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L'église de Saint-Laurent de Grenoble, située au pied d'un coteau, sur la rive droite de l'Isère, dans le vieux quartier de la cité, est regardée, non sans raison, comme la plus ancienne de cette ville. Déjà, en 1012, il y aura bientôt neuf siècles, époque où elle fut cédée aux religieux bénédictins de Saint-Chaffrey, elle est in liquée dans l'acte de donation intervenu à cet égard comme tombant de vétusté; ce qui permet naturellement de supposer qu'elle devait alors exister depuis longtemps. La tradition et l'histoire sont ainsi d'accord sur la haute antiquité de notre église, la première, où chez nos pères, aurait été prêchée la foi chrétienne et qui a été la cathédrale de Grenoble, jusqu'au moment où Charlemagne en aurait fait construire une nouvelle sur la rive gauche de l'Isère, dans la ville proprement dite. Une coïncidence curieuse, c'est qu'un mas de vignes, proche de l'église de Saint-Laurent et le ruisseau voisin appelé actuellement le Rivallet, sont nommés, dans les anciens titres du XIe siècle, vigne de SaintSixte et ruisseau de Saint-Sixte. Il semble qu'on ait voulu par le rapprochement des noms de ces deux saints Sixte et

Laurent, l'un pontife-martyr et l'autre diacre-martyr, reculer l'âge de notre primitive basilique jusqu'aux premiers jours du christianisme.

L'origine et l'époque précises de la fondation de l'église de Saint-Laurent nous sont inconnues. On peut conjecturer toutefois avec une sorte de certitude que cette église devait compter plusieurs siècles d'existence, lorsque Humbert, évêque de cette ville, en 1012, la céda aux religieux de l'abbaye de Saint-Chaffrey, en Auvergne, pour y faire le service et la reconstituer dans son état d'autrefois, en la relevant du délabrement complet dans lequel elle se trouvait alors tels sont les propres termes de l'acte de cette donation, passée du consentement du roi Rodolphe, de la reine Hermengarde et de l'archevêque Burcard, ainsi que de l'assentiment soit de Frédeburge, mère du donateur, soit de celui de ses trois neveux Mallenus, Humbert et Guigues.

L'église consiste dans un carré long formant la nef, avec une abside en rond-point, à laquelle tiennent deux appendices ou édicules, construits depuis peu, l'un à droite et l'autre à gauche du choeur, et qui servent, celui à droite, de chapelle particulière, et, l'autre à gauche, de sacristie (1).

(1) Il n'y eut d'abord de construit qu'un édicule, destiné à servir de sacristie, en remplacement de l'ancienne, démolie lors des réparations faites à la crypte en 1851. Un second édicule, dans le même style et dans le même genre que le premier, a été élevé, de l'autre côté du chœur, en 1867; à cette époque, on fit de la nouvelle sacristie une chapelle particulière, et, du nouvel édifice, la sacristie. Pour ce qui est des termes à droite et à gauche, employés ici, nous les entendons de la position de a personne qui regarde le chœur de l'église, et non point, comme c'est l'usage habituel, de la position du célébrant, tourné vers les fidèles.

Anciennement, on entrait dans l'église par un porche encore existant et que domine un modeste clocher en tour carrée, bâti en remplacement du vieux clocher écroulé il y a deux siècles et demi. Sur la façade principale du porche, au pied de la nef, subsiste également la vieille porte en pierre de taille ayant une simple moulure tout le tour; elle est à plein cintre, haute de deux mètres soixante et dix centimètres et large d'un mètre quatre-vingt-douze centimètres. On descendait à l'église par quatre marches sous le porche; de là on arrivait à la nef par autant de marches. Ce passage, condamné depuis assez longtemps à cause du voisinage des fortifications et des terrains militaires adjacents, n'est plus pratiqué; il a été remplacé par une porte, au couchant, donnant sur le préau de l'ancien cloître, con verti de nos jours en plate-forme ou terrasse.

