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demande : ils décidèrent de donner sur-le-champ au porteur de la lettre « de la dite fournison dessus dicte de tout ce qui sera possible1».

Quant à l'aide de Chinon, les Lyonnais n'en payèrent presque rien le 11 août 1429, en effet, le roi, par lettres datées de la FertéMilon, lui abandonna les 4.600 livres, représentant le montant de leur quote-part. Il leur faisait en même temps remise des 1.000 livres qu'ils devaient encore à l'occasion du fouage de 5 sols dont il a été question plus haut, à la condition qu'ils payeraient 800 écus immédiatement. (Voir p. 88 n. 2-3.)

[1429-1432]. Il est assez difficile de fournir de nombreux renseignements sur les sessions des cinq années suivantes, car il y a malheureusement dans les registres des délibérations consulaires une lacune qui va du 7 mars 1429 au 24 septembre 1433.

Les sessions ne furent d'ailleurs pas très nombreuses pendant cette époque. Charles VII gaspilla rapidement en faveur de ses favoris l'argent voté à Chinon qui aurait dû être employé à la guerre. Mais les succès de Jeanne d'Arc en 1429 et en 1430 relevèrent son prestige et le dispensèrent de convoquer ces années-là de nouvelles assemblées d'États 3. Il put s'adresser directement aux villes et aux États provinciaux pour leur demander l'argent dont il avait besoin. Nul doute que Lyon ne fût pas épargné, mais par suite du malheureux accident auquel nous avons fait allusion, nous ne savons rien.

Il en est de même des États qui se tinrent en avril ou en mars 1431 à Poitiers et de ceux d'Amboise en novembre 1431. Les premiers accordèrent une aide de 200.000 livres.

Voir Pièces justificatives no CXVI, le texte de la lettre adressée à cette occasion par le roi à Régnier de Boulligny, général des finances (11 août 1429).

Voir la dernière note de la page précédente.

3 Voir à ce sujet les pages 68-71 du t. XL de la Revue historique où M. Thomas démontre qu'il n'y a pas eu d'Etats généraux en 1429 et en 1430. Il en donne d'ailleurs l'explication (ligne 22), page 69, - (ligne 4), page 70: « On voit donc », dit-il, que, lorsque les subsides votés par les États de Chinon furent épuisés, Charles VII, encore sous le prestige de la merveilleuse campagne de Reims, crut pouvoir se passer des États généraux et envoya des commissaires dans les provinces traiter directement avec les États provinciaux de la levée d'un nouvel impôt. V. aussi la note de la page 70 du même tome.

Sur les États de Poitiers de 1431, v. M. Thomas, Cabinet historique de 1878, P. 170 et Revue historique, t. XL (1889), p. 72-79. Sur ceux d'Amboise de 1432,

Quant aux seconds, ils furent suivis d'une ordonnance du 1er décembre 1431 établissant un aide « des entrées et des issues ou aide des barrages » qui devait se percevoir sur les marchandises entrant dans les villes ou en sortant. Ce nouvel impôt devait être perçu pour les deux tiers au profit du roi, l'autre tiers devant être abandonné aux municipalités qui auraient en retour à supprimer les octrois qu'elles levaient à leur profit par privilège1.

Cette ordonnance qui allait entrer en vigueur le 1er août 1432 était un péril pour l'indépendance des municipalités; ce que le roi cherchait par cette mesure, c'était la main-mise sur les finances des villes par le moyen de l'unification de l'impôt. Bientôt il aurait été possible de tout faire lever par des agents royaux. Les villes comprirent le danger et beaucoup après avoir confirmé à Amboise les exigences de Charles VII, obtinrent l'autorisation de convertir en taille cet impôt indirect. Nous avons conservé la lettre de convocation qui fut adressée le 10 juin aux Lyonnais. Dans cette lettre il n'est fait aucune allusion à un besoin d'argent. Le roi parle uniquement de l'entrevue qui devait avoir lieu le 8 juillet à Auxerre et où devait se traiter la paix avec le duc de Bourgogne: il voulait seulement avoir l'avis des États avant que s'accomplît ce grand événement. Ainsi qu'il a été dit plus haut, le roi ne se borna pas à cela à Amboise, la demande de conseils n'était qu'un prétexte et comme toujours elle cachait une demande d'argent.

En l'absence de documents lyonnais, il nous est impossible de dire si à Lyon, cet impôt indirect des barrages (exigé par l'ordonnance de 1431 et consenti à Amboise 1432) fut comme ailleurs converti en taille.

