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passé tant pour la venue du roi que autrement1». On réclama à Bayret un délai jusqu'à la Saint-Barthélemy. Il se laissa convaincre par le consulat, accorda le 10 avril le délai demandé et promit de le faire confirmer par son maître, mais il exigea 30 livres pour ses frais 2.

Ce même jour, on décida d'écrire au roi pour s'excuser de ne pouvoir se faire représenter « si notablement comme l'on devroit actendu les gens d'armes qui sont sur les chemins, qui prennent, robbent et tuent tout mesmement, naguere ont ils eu jusques au plus pres de l'Arbrella ou ilz ont tué IX hommes du pays 3». Le porteur de ces lettres, Jean Leguet qui devait représenter seul la ville à cette assemblée reçut mission de « fere fere la carte de la ville la moindre qu'il porra de l'aide qui se mectra sus ». Nous ne savons pas ce que votèrent les États d'Issoudun, mais il est probable qu'ils votèrent des impôts indirects comme les États de Poitiers.

Le 22 mai 1435, en effet, les conseillers décidèrent d'envoyer auprès du roi deux ou trois notables pour transiger avec lui au sujet de ces impôts; or, ceux-ci avaient tout pouvoir, excepté sur ce point: il leur était défendu de consentir «< aux gabelles mectre sus3». En combinant les renseignements fournis par ce document avec ceux que nous donne le procès-verbal de la séance du 31 mai, on voit que ces impôts n'avaient pas dû être votés par les Lyonnais, pour la bonne raison qu'ils ne s'y étaient pas fait représenter. Jean Le Guet qui devait représenter la ville n'avait osé partir; ce fut Jean Hardy qui fut désigné à sa place pour porter au roi la lettre du consulat1; mais il partit bien après le 8 avril, date d'ouverture de la session d'Issoudun.

1 Voir Pièces justificatives.

* La délibération du 8 avril (BB 3 fol. 38). «Ilz ont veu les lettres closes que l'on envoye a Monseigneur le connestable par lesquelles l'on se excuse que l'on ne le puet payer de ses VIe frans jusques a la Saint-Barthélemy (25 août) prouchain venant». La délibération du 10 avril (BB 3 fol. 38), v. Pièces justificatives no LI, nous fait connaître l'acceptation du représentant du connétable.

* Voir Pièces justificatives no CXLVI, le texte de la délibération du 3 avril.

18 avril. BB 3 fol. 38. V. Pièces justificatives no CXLVII.

5 BB 3 fol. 39. V. Pièces justificatives no CXLIX.

Par la délibération du 31 mai (fol. 39 vo) nous savons que Jean Hardy partit il y a environ trois semaines », c'est-à-dire au commencement du mois de mai. La session s'était ouverte le 8 avril; on voit qu'il partit un mois trop tard. V. son récit. Pièces justificatives no CXLIX.

Voir Pièces justificatives n° CXLIX, la délibération du 31 mai.

Le 31 mai, il est dit en effet qu'il partit de Lyon <«< il a environ trois sepmaines » pour voir le roi à Tours et lui présenter les excuses de la ville; mais le roi, sans doute courroucé d'une abstention où il vit avant tout un acte de sans-gêne, fit attendre dix jours sa réponse et le pauvre messager dut repartir les mains vides « bien qu'il n'eut plus d'argent de quoy vivre ne de quoy s'en venir1 ».

Mais malgré son abstention, la ville fut obligée de payer les subsides votés par les États. Quelques jours après le retour de Hardy, on décida encore (8 juin) l'envoi d'une nouvelle ambassade auprès du roi cette démarche était même considérée comme si urgente, que les uns proposèrent de prendre l'argent du voyage sur les revenus de la barre « veu que l'on n'a de present autre part ou prendre argent » et que les autres proposèrent un emprunt spécial « veu que la barre est pour la reparacion du pont 3 ». C'est l'avis de ces derniers qui prévalut: les métiers durent fournir 60 royaux, qu'on devait leur déduire du premier aide à lever dans la ville. Jaques Bennot et Bernert de Varey s'offrirent pour aller trouver le roi ".

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Le 22 juillet, Bernert était de retour et faisait son rapport au consulat. Le roi avait seulement consenti à convertir en une taille annuelle de 12.000 francs (pendant quatre ans) les gabelles qu'il avait établies pour quatre ans dans le pays de Lyonnais. Ces gabelles de quatre ans avaient sans aucun doute été votées à Issoudun elles sont le pendant des aides rétablis à Poitiers par les États occidentaux. Cette taille de 12.000 francs représentait ainsi les impôts indirects mis sur l'ensemble du Lyonnais; il eût donc été injuste d'en faire supporter le poids uniquement à la ville. Aussi, le surlendemain, on résolut de réunir une assemblée générale pour délibérer sur cette question. Il fut décidé qu'on demanderait à une délégation du plat pays de se joindre à une députation de Lyonnais pour aller demander au roi un rabais. Pendant ce temps, on essaye

Voir ibidem.

