AVERTISSEMENT.

CES

E s discours sont tels qu'ils existent dans le porte-feuille de Mirabeau : l'on respecte ici scrupuleusement jusqu'aux taches qu'il y reconnoissoit lui-même, et qu'il se proposoit d'en faire disparoître. Les corrections dont il les jugeoit susceptibles, portent, il est vrai, plutôt sur certains détails et sur les formes de rédaction, que sur les vues générales; mais elles auroient sans doute donné plus de poids à ses principes, plus d'éclat à ses idées, peut-être même une face nouvelle à l'ensemble de son travail (1).

Il vouloit se retirer pendant quelques

(1) Tant qu'un orateur n'a pas prononcé un discours, ou qu'un écrivain n'a pas publié un ouvrage, il seroit injuste d'imputer à l'un ou à l'autre les fautes et surtout les erreurs que le discours ou l'ouvrage contient. Cette considération, très - équitable en général, l'est peut-être encore plus à l'égard de Mirabeau, qui se servoit souvent des idées d'autrui, mais qui les remanioit et les perfectionnoit presque toujours, et qui ne pouvoit être censé les avoir adoptées que lorsqu'il les livroit lui-même au public sous son propre nom, soit à la tribune, soit par la voie de la presse.

jours à la campagne, afin de préparer et d'achever ces corrections dans le recueillement de la solitude. Hélas! c'est au moment même où il alloit y rêver dans les riantes promenades de sa maison d'Argenteuil, qu'une mort précoce l'a tout-à-coup enlevé à la chose publique et à ses amis.

Quand les angoisses du despotisme, expirant de ses propres excès, vous ont appelés pour chercher des remèdes à tant de maux; quand la voix d'une nation toute entière, où les sages commençoient à régénérer

(1) (Note de l'éditeur.) Ce premier discours est formé de notes écrites d'abord presque au hasard, et seulement pour servir de matériaux. Il se ressent un peu de cette première composition. C'est le moins soigné quant au style, et celui qui avoit le plus besoin d'être retouché.