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à-dire d'après le résultat de ses démarches 1. Le procès-verbal de la réunion indique aussi comment ces frais devaient être répartis entre la ville et le plat pays on vota une somme de 300 livres dont le tiers seulement était à la charge de la ville. Quant aux 200 autres livres, les gens du plat pays devaient les lever à raison de six deniers « pour chacune livre des sommes contenues en leurs commissions de l'aide dernièrement octroyé à Poitiers » et les verser entre les mains de Jean Gontier. Mais l'occasion se présenta bientôt d'obtenir un dégrèvement sans qu'il fût nécessaire d'envoyer une couteuse ambassade. Ayant appris que le connétable de Richemont si puissant alors devait venir à Lyon « pour le bien de la paix3 » et qu'il n'apportait point «< finance » pour accomplir son voyage, les conseillers décidèrent de lui bailler 500 francs en déchargement de ce que la ville devait pour le payement de l'aide. Cette mesure paraît singulière au premier abord; mais il faut avoir présent à l'esprit que Richemont avait alors confisqué le pouvoir au point d'exiger en son nom les impôts consentis à Poitiers à Lyon, on appelait couramment l'aide de Poitiers l'aide du connétable. En lui offrant de payer ses frais de route, les Lyonnais s'acquittaient d'une partie de l'impôt royal.

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Ils espéraient aussi que le connétable en aurait la ville « pour plus recommandée ». De plus, comme Richemont «< n'avait point >> encore << esté en ceste ville comme connétable », il décidèrent d'aller à sa rencontre et de le servir de leur mieux'. Mais celui-ci traita séparément avec la ville et le bas pays; bientôt les consuls apprirent que pendant son séjour à Montluel où il s'était rendu pour

1 Voir nos Pièces justificatives no LXI.

2 lbidem.

3 M. Cosneau déclare dans la note 4 de la page 115 de son Connétable de Richemont: Il n'est pas possible que Richemont soit allé à Montluel à la fin de 1425 ou en janvier 1426, comme le croit M. de Beaucourt (Hist. de Charles VII, t. II, p. 372). S'il y alla, ce fut en janvier 1427. Or le registre BB2 fo 10 vo contient a la date du 11 janvier 1426 un document que nous publions dans nos pièces justificatives et qui prouve qu'à cette date son voyage était annoncé. Mais il y a plus, au f 11 (à la date du 1 janvier 1426 v. nos Pièces justificatives), nous trouvons ces mots : Ilz ont concluz que actendu que ceulx du plat pais ait accordé de paier a Monseigneur le Connestable estant de present à Montluel pour la pais. Il s'agit de negociations entreprises avec la Savoie.

⚫ Voir nos Pièces justificatives.

5 Voir la délibération du 16 janvier. BB 2, fo 11. V. nos Pièces justificatives n' LXIV.

UNIV. DE LYON.

CAILLET.

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traiter de la paix, le duc de Richemont avait fait remise au plat pays des deux tiers du premier terme 1. Les conseillers dans leur réunion du 16 janvier firent demander par l'intermédiaire du prieur de la Selle un traitement semblable. Quelques jours après (17 janvier 1426), une assemblée solennelle, composée du sénéchal Humbert de Grolée, des consuls et des notables, vota la levée de 800 francs pour satisfaire le connétable en attendant le résultat de l'ambassade qu'on devait envoyer à Charles VII 3. Mais pour plaire au connétable il était indispensable de recueillir promptement les sommes qu'on voulait lui offrir. Aussi demanda-t-on à l'emprunt l'argent nécessaire. Claude de Pompierre avança 400 livres, Jean de Varey et Bernard de Varey en prêtèrent chacun 100, que Jean Camer fut chargé de faire parvenir au connétable par l'intermédiaire du bailli. Les conditions dans lesquelles fut fait cet emprunt sont extrêmement curieuses à examiner comme toujours, ce sont des consuls qui font l'avance, mais ces consuls ne s'en rapportent pas pour le remboursement au zèle de leurs collègues. Ils cherchent une garantie plus sérieuse. C'est le representant du roi, Humbert de Grolée, qui doit s'engager solennellement à leur rembourser ces 600 livres au moyen des sommes que Camer lui versera sur « les deniers » de l'impôt « mis sus pour ceste cause jeudi dernièrement passé ». Quant aux 200 autres livres, le receveur Camer promettait de les remettre au connetable là où il voudrait3⁄4. Cette defiance qui poussait les prêteurs à prendre pour intermediaire un personnage aussi important qu'Humbert de Grolee, bailli de Macon, sénéchal et capitaine de Lyon etait d'ailleurs fort justifice. Claude de Pompierre avait déjà fait des avances considerables qui ne lui avaient pas encore été remboursees: lors de la venue du Dauphin il avait déjà prêté 1.000 francs ;

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parontemest les VII frans dent Monseigneur le pywixx le pere en terme de l'aide dernièreCoco@cesken per deves le roy obtenir que grâce AM,、、、ནོ »ccid Plus dutre taille sus jusques en de Laer qui a dit qu'il lui PALULVS. DOur ceste cause Jos de Beet Jacot qui

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de même 600 écus lui avaient été demandés pour désintéresser un marchand d'Avignon, Ernée, créancier de la ville 1. Aussi ne voulutil pas s'engager à nouveau sans se faire garantir le remboursement des anciens prêts.

