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derrain passé fut proposé de par le roy nostre sire par meissire Jehan Girart1, Monseigneur le bailli, en la présence de Monsegneur de Lion en l'église Saint Jehan, c'est assavoir que l'on voulsist mectre sus IIIII fr. que la ville de Lion doit pour sa porcion de l'onziesme dernierement octroyé à Poictiers pour la conduite de la guerre ». Les consuls, après avoir écouté la proposition qui leur était faite avaient demandé à consulter les notables. Ceux-ci répondirent le même jour que « actendu les grans nombre de tailles qu'ilz ont desja payé le temps passé et aussi la mutacion des monnoyes, la petite fortiffication de la ville, les grans perils de la guerre, la chierté des vivres, le grant nombre des povres gens de la ville et plusieurs autres choses, ils prièrent le roi de vouloir excuser les refus de contribuer à cette charge3.

Les périls dont parlaient les bourgeois n'étaient d'ailleurs pas imaginaires, car on annonçait la prise de Bonson, de Rocheague et d'autres places aux environs du Puy'. En conséquence, les conseillers préparèrent une lettre destinée à justifier aux yeux du roi la mesure qu'ils prenaient (8 septembre)5. Mais les notables ne consentirent pas à l'envoi de cette lettre. Ils préférèrent avoir recours à l'entremise du bailli « qui est si amïs de la ville, car on était sûr qu'il transmettrait la réponse au roi, en recommandant toujours la dicte ville au dit seigneur ».

Sur ces entrefaites, la ville reçut une lettre du roi qui faisait de nouveau un pressant appel à la bourse de ses fidèles sujets pour

mais encore l'archevêque et le chapitre, maîtres d'une grande partie du plat pays qui devait payer aussi le onzième.

1 Sur Jean Girard, conseiller au Parlement, plus tard maître des requêtes de l'hôtel, v. la notice de Thomas, les Etats provinciaur de la France centrale sous Charles VII, t. I. p. 329-330.

Voir Pièces justificatives, ibidem.

3 lbidem.

Délibération du 13 août. V. BB 2, fol. 22... «Ilz ont tous esté de conclusion que je procureur au nom d'eulx face a Monseigneur le baillif la semblable response qui fut délibérée le dimenche 14 jour de juillet dernièrement passé, considérées les causes contenues ou registre de la dicte conclusion et aussi que l'on die que les Englois ont de nouvel prins Bonyont, Rochagüe et autres places empres le Puy. »> 5 BB 2, fol. 23, délibération du 16 septembre. Les dessus nommés conseillers ont conclus qu'il leur semble que l'on doit escripre au roy les lettres dont l'on a parlé nagueres par plusieurs foys porveu que les maistres des meitiers en soyent d'acors et qu'ilz voyent les dictes lettres pour y corriger ce que bon leur semblera. 617 septembre. V. Pièces Justificatives.

7 Délibération du 22 septembre, BB 2, fol. 23°. V. aux Pièces justificatives n LXXV le texte de la délibération et celui de la lettre.

payer l'arriéré de l'aide de Poitiers. Une nouvelle demande de dégrèvement fut la réponse de Lyon à cette importune missive1. Mais en vain le roi, au milieu de la détresse financière où il se trouvait n'entendait pas renoncer aux secours que pouvait lui fournir une ville aussi riche, placée comme une réserve financière aux extrémités du royaume. Son représentant, Girert Blanchet, fit donc savoir à une Assemblée tenue à Saint-Jean qu'il fallait payer l'équivalent du onzain, ainsi que les sommes encore dues au connétable sur l'aide de Poitiers. De ce dernier chef, la ville et le Lyonnais devaient encore 21.000 francs. Les consuls lui firent répondre qu'ils avaient entendu parler d'une prochaine réunion d'États et qu'ils profiteraient de l'occasion pour faire supprimer par le roi une partie des charges pesant sur la ville. Tout au plus, quelques-uns consentirent-ils, le 20 novembre, à faire offrir 100 francs à Blanchet pour lui faire prendre patience3, mais la plupart repoussèrent l'idée d'une démarche de ce genre et demandèrent qu'on s'entendît directement avec le roi. Ils proposèrent même de se plaindre des dommages causés à la ville par la diminution des monnaies, <«< lequel dommaige monte plus beaucoup que ne fait ce que l'on puet devoir du reste ». Le dommage subi par la ville, constituait, selon eux, à l'avantage du receveur «< un profit >> dont il devrait estre « content ». C'était là le plus sûr moyen de gagner du temps. et c'est à ce parti que s'arrêtèrent les conseillers, le 24 novembre: ils décidèrent de ne rien payer à Blanchet et au bailli avant le retour des ambassadeurs; tout au plus devait-on offrir 100 livres à Blanchet et autant au bailli s'ils voulaient contraindre la ville à

1 Ibidem.

* Délibération du 17 novembre BB 2 f°, 26vo-27гo, « Il leur a esté récité ce qui leur fut dit par maistre Girart Blanchet de par le roy nostre sire a Saint Jehan jeudi dernièrement passé, c'est assavoir que l'on payast au roi nostre dit Seigneur, ce qui est deu au lieu de xre qui monte sus la ville et pays de Lyonnois x" francs, item que l'on paye ce qui est deu de reste de l'aide de Poitiers à Monseigneur le connestable, sur quoy ilz ont delibere faire response au dit maistre Girart Blanchet qu'ils ont entendu que le roy nostre dit sire doit briefment mander les trois estas et lors la ville y envoyera et exposera l'on au dit segneur les povretés et charges de la ville, et lui suppliera l'on qu'il ait pitié et compaission de la dicte ville et toujours obeyra l'on en tout ce qui sera possible a ses comandemens ».

