lendemain, il écrivit aux Lyonnais qu'il avait pris la ville au point du jour « par eschielle » et que 80 hommes, femmes ou enfants s'étaient noyés dans la Saône en cherchant à fuir à Mâcon sur un bateau 3. Le 30 il leur apprit la soumission de Saint-Albain, de Viriset, de Montbelet et de La Chisie, ainsi que l'arrivée à Tournus du maréchal de Séverac, «< lieutenant général du roi es marches du Lyonnais », qui s'y installa avec 6.000 hommes'. Si nous en croyons cette lettre, la ville de Mâcon était alors en pleine effervescence, et l'on venait d'emprisonner au château, Jean Mercier et le lieutenant de Philibert de Saint-Léger qui avaient tenté de s'enfuir3.

Un moment même, les Lyonnais avaient craint pour la sûreté de leur ville; c'était au mois de mars, lorsque le bruit se répandit que le nouveau duc Philippe-le-Bon se rendait à Genève avec une armée, pour se concerter avec le duc de Savoie, son oncle". Le consulat s'alarma et prit de sages précautions. Le gardien des Cordeliers fut envoyé <«<es marches de Bourgogne », pendant que Jean de Ges et Pierre Contrevoz recevaient l'ordre de se rendre, l'un à Genève,

1 Voir le texte de cette lettre dans l'Histoire de Charles VII, du marquis de Beaucourt, t. I, p. 450-451.

2 Cette campagne dura plusieurs mois. Le 9 juillet, Humbert de Grolée réclamait de Vinzelles en Maconnais une certaine quantité de blé. Il leur annonçait que la veille Vinzelles avait été prise, et que de Lion a Macon il était impossible de << trouver forteresse qui ne soit de l'obeyssance de mon segneur le regent »> (V. Pièces justificatives, no XXX). Le 4 août, il leur écrit de Jarniole pour leur annoncer la prise de Pierrecloz. (V. Pièces justificatives, no XXXI )

3 Voir Pièces justificatives, no XXXII, le texte de cette lettre, et Louis Bazin, la Bourgogne de 1405 à 1485, p. 106-107.

4 Voir Pièces justificatives, n° XXXIII. le texte de cette lettre. Voir sur tous ces faits l'article de Mgr Rameau: la Guerre des Armagnacs dans le Maconnais, 14181435, dans la Revue de la Société historique de l'Ain, année 1884, p. 33, notam

ment.

5 Voir Pièces justificatives n° XXXIII.

6 Dès le 17 mars, les Lyonnais s'inquiétèrent. (V. C. Guigue, Registres consulaires de la ville de Lyon, p. 366).

l'autre à Seyssel « le long du Rosne », pour prendre des informations1. On fit « clorre les cheines dessa et de là la Saonne 2 », toutes les portes et « posterbes » du bourg Saint-Vincent furent murées3. De plus, ordre fut donné de « faire rompre et terrailler tous les pas et entrées du dit bourg». Semblables mesures furent prescrites pour les passages compris entre le « portal Vacieu » et le couvent des Frères Meneurs 5». En même temps, on décidait la construction d'un mur de clôture des Cordeliers au pont du Rhône. De la sorte, Lyon serait à l'abri d'un coup de main du côté du nord,

En outre, les consuls décidèrent que tous les soirs l'on enverrait au faubourg Saint-Vincent v gués et III eschargués, et il fut entendu que Claude Treulier mettrait tous les soirs vII personnes aux champs, « c'est assavoir deux sur Rosne et deux sur Saonne, et quatre qui yront et viendront dès l'un bot jusques a l'autre et Ixe chascun jour pour terrailler ». Ils firent mettre également quatre gaites à Saint-Just et deux autres à la porte de la Lanternes.

ne

Mais Lyon ne fut pas menacé. La sage circonspection d'Amédée qui cherchait plutôt à réconcilier son oncle avec le régent, la mort du roi d'Angleterre Henri V, la signature d'une trêve entre Marie de Berri, duchesse de Bourbon et Philippe-le-Bon, furent autant d'événement heureux pour Lyon et la cause royale".

Sur ces entrefaites, Charles VI mourut. Le dauphin Charles fut reconnu comme roi avec empressement par les Lyonnais qui l'avaient toujours si fidèlement servi 10.

L'horizon était cependant bien sombre. A l'Ouest et dans le Nord, c'était les horreurs de la guerre franco-anglaise. Dans le Sud

1 Voir la délibération du 22 mars 1422 (ibid, p. 368).

: Voir la délibération du 17 mars (ibid., p 367). Robert Curt et Guillaume Gontier furent chargés de cette mission « dessa la Saonne », Léonard Caille et Guillaume Gontier (ibid., p. 367).

1 Voir la délibération du 26 mars (ibid., p. 369).

▲ Ibid.

3 Voir la délibération du 30 mars (ibid., p. 372.

Voir ibid.

7 Voir la délibération du 22 mars (C. Guigue, Registres consulaires de la ville de Lyon, p. 368).

* Voir la délibération du 26 mars, (v. ibid., p. 369-370).