Il restait encore à trouver deux cents livres pour parfaire la somme qu'on était convenu de remettre au comte de Richemont; il fallut les demander à l'impôt. Le 11 février, on prescrivit à Pierre de la Fay2, receveur de l'aide, de remettre 100 francs sur sa recette à Paumer, receveur à Lion «< pour Monseigneur le Connétable 3». On pensait par cet empressement fléchir plus facilement le favori du roi, mais c'était une illusion. Pierre de Nièvre et Guillaume Testu eurent beau aller le trouver à l'hôpital de Rochefort'; ils n'obtinrent aucun «< rabat » de l'aide voté à Poitiers et duquel Richemont avait «< assignacion sur la ville de 3.000 francs ».

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Aussi fut-on obligé d'envoyer Jaques Panoillat auprès du roi. Mais en attendant la décision de Charles VII, il fallut s'occuper quand même de l'aide du connétable auquel on devait encore 2.200 francs. A cet effet, une taille de 1 denier pour livre fut votée le 20 février par les consuls et les notables. La perception de cet impôt fut d'abord confiée à Colin Mauregart, puis ses lettres ayant été annulées pour une raison que nous ignorons à Ennemond Godin qui devait centraliser la perception des tailles pendant un an et s'offrait, en outre, à recueillir les impôts de la ville au cas où Jean Gontier se démettrait de ses fonctions en septembre?.

i Ibidem.

2 et 3 BB 2 fol. 12 ro. << Ilz ont commandé a Pierre de la Fay qu'il baille cent frans a Paumer receveur a Lion pour Monseigneur le connestable et ce de l'argent de sa recepte du premier aide de Poictiers mis sus en juillet dernièrement passé et en décharge de ce que puet estre deu de reste dudit aide audit Monseigneur le connestable et desdis 100 francs ont passé mandement audit de la Fay.

et 5 BB 9 fol. 12 vo. Le 12 février, il fut ordonné a Pierre de Nièvre et a Guillaume Testu d'aller « a deux chevaux apres Monseigneur le connestable jusques a l'opital de Rochefort » afin d'obtenir de lui « rabat » de l'aide dernièrement octroyé a Poictiers « duquel mondit seigneur le connestable a assignacion sus la ville de III frans lequel n'y a rien obtenu, mes a fallu apres envoyer Jacques Panoillat par devers le roy pour en avoir aucun rabais ».

La taille de Poitiers est couramment appelée à Lyon l'aide du connétable, elle finit par être considérée comme sa propriété. Pendant sa disgrâce il n'en fut plus question, mais à son retour aux affaires i la réclama. Sur l'histoire très bizarre de cet impôt, v. p.

BB 2, fol. 14. Le 28 février « Colin Mauregart a prins la charge de recevoir Taide mis sus en la ville de Lion le XXe jour de ce moys de février à ce sujet, voir Pièces justificatives n• LXVII) pour le complément du premier terme de l'aide

Mais c'était là un empressement apparent, les bourgeois étaient tenaces; ils ne renonçaient pas, malgré les ordres du connétable, à l'idée de faire diminuer par le roi le chiffre de la taille demandée à la ville à la suite des Etats de Poitiers. C'est dans cette intention que le 17 mars les conseillers décidèrent de dépêcher auprès de Charles VII et de Richemont une ambassade composée de Garnier et d'un délégué du bas pays1. En outre, la taille votée en février se levait difficilement, et le même jour les conseillers s'étaient vus contraints de faire enfermer à Roanne Pierre de la Fay, qui ne recueillait pas assez vite les sommes demandées; quant au second terme, on ne s'en préoccupa pas. Bref, les choses traînèrent tellement en longueur que les consuls reçurent vers le 25 avril de Jean Rastaut, huissier d'armes, sommation d'avoir à comparaître devant sa cour le 15 mai, sous peine d'une amende de 100 marcs d'argent « pour deffault », disent les textes, « de mectre sus le second payement de l'aide de Poyctiers' ». Ce fut Jacques Panoillat qui, le 28 avril, reçut mission de représenter la ville. Il obtint gain de cause sur toute la ligne3. D'abord, le 8 mai, on apprit que le roi venait de remettre à la ville et au pays de Lyonnais une somme de 7.000 francs « sus le reste de l'aide dernièrement octroyé à Poitiers». C'était la taille, dite du connétable, qui était de la sorte.

