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BIBLIOGRAPHIE.

ANTONIN MACÉ.

Grenoble, 1861, p. 98-100.

RADULPH DE GOURNAY. Notice sur le couvent de SainteMarie d'en Haut (Bulletin de l'Académie delphinale, re série, t. V, p. 136, 137, 140. lu en 1854).

Idem. Même titre.

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Analyse du Mémoire

In-8° de 459 p., avec des litho

graphies représentant les tableaux. - Grenoble, Merle,

1862.

J-J.-A. PILOT.

Eglise et ancien couvent de Sainte

Marie d'en Haut. In-8° de 34 p. Grenoble, Allier,

1869.

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ANTONIN MACÉ DE LÉPINAY,

Doyen de la Faculté des Lettres, membre de

la Société de statistique de l'Isère.

PLAN ET DESSINS DE M. BLANDIN, ARCHITECTE, MEMBRE DE LA MÊME SOCIÉTÉ.

Grenoble, février 1877.

298

DESCRIPTION

HISTORIQUE, ARCHÉOLOGIQUE ET ARTISTIQUE

DE

L'ÉGLISE DE NOTRE-DAME

CATHÉDRALE DE GRENOBLE,

Par M. le D' LA BONNARDIÈRE.

On ne peut étudier profondément la < France saus aimer la France davantage. < La voix des châteaux écroulés parle de la < gloire et de l'amour de la France, comme < la voix des vieilles églises parle de croyan<ces antiques et respectées.

< Sous tout archéologue on trouve néces<< sairement un conservateur; jamais un archéologue et un antiquaire ne seront du < parti des dévastateurs.

Tout vitrail que l'on brise est un œil <qu'on ferme et qui regardait le ciel. >

I

Historique.

Si Grenoble ne possède plus que de rares chefs-d'œuvre de l'art du moyen âge en général, il ne conserve pas moins sous des masques, des transformations, des restaurations, des badigeonnages souvent déplorables et désastreux, des spécimens intéressants et curieux de l'architecture à toutes les époques de l'art ogival, que l'observation sagace et les explorations patientes des archéologues et des érudits peuvent seules faire apprécier à leur juste valeur et révéler à l'étude comme à l'admiration de tout le monde.

C'est ainsi que l'église Saint-Laurent nous représente l'art religieux sous ses formes primitives et ses progrès depuis la période mérovingienne jusqu'au XIIe siècle ; Notre-Dame, le même art, dans ses transformations du VIII au XVIe siècle; Saint-André, le type architectonique d'une chapelle princière et d'une collégiale de chanoines réguliers, bâtie d'un premier jet dans son ensemble, juste dans le premier tiers du XIIIe siècle, c'est-à-dire au moment précis de transition entre l'art roman et l'art ogival, poursuivie durant tout le cours de ce siècle, avec un clocher qui ne devait s'achever que vers ses dernières années; monument qui caractérise encore tel qu'il est resté, dans sa masse et ses détails, l'apogée de l'architecture religieuse de la période ogivale primaire.

La Société de Statistique m'ayant fait l'honneur de me désigner pour faire partie de la Commission nommée dans son sein, à l'effet de contribuer spécialement, pour ce qui intéresse le département de l'Isère, à l'Inventaire général des richesses d'art de la France, c'est à l'église de NotreDame, cathédrale de Grenoble, que je suis appelé à consacrer cette première monographie.

Suivant une tradition constante rappelée dans d'anciens titres, dans un pouillé des bénéfices du diocèse de Grenoble, de l'an 1497, et dans un arrêt authentique du Parlement de Grenoble de l'an 1699, l'empereur Charlemagne, ayant passé par Grenoble et s'y étant arrêté en l'année 773, aurait fondé l'évêché et la première église qui fut située sur la rive gauche de l'Isère, et qui fut dédiée à SaintVincent, pour remplacer ou suppléer dans l'antique cité gallo-romaine de Gratianopolis l'église de St-Laurent, construite depuis plusieurs siècles sur la rive droite de la même rivière. Rien ne vient contredire absolument cette légende vénérable sinon indiscutable, à l'appui de laquelle GuiAllard a produit dans son Dictionnaire (manuscrit) du Dau