Il ne serait cependant pas impossible que non. Nous avons vu

v. ibidem, p. 200-202 et surtout l'article de M. Thomas dans la Revue historique, t. XL, p. 79-82.

1 Cette ordonnance a été publiée à Amboise le 1er décembre 1431. Nous le savons par les registres de la ville de Tours (CC fol. 13), dont l'autorité est invoquée p. 81 du t. XL de la Revue historique. Sur la date des États d'Amboise, v. les dernières lignes de la page 81 du t. XL de la Revue historique. M. Thomas tient seulement cette réunion d'États comme vraisemblable. Quant à la réunion qui se tint à Amboise en 1432, M. Thomas a prouvé (p. 80) que ce fut une simple assemblée de notables.

Les États avaient d'abord été convoqués à Loches pour le 10 juin. La lettre de convocation a été publiée par M. Thomas, Cabinet historique de 1878, p. 219

220.

qu'en 1428 les notables et les consuls avaient demandé au roi l'octroi de lettres d'entrées et d'issues sur les marchandises.

Le 20 février 1429, une grande délibération avait eu lieu à ce sujet1.

Un très grand nombre de notables avaient jugé cet impôt préférable aux tailles qui sont à la grande charge du menu peuple << actendu que des dictes entrées payeront princes et estrangiers proveu toutefois que les ecclésiastiques et toutes autres manières de gens y contribuent? ». Ces conseillers demandaient toutefois qu'on supprimât la barre du Rhône, qu'on exemptât les vins et les objets les plus utiles et que ces taxes fussent provisoires3. Les autres. s'étaient prononcés pour un système contraire, car les vivres s'en pouvaient enchérir et la ville qui est située «< es fins du royaume en pourrait estre » pour ce «< desfamée ». Ils préféraient le système des tailles pourvu que tout le monde fût obligé d'y contribuer. Comme la lacune signalée plus haut commence à cet endroit, il nous est impossible de dire quelle suite fut donnée à cette délibération. Mais quand même l'opinion des premiers aurait prévalu en 1429, il ne s'en suivrait pas pour cela que les Lyonnais aient accepté facilement, en 1432, l'aide des barrages.

L'ordonnance de 1431 présentait pour l'indépendance de la ville des dangers que la mesure demandée en 1429 n'avait à aucun degré, car il faut remarquer que l'impôt obtenu en 1428 et en 1429 était avant tout destiné aux fortifications et aux affaires de la ville, et était par sa perception, purement municipal; tout au plus, est-il permis de supposer que pendant un an ou deux, la ville, chargée de percevoir ses propres impôts et ceux du roi a pu recourir au système employé les années précédentes et a puisé dans sa propre

BB 2 fol. 77. - V. ce document aux Pièces justificatives no CXV. Les préoccupations des conseillers favorables à cet impôt sont curieuses à noter; ils veulent augmenter le nombre des imposés pour rendre l'impôt moins lourd aux Lyonnais. Ce système, ainsi que nous l'avons fait observer, avait pour avantage de faire payer aux étrangers traversant la ville une partie des impôts des Lyonnais. Voir Pièces justificatives no CXV.

3 Voir Ibidem.

* Comme Lyon était situé sur les frontières du royaume à proximité de la Bresse (propriété du duc de Savoie et terre d'Empire), il était très facile à un habitant de Lyon d'échapper aux impôts royaux. Il lui suffisait d'aller s'établir à quelques kilomètres de la ville, et cela arriva plusieurs fois. On comprend dès lors les inquiétudes des consuls, inquiétudes qu'ils essayèrent de faire partager au roi.

caisse pour payer les tailles royales: elle le pouvait en donnant à ses impôts indirects (barrage, etc.) une plus grande importance. Mais c'est là une pure conjecture sur laquelle, en l'absence de documents, on ne peut se prononcer.

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États de Tours, 7 octobre 1433. C'est seulement avec les États tenus à Tours, en septembre et en octobre 1433 que recommence la série des renseignements précis et exacts fournis par les registres de la ville1. Nous ne savons pas le nom des députés qui représentérent Lyon à cette assemblée, mais nous connaissons le chiffre d'impôts que la ville eut à payer.

Ces États octroyèrent au roi une taille de 40.000 francs, plus un fouage de 5 sous tournois et au-dessous, percevable pendant six mois à partir du 1er novembre2; ce fouage, très impopulaire, ne tarda pas d'ailleurs à être converti en taille dans beaucoup de pro

vinces.

