nos ancêtres avaient emprunté aux Germains et que Baudouin IX, comte de Hainaut, vint à abolir vers le XIII® siècle, quand il ordonna que dorénavant la justice serait rendue dans son château à Mons, et non plus sous les chênes, à Hornu.

Sur le tableau, dont la gravure no 1 ne reproduit qu'une partie, on a figuré à la droite de la porte d'entrée, un arbre aux formes gigantesques, et à ses pieds les bancs d'un tribunal (vierschaere), où l'on s'occupe de la condamnation d'un criminel. Nous pensions qu'on avait voulu reproduire le Meerelinde; mais M. De Kerchove nous assura, comme le tenant du père du bourgmestre actuel, que le tilleul placé sur le tableau, se trouvait autrefois au bout de l'avenue qui fait face au château.

Le village de Vosselaere, Vurselaere, Voslariensis, Fursitio, peut réclamer une haute antiquité: qu'on ne s'étonne pas de la transformation de la dénomination primitive de Fursitio en Vurselaere, et successivement en Vosselaere; car nous rencontrons dans nos annales des transformations de noms, qui sembleraient autrement hasardées, si elles n'étaient étayées de pièces irrefragables, voire Thesla en Destelberghen, Ivete en Hyfte, etc. Nous lisons dans la Chronique de St-Pierre, à Gand (1), et dans les Annales de l'abbaye de S'-Bavon, qu'en 694, « Childela sacrata dat ad ecclesiam Memmedung, res suas in Fursitio. » A l'année 802, on lit que «Radbertus dedit S. Petro res suas in Fursitio. » Cette dernière donation y est encore mentionnée, mais d'une manière plus explicite : « Dedit Radbertus et uxor sua Vrowara S. Petro ad mensam fratrum in pago Gandensi super fluvium Legia, in loco nuncupante Fursitio curtile unum

(1) Publié par l'abbé Van de Putte, sous le titre de « Annales abbatiæ S. Petri Blandiniensis, » p. 2, 4 et 79. (Voir les Chroniques belges, Chron. de Fl., t. I, p. 434 et suiv.)

et quidquid in illo loco habuit, de terra arabili, silvis, campis, pratis et mansionibus sex, etc. » La position de ce Fursitium, dans le pagus Gandensis, à proximité de la Lys, se rapporte fort bien à celle de Vosselaere (1).

L'acte de la fondation de cette église ne se trouve pas, chose au reste qui ne doit pas nous surprendre : peu d'actes de cette espèce nous sont parvenus. Mais nous savons par une charte de donation en faveur de l'abbaye de Tronchiennes, émanée du comte Robert le Jeune en l'an 1087, que l'église de Vosselaere existait déjà à cette époque (2). Hæc sunt pertinentia ad præposituram de supradictis, Voslariensis ecclesia, cum omnibus (decimis). » En 1140, le pape Innocent II confirme la possession des propriétés appartenant à l'abbaye de Tronchiennes, « in quibus hæc propriis duximus exprimendis vocabulis: curtis et villas videlicet Landeghem, Vurslaer, Peteghem, Hastene.......... » Thierry d'Alsace confirma cette donation en 1143. Le patronat de l'église de Nevele fut concédé à la même abbaye par le pape Eugène III, en 1147; il mentionne dans sa bulle, comme annexes à cette église, « Peteghem, Hastene, Landeghem et Vurslaer. » Ce droit de personat lui avait déjà été donné au mois de juillet de la même année, par l'évêque de Tournai, Anselme : « Nivella Trunchiniensibus..... intercessione Gosuini abbatis, cum Peteghem, Vorslaer..... 1147, idibus julii (3). »

Ces documents constatent incontestablement l'existence d'une église dans cette commune depuis la seconde moitié du XIe siècle, et depuis cette époque aucune pièce quelconque ne parle de la construction ou de la reconstruction d'une nouvelle église en cet endroit : et certes la Chronique

(1) Et non à Vurste, qui se trouvait dans le Brabant et sur l'Escaut. (2) Voyez Chroniques belges, t. 1. p. 704, et Factum ou Mémoires de procédure au sujet des dimes, par L. Lootens, 1688; p. 82 et 83 (3) Chroniques belges, t. I, p. 710.

de Tronchiennes en aurait fait mention, puisqu'à l'année 1121 (1), elle dit que la consécration de l'eglise de Landeghem, qui était comprise dans la donation de Robert le Jeune de 1087, fut célébrée le 15 mars par Lambert, évêque de Tournai. On peut donc tenir pour certain que l'église actuelle de Vosselaere existait depuis l'an 1087. Une charte qui se trouve encore aujourd'hui aux archives de l'église de cette commune, et dont nous avons déjà parlé, donne une singulière consistance à cette date, et prouve par induction, que non-seulement cette église était déjà bâtie à cette époque, mais même sa tour. En effet, elle rapporte qu'en 1230 la tour de cette église exigeait de graves réparations, que des experts avaient reconnu qu'il fallait y exécuter de grands travaux de charpenterie, tant au beffroi pour y replacer les cloches, qu'à l'intérieur de la flèche (2). L'état de délabrement dans lequel cette tour se trouvait alors, et qui avait été cause qu'on dût démonter les cloches, suppose nécessairement une existence d'un siècle et demi, terme qui cadre très-bien avec l'année (1087) où l'on a fait

(1) Chroniq. belg., p. 602.

(2) Cette pièce est rédigée en flamand; elle nous semble trop importante pour le sujet que nous traitons, pour que nous ne la mettions en entier sous les yeux de nos lecteurs :

« Kenlic si allen lieden die nu sin ende naer ons commen sullen. Also bi vroede mannen bevonden es datte binnen den turre van der kerken van Vursselare-durp bi Nevele seer groete temmerwerken noedech sin so anden beelfroete totten weerhanghene van der clocken alse binnen der tubbe van derselver turre, so heb ic Seghiere Van der Coutren riddre, den prochipape ende den kerkmeesters van der kerken voerseit, beloest also ic alse nu noch beloeve de costen dervan hoe groet si souden moghen wesen so van houtten, van yseren, van steenen, van der werklieden dachloenen, enz., te sullen draghene endi bi mi te betalene. Ende ditte alles sonder prys van der kerken voerseit. Ende omme dat die dinghen die boven gheseit sin moeten honden cracht van vastheden. So heb ic Seghere Van der Coutren voerseit dese letteren beseghelt met minen seghele. 1230. » Archives de Vosselaere. C'est l'une des cinq pièces

qui y furent réintégrées en 1713.