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Le pavé du choeur a conservé la pierre tumulaire suivante:

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2

SEIGNEUR DE LIENUI EN SON VIVANT

DU CONSEIL DE GUERRE DE SA MAJESTÉ CATHOLIQUE
MESTRE DE CAMPS LIEUTENANT GOUVERNEUR DE

LA PROVINCE DE NAMUR ET GRAND MAYEUR
DE LA DITTE VILLE E. T. C. LEQUEL AT
RENDU SON AME A DIEU LE 28 D'AOUST
1688 ET DAME ANNE MARIE DE SCHROETS 3
SON ESPEUSE LAQUELLE EST DÉCÉDÉE DE
CE MONDE LE......

Nous n'avons pu retrouver les couleurs de l'écu de Cracempach. Celui de Schroets est d'argent aux trois chevrons de sable, comme l'indique la collection des Tombes de Hesbaie, publiée par M. de Herckenrode. 2 Pour Liernu.

3 Elle était fille de Jean de Schroets, écuyer, sergent-major au service du prince de Liége, et de Dame Jacqueline de Burlen, ainsi qu'on le voit par les archives du village.

La cloche de l'église portait pour inscription: F. L. Baro de Selys decanus Leodiencis et C. anno 1719, per Petrum Levache, ainsi que le constatèrent, le 13 août 1784, le mayeur et les échevins, assistés de l'homme d'affaires du seigneur, à la requête du grand doyen de Liége. Ils remarquèrent aussi le nom de Selys formé sur le toit de l'église et, au-dessous, le millésime de 1715 1. La cloche dont nous venons de parler remplaçait peut-être celle qu'avait enlevée, en 1675, les Français revenant du siége de Limbourg.

A la même époque ces troupes avaient aussi saccagé et brûlé la maison de cure qui occupait depuis peu le lieu où on la voit encore aujourd'hui 2. Elle avait été acquise, le 15 novembre 1672, en vertu d'un échange fait entre Lambert Wasseige, pasteur de l'endroit, et noble homme Jean-François-Léopold de Bardoul. Celui-ci céda au curé tous les droits qui lui compétaient << sur certaine maison, tenure et héritage gisant au» près de l'église paroissiale, tenant de tous côtés au chemin » du seigneur, et provenant de Sébastien d'Angy. » Le curé céda en échange un jardin ou ahénière gisant à Liernu, appelé vulgairement le Cortil du Colombier. Cet acte se fit avec l'autorisation de Monseigneur de Grobendonck, évêque de Namur 3. Non loin de l'église, dans la partie la plus élevée du village,

1 Reg. de 1764 à 1786. Réalisations.

2 Le curé Lambert Wasseige, mort en 1689, a consigné ainsi ces deux événements dans un registre de la cure de Liernu.

D

Les 9 et 10 juillet 1675, les François retournants du siége de Limbourgue ont campez à Liernuz et ont tirez entièrement ma maison embas et brulez. Et ainsi le curé de Liernuz est réduit comme devant sans » maison pastoral. Au mois de septembre de la même année estants cam

» pez à Harlue ils ont emportez une de nos cloches. >>

On voit encore dans l'église de Liernu, la pierre tumulaire de Lambert Wasseige, qui était de Namur.

3 Reg. de 1672 à 1687.

on rencontre la ferme de la Natoye, ancien domaine, et en dernier lieu, résidence des seigneurs de Liernu, quoique rien dans son aspect ne dénote une habitation seigneuriale.

La ferme de la Cour, ou Cour de Se Gertrude', située vers le centre de la commune, semblerait plutôt avoir servi à cette destination, si l'on considère l'étendue de ses bâtiments autrefois entourés de fossés dont on voit encore la trace. C'était une ancienne vicomté, et, ainsi que l'indique son nom, le siége d'une cour dont nous parlerons plus loin. La tradition rapporte que là se tenaient les marchés ou foires de Liernu, et qu'un enclos situé derrière la ferme était jadis une terre franche où les criminels jouissaient pendant trois jours du droit d'asile. Près de cet enclos, ou dans cet enclos même, on remarque une sorte de renflement de terrein que l'on dit avoir été une ancienne tombe. La ferme de la Cour, appelée parfois Château de St Gertrude, ou même Château de Liernu 2, fut incendiée en décembre 1672, par suite de logements militaires. Elle appartenait à la famille de Looz Corswarem et fut relevée, le 7 mars 1702, sous le nom de fief de Liernu, par Nicolas Alexandre de Looz Corswarem, fils aîné du baron de Longchamps 3. Les armes de cette famille sont encore gravées, avec la date de 1735, au-dessus de la porte d'entrée de la Cour *.

Le surnom de cette cour semblerait indiquer qu'elle appartenait jadis au chapitre de Ste Gertrude à Bolinne, Harlue et Eghezée. Une image de Ste Gertrude se voyait encore naguère dans une niche pratiquée dans un des murs de la ferme de la Cour.

a Record du 28 janvier 1751. Liasses. ports.

