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Pour le théâtre de Schiller, qui d'ailleurs n'est pas entièrement versifié lui-même, cela n'était pas nécessaire non plus, et M. Régnier nous a prouvé que la bonne prose y pouvait suffire 1. Mais que dire des poésies, ballades, odes, élégies, qui apparaissent en prose à ceux qui les ont lues dans l'original? Que sont devenus le rhythme et la cadence qui sont la poésie dans son apparition sonore? Qu'est devenu surtout le subtil et enivrant parfum de cette fleur éclose dans le mystère générateur de l'âme, et que l'âme respire, mais que l'œil ne voit pas? Elle est là, devant nous, comme la fleur des champs couchée dans l'herbier du naturaliste. On exigeait une traduction complète de Schiller, et M. Régnier l'a donnée complétement. A l'impossible nul n'est tenu. Ici la faute n'est pas à l'ouvrier, mais à l'instrument. Pour le drame, la question n'est plus la même; il y a difficulté, il n'y a pas impossibilité. C'est l'action qui fait le drame. Partout où M. Régnier n'a rencontré que des difficultés, il les a pour la plupart heureusement résolues, et avec une connaissance parfaite des deux langues. Sa traduction, en ce sens, peut assurément être considérée comme la plus exacte que nous possédions du théâtre de Schiller. - La biographie du poëte, que M. Régnier a placée en tête de sa vaste entreprise, l'a obligé de compulser et condenser bien des documents; le traducteur de Schiller lui devait de ne rien omettre d'important parmi les nombreux écrits qui, surtout depuis deux ou trois ans, ont paru sur sa vie et sur ses œuvres. Tous ceux qui chercheront les faits consulteront avec fruit cette soigneuse introduction, qui révèle en M. Régnier, ce qui déjà est de bon augure, un respect attentif et sincère pour son modèle.

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Schiller a trouvé également en M. Ristelhuber un interprète sympathique. La traduction en vers de « Marie Stuart », sans être parfaite, la perfection n'est pas de ce monde, même pour les traducteurs, présente des parties bien réussies, et qui indiquent chez l'auteur un sentiment littéraire dont il faut tenir grand compte dans ces sortes de travaux.

Je voudrais, en terminant, accorder plus qu'une simple mention au livre de M. P. M. Quitard 2, recueil très-curieux où l'érudition, le bon sens et la joyeuseté française se disputent les suffrages du lecteur; mais il faut faire une fin. Même les études de M. Saint-Réné Taillandier 3 ne sauraient suspendre longtemps la conclusion qui réclame son droit. La Revue germanique serait bien ingrate toutefois, si elle négligeait de reconnaître le mérite de ces études, qui pour la plupart concernent l'Allemagne. M. Taillandier a fait ce qu'il a pu pour rendre possible chez nous l'existence d'une revue de la pensée allemande au dix-neuvième siècle, et sa critique, si essentiellement modérée, était bien propre à apprivoiser les esprits et à leur faire envisager avec moins d'effroi une invasion scientifique et littéraire de l'Allemagne au cœur de la France. M. Taillandier, en effet, n'est pas un Mohican de la critique; il ne scalpe personne, et ses jugements ont tant de savoir-vivre, que souvent il doit être difficile aux auteurs qui en sont l'objet de se bien rendre compte si c'est le bec de la plume ou bien la barbe qui les effleure. M. Taillandier est-il en train de les égratigner, on les voit s'épanouir comme si on les chatouillait doucement, et l'on comprend qu'avec lui, à bien peser les choses, tout est en effet pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

14 volumes in-8°. Hachette et Cie.

2 Etudes historiques, littéraires et morales sur les proverbes français, 1 vol. in-8°. Techener. 3 Histoire et philosophie religieuse. — M. Lévy frères.

CHARLES DOLLFUS.

Douzième livraison.

Voyages et découvertes: L'Europe dans l'Asie orientale, par M. Vivien de Saint-
Martin..

La Blonde Lisbeth, nouvelle traduite de l'allemand de Charles Immermann
(deuxième partie) . .

473

507

Georges Forster, sa vie et sa correspondance, par E. Palman.

550

Sur les deux prétendus Hérode-Philippe

propos d'une généalogie des Hérodes,

par M. A. Stap . .

580

De l'époque et du pays où fut composé le Cantique des cantiques, par M. Ernest
Renan.

593

Le Chat botté, conte d'enfants en trois actes, traduit de l'allemand de Louis Tieck.
Le Parsisme, d'après les travaux allemands modernes (troisième article), par
M. Michel Nicolas

602

654

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Discours sur Schiller prononcé dans la séance solennelle de l'Académie royale des
sciences de Berlin, le 10 novembre 1859, par M. Jacob Grimm..

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691

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