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C'est Aynart de Villenove et Girart de Varey qui se chargèrent de lever cet aide, le 9 janvier 1434. Mais ce n'était là qu'une partie des obligations incombant à la ville du fait des États de Tours. On sait que les Lyonnais devaient un fouage de 5 sous tournois chaque semaine pendant six mois. Le 20 décembre 1433, les conseillers décidèrent d'envoyer au roi une ambassade pour lui exposer « les povretez de la ville, la situacion d'icelle, les maulx et dommaiges que font les gens d'armes » et obtenir de lui la suppression de cet impôt 3. Le 28, cette décision fut confirmée par une assemblée de notables. On sollicita aussi l'appui du clergé afin d'obtenir du plat pays un concours pécuniaire pour solder les frais de cette ambassade dont le succès devait être aussi profitable à la banlieue qu'à la ville. Enfin, pour toucher davantage le roi, il fut décidé que les députés emporteraient avec eux 300 royaux prélevés sur la taille de 800 livres on espérait de la sorte que le souverain écouterait d'une oreille plus favorable les doléances de la ville. Mais cette somme n'était sans doute pas encore entre les mains des conseillers, car, le 30, les délégués de la ville étaient encore à Lyon®.

Pendant ce temps, le bailli et les commissaires recouraient au système des emprunts pour recouvrer l'argent du fouage et des tailles les conseillers étaient certainement parmi les plus taxés, et c'est à n'en pas douter leur refus de payer qui motiva l'assignation lancée contre eux par les agents du roi'. L'assemblée insista pour avoir un délai; sa demande était basée sur ce fait qu'elle ne savait à qui payer l'impôt. Les consuls déclaraient « qu'ils se vuellent superceder jusques l'on ait veu a qui l'on devra paier actendu qu'il

1 BB 3 fol. 11. V. Pièces justificatives n° CXXXII.

2 Voir plus haut.

3 BB 3 fol. 1o vo. «Ilz ont conclus que pour obvier que les cinq solz pour sepmaine ne se mectent sus que incontinent l'on envoye par devers le roy hommes notables et saiges deux ou troys pour lui exposer les povretez de la ville, la situacion d'icelle, les maulx et dommaiges que font les gens d'armes et toutes autres choses faisans a la matiere afin de obtenir dudit segneur abolicion des dis cinq solz et entre deux signiffier aux commisseres les dommages et inconveniens qui pour occasion des dis cinq solz se porraient ensuir et se perde ou dommaige venoit en la ville protester a la décharge de la ville et au prejudice et contre ceulx qui seroient cause desdis inconvenien et dommages ».

BB 3 fol. 10 vo. V. Pièces justificatives no CXXXI.

5 Ibid.

6 BB 3 fol. 11.

7 Voir Pièces justificatives.

y a tant de commisseres et de demandeurs ». En effet, outre les agents nommés plus haut, il y avait encore Paumer qui se disait receveur principal. De plus, on annonçait l'arrivée de l'archevêque de Vienne qu'on prétendait avoir toute puissance sur les « dis trehus 1».

Cet argument n'ayant eu aucun succès, on eut l'idée de gagner le bailli par un petit cadeau; le 9 janvier 1434, on chargea maître Buatier de lui faire «< sentir que l'on lui ferait aucun plesir a part de XX ou XXV royaulx 2 ».

[1434]. — Si le bailli refusait de se rendre à un tel argument, on se déciderait à donner au receveur Paumer tout l'argent recueilli jusqu'à ce jour pour le paiement de l'aide. C'est qu'ils avaient été assignés au lundi suivant sous peine d'une amende de 20 marcs d'argent et ils auraient eu beau se plaindre au roi, ils auraient enduré << trop de molestés et fatigues » avant le retour des envoyés3. D'ailleurs, Jean Chapuis qui avait été dépêché auprès de Charles VII allait être de retour et on saurait par lui si les autres pays avaient obtenu quelque dégrèvement. Probablement à son retour, cet envoyé dut apprendre aux Lyonnais que divers pays avaient obtenu la conversion en une taille de ce fouage qui s'éleva à 5.000 livres pour l'élection'. Quoi qu'il en soit, il n'est plus question à Lyon de cet impôt jusqu'au mois d'avril3. Le cadeau offert au bailli ne fut sans doute pas étranger à ce repos relatif. D'ailleurs les impôts levés à l'occasion de la prochaine visite du roi gênaient singulièrement la perception de l'aide et du fouage, et les agents du roi avaient intérêt à ce que leur maître fût bien reçu.

Quoi qu'il en soit, le 23 avril il est à nouveau question du fouage, et nous voyons par une courte incidente qu'il avait été converti en

BB 3 fol. 11. V. aux Pièces justificatives no CXXXII.

* Voir Pièces justificatives no CXXXII.

