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terme mirent un empressement inusité à faire lever le terme de juin; ils prescrivirent à Chivrier de mettre en prison à Roanne les retardataires. Malgré son zèle, le receveur ne put obtenir rapidement toute la somme demandée et dès le 22 juin on l'autorisa à prendre seulement des « gros » « le tiers deniers » et des « povres » ce qu'il pourrait avoir ». La perception fut si lente que trois mois après Bel Oyzel fit enfermer à Roanne plusieurs conseillers le 22 septembre, l'assemblée décida de faire demander leur élargissement et en même temps elle émit le vœu « que l'on désigne les receveurs le plus étroictement que l'on porra jusqu'à ce qu'ils aient fait diligence, suffisant des arrerages pour payer Bel Oyzel1. >>

Bientôt après, on apprit la nouvelle d'une prochaine visite du roi à Lyon. On voulait en profiter pour exposer à son conseil les ravages des gens d'armes, ce qui était une entrée en matières commode, lorsqu'on demandait une réduction d'impôts: cette fois ci on se contentait de réclamer un délai pour le paiement des 500 francs qui restaient à lever pour achever le versement du second terme. Cette démarche ne fut pas faite, car le roi ne vint pas cette année. Malgré cela, les conseillers se virent relâcher et un de leurs premiers soins fut de prendre sur l'impôt que levait si péniblement Henri Chivrier, une somme suffisante pour les dédommager des frais que leur avait occasionnés leur séjour à la prison de Roanne (3 octobre)2. Tout cela ne hâtait pas les opérations du receveur et le 29 octobre il est encore question des sommes dues à Bel Oyzel3. C'est, il est vrai, une des dernières mentions de ce genre que l'on rencontre dans les registres municipaux'.

Il n'est plus question non plus du troisième terme dont le roi avait fait cadeau à la ville.

Certains indices permettent de supposer que les conseillers l'ont

Voir BB 1. fol 187 ro: « Ilz ont concluz que l'en face dire par Monseigneur de Lion a Monseigneur de Tholose les inconveniens et domages qui puent venir pour T'emprisonnement des conseillers a la requeste de Bel Oyzel. »

Cette délibération est du 28 septembre (V. BB 1, fol. 188 ro).

3 Voir BB 1, fol. 190 19 la délibération du 29 octobre 1423. Il est question de 60 livres encore dues à Bel Oyzel « du second paiement de l'aide octroyé derrenierement à Bourges »

4 La dernière est du 27 novembre; à cette date on décide que Panoillat ne sera remboursé de ses frais de voyage que lorsque Bel Oyzel aurait été complètement payé.

fait lever pour les fortifications avant même qu'Henri Chivrier eût versé à Bel Oyzel le montant du second terme.

Quant au dernier, tout permet de croire qu'il ne fut jamais exigé.

États de Selles (août 1423). Cette année fut marquée par la convocation d'une nouvelle assemblée d'États qui se réunirent à Selles et accordèrent le 18 août à Charles VII d'importants subsides. Les archives de Lyon ne possèdent plus la lettre de convocation qui fut certainement adressée aux habitants de Lyon à cette occasion. Mais nous sommes suffisamment renseignés sur cette session par les travaux de MM. de Grandmaison et Thomas. Cette assemblée convoquée pour le 12 ne tint en réalité qu'une seule séance, le 18 et ce jour-là elle vota une taille de 800.000 livres en même temps que le rétablissement pour trois ans des aides supprimés par le Dauphin en 1418 à son départ de Paris'.

Ces faits sont attestés par une lettre de Charles VII aux élus de Lyon, écrite à Selles le 18 août2. Mais la première allusion contenue dans les documents lyonnais et que nous croyons pouvoir relever se lit dans le procès-verbal de la séance du 2 novembre3.

Ce jour-là, les élus Jean Caille et Étienne de Villeneuve demanderent une peine contre les consuls et les maîtres des métiers absents à cause du retard que leur négligence apportait à la levée de l'impôt assigné à la ville. Lyon avait été taxé à 2.400 francs sur les 9.500 demandés à l'élection lyonnaise.

Le 10 novembre, pour éviter d'être poursuivis par les élus, les consuls, régulièrement convoqués, votèrent une taxe du 5 poyses par livre destinée à assurer le versement de la moitié de cette somme (1.200 livres).