* Délibération du 20 novembre BB 2, fol. 27. V. le texte aux Pièces justificatives, n° LXXVI.

4 Voir ibidem.

5 Ibidem.

payer tout de suite'. Le délai sollicité fut refusé 2: les agents du roi auraient peut être désiré un plus beau cadeau, mais les conseillers tinrent bon, et quelque temps après le bailli et Girart Blanchet consentirent à recevoir les 200 francs. Maitre Girart s'offrit même à accompagner une ambassade envoyée auprès du roi, afin d'appuyer les demandes des Lyonnais3. Cette ambassade était composée de Jean de Varey, Ayme de Nyèvre, Barthélemy de Varey et Aynart de Villenove. On fit grande diligence pour hâter ce voyage ainsi que le versement des 100 francs promis à Blanchet «< afin qu'il ait le fait de la ville pour plus recomandé ».

Sur ces entrefaites, le Consulat reçut des lettres l'invitant à envoyer des délégués à l'Assemblée des États de Languedoil qui devait se tenir le 8 décembre à Montluçon".

Ces États, ainsi que

États de Montluçon (décembre 1426). M. Thomas l'a démontré, ne réunirent pas l'ensemble des députés de Languedoil, mais seulement ceux des villes orientales de ce pays; les députés de l'Ouest se réunirent à Mehun au mois de novembre. Nous savons que le roi demanda une aide de 110.000 francs à cha

1 BB 2. fol. 28. Cette délibération du 24 novembre fut approuvée le lendemain (fol. 28-29), par une assemblée générale. V. Pièces justificatives, no LXXVII et LXXVIII.

2 BB 2, fol. 28°. Délibération du 25 novembre. V. Pièces justificatives, no LXXVIII. 3 BB 2, fol. 29. Délibération du 26 novembre. V. le texte aux Pièces justificatives n° LXXIX.

4 29 novembre. V. BB 2, fol. 30. « Ilz ont conclus d'avancier le voyage d'aler par devers le roy que doivent fere Ayme de Nievre, Aynart de Villenove et Barthelemi de Varey en la compagnie de maistre Girart Blanchet qui doit partir lundi prochain et que l'on les despeche tant en escriptures comme autrement et plus tost que l'on pourra et ilz se sont offers de prester leur despens parmi ce que l'on les satisface a leur retour et aussi ont conclu que l'on fasse promptement au dit maistre Girert les cents francs qui lui ont esté convenu afin qu'il ait le fait de la ville plus pour recomandée, sur quoy Bernert de Varey et Leonart Caille ont dit qu'il sont d'oppinion que l'on face promptement le dit voyage, mes qui porroit faire comparición raysonnable jusques a Ve frans de ce que ont demandé les dis Mons, le baillif qu'il leur semble que ce seroit le prouffit du commun et leur en feroit l'on meilleur chiere larsus et messire Jehan le Viste a sur ce envoyé son oppinion par escript conseillans l'acors fere par dessus et neantmoins se le dit voyage et aussi que l'on face satisfaction a Ayme de Nievre de ses despens et interest, les dis Aynart et Barthelemy ont esté d'acors d'aler pour 11 motons d'or pour trois frans monnoye corant a present par jour au dit voyage ».

Voir Thomas: Cabinet hist, de 1878. p. 164. note 1.

cune de ces deux assemblées, chiffre qui doit s'entendre de l'ensemble des subsides demandés au Languedoïl'.

[1427]. Les députés accordèrent au roi un fouage de 5 sous tournois, qui fut converti le 25 mai 1427, en une taille de 250.000 livres?. La quote-part des Lyonnais s'éleva à 2.500 livres, sur lesquelles Charles VII leur fit une réduction de 1.500 livres le 4 décembre.

Quant à l'ambassade, qui avait la double mission de représenter la ville à la session et d'obtenir un dégrèvement des impôts précédents, il ne semble pas qu'elle ait rempli la deuxième partie de sa mission. Ainsi on voit, le 24 janvier 1427, les conseillers se borner à dire qu'ils aideront le roi «< de tout ce qu'il sera possible » et qu'ils prendront avec maître Girard Blanchet et Monseigneur le bailli « supportable composicion » et cela « en suppliant au roi qu'il lui plese abollir de tout l'onziesme » et de « faire une bonne monnaye3». Rien n'avait donc été accordé par Charles VII et les désirs de la ville étaient encore à exaucer: la séance se termina par l'envoi auprès de maître Girard Blanchet et du bailli d'une délégation chargée de s'entendre avec eux au sujet du paiement des arrérages, qui se montaient à 4.600 francs. Sur cette somme, toutefois, il y avait 2,200 francs dus encore au connétable qui devaient rester en dehors de l'accord, car il n'y avait aucun espoir, vraisemblablement, de rien obtenir à ce sujet. Le 26 janvier, les consuls rendirent compte à leurs collègues du résultat de leurs démarches. Les repré

1 Sur ces États v. A. Thomas: Cabinet hist, de 1878, pp. 163-166 et Revue hist., t. XL, pp. 63-66.

? Voir Thomas: Revue historique, t. XL. p. 64-65. Cela résulte d'une lettre adressée aux Lyonnais par Geoffroy Vassal et les élus le 13 août 1427, en partie publiée par M. A. Thomas (ibid. p. 64).

