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se nommaient « les facteurs de la Bourse Commune ». L'argent de cette bourse devait servir exclusivement à l'achat de laines du Berry. Le roi faisait payer aux bonnes villes les laines achetées par la nouvelle cité, en attendant qu'il leur fît payer les draps fabriqués avec ces laines.

Lyon dut en outre remettre 1.125 livres à Benoît Paquet, receveur des tailles en Lyonnais, pour couvrir les frais du repeuplement d'Arras. Cette somme versée au mois de février 1481 devait être remise entre les mains du commissaire, Jean Briçonnet, marchand de Tours, chargé de mener des ménagers à Franchise et de réparer leurs maisons tombées en ruines1,

De plus, le 30 juillet les commissaires royaux réclamèrent encore sept ménagers; plus 20 gens de métiers et 2 marchands (2 maîtres drapiers, 2 tisserands et 16 foulons) et qui devaient être fournis par l'élection du Lyonnais, taxée primitivement au chiffre de 54.

Comme il était impossible d'en trouver à Lyon, on résolut d'offrir au roi, à la place, une somme d'argent. Les commissaires royaux n'acceptèrent pas l'offre du Consulat et déclarèrent que si la ville ne renfermait pas des foulons et des tisserands, on ne devrait pas craindre d'aller en chercher jusqu'en Normandie. Un des commissaires, Jean Rousselet (marchand de Lyon), fit savoir aux Lyonnais, le 4 août, qu'il avait appris par un habitant de Rouen que soit dans cette ville, soit aux environs, on pourrait trouver une trentaine de ménagers 2 (cardeurs, peigneurs et foulons). Le 14 septembre, il n'était encore arrivé que neuf ménagers à Franchise. Jean Rousselet déclara à nouveau qu'en Normandie, on en trouverait tant qu'on voudrait 3.

1 Des lettres du Consulat, en date du 25 février 1481, nous apprennent que Varinier a baillé à Benoît Pasquet, receveur des tailles du Lyonnais, 1.000 livres en déduction des 1.125 livres représentant l'impôt de Lyon et de ses « forbourgs ». — Cette somme avait été empruntée à des banquiers et changeurs (v. CC 482, no 19), les lettres des consuls du 27 mai 1481 (Hôtel Commun), prescrivant de rabattre de la recette de Varinier la somme de 7 livres 10 s. t. représentant les intérêts de cette somme; 1.000 livres furent empruntées à Antoine Martelle, marchand florentin, moyennant 33 livres 10 sols 8 deniers d'intérêts (v. CC 482, no 39. le mandement du 3 octobre 1481).

L'Élection avait été

2 Voir cette lettre Pièces justificatives, no CCCXV. 3 Voir cette lettre: Pièces justificatives, no CCCXVI. taxée à 54 ménagers. Cela résulte d'un passage de cette lettre. « La dite ville et pais de Lyonnais estoyent tauxés a LIIII mesnagiers dont nous n'en aves yev que IX et restent XLV mesnagers a venir, rémys a XX qui est plus de la moitié rebatu comme vous povez assez congnoistre. »

A cette date, la bourse commune dont il a été question plus haut n'était pas encore constituée. Le 28 septembre, Ymbert de Varey et les élus firent comparaître devant eux un certain nombre de marchands. Ils leur prescrivirent de constituer une bourse de mille écus et de nommer une commission chargée de désigner les ménagers, une fois que la répartition entre les différentes villes de l'élection du Lyonnais aurait été faite ?.

Martin Guillaume, marchand de Lyon, fut nommé facteur de la bourse commune de 2,500 écus dont il a été question. (Lyon, on le sait, était taxée à 1.000 écus3).

Quant aux ménagers, Ymbert de Varey et les élus durent écrire au roi que soit à Lyon, soit à 30 lieues à la ronde, on ne pouvait trouver d'ouvrier drapier 1.

Le 9 décembre, une réunion de consuls et de délégués du Plat Pays se tint à Lyon pour discuter au sujet des deux questions 5. Le Plat Pays devait fournir 200 écus sur les 1.000 écus demandés à la ville de Lyon en vue de la formation de la Bourse; il avait été de plus taxé à 4 ménagers sur les 20 exigés par le roi. Il fut convenu qu'un seul député porterait à Arras les diverses sommes.

Le Plat Pays, ne pouvant fournir de ménagers, donnait 500 livres pour permettre d'acheter les « 4 mécaniques » en question. Ce

Voir Pièces justificatives, no CCCXVIII, le texte de ce procès-verbal de la comparution des marchands devant Ymbert de Varey. - Les marchands avaient été convoqués par Ymbert de Varey à peine de cent livres tournois d'amende. 71 marchands assistaient à cette assemblée à laquelle se trouvaient le lieutenant, le juge mage, le juge ordinaire, le juge des ressorts.