Ajoutons que, dans l'origine, l'ancienne porte devait être accompagnée d'ornementations et de sculptures. On a trouvé, en faisant des réparations au mur en 1809, une petite statue en pierre de quarante-huit centimètres de haut, figurant un personnage de la Bible, avec de longs cheveux, une longue toge et un manteau croisé sur la poitrine, ayant le bras droit cassé et tenant de la main gauche un rouleau déplié jusqu'aux pieds, sur lequel était une inscription : Dix. Isaias egrediet. vir.... d..... ad... esse, c'est-à-dire : Dixit Isaias egredietur Virga de radice Jesse. (Isaïe a dit : Il sortira un rejeton de la race de Jessé). Ces mots commencent le verset Ier du chapitre XI d'Isaïe, prédisant la naissance du Christ. Il est probable que le sculpteur a eu l'intention de représenter le prophète Isaïe, comme le font supposer l'inscription même et le costume du personnage dont il s'agit, costume adopté pour les prophètes et les évangélistes par les anciens artistes, d'après les traditions de l'Eglise grecque bysantine. On sait qu'à l'époque où cette statue paraît avoir été faite, ce qui serait au XI ou XIIe siè

cle, il était assez d'usage de placer aux portes des églises des légendes et des figures de l'Histoire sainte.

Une autre statuette, peut-être du même âge, mais bien plus petite, a été trouvée en 1851, dans la maçonnerie des murs au fronton extérieur au-dessus de l'abside; on l'a posée en guise de modillon à la corniche de la rotonde du chour; elle tient de la main droite une crosse, de manière à représenter un évêque ou abbé.

Au dessus de l'entrée de l'église, est une tribune où est l'orgue, sur la devanture duquel on lit cette inscription: Laudate Deum in choro et in organo.

Sous la tribune, en face de la porte, sont les fonts baptismaux, avec cette autre inscription: Fons vivus aqua regenerans.

Au bas de l'église ont été enchâssées dans le mur, en 1852, deux pierres tumulaires, l'une à droite et l'autre à gauche, et qui rappellent le double souvenir d'un prieur de Saint-Laurent (1) et d'un curé de cette paroisse (2). Voici les deux inscriptions gravées sur ces pierres, qui proviennent de l'ancien cimetière qui existait autour de l'église.

Inscription à droite :

:

:

IACET HOC IN LOCO ANTONIVS VERSEIL SACRE-
THEOLOGIE DOCTOR VIGILANTISSIMVS ET
ZELANTISSIMVS PASTOR ANIMARVM HVJVS

PARROCHILE QVI SVB PONDERE PASTORALI OBIIT
ANNO DOMINI DIE 27 SEPTEMRRIS 1681.

(1) Pierre de Revillasc de Colonne, décédé en 1679. (2)- Antoine de Verseil, décédé en 1681.

Inscription à gauche :

HIC JACET MERITIS ET DIGNITATE PRIOR SED

HYMILITATE POSTREMVS DVM VIVERET

PAVPERVM PATER POST MORTEM PAVPERVM
SOCIVS ESSE ELEGIT N. D. D. PETRVS DE COLOMNE
DE RIVILLASC sti LAVRENTII PRIOR MERITISSIMVS

ÓBIIT ANNO 1679 DIE 8a MARTII.

A droite, au milieu de la nef, est la chapelle de la Vierge, construite en 1828. Avant l'établissement de cette chapelle et au même endroit, contre le mur, était un autel sous le vocable de la Sainte-Vierge; au-dessus de l'autel, dans l'encadrement d'une boiserie, se voyait un tableau de la Visitation (4).

Les deux autels, l'un à droite et l'autre à gauche, aux deux angles du chœur, et dédiés, le premier à saint Joseph, et le second au Cœur de Jésus, ont été érigés en 1858. Contre le mur, à gauche, en face de la chapelle de la Vierge, est placée la chaire à prêcher.

4

Du même côté, près de la chaire, sur une large console fixée au mur, est posé un groupe de la Salette, consistant dans la Vierge et les deux enfants, de grandeur presque naturelle, avec cette inscription: Reconnaissance à N.-D. de la Salette. C'est l'accomplissement d'un vou formé par une personne de la paroisse, lors de la guerre désastreuse de 1870-1871.

Il y a dans l'église quelques tableaux de diverses dimensions; la plupart de peu ou de nulle valeur. Les principaux

(1) Ce tableau, assez dégradé, est aujourd'hui placé dans la tribune.

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