phiné une preuve indirecte, à savoir que : « Louis, roi de Bourgogne, mit, en l'an 894, cette église sous sa protection. >> De ce fait historique, il résulte au moins rigoureusement que l'église de Saint-Vincent, plus tard consacrée à NotreDame de l'Assomption, était de plus d'un siècle et demi antérieure à l'époque de l'évêque Isarn, à qui on en attribue communément la fondation. Elle fut desservie probablement dès son origine par un chapitre de chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin, que saint Hugues, évêque de Grenoble, fit séculariser par une bulle pontificale de l'année 1131 en même temps qu'il voulut consacrer son église cathédrale sous le nouveau vocable de l'Assomption de la très sainte Vierge Marie.

D'après ces données, il ne resterait de l'église primitive, attribuée, comme Notre-Dame de Paris, au magnanime, religieux et puissant empereur des Francs, que la grosse tour carrée encore subsistante, jusqu'à une hauteur de 17 mètres, bâtie en pierre taillée de moyen appareil romain, qui pourrait lui avoir servi de porche extérieur en même temps que de défense militaire. Il me semble que, malgré certains caractères d'un pilier qu'on y retrouve encore, tels que l'animal fantastique (sorte de guîvre (1) d'un type

(1) M. Paulin Paris fait très bien remarquer dans l'article par lui consacré au Bestiaire de Robert de Fournival, un des plus curieux monuments d'histoire naturelle fantastique du moyen age qu'il faut bien se garder de confondre la wivre, qui n'est autre chose que la vouivre des légendes de la Franche-Comté et autres de nos vieilles provinces, c'est à-dire un monstre moitié femme et moitié serpent, comme la Mélusine de Lusignan et de ́Sassenage, avec la guivre, qui est une sorte d'hydre ou de griffon, analogue à celle dont l'image est sculptée sur le pilier de Notre-Dame. Toutes les peintures des anciens manuscrits sont en général d'accord sur ce point.

original), qui décore son chapiteau, de même diamètre que son fût et sans évasement, et qui l'ont fait rapporter au XIe siècle, on devrait restituer à l'église fondée par Charlemagne ce pilier rond, lourd et trapu, avec pattes étalées sur la plinthe inférieure, qui subsiste dans la dernière chapelle à gauche et dont la reproduction est ci-jointe.

Ce pilier aurait pu servir à soutenir la voûte surbaissée et écrasée d'un porche latéral tout au fond de la contre-nef de gauche.

Il est à présumer que la basilique carolingienne fut saccagée et détruite presque de fond en comble durant quelqu'une des fatales invasions des Sarrasins ou Arabes dans nos provinces du sud-est de la France, du VIIIe au Xe siècle, ou peut-être encore durant les redoutables incursions armées d'une nation de païens qui occupèrent la vallée du Graisivandan et la ville de Grenoble au Xe siècle; ces païens ne seraient autres que les Huns ou Hongrois, suivant quelques historiens du Dauphiné.

D'après le précieux cartulaire de Saint-Hugues, l'évêque Isarn, un de ses plus proches prédécesseurs sur le trône épiscopal de Grenoble, aurait bâti l'église-cathédrale de cette ville après la destruction de ces païens, que lui-même, avec l'aide des seigneurs du voisinage, aurait expulsés de Grenoble et de la vallée du Graisivaudan, et presque tous exterminés vers l'an 955. Par ces expressions, il faut entendre que le libérateur de Grenoble et son premier souverain spirituel et féodal à la fois aurait reconstruit, sur le plan grossièrement imité d'une basilique romaine appropriée au culte chrétien et exactement orientée suivant les prescriptions liturgiques, l'église précédemment détruite par la dernière invasion barbare, à l'exception à peu près unique de sa tour antérieure.

Dans une seconde phase de l'édification nécessairement lente d'une cathédrale par les mains d'un peuple chrétien,

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