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2 Voir Pièces justificatives, n° CCCXVIII, le texte de cet accord et de cette délibération.

3 Voir à ce sujet la minute de la lettre écrite postérieurement à la date du 21 septembre 1481 aux commissaires de Franchise par Ymbert de Varey et les élus du Lyonnais (V. Pièces justificatives, no CCCXIX).

4 Voir ibid.

5 Voir Pièces justificatives, n° CCCXXI. Les villages qui furent représentés sont : Saint-Symphorien-le-Château, Anse, Charlieu, Brignais, l'Arbresle, Givors, SaintGenis-Laval, Sainte-Colombe, Dargoire, Chasselay.

& Voir la délibération du 9 décembre 1481 (BB 352). La partie concernant ces faits se trouve Pièces justificatives, no CCCXXI. Quinze jours après, Jacotin Feret recevait l'ordre d'aller en Normandie et en Beauvaisis chercher les ménagers exigés de la ville et du pays de Lyonnais à 2 d. p. au liour livre) Le 20 décembre : BB 352), mais, dès le 11 décembre, il avait été convenu qu'on lui parlerait de cette affaire. Il emprunta 1.900 écus (2.000 livres) à des particuliers (CC 482, no 47). C'est ce que nous apprend la délibération du 29 novembre (BB 17, fol, 19 vo). V. aussi (CC 482, no 4), les lettres du 27 juin 1482 prescrivant à Varinier de verser à Étienne Richart marchand cathalan », 100 livres pour l'intérêt de 12.000 écus d'or em

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député n'était autre que Martin Guillaume, qui devait centraliser aussi les contributions du Puy, de Moulins et de Clermont. Il prit divers engagements à l'égard des représentants de ces diverses. villes venus à Lyon. Il promit de gouverner la bourse commune pendant cinq ans (Lyon fournit 100 écus, chacune des trois autres villes en donna 500). A l'expiration de ce délai, les diverses sommes seraient remboursées aux villes qui les avaient fournies.

Martin Guillaume se rendit à Franchise; mais deux ans avant, il avait été précédé sur cette route par Claude Taillemond qui, en septembre 1480, s'était chargé de conduire le deuxième convoi de six ménagers réclamé à la ville et de porter les 1.500 écus de la bourse commune. Mais son voyage fut inutile: les bonnes villes se plaignirent amèrement des frais causés par cette affaire et, à la suite de conférences tenues à Tours entre leurs députés et les commissaires, ceux-ci accordèrent un sursis. Taillemond, à l'issue de cette conférence, se rendit à Paris où quatre de ces « mécaniques» se trouvaient déjà et reprit le chemin de Lyon *.

[1482]. On sait que la ville avait dû fournir 1.200 écus pour payer les seize « mécaniques » envoyées à Franchise. Comme les conseillers ne pouvaient alors disposer d'une somme aussi importante, ils l'avaient empruntée à Étienne Richard, marchand de Perpignan. Or, celui-ci, à la fin de 1482, n'était pas encore remboursé; il fallut emprisonner plusieurs conseillers pour forcer le Consulat à restituer l'argent ainsi avancé. Dupré fut chargé de trouver 600 ou 700 écus avant Pâques3. Dans le même temps, le commissaire de

pruntés pour payer les 16 mécaniques (de la foire de Toussaint à la foire de Pâques. Le 9 février 1483, on payait encore à Richard « marchand de Parpignan » 50livres pour l'intérêt de 680 écus d'or empruntés pour le même objet (foire de la Toussaint à la foire de Pâques) (V. CC 482, no 52).

1 Voir Pièces justificatives, n° CCCXXI, le texte de ses engagements. Ces diverses sommes étaient fournies par ces villes a cause du « rabais » d'un marchand fait à l'avantage de chacune d'elles. V. ibid.

Voir Pièces justificatives, no CCCXXVIII, la lettre des consuls du 26 février 1482 prescrivant de rabattre de la recette d'Alardin Varinier 257 livres 10 sols 3 deniers baillés par lui à feu Claude Taillemond pour les frais de son voyage, nonobstant l'annulation du crédit de 200 livres, ouvert à Claude Taillemond, en septembre 1480, pour achever de payer les dommages-intérêts promis par Fenoyl aux ménagers renvoyés à Franchise et pour conduire audit lieu les six autres mécaniques, crédit devenu inutile par suite du retour à Lyon de Taillemond.