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Reg. de 1687 à 1759. Trans

3 Liste ou répertoire de tous les fiefs mouvants du comté de Namur, Manuscrit.

4 Ces armes sont : écartelé, au 1er et 4 burelé d'or et de gueules de dix pièces; au 2 et 3. d'argent à deux fasces de sable; sur le tout d'hermine à deux fasces de gueules.

A peu de distance derrière la ferme, auprès du petit ruisseau de Liernu, existait autrefois la fontaine de S' Jean, dont les eaux étaient renommées pour les maux de tête. Les malades avaient coutume d'y recourir, tout en ayant soin d'invoquer en même temps le saint patron de la source. Cette fontaine a disparu aujourd'hui, et l'on ne rencontre plus qu'un sol marécageux à l'endroit qu'elle occupait dans une prairie qui porte encore le nom de Pré de S' Jean.

Il faut aussi mentionner la ferme de la Rigauderie, espèce de manoir datant de la période espagnole, et qui semble avoir donné son nom à une famille fréquemment citée au 17e siècle. Possédée actuellement par M. Bouché, président du tribunal de Namur, la Rigauderie était ci-devant un fief que releva, le 8 juillet 1706, M. Lambert Lambillon, écuyer 1. Une tour ou petit donjon est attenant au corps de logis principal, sur lequel est inscrit le millésime de 1652. Dans une petite prairie appelée la Tombe, joignant la ferme, il existe une sorte de tertre peu apparent aujourd'hui, et que Galliot 2 pense avoir été une tombe romaine. En travaillant sur l'emplacement de ce tertre, qui devait encore être considérable au siècle passé 3, on a trouvé assez récemment deux pièces d'argent, l'une du règne de Philippe IV, roi d'Espagne, l'autre d'un évêque de Liége. Il paraît qu'antérieurement on y avait déjà découvert des monnaies, dont nous n'avons pu obtenir de renseignements exacts. L'existence de cette tombe et de celle de la Cour, se rattache

Le répertoire des fiefs cité plus haut, mentionne aussi que l'hôpital de St-Jacques, à Namur, releva, le 14 avril 1684, 18 muids d'épeautre affectés sur le fief del Rigauderie, à Liernu.

2 Tom. I, pag. 42.

3 Délices du pays de Liége, t. II, p. 138. Cet ouvrage dit que l'on voit deux petites tombes dans le bois de Frizet, et une trés-grande à Liernu, près de la basse chaussée,dans la basse-cour de Rigaudrie.

peut-être au voisinage de la Basse Chaussée mentionnée dans les Délices du pays de Liége, laquelle, d'après nos recherches, suivait, au moins en partie, la direction de la route actuelle de Namur à Aische-en-Réfail, dans la portion comprise entre les fermes du Vert-Bois et de la Cour. C'est, dit-on, par ce motif que le petit pont qui sert en cet endroit à traverser le ruisseau de Liernu, a conservé le nom de Pont de la Chaussée.

L'historien Gramaye a écrit 2, et plusieurs auteurs ont répété d'après lui, que Liernu était autrefois un comté qui devait s'étendre bien avant dans le Brabant-Wallon. Pour appuy er son opinion cet écrivain dit avoir trouvé, dans l'acte de do nation de la seigneurie de Rosières, faite en 1021 en faveur du monastère de Waulsor, que cette seigneurie était située dans le comté de Liernu (in comitatu de Lernus).

Nous avons fait, aux archives de la province, des recherches pour retrouver ce document, et nous avons effectivement rencontré une charte contenant donation du village de Rosières au monastère de Waulsor. Elle est ainsi conçue : « Quia ego Alpaïdis.... >> trado ad monasterium vocabulo Walcioderum, Deo ejusque » genitrici Mariæ, villam juris mei nomine Roserias in pago Has>> bannio sitam, super fluviolum Neropiæ in comitatu HOÏENSI.»

Au bas est écrit: « Signum Alpaïdis ejusque filii Arnulfi;» Signum Vivrici fratris Arnulfi; - Signum Alberti comitis;>> Signum Gisleberti;-Signum Ratbodi fratrum ejus; —Signum >> domni abbatis Teodorici, etc. >>

1 Voy. la note précédente. La direction de la route dont nous parlons peut du reste avoir changé, car on prétend qu'un chemin traversait autrefois la ferme de la Cour.

2 Antiquit.Com.Nam. Lovan. 1607 in-4o. Sect. I, pag. 10, Comitat.Lerunt. 3 Galliot, t. IV, pag. 121. — Reiffenberg, Monuments por servir à l'hist. des prov. de Nam. Hain. et Lux. Table onomastique, pag. 705.

4 Rosière est un village voisin de Perwez (Brabant).

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