* Délibération du 8 juin, fol. 40. V. Pièces justificatives n° CL.

3 Voir Pièces justificatives no CL.

4 Déliberation du 8 juin au soir. BB fol. 40 « Ilz ont apointié que l'on fera une colecte de LX reyaulx ou environ sus les maistres des mestiers ainsi comme aujourd'ici v. h. matin en ont esté d'acors les dis maistres des mestiers pour baillier dieues a maistre Jaques Bennot et a Bernert de Varey qui ont prins la charge d'aler par devers le roy pour la ville, c'est assavoir chacun a deux reyaux de gaiges; pour leurs despens et pour leurs gaiges pour jour. Pièces justificatives no CL bis. 5 et 6 BB 3 fol. 42. Pièces justificatives n° CLI.

rait d'obtenir un délai. L'envoi d'une ambassade était devenu le procédé classique des bourgeois pour gagner du temps'.

Le 19 août, les délégués de la ville n'étaient pas encore désignés. Devant ce mauvais vouloir, les agents du roi firent ajourner le 19 août les consuls par devant la cour des élus pour aller prendre la commission de la taille. Ce fut le procureur qui fut chargé de cette corvée on lui prescrivit de mettre en avant « toutes les excusacions qu'il pourrait dire » pour refuser de prendre la commission; et s'il était forcé de la prendre 3, il devait protester contre le chiffre élevé de l'impôt au nom des conseillers, et déclarer enfin que les conseillers n'avaient « aucunement puissance de mectre denier sus sans la voulenté et consentement des maistres des mestiers >>.

En même temps, les consuls chargeaient Humbert de Varey d'aller à Albe-Rive s'entendre avec Monseigneur de Gaucourt qui devait bientôt voir le roi pour obtenir une notable diminution d'impôts .

La quote-part de la ville montait à 4.800 francs. Si Monseigneur de Gaucourt réussissait, on lui ferait « un devoir de 100 francs ». La combinaison n'eut sans doute pas de succès, car le 29 août, on chargea Humbert d'aller lui-même trouver le roi pour le même objet. Le 14 septembre, on confirma cette décision".

Entre temps, Étienne Boynet était revenu à Lyon pour encaisser les 600 francs que la ville devait lui verser à la Saint Barthélemy pour le connétable; on lui avait promis 30 livres pour obtenir un premier délai; on lui en promit 70 pour en obtenir un second jusqu'à la fête de Pâques. Il accepta le 9 septembre, mais se fit payer surle-champ les 30 premières livres. On était ainsi tranquille de ce côté jusqu'à l'année suivante 6.

Pendant les trois mois suivants il n'est plus question ni de l'équivalent des gabelles, ni des ambassades envoyées auprès du roi. C'est seulement le 7 février 1436 qu'une assemblée prescrivit la levée d'une taille « de maille pour livre » afin de payer les 1.900 francs représentant les deux premiers termes de cette aide. Jean Dodieu et certains conseillers demandèrent la levée d'i denier; ils motivèrent leur opinion par ce fait qu'Aynart de Villenove

↑ Délibération du 24 juillet. BB 3 fol. 42 yo. V. Pièces justificatives no CLII. BB 3 fol. 43 v. Pièces justificatives no CLIV.

et Voir ce texte aux Pièces justificatives ibidem.

BB 3 fol. 45. V. Pièces justificatives no CLVIII.
BB 3 fol. 44 v. V. Pièces justificatives no CLVII.

UNIV. DE LYON.

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CAILLET

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et Jean de Chaponay étaient revenus de la cour et avaient rapporté qu'aucune diminution ne serait accordée pour les premiers termes; que tout au plus, lors de la prochaine réunion des États à Poitiers diminuerait-on un peu les autres 1. Enfin, il fallait songer aux dettes de la ville et aux 600 francs du connétable. Mais aucune décision ne fut prise pour leur donner satisfaction".

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États de Poitiers (février 1436). Le même jour on nomma les députés qui devaient représenter la ville aux États de Languedoil, convoqués à Poitiers pour le 10 février3.

Le choix de l'assemblée porta sur Estienne de Villenove et Estienne Guerrier'. On leur adjoignit deux représentants des marchands Jean et Jules Baronnat qui devaient prendre la défense de leur corporation au cas où on proposerait de nouveaux impôts.

Le 12, les conseillers résolurent d'aller trouver Pierre Alant et Jacques de Canlers, commissaires royaux, pour transiger avec eux au sujet des 1.900 francs qu'ils réclamaient pour les deux premiers termes de l'équivalent des gabelles. Nous ne savons quel accueil ils reçurent 5.