* Voir de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. II, p. 8 (surtout note 2).

1 Voir de Beaucourt, Hisloire de Charles VII, t. II, p. 54 et suivantes.

Est, autour de Lyon, la situation n'était guère rassurante. A l'Est les Lyonnais avaient le voisinage d'Amédée VIII, duc de Savoie, qui faisait ses efforts pour calmer son neveu le duc de Bourgogne, mais n'en n'était pas moins plus favorable à sa cause qu'à celle de Charles VII. A l'Ouest et au Nord, ils étaient enveloppés par les vastes états du duc de Bourbon qu'englobaient le Bourbonnais, l'Auvergne, le Forez, le Beaujolais et la principauté de Dombes. Malheureusement le duc Jean, très dévoué à la cause française, était prisonnier en Angleterre depuis la bataille d'Azincourt, et sa femme, Marie de Berri était incapable de défendre seule son pays contre les Bourguignons. De plus, aux portes de Lyon, les campagnes étaient désolées par une sorte de jacquerie qui sévissait dans les montagnes du Forez et celles du Lyonnais1.

Au milieu de l'année 1422, le bailli Humbert de Grolée avait dû mener une vigoureuse campagne contre ces bandes de paysans qui incitées par les malheurs des temps et les impôts faisaient la guerre aux nobles et aux prêtres, et rançonnaient les bourgeois. Humbert de Grolée s'empara de Villechenève et de Saint-Jean-de-Panissières (7 et 8 juin) 2. Dans cette dernière ville il put interroger « le capitaine principal des brigands » qui se trouvait au nombre des prisonniers et les renseignements qu'il en obtint ne laissent aucun doute sur le caractère de cette révolte. C'était, comme l'a dit Quicherat, une véritable explosion de « communisme » populaire 3. Ce brigand lui déclara que son intention était de « destruyre toute noblesse, après les prestres, excepté en chacune paroisse ung et puis après tous bourgoys, marchans, gens de conseil et autres notables des bonnes villes. » Ces déclarations n'avaient rien de rassurant pour les bourgeois de Lyon; la vigoureuse campagne de leur bailli calma leurs alarmes, mais elle ne fit pas disparaître leurs craintes, car en 1430 il est encore question de ces bandes 5.

1 Voir J. Quicherat, Rodrique de Villandrando, p. 61 (et la note 3 de cette page).

2 Voir Pièces justificatives, n° XXIX, le texte de la lettre d'Humbert de Grolée, datée du 8 juin et écrite à Saint-Jean-de-Panissières.

3 Voir J. Quicherat, Rodrigue de Villandrando, p. 61.

4 Ce récit se trouve dans une seconde lettre écrite le même jour de Saint-Jeande-Panissières aux Lyonnais (8 juin). Voir Pièces justificatives, no XXVIII. 5 Voir J. Quicherat, Rodrigue de Villandrando, p. 61.

En tout cas, Charles était bien représenté à Lyon; et on conçoit que lorsqu'il fut question de déplacer Humbert de Grolée, les Lyonnais soient intervenus pour demander le maintien de leur vaillant capitaine 1.

Le 3 novembre 1421, les Consuls décident d'écrire au dauphin en faveur d'Humbert de Grolée « que l'en dit vouloir estre desappointé de son office », et ce, par la plus gracieuse maniere que faire se porra, tellement que s'il estoit des appointé, cellui qui apres lui seroit baillif, n'en feust point mal content. (V. C. Guigue, Registres consulaires de la ville de Lyon, p. 333) Mais ces lettres furent écrites par l'archevêque au nom du clergé et des consuls (Voir la délibération du 4 novembre, p. 334).

CHAPITRE II

LES ÉTATS DE LANGUEDOIL ET LA VILLE DE LYON (1423-1439)

États de Bourges (16 janvier 1423). [1423]. De 1423 à 1439, les Lyonnais furent convoqués presque chaque année à des assemblées d'Etats qui, à l'exception d'une seule, celle de Chinon en 1428, doivent être considérées comme des assemblees de Languedoil, et non comme des États généraux proprement dits. Un document, cité par M. Antoine Thomas nous revele que le 10 janvier 123, les consuls eurent à désigner deux deputes pour l'assemblée convoquée par le roi à Issoudun2. Les deux representants de la ville, Bernert de Varey et Jean Gontier se rendirent à l'assemblée qui s'ouvrit le 16 janvier, date indiquée par la lettre de convocation envoyee aux Lyonnais. Mais, ainsi qu'il arriva frequemment dans la suite, le lieu de la réunion fut changé; e est à Bourges que se reunirent les députes primitivement convoques à Issoudun.

Cox Etats de Bourges accordèrent au roi un subside de 1 million de livres tournois, chitfie qui ne fut jamais depassé par les assembleex convoqueex soux le regne de Charles VII. Ce point a été etdi par M. Thomax qui, à l'aide des registres municipaux de Lyon & determine la quote part du clerge (100,000 livres et celle des Teques (odd 000). Te a totter, les députes de Lyon étaient

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