physiologique, de construire un appareil physique qui, réduisant le premier à sa plus simple expression, reproduise néanmoins les principales particularités de son fonctionne

ment.

Le schéma de l'appareil vocal de la Cigale est facile à construire. On prend une petite règle métallique courbée en forme d'U et qui porte intérieurement une rainure sur ses bords. On introduit ensuite dans chaque rainure une lame mince d'acier, de manière à obtenir deux ressorts parallèles et libres sur la moitié de leur longueur. Avant d'introduire les deux lames, on produit, au centre de la face externe de chacune d'elles, une dépression légère, mais permanente, et l'on obtient ainsi un instrument assez analogue à ce jouet connu sous le nom de cri-cri.

Pour faire fonctionner ce schéma, il suffit d'en tenir le cadre de la main gauche pendant qu'avec le pouce et l'index de la droite on rapproche et on lâche, alternativement et rapidement, la partie libre des deux ressorts d'acier. Les dépressions de ces deux lames deviennent ainsi tour à tour convexes et concaves, en produisant une stridulation qui imite assez bien celle de la Cigale.

On a sans doute déjà reconnu, dans le corps même du schéma, l'ensemble des cavités sonores de la Cigale. Les dépressions des lames d'acier simulent les timbales, et les muscles moteurs de celles-ci sont représentés par les muscles de la main qui font mouvoir les lames.

Avant d'exposer la théorie du chant de la Cigale, telle qu'elle résulte des pages qu'on vient de lire, il me paraît

indispensable de mettre en relief, dans un court résumé anatomique, les principaux points de l'appareil dont il s'agit de faire saisir d'un seul coup d'oeil le fonctionnement. A. Charpente de l'appareil vocal. Elle est constituée par le métathorax et les cinq ou six premiers anneaux de l'abdomen.

Le métathorax est fermé vers le haut par un entothorax très développé. Il est vide au centre et ouvert en bas. Sa cavité intérieure forme le plafond de la cavité thoraco-abdominale. Il offre à considérer de chaque côté: 1° l'opercule ou volet, sur lequel vient s'appliquer le trochantin de la hanche correspondante; 2° l'apophyse de la membrane plissée.

Le premier anneau de l'abdomen présente une partie périphérique et une partie centrale.

La partie périphérique forme de chaque côté : 1o le bord supérieur et le tiers antéro-inférieur du cadre de la timbale; 2o le tétraèdre.

La partie centrale comprend l'entogastre. Ce dernier est l'homologue de l'entothorax: il a un corps, un bec, une crête et deux ailes.

Le deuxième anneau de l'abdomen complète le cadre de la timbale et forme le plancher, ainsi que l'apophyse de la

caverne.

Les autres anneaux de l'abdomen n'offrent rien de particulier et servent à former le fond de la cavité thoracoabdominale.

B. Membranes vibrantes. Ce sont de chaque côté :

1° La timbale, ou organe producteur du son, qui n'existe que chez les males. Elle est translucide, sèche, convexe et munie d'arcs chitineux.

2o Le miroir, diaphane, sec et plan. Il offre des irisations et n'est que peu développé chez les femelles.

3o La membrane plissée, opaque, molle et gauche près de son bord interne. Elle est rudimentaire chez les femelles. C. Muscles. Les muscles de l'appareil musical sont spéciaux au mâle. Ce sont de chaque côté :

1o Le muscle de la timbale, volumineux et allant de la crête entogastrique à la partie postérieure de la timbale, où il s'attache par un tendon. Il est adducteur de la timbale, celle-ci revenant sur elle-même par son élasticité.

2o Le muscle tenseur de la membrane plissée, petit et allant du milieu du bord supérieur du cadre de la timbale à la pointe de l'apophyse de la membrane plissée. Il est tenseur de cette membrane.

3o Le muscle sterno-entogastrique allant du corps de l'entogastre au sternum du métathorax. Il fronce la membrane plissée quand il se contracte et la rend plane, dans sa plus grande longueur, lorsqu'il se relâche.

D. Cavités sonores. Ce sont :

4° Sur la ligne médiane, la cavité thoraco-abdominale, communiquant directement avec le dehors par les stigmates du métathorax. Elle est tapissée par une membrane conjonctive portant de nombreuses ramifications trachéennes.

2o De chaque côté, la caverne située à la face dorsale, et où vient faire saillie la face externe de la timbale.

3o De chaque côté, la cavité sous-operculaire située à la face ventrale, et recouverte par l'opercule.

Après ce canevas, qui ne peut donner qu'une vue d'ensemble, je renverrai le lecteur à la partie anatomique de ce mémoire pour tous les détails que comporte la complète intelligence du sujet. J'appellerai principalement son attention sur les descriptions de l'entogastre, du tétraèdre, des stigmates, enfin des muscles sterno-entogastrique et tenseur de la membrane plissée, toutes descriptions entièrement nouvelles d'organes qui avaient échappé à l'observation ou qui avaient été peu étudiés.

THÉORIE DU CHANT DE LA CIGALE.

L'appareil musical de la Cigale contient tous les éléments qui existent dans l'appareil de la phonation des animaux supérieurs. On y trouve un corps vibrant (timbales), un élément moteur (muscles des timbales) et une caisse de résonnance (cavité thoracoabdominale).

L'instrument de musique de la Cigale est un tambour à deux peaux sèches et convexes (timbales), dont l'insecte joue en contractant simultanément deux muscles (muscles des timbales) qui vont du centre de l'instrument à chacune des peaux. Celles-ci reviennent sur elles-mêmes par leur

élasticité.

La caisse du tambour (cavité thoraco-abdominale) est en partie constituée par des membranes, les unes sèches (miroirs), les autres molles (membranes plissées) et tendues par des muscles propres (muscles tenseurs des membranes plissées). Ces membranes vibrent par influence, ébranlées par les vibrations des timbales. Des stigmates mettent la caisse en communication avec le dehors et maintiennent à son intérieur la pression normale.

Le tambour est renfermé dans une cavité où des loges spéciales (cavernes, cavités sous-operculaires) protègent respectivement les timbales et la partie membraneuse de la caisse.

Quand la Cigale chante en liberté, elle remue rapidement l'abdomen, l'élevant et l'abaissant tour à tour, de manière à l'éloigner ou à le rapprocher des opercules. En agissant ainsi, elle ouvre ou ferme à volonté la cavité protectrice du tambour et donne à son chant plus ou moins d'éclat.

Le recueil de chartes relatives à l'abbaye bénédictine de Notre-Dame et Saint-Jean-Baptiste, de Chalais (1), que

(1) L'abbaye de Chalais fut fondée, au-dessus du bourg de Voreppe, dans les premières années du XIIe siècle, sur les instances de saint Hugues, évêque de Grenoble, par les libéralités de Guigues, comte d'Albon, et de la reine Mathilde, son épouse. Elle fut supprimée en 1303 par l'évêque de Grenoble, Guillaume de Royn, qui en unit les biens au monastère de la GrandeChartreuse.

Nous avons publié un historique aussi complet que possible sur cette maison religieuse dans le journal Le Dauphiné.