3 Ibid.

Voir à ce sujet la lettre adressée le 19 janvier 1434 par Charles VII à Imbert de Grolée, à Jean Havart, au courrier et aux élus. (Pièces justificatives no CXXXIII). Le roi prescrivait de faire contribuer tout le monde à cet impôt dont il avait besoin pour le siège de Saint-Célerin.

Le 2 avril, Charles VII écrivait de Vienne aux Lyonnais pour leur prescrire d'obéir aux ordres du sénéchal de Lyon et de Jean Havart envoyés à Lyon pour håter la levée de l'aide remplaçant le fouage de cinq sous tournois. (Pièces justificatives n° CXXXIV).

une taille de 1.600 livres dont Bel Oyzel réclamait le payement immédiat1. Comme toujours les conseillers demandèrent un délai, déclarant qu'ils allaient s'adresser au roi.

Au même moment, le connétable faisait de nouveau parler de lui. On se souvient que Richemont avait été supplanté par la Trémouille et que les bourgeois de Lyon, bien qu'ils dussent lui payer la taille votée à Poitiers en 1425, l'avaient soutenu par patrio. tisme. Mais sa disgrâce n'avait pas duré ses partisans avaient blessé la Trémouille à Chinon et obtenu que ce favori du roi fût éloigné de la cour?. Depuis, le connétable était revenu aux affaires, et son premier soin avait été de redemander aux Lyonnais l'impôt de 2.200 francs dont nous avons parlé et qu'il avait fini par considérer comme sa propriété (avril 1432). Comme il n'avait eu qu'à se louer des Lyonnais, on pensait à Lyon qu'après les événements des dernières années, un arrangement avec lui serait chose facile. Son arrivée à Lyon était précisément annoncée comme très prochaine. On résolut donc de l'attendre pour «< prendre de lui le meilleur marché ou rabat de ladicte somme que l'on pourra3». C'est ce qui arriva; le 7 mai le connétable était à Lyon sur la demande des conseillers il transigea avec eux pour 800 francs. Ce n'était cependant pas le rabais désiré par les consuls; on avait pensé s'en tirer pour 4 ou 500 francs. Mais il ne fut pas possible d'obtenir mieux 5.

BB 3 fol. 18, 23 avril. « Ilz ont conclus que l'on aille en nombre de dix ou de quinze personnes notables par devers maistre Jehan Bobignion, maistre des requestes, maistre Jehan de Dijon, secretaire et sire Jehan Tissot escuer du roy notre sire commisseres sur la transgression des monnayes et leur prier qu'ilz se vueillent surseoir de l'exequcion de leur commision sur ladicte transgression... » Il faut rapprocher ce texte de celui de la déliberation du 4 mai (fol. 19): « Ilz ont concluz au regart des commisseres reformateurs de la prinze et mise des monnoyes d'empire et des XVI 1 livres t. que demande Bel Oyzel pour l'aide ou bien des cinq sous t. pour fere que l'on leur baille...» Le roi ayant envoyé à Lyon des commissaires au sujet des monnaies, les avait chargés de faire verser les 1650 livres que Bel Oyzel réclamait sans succès.

2 Voir sur ces faits, Cosneau (E.), le Connétable de Richemont, pp. 166-170, 178-181.

3 BB 3 fol. 19. 7 mai 1434. «En tant que touche les XXIIe frans que demande Monseigneur le connestable, ilz ont concluz que l'on actende mondit seigneur le connestable qui briefment doit estre en ceste ville et lors prendre de lui le meillieur marché ou rabat de ladicte somme >>> et fol. 19 v. V. Pièces justificatives n° CXXXVI.

4 Voir Pièces justificatives no CXXXVI.

5 Ibid.

Certains proposèrent, comme on était à court d'argent, de vendre la vaisselle destinée au roi et à sa suite, mais leurs collègues s'écrièrent que ce serait «< grand honte» et rejetèrent leur de

mande 1.

Toutefois, le payement du connétable n'était pas ce qui pressait le plus : l'équivalent du fouage n'était pas encore entre les mains de Bel Oyzel et un sergent du roi, Robin de Charroux, se vantait d'obliger par la force les habitants à payer 2. Plusieurs conseillers ayant fait sans succès une démarche auprès du roi alors à Vienne, le consulat prit une mesure très curieuse à signaler, car c'est peutêtre la seule mesure de ce genre que nous ayons relevée. Il décida le 9 mai que si Bel Oyzel ne faisait pas revenir Robin sur son projet, il convoquerait l'après dîner le peuple aux Cordelliers, ainsi que le sergent. Là, en présence de la foule, on prierait ce dernier de se gouverner gracieusement en sa commission, car on savait que si là «< il voulait faire de fait, l'on ne ly soffrira point ». Il fallait que le consulat fût à bout de ressources pour en venir à ce moyen d'intimidation, car il était dangereux pour une assemblée aussi aristocratique d'apprendre au peuple à faire usage de sa force. Le même jour partaient pour Vienne dix ou douze bourgeois chargés de s'entendre avec le roi au sujet de cet emprunt 3. Le roi ne leur accorda rien et le 14, Bernert de Varey et Aynart de Villenove reçurent l'ordre de retourner à Vienne où Jean Baubignon et Jean de Dijon, commissaires royaux s'étaient rendus 5. Le 30 ils étaient de retour, mais la seconde ambassade n'avait pas eu plus de succès que la première; en présence de ce double refus, il fallut s'exécuter

