confins de deux pays, les malandrins pouvaient rançonner à leur aise les étrangers qui s'acheminaient de Namur vers Marche par le vallon de la Meuse.

Les occasions de rapine ne devaient pas être rares : nos pères, ignorant la comptabilité moderne qui a facilité les échanges en créant d'autres valeurs représentatives que l'argent, portaient souvent avec eux les écus nécessaires aux achats qu'ils faisaient au comptant. La craie et le chapeau remplaçaient nos factures, et d'un revers de manche on apurait alors plus d'un compte.

Nous sommes loin de cette primitive confiance; mais notre époque, au lieu de ces patriarcales transactions, étendant le cercle de ses relations par l'esprit d'association qui le guide, a su enfanter de ces travaux que ne renierait pas la plus brillante période romaine. C'est à l'une de ses créations, au chemin de fer de Namur à Liége, que nous devons quelques découvertes qui sont venues confirmer plusieurs croyances populaires.

Entre la chapelle dont j'ai parlé et un ravin spécialement appelé trou des larrons, au milieu des quartiers de rochers amoncelés, les travaux de ce chemin de fer ont fait découvrir des ossements parfaitement conservés un squelette de femme a été retiré de l'une des crevasses.

A quelques cents mètres au levant, au milieu des débris d'une petite habitation recouverts de plusieurs pieds de terre végétale, on a déterré, pêle-mêle avec des os humains, de cheval, de gibier et d'animaux domestiques, une jolie cruche romaine à une seule anse, aux formes arrondies, sans reliefs ni dessins, quelques monnaies, dont une à l'effigie d'Antonin (138 ans après J.-C.), des fragments de fortes tuiles en terre rouge, des débris d'ustensiles en fer,

une lame

de poignard triangulaire, -des ciseaux semblables à ceux que l'on voit encore quelquefois dans les mains des bergers des Ardennes, un couteau à large lame brisée, en dolomie, et jusqu'à la vulgaire crémaillère qui garnit encore de nos jours le foyer de nos cultivateurs. La plupart de

un mortier

Annales, Tome I

ces objets sont déposés au cabinet archéologique de Namur 1. Depuis l'époque où nous reportent les débris romains, jusqu'à celle que précise la date de l'un des derniers crimes qui aient ensanglanté ces lieux, seize siècles se sont écoulés; pendant ce long espace de temps, ce repaire, jadis si sombre, semble avoir été souvent habité. En y ouvrant des communications faciles, on ne lui a rien ôté de ce qu'il avait de pittoresque; mais on a mis plus en relief encore les hautes et imposantes pyramides que la Meuse compte au nombre de ses beautés. A. B.-F.

ANTIQUITÉS DÉCOUVERTES DANS LE LIT DE LA BASSE-SAMBRE A NAMUR. - Dans le courant de l'été de 1846, les eaux de la Sambre étant à leur plus bas étiage, quelques ouvriers fouillèrent le lit de la rivière aux abords de l'Applé et du vieux pont; ils en retirèrent de la ferraille en assez grande quantité. Nous avons suivi attentivement ces fouilles, et nous y avons acquis plusieurs antiquités qui ont été déposées au local de la Société Archéologique. Aux divers objets recueillis par nous, il convient d'ajouter un bon nombre de pièces de monnaie que les ouvriers avaient vendues à Mr J.-B. Fallon, orfèvre, et que celui-ci a eu l'obligeance de nous céder.

Voici en résumé quelles ont été nos acquisitions :

1. Vingt-huit clefs antiques aux formes les plus bizarres et les plus variées; nous donnons ci-joint le dessin de quelquesunes d'entre elles, grandeur nature.

2. Trois cuillères en cuivre dont le manche est terminé par une petite figurine gothique.

3. Six couteaux à manche ciselé ou avec reliefs et qui remontent à la même époque ou à la période de la renaissance.

4. Une quinzaine d'autres objets, notamment une jolie agrafe en argent, style de la renaissance; des croix fleuronnées; un petit reliquaire en plomb; des médaillons en cuivre, etc.

L'auteur de ces lignes oublie de dire qu'il a fait présent de ces objets à la Société Archéologique. (Note de la commission).

5. Deux pièces gauloises en cuivre.

6. Six pièces de monnaie romaine en petit bronze, savoir: 1 Salonina, 2 Claudius gothicus, 1 Constantinus magnus, 1 Valentinianus, 1 incertaine.

7. Une quarantaine de pièces de monnaie namuroise, parmi lesquelles nous signalerons une petite monnaie de Marguerite de Courtenay, comtesse de Namur, portant à l'avers: MAR, et au revers NAM. Les autres ont été frappées sous les règnes des deux Guillaume, de Philippe-le-beau, de Charles-Quint et de Philippe II.

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8. Près de soixante-dix pièces du moyen-âge, lesquelles, pour la plupart, sont sorties des ateliers de Belgique. Nous avons communiqué ces pièces à Mr Piot qui a eu l'obligeance de déterminer les plus anciennes. Nous devons signaler notamment: 1o une obole frappée à Dinant, inconnue jusqu'ici, et que Mr Piot attribue à Charles-le-gros; elle porte à l'avers IN VICO DEONANT, et au revers: IN VICO DE NAN. - 2o Une pièce de Louis-le-Germanique, frappée à Namur, et décrite par ce numismate distingué au tom. IV, p. 356 dé la Revue de la numismatique belge; on lit av. HLVIDOVVICVS 0. — rev. IN VICO NAMVCO. -3° Une magnifique pièce en argent de Charles-le-Chauve: av. CARLVS REX FR. - rev. METVLO. - 4o Une autre de Louis IV, emp. d'Allemagne, frappée à Cologne, etc. F. E.

ANTIQUITÉS DÉCOUVERTES LORS DE LA CONSTRUCTION DU PORT DE GROGNON A NAMUR. Pour les personnes qui ne connaissent pas les localités, il est nécessaire de faire remarquer que le port de Grognon se trouve au point de jonction de la Sambre et de la Meuse. Les travaux de construction ont commencé dans l'été de 1847. Bien que de larges tranchées aient été ouvertes dans le lit de la Meuse, peu de pièces de monnaie romaine ont été trouvées de ce côté; le plus grand nombre provient de la Sambre. Mr F. Eloin s'était particulièrement chargé de veiller sur les découvertes que pourraient amener les travaux, et ses recherches n'ont pas été sans résultat. Mr J.-B. Fallon, orfèvre, a