3 Tous ces faits nous sont également révélés par la délibération du 29 novembre 1482 (BB 17, fol, 19 vo).

Franchise, Martin Guillaume, voulait obliger les conseillers à prendre « 25 pièces de drap » fabriquées à Franchise et à les payer fort cher1. Une expertise, demandée par le Consulat, révéla que ces draps ne valaient pas la moitié des sommes auxquelles ils avaient été taxés (ils avaient été taxés à 12 sous 6 deniers l'aune 3). Taillemond déclara qu'il ne voudrait pas donner 300 livres de ce qui était taxé à 5 ou 600. On offrit, le 5 décembre, de transiger pour 100 livres et d'en référer au roi si le commissaire refusait. Le lieutenant du bailli prit parti dans cette affaire pour les Lyonnais : il déclara que le commissaire devait se contenter de 100 livres; en cas de refus, on vendrait les draps de ça et de là les ponts3. Enfin Martin Guillaume se contenta de 140 livres que l'on promit de lui payer avant Pâques. Il était en effet impossible de rien verser comptant.

Le séjour des émigrants lyonnais à Franchise fut de courte durée. Par le traité d'Arras (3 décembre 1482), le roi autorisa les bannis qui se trouvaient chez l'archiduc d'Autriche à revenir dans leurs maisons. On croit même que ceux qui habitaient la France jouissaient de ce droit depuis quelque temps.

L'édit de Charles VIII (du 14 janvier 1484) les remit en posses

sion de leurs biens.

Les émigrants furent autorisés à rentrer chez eux 7.

1 Voir à ce sujet la délibération du 1er décembre 1482 (BB 17, fol. 21).

2 C'est à cette séance que l'expertise fut décidée. ·

3 Voir la délibération du 3 décembre 1482 (fol. 21 vo-22).

4 Voir BB 17 (fol. 22). Ce jour-là, on proposa de transiger pour 100 livres, et on résolut le 8 décembre (fol. 23), si Guillaume ne voulait pas accepter, de faire taxer les draps d'office et, en cas de refus, d'en référer au roi.

5 Voir la délibération du 9 décembre (BB 17, fol. 23 vo). Il fut convenu que selon le commandement du lieutenant, on doit « prendre acte du rapport des marchands et laier C livres à Guillaume et qu'il depesche les draps ou bon luy semblera et en son reffuz les fere exposer vendables de ça et de la les ponts ».

6 Voir la délibération du 17 décembre (BB 17, fol. 25 v°-26). Le scribe a par erreur mis janvier au lieu de décembre. Martin Guillaume se vit accorder 140 livres pour <chesire et vendre quant et a qui il voudrait ».

7 Voir à ce sujet Teilhard de Chardin, Bibliothèque de l'Ecole des Charles, t. LXVII, p. 22-23, et Henri Sée, Louis XI et les villes, p. 290. Charles VIII rappela les indigènes dans leur ville et leur accorda pour six ans le droit de lever un octroi sur les marchandises et l'exemption des impôts pendant dix ans.

CHAPITRE XI

LYON PENDANT LES DERNIÈRES ANNÉES DU RÈGNE DE LOUIS XI

Les faits exposés dans le chapitre précédent constituent peut-être l'épisode le plus saillant de l'histoire de Lyon à la fin du règne de Louis XI. Les quatre dernières années de ce règne sont remplies d'une foule de menus faits qu'il serait oiseux d'énumérer en détail... Quatre ou cinq seulement retiendront notre attention: l'installation de la poste à Lyon, divers épisodes de l'histoire diplomatique du règne finissant, et le séjour de saint François de Paule à Lyon.

La Poste royale à Lyon. Nous ne connaissons pas la date exacte de l'établissement, à Lyon, de la poste royale. Un mandement du 7 janvier 1482 nous prouve qu'à cette date elle fonctionnait dans la région lyonnaise. Si nous en croyons ce document, Ymbert de Varey était contrôleur des postes à Lyon, et Pierre Jourdein d'Isodon était attaché à ce service avec le titre de posté à Lyon. C'était lui, notamment, qui devait requérir les guides dont il avait besoin lorsque son service l'obligeait à voyager de nuit. Enfin, ce service fonctionnait pour les lettres royales seules. C'est ce qui résulte d'un passage de ce document : « Comme le roy nostre sire pour savoir et avoir nouvelles de plusieurs pays circonvoisins, comme de Provence, Savoye et Dauphiné et aultres, aist fait mectre et establir plusieurs chevaulcheurs appellez postez sur les chemins tirans de la ou le dit seigneur est es dis païs, esquelz postez le dit seigneur ait voulu et mandé fournir et bailler guides pour les convoier quant il est besoin qu'ils chevaulchent de nuyt1».

Voir ce mandement: Pièces justificatives, no CCCXXIV, ce mandement des consuls au trésorier municipal, Alardin Varinier, lui prescrivant de bailler 10 livres

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