3 BB 2. fol. 34: « Ilz ont concluz que l'on aide au roy de tout ce qu'il sera possible a la ville comme a nostre souverain seigneur et que l'on pregne avec mestre Girart Blanchet et Monseigneur le bailli la plus supportable composicion que l'on pourra, consideres les povretez et affaires de la dicte ville, en supplians au roy nostre dit seigneur qu'il lui pleise abollir du tout l'onyesme, item de fere fere telle et si bonne monnoye qu'elle soit toute une par toute l'obeissance, item que telle provision soit mise sur le fait des chevaux du prince d'Orange que inconvenient n'en puist avenir des habitans de la dicte ville et pour faire la dicte composicion et autres choses dessus dicte envers les dis Monseigneur, le bailli et maistre Girart Blanchet ilz y ont esleu et nommé, c'est assavoir Jean de Nievre, le Grant, Pierre Baujchan, Aynart de Villenove, Jehan de Varey, lesqueuls tracteront le mieulx qu'ilz porront et n'auront aucune puissance de conclure por le present fours tant seulement de rapporter au commun ce qu'ilz auront fait, »

sentants de Charles VII s'étaient laissé fléchir, en ce qui concerne les impôts dûs au roi ils consentaient à s'entremettre pour le reste du onzième et pour la nouvelle taille de Montluçon'. Mais ils demeurèrent intraitables pour ce qui concernait le connétable : la ville se voyait ainsi dégrevée de 9.600 francs, mais il lui restait encore à payer 2,000 francs au comte de Richemond?. Les conseillers auraient désiré mieux : ils prescrivirent donc à la même délégation de s'aboucher à nouveau avec le bailli et Blanchet et d'essayer de transiger avec eux pour 1.500 francs. Mais ceux-ci tinrent bon, et, comme toujours, la ville finit par céder. On réduisit à 1.000 francs la somme due par Lyon pour l'aide de Montluçon et le reste de celui de Poitiers; et les conseillers se résignèrent à voter 1.000 autres francs pour le connétable, payables moitié à la Saint-Jean, moitié à la Noël (ou plus exactement 30 janvier). Ils demandaient seulement que l'on fit de la bonne monnaie et que les chevaux confisqués par ordre du roi au prince d'Orange lui fussent restitués, car la ville ne se souciait nullement d'affronter le courroux du prince3.

:

On aurait pu croire l'affaire terminée c'eût été compter sans l'opiniâtreté des consuls, qui ne cédaient sur un point que pour soulever mille objections sur un autre. Ils avaient bien promis 1.000 francs, mais ils essayèrent d'en différer le payement le plus possible. Ils renvoyèrent, le 2 février, au bailli Jean de Varey et ses collègues, pour obtenir du représentant du roi l'autorisation de payer ces 1.000 francs à longs termes'. Dans cette somme, on ne comptait pas, bien entendu, l'argent du connétable, qu'il fallut payer intégralement. Cela résulte formellement des textes. Ils

1 et 2 BB 2, fol. 35. « Jehan de Varey, Humbert de Varez, Aynart de Villenove Barthelemy de Varey, Pierre Beaujehan ont fait leur rapport de ce qu'ilz avoient besongné avec Monseigneur le bailli et maistre Girart Blanchet touchans les arrerages de tous aides passés jusques maintenant qui montent 1 vie fr. excepté ce qui puet estre deu de Monseigneur le connestable qui monte environ xxc frans et leur ont dit que iceulx Monseigneur le bailli et maistre Girert Blanchet leur ont dit apres plusieurs grans et longues parolles qu'ilz les quicteront pour toute chose excepté mon dit seigneur le connestable pour 11 frans, ainsi leur rebatent, comme ilz dient, 1 vie fr. sur quoy ilz ont conclus que ceulx qui ont desja esté y estoient et qu'ilz accordent avec les dis segneurs pour toutes aides passées et pour les Vs. ta xvc fr. se mieulx ne puevent sur ce que est deu a Monsegneur le connestable, sur quoy les dis segneur dient avoir nulle puissance, et que surtout ilz facent le mieux qu'ilz pourront, porveu qu'il n'y ait autre commissere a la contrainte jusque Monseigneur le bailli une et pour le tout.

3 Voir le texte cité à la page précédente.

4 et 5 BB 2, fol. 36, « Ilz ont conclus que Jehan de Varey et les autres qui autres

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