L'élection de Lyon s'était vu imposer un aide de 3.000 livres, sur lesquelles Lyon avait à en fournir 8003. La ville devait en outre un fouage de «< cinq solz pour le plus riche, et deux sols parisis pour le plus povre », et cela chaque semaine pendant six mois.

Le 10 octobre, Charles VII envoya à ce sujet diverses prescriptions au bailli de Lyon, à Arnault de Mesle, à Guillaume Jouvenel, au courrier et aux élus de Lyon. Il leur ordonnait dans cette lettre de désigner un collecteur par paroisse ou chatellenie pour percevoir le fouage; et en même temps il demandait qu'on fit avancer par les aisés les 3.000 livres demandées à l'élection de Lyon.

Ces sommes parurent excessives à l'assemblée générale du 5 décembre, mais, comme il n'était pas toujours prudent de dire son avis devant un grand auditoire, il fut convenu qu'un examen appro

1 Sur ces États, v. M. Thomas, Cabinet historique de 1878, p. 202-204. 2 Voir Ibidem.

3 C'est ce que nous apprend la délibération du 3 décembre 1433. BB 3, fol. 7 v.8 que nous reproduisons in extenso dans les Pièces justificatives no CXXVIII.

4 Voir Pièces justificatives n° CXXVII, le texte de cette lettre. Le 5 décembre, Charles VII prescrivit à l'archevêque de Vienne et à l'écuyer tranchant Jean Havart d'obliger les églises, les nobles, les marchands ainsi que les receveurs de l'aide et du fouage perçus en Bourbonnais, Combraille, en Auvergne, en Forez, en Beaujolais et en Lyonnais à se faire avancer pour le payement de son armée diverses sommes qui seraient versées à Antoine Raguier, trésorier des guerres (v. Pièces justificatives n° CXXVIII.

fondi de la situation serait confié le soir aux consuls et à huit notables qui devaient se réunir après dîner à Saint Albain ',

Il ne fut naturellement pas rédigé un rapport circonstancié des délibérations de cette conférence, mais il est très vraisemblable qu'elles inspirèrent l'assemblée du 6 décembre qui prit une décision définitive. On décida ce jour-là de mettre un impôt d'une maille pour payer les 800 livres tournois représentant la quote-part due par la ville de la taille imposé par les États de Tours. Mais elle exigeait en même temps deux choses: d'abord que le bailli et les commissaires royaux (maître Arnault de Mesle, maître Guillaume. Jouvenel et les élus) « facent vuider les pilleries et gens d'armes qui sont à Saint-Genis3 et autres lieux environ Lion »; elle voulait surtout que les commissaires royaux renonçassent immédiatement aux emprunts forcés qu'ils avaient l'idée d'imposer aux habitants laïques de Lyon pour avancer la rentrée des impôts'. Cette décision fut communiquée après le dîner aux agents du roi. Ceux-ci répondirent que l'objet de cet impôt étant la suppression des pillages et autres méfaits des gens de guerre, ils ne pouvaient empêcher aucun abus de ce genre avant d'avoir l'argent de cet aide3.

Quant aux emprunts, ils consentaient seulement à les différer jusqu'au jeudi suivant; mais si à cette date, les 800 livres n'étaient pas versées, ils se verraient obligés de maintenir leur décision première.

Devant cette réponse, les consuls se hâtèrent, car, étant au nombre des plus riches, ils craignaient de se voir réclamer cette somme par les commissaires et de ne rentrer ensuite dans leurs fonds que difficilement. Aussi, le 8 décembre, ils se mirent d'accord pour lever un impôt d'une maille et prescrivirent de faire diligence.

Ces notables sont Jehan Mulin, maistre Jaques Brenot, maistre Philippe Builliod, maistre Anthoine Jevy, licencié en loys, Ymbault de Bléterens, Pierre BeauJehan, Michelet, Buatier, Mathieu Odobert, Ayme de Nièvre et Antoine le Viste. Pieces justificatives n° CXXVIII.

2 BB 3 fol. 8. v. le texte aux Pièces justificatives no CXXX.

3 Voir Pièces justificatives n° CXXX. Sur Guillaume Jouvenel, voir la Notice biographique de M. Thomas: États provinciaux, t. I, p. 333.

Voir ibidem.

5 Voir ibidem.

BB 3 fol. 9 Ilz ont esté d'acors de mectre sus tallia une meille pour les VIIIe livres de l'aide dont desus est faicte mencion, porveu que l'on face diligence des arrerages et que les grosses sommes soient des premieres paiées ».

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