1 On avait attendu la visite du roi à la fin de l'année précédente. 29 mai 1434. V. BB 3 (fol. 19 bis). « Ilz ont conclus que l'on aille vers Bel Oyzel lui prier qu'il face surceoir Robin de Charroux, sergent d'armes du roy nostre sire, de faire la rigoreuse contrainte qu'il se vante qu'il vuelt fere pour les XVIo 1 frans mis au lieu des cinq solz jusque l'on ait esté par devers le roy sur ce faire son bon plesir; et au cas qu'il ne la vouldra faire que l'on mande de rechief apres disner tout le pueple aux Cordelliers et la sera mandé ledit exequteur auquel Ton priera qu'il se vucille gouverner gracieusement en sa commission car s'il vouloit faire encore de fait, l'on ne ly soffrira point afin de obvier a l'esclandre qui s'en porroit ensuir que Dieu ne vucille et le plus gracieusement que l'on pourra en vray obeissance du roy nostre sire ».

3 BB 3 fol. 19 bis. — V. Pièces justificatives n° CXXXVII. 4 Voir délibération du 14 mai. BB 3 fol. 19 bis.

n° CXXXVIII.

-

Pièces justificatives

Voir Pièces justificatives n° CXXXVIII, cette délibération du 14 mai (BB 3, fol. 19 bis vo).

et dans la même séance on vota la levée d'un impôt d'ı denier pour livre 1.

Deux mois après, le roi réunit à Tours (le 12 août) une assemblée d'États de Languedoil; malheureusement nous n'avons plus aucune lettre de convocation et nous ne savons pas quels subsides furent votés. On peut même se demander en présence du silence des textes si la ville de Lyon fut convoquée ou du moins si elle se fit représenter à ces États auxquels les registres de la ville ne font pas la

moindre allusion.

États d'Issoudun (8 avril 1435). - Cette session fut d'ailleurs suivie d'une autre beaucoup plus importante qui se tint à Poitiers (au mois de janvier 1435) pour les États occidentaux et le 8 avril de la même année à Issoudun pour les États orientaux3. Les premières lettres de convocation qui furent adressées aux Lyonnais fixaient le rendez-vous à Montferrand pour le 4 décembre, mais les villes montrèrent peu d'empressement, et le roi lui-même ne put se rendre à Montferrand au jour dit.

La réunion n'eut pas lieu. En janvier 1435 les États occidentaux accordèrent au roi une taille de 120.000 francs et le rétablissement des aides pendant quatre ans; par contre, nous ne savons rien de ce qui fut décidé à Issoudun. Les Lyonnais reçurent simultanément une lettre de convocation à ces États et une lettre du connétable réclamant les 600 francs qui lui étaient encore dus 5. Il prescrivit de les remettre à Étienne Bayret de Poitiers, son représentant. Les consuls se bornèrent à répondre à Richemont le 3 avril par des lettres d'excuse « actendu les affaires que la ville a eu le temps

BB 3 fol. 20 bis. V. Pièces justificatives no CXXXIX.

2 Sur ces Etats, v. A. Thomas, Cabinet historique de 1878, p. 204-205.

3 Sur ces Etats, voir A. Thomas 1 dans le Cabinet historique de 1878, p. 205-207 et 2o (surtout) Revue historique, t. XL, p. 84.

4 M. Thomas a publié dans le Cabinet historique de 1878 aux pages 220-221 le texte de cette lettre.

5 Délibération du 3 avril 1435. BB 3 fol. 37 vo. « Ilz ont receu une lettres de Monseigneur le connestable par lesquelles il mande bailler les VIe frans qui lui sont deuz a Estienne Bayret de Poictiers, porteur des dictes lettres... » V. Pièces justificatives no CXLVI et mème jour fol. 38 : « Ilz ont aussi concluz que l'on escripra au roy et aux signeurs de son conseil lettres d'excusacion comme l'on ne puet envoyer au « trois d'Issodun. » V. Ibid. On voit par là que la lettre de convocation aux Etats d'Issoudun a du parvenir à Lyon à peu près dans le même temps que celle du connétable. - V. Pièces justificatives n° CXLV le texte de cette lettre datée du 14 mars 1435 (Chinon).

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