Ce vote fut ratifié le 15 par les maîtres des métiers, mais à la

1 Sur ces États. v. Thomas, Cabinet historique de 1878, p. 124, et Revue historique, t. XLI, 1889, p. 59-60.

Voir le texte de cette lettre dans un article de A. Thomas : «<les États généraux sous Charles VII. Notes et documents nouveaux» (Revue historique, mai-août 1889, t. XL, p. 55-60).

Voir BB 1, fol. 190 r°. Le 3 novembre, les consuls décidèrent d'adresser à Jean Caille et à Étienne de Villeneuve une requête pour obtenir diminution de la coste » imposée à la ville, et en cas de refus d'aller trouver le roi.

Voir BB 1, fol. 190-4 sur ces faits.

condition expresse que l'on obtiendrait un << rabat par devers Monseigneur le Chancellier de France et autres du grand Conseil du roi» et que l'on ferait grande diligence « pour avoir grâce'. »

Deux jours après, Ennemond Godin accepta la charge de receveur pour cet impôt. Ce qui préoccupait davantage les conseillers, c'est le rétablissement des aides ou impôts indirects alors universellement décriés. Les Lyonnais, comme les habitants de divers pays, le Poitou et l'Auvergne notamment, demandèrent la conversion de ces aides en un impôt direct3. Nous ne sommes pas au courant des démarches que nécessita cette conversion: nous savons seulement que le 24 décembre les Lyonnais apprirent le succès de leurs revendications; les aides étaient remplacés par un impôt de 16.000 francs payable chaque année pendant trois ans. C'était l'équivalent des aides. Bien que le dernier terme de la taille fût supprimé, l'assemblée de ce jour trouva la somme demandée exagérée et offrit seulement de payer annuellement 4.750 livres pendant une période de 9 ans, « à cause de la povreté de la ville et des gens d'armes ». On demanda en outre que cet impôt fut équitablemeni réparti entre la ville et le plat pais, ce qui était juste; les aides que représentait cet équivavalent ayant été imposés à l'ensemble du Lyonnais. Les commissaires du roi refusèrent. Une nouvelle demande fut suivie d'un nouveau refus 1.

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Your, & ce sujet, la deliberation du aj décembre, BB 1, fol. 196 r, et Ant. Thomas, lex Etats generaux sous Charles VII, Cabinet historique de 1878, p. 156 et

*Your la deiberation du sƒ decembre. BR 1, fol, 196 ro.

* Vou deliberation du ĝo décembre, BB 1, tol, 197. Après la lecture du rapport contenant le redix dex commissares, on decida Fervor d'une cédule par les gens de Dvous ceux du plat isyy Code dewarebe n'ayant pas eu plus de succès, xavas su plat pays se rearèrent prians aus dis de la vide de Lion que touskomis alus quils ont acoustume la dete ville et pais soient joings ensemble sans vate tops ours sera prests les dits du plat pais d'acorder et AR a leve povod ve que toca la diote vilie, en prvans aus des de la dicte ville que ala yolg'ongad yux vyravo 15 de facent aucun changement sans le leur fere

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[1424. Les Lyonnais ne se découragèrent pas et décidèrent de rester toujours unis aux habitants du plat pays, décision très sage, s'il ne voulaient pas voir les commissaires royaux se jouer successivement des bourgeois et des paysans. Mais l'archevêque de Toulouse et les baillis de Lyon et de « Saint-Lis » étaient sans doute pressés par le roi toujours à court d'argent, car le 12 janvier 1424, pour dégager leur responsabilité, ils prièrent les Lyonnais de mettre leurs offres par écrit, afin d'avoir un document officiel à mettre sous les yeux du roi1.

Les Lyonnais préférèrent envoyer une ambassade: le 13, ils choisirent ceux qui devaient être leurs représentants auprès de Monseigneur de Toulouse et lui offrirent en leur nom, au lieu de l'équivalent précité, une somme de 5.000 livres, payable moitié à la Saint-Jean, moitié au 1er janvier pendant deux ans, à la condition qu'aucun autre aide ne serait demandé à la ville pendant trois ans que le dernier terme de l'aide voté à Selles ne serait pas levé2. Le 17 janvier, il fut décidé que les deux députés de la ville seraient accompagnés dans leur voyage par deux représentants du plat pays3; le 22, on présenta aux consuls Etienne Revol et Martin: c'était les deux délégués du Jarez. Il leur fut recommandé d'attendre que les représentants d'Anse et de l'Arbresle fussent prêts 7. D'après une délibération du 21 janvier, il est permis de supposer que les députés avaient pour mission de demander au roi la remise de tout l'impôt à la ville pour les fortifications. Les fortifications étaient à cette époque à la charge des villes et le roi avait un intérêt considérable à ce que Lyon, d'où il tirait de grandes ressources à cette époque de misères et de troubles pût toujours se mettre à l'abri des pillards et