dernièrement octroyé a Poictiers ou moys d'octobre dernièrement passé duquel aide la ville de Lion est a VIm IIIe frans a trois termes par la forme qui s'ensuit... » V. aussi BB 2 fol 14 v3. — Le 3 mars, Ennemond Godin « a prins la charge de lever la taille dernièrement mise sus et toutes autres tailles qui se mectront sus en la ville decy a ung an entier et aussi les deniers communs et du pont du Rosne de la dicte ville pour ledit an au cas que Jehan Gontier qui a prins la recepte des deniers communs et dudict pont decy an au dernier jour de septembre prochainement venant s'en vouldra demectre. >>

4 BB 2 fol. 16 vo, «Ilz ont concluz que l'on retorne Pierre de la Fay a Roanne jusques il ait fait diligence de ses arrerages... Ilz ont conclus que Garnier pour la ville et ung autre du plat pays yront par devers le roy et Monseigneur le connestable pour avoir rebat de l'aide de Poictiers et ce aux gaiges communs de la ville et du plat pays, desqueulx gaiges la ville payera le tiers et le plat pays les deux pars qui pourra et se le plat pays ne vuelt paier les dis deux pars la ville y aye son message. »

2 BB 2 fol. 17 his. «Ilz ont conclus que l'on poursuivra l'apointement qui fut prins jeudi dernier passé d'envoyer par devers le roi au XVo jour de mai prouchain venant auquel jour Jehan Rastaut, huissier d'armes, a adjourné les conseillers en personne a peine de cent marcs d'argent pour deffault de mectre sus le second payement de l'aide de Poyetiers et pour ce ont fait procureur Jaqueme Panoillat a soy comparoître et les excuser avec puissance de restituer autres procureurs, presens quant à la procuracion, Pierre Archimbaut et Loys Blanc tesmoings. » 3 Au moins en apparence, comme on verra par la suite.

4 Voir Pièces justificatives, n° LXIX.

supprimée en très grande partie. Mais le roi se dédommagea autrement. On se souvient que la ville devait encore 2.200 livres à Richemont: c'est évidemment dans la suppression de cette obligation que consistait le cadeau royal en faveur de Lyon (les 4.800 autres livres devaient concerner le plat pays). Or, ce cadeau fut presque annulé, ou du moins considérablement diminué par l'ordre que Charles VII donna au Lyonnais de payer 2.000 francs au bailli: il s'agit, sans aucun doute, du traitement d'Humbert de Grolée que le roi ne pouvait pas payer cette année et qu'il faisait fournir de la sorte par les habitants de Lyon1. Ce qu'on accordait d'un côté on le reprenait de l'autre. Le trésor de la ville était tellement épuisé cette année qu'on dut prendre sur les arrérages de Berart Jacot les 640 francs qu'il fallut payer immédiatement au bailli sur la somme accordée à ce dernier par le roi'.

Entre temps, il s'était accompli un événement important et auquel il a été fait allusion plus haut. Nous avons vu que les États de Poitiers avaient voté, outre la taille dite du connétable, un impôt indirect, le onzain et que beaucoup de villes demandèrent la conversion de cette taxe en un impôt direct. Le roi finit par y consentir en 1426, mais, ainsi que M. Thomas l'a démontré3, ce n'est pas dans une prétendue réunion d'Etat tenue à Montluçon (en avril 1426) et dont on a prouvé l'inauthenticité, mais sur l'avis du conseil du roi que cette décision fut prise Lyon fut taxé à 3.200 livres à l'occasion du remplacement du onzième par cet équivalent. Les Lyonnais devaient verser cette taille le 15 juillet suivant. D'ailleurs, les registres du Consulat nous révèlent que cette conversion eut lieu très postérieurement au mois d'avril, comme en témoigne le procès-verbal de la réunion du 14 juillet où il en fut parlé comme d'un fait tout récent. Ce texte est formel: Il leur a esté dit par le dit Pierre de Cuysel' ce que vendredi

tet BB 2, fol. 18 ro. V. cette délibération du 13 mai aux Pièces justificatives, n° LXX.

* Voir Revue historique, t. XL, p. 62 63. M. Thomas dans le Cabin. hist. de 1878, p. 162-163, avait déjà parlé de ces États de Montluçon d'avril 1426.- Il s'est rectifié dans la Revue historique. Un mandement de Charles VII publié par lui p. 62-63 du t.XL et analysé par nous Pièces justificatives), contient ces mots: lignes 18-19 de la page 63: « par grant et meure deliberacion de plusieurs de nostre sang, et grant Conseil avons délibéré et conclud d'abatre ledit XI.

BB 2 fol. 20, V. Pièces justificatives n° LXVII. Cette réunion eut lieu à la cathédrale Saint-Jean parce que cette affaire intéressait non seulement les consuls,

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