Quelques jours plus tard, le 20 mars, Estienne de Villenove et Guerrier revinrent de Poitiers et firent leur rapport. Ces États votèrent, on le sait, une taille de 200.000 francs, et ce qui est bien plus important, le rétablissement définitif des aides que les États de l'année précédente avaient rétablis pour quatre ans seulement. C'est du moins ce que la royauté soutint dans la suite. Mais il semble qu'il y ait eu une équivoque, car si l'on consulte le rapport

1 BB 3 fol. 52 vo. V. Pièces justificatives n° CLXIV. Note: La Maille était une petite pièce de monnaie qui valait la moitié du denier. (Ce mot vient de l'adjectif Metallia qui donne medaille, meaille, maaille, maille, fait sur le substantif Metalla.) Voir Pièces justificatives, no CLXIV.

3 Sur ces États, v. A. Thomas dans 1° le Cabinet historique de 1878, pp. 207-208 et 2o dans la Revue Historique, t. XL, pp. 84-89. La lettre de convocation a été publiée par A. Thomas: Cabinet historique de 1878, p. 221.

▲ Pour l'élection des représentants de la ville, le 7 février, v. Pièces justificatives, no CLXIV.

5 BB 3, fol. 53 v. Pièces justificatives, no CLXV.

6 Voir ce que dit à ce sujet M. Thomas aux dernières pages citées, surtout page 87 du t. XL de la Revue historique : « il est évident », dit-il, « pour qui étudie les faits avec un peu de clairvoyance, que dans la pensée des gouvernés, sinon dans celle des gouvernants, le rétablissement des aides dans le Languedoïl n'était qu'une mesure provisoire. C'est avec ce caractère qu'elle dut être présentée aux États de Poitiers et c'est probablement sous cette réserve que les députés de Languedoïl consentirent à la voter ».

des députés lyonnais, on voit que dans leur esprit les aides devaient être rétablis pour un an seulement les gabelles, disaient-ils, ont été « octoyées à courir dez le premier jour de ce present mois jusque a la Saint Remis prouchain venent, et de qui a ung an ». Les députés furent certainement trompés par quelque chose1.

Quant à l'équivalent des aides votés l'année précédente, le roi ne voulut rien entendre. Les Lyonnais furent contraints de payer les quatre termes (le dernier expirait à la Saint-Jean). Ils durent de plus contribuer à la taille de 200.000 francs votée également par les États de Poitiers. Le roi ne fit à la ville qu'une remise de 400 écus; malheureusement il est impossible de dire à quel propos, car la fin du registre mentionnant ces faits a disparu.

États d'Orléans (octobre-novembre 1439). Nous ne savons pas davantage quelles sommes furent demandées aux Lyonnais pendant les huit années suivantes, par suite d'une lacune considérable dans la série des registres du consulat, lacune qui correspond aux années 1436 (18 mars)-14441.

Cette perte est d'autant plus à déplorer que les États de Languedoil disparurent pendant cette période, et qu'il eût été intéressant de savoir comment cette disparition fut accueillie par les Lyonnais. Pour combler un peu cette lacune, il nous faut faire appel à l'histoire générale. La situation du roi se consolidait chaque jour davantage depuis ces dernières années. Les victoires de Jeanne d'Arc, son sacre à Reims lui avaient rendu son prestige. Se sentant plus fort, il crut qu'il pourrait se passer désormais du concours des États, du moins des États de Languedoil. En 1437 et en 1438, il leva de sa propre autorité des tailles de 200.000 francs. La dernière réunion des États de Languedoil se tint l'année suivante à Orléans (octobre et novembre 14393). Ces États qui votèrent un aide

En 1436 (19 et 20 mai) eut lieu une courte révolte populaire qui substitua au Consulat 10 élus du peuple. Cette émeute promptement réprimée par le roi à son passage à Lyon avait pour cause la perception des aides qui furent rétablis dans tout le royaume en 1436. Cet épisode a été étudié par Vital de Valous (Lyon-Revue, decembre 1882), d'après les chroniqueurs et le syndicat de 1436 (BB 467).

2 et 3 Voir les considérations de M. Thomas, pp. 208-209 du Cabinet historique de 1878. M. Cosneau a écrit à ce sujet des pages excellentes dans son Histoire du Connétable de Richemont. On peut dans une certaine mesure, grâce aux registres de la comptabilité combler la lacune des registres consulaires. Ainsi dans le volume CC 68, on voit que le roi fit lever sur le Lyonnais en mai 1439 un aide de 8.000 livres par Pierre Perenes. C'est ce que nous apprend une quittance de Pierre

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