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BB, fol. 197. Saint-Lis est certainement pour Senlis, quoiqu'il y ait dans la Haute-Garonne une petite ville de ce nom. Nous remercions notre confrère, Monsieur Mazerolle, le savant archiviste de la Monnaie, de cette conjecture très heu

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#BB, fol. 198.

BB, fol. 198.

4 Jarez, pays du Gier (Jarus) (pagus Jarensis).

Chef-lieu de canton du département du Rhône (arrond. de Villefranche.
Chef-lieu de canton du département du Rhône (arrond. de Lyon).

BB 1. fol. 198 : « ausqueulx l'en a respondu que quant ceulx de la ville et du pais d'Anse et de l'Arbrelle seront prests, que l'en leur fera savoir ». V. Pièces justificatives, n° XXXIX, le texte de la lettre de Charles VII, datée du 24 mars 1424 (Bourges).

* Sur ces États, v. A. Thomas, Cabinet historique, 1878, p. 156-158, la lettre de convocation est donnée in extenso, ibid., p. 213-214.

des routiers. La ruine ou la prise de Lyon eût été pour lui un événement très pénible; aussi était-on en droit de supposer qu'en parlant des fortifications on aurait chance d'être écouté. Charles VII accorda aux Lyonnais un dégrèvement de 600 livres sur le deuxième terme de l'équivalent des aides. Il déclarait agir ainsi pour empêcher l'exode des habitants qui allaient s'établir en terre d'empire.

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États de Selles (10-16 mars 1424). Sur ces entrefaites, les Lyonnais furent convoqués par le roi à une nouvelle assemblée d'Etats de Languedoil qui devait tenir sa première séance à Selles en Berry le 10 mars 5. Sa lettre datée du 5 février était extrêmement pressante elle se terminait par cette phrase comminatoire : « Gardez que en ce n'ait aucun diffaut sur la loyauté et obéissance que nous devez, car se faulte y a, nous vous en ferons punir telement que ce sera exemple à tous autres ». Le roi allait en effet tenter le grand mouvement qui aboutit au désastre de Verneuil; il ne s'agissait de rien moins que d'expulser les Anglais de la France du Nord et d'ouvrir la route de Reims pour faire sacrer le jeune roi; un grand nombre de soldats étaient équipés et armés: de là, des frais énormes qu'il était impossible d'acquitter sans le vote de nouveaux subsides'. Les États de Selles de mars 1424 accordèrent un million; dans cette somme, toutefois, était comprise la taille que divers États provinciaux avait consentie pour obtenir la suppression des aides rétablis au mois d'août dernier 2. Lyon fut représenté à cette assemblée par Ayme de Nyèvre et Bernert de Varey (leur nomination est du 25 février 3). Il n'est plus question des Etats jusqu'au 10 avril; ce jour-là, un procès-verbal très bref nous apprend qu'Ennemond Godin a accepté de lever les 1.700 francs représentant le second terme d'un aide voté à Selles'.

Les Lyonnais ne se refusèrent pas à payer l'impôt, mais ils deman

1 17 août 1424. Sur ces événements, v. du Fresne de Beaucourt (G.), Histoire de Charles VII, Paris, in-8, t. II, 1882, chap., surt. p. 1-21 et quelques pages de Cosneau, le Connétable de Richemont, Paris, 1886, in-8, p. 81-82.

2 Voir A. Thomas, Cabinet historique de 1878, p. 157.

3 BB 1, fol. 201. Cette assemblée décida l'envoi d'Ayme de Nièvre et de Bernert de Varey auprès du roi « a l'assemblée des trois estas mandée a Selles en Berry

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et prescrivit à Henri Chivrier de bailler à chacun 30 deniers sur sa recette de l'aide de septembre, bien qu'elle dût être employée seulement aux fortifications.

4 BB 1, fol. 204.

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