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zèle manifesté par les inquisiteurs et par le Prévôt-lecomte. Cependant, le dimanche qui suivit la NotreDame de septembre1, deux sergents de la Thieuloye, battant le bois d'Aubry, y découvrirent huit hommes assis et occupés à lire. A la vue des sergents, ils se levèrent et s'enfuirent, de telle sorte qu'un seul d'entre eux put être saisi. C'était un jeune homme de 22 ans, natif de Lille et peigneur de sayettes de son métier. Amené devant les inquisiteurs, il déclara avoir habité successivement Lille, Arras et Douai, et se réclama des maîtres qui l'avaient occupé. Cet artisan n'était arrivé à Valenciennes, disait-il, que depuis deux ou trois jours et ne connaissait ses compagnons que de vue. Il les avait rencontrés sur le grand marché, et les avait suivis pour s'ébattre avec eux, comme aussi pour « cueillir des noisettes au bois » Le jeune prisonnier refusa, du reste, de donner aucun renseignement sur leur compte, avoua simplement les avoir déjà vus à Lille.

».

Voilà tout ce que, dans un premier interrogatoire, les inquisiteurs purent tirer de ce « gallant Ils se promirent, du reste, de procéder contre lui par la voie ordinaire et extraordinaire. Nous ne savons ce que devint ce jeune homme2.

1 C'est à dire le dimanche qui suivit la grande procession de septembre. Elle a encore lieu à Valenciennes le second dimanche de ce mois, en l'honneur de la Vierge (d'où le nom de NotreDame de septembre), et en commémoration de la grande peste de l'an 1008.

2 Ces détails, que nous reproduisons, parce qu'ils peignent la vie populaire au XVIe siècle, sont tirés d'une lettre signée pour les Commissaires, par Samson Villain, le 23 septembre 1564. Pièce 89.

Dans le même mois de septembre, les nouveaux conseillers s'occupèrent à lire les informations laissées par Micault et par Rattaller. Ils firent appeler devant eux quelques personnes soupçonnées d'avoir assisté aux prêches, mais non emprisonnées, et, conformément à la résolution du 8 mai précédent, se contentèrent de les admonester sévèrement. Ils prononcèrent la peine du bannissement contre quatre fugitifs, et durent s'arrêter jusqu'à ce que la Gouvernante eût envoyé de l'argent pour payer leurs espions, d'aultant, disent-ils, que ceulx qui nous << servent fort bien et léallement en cest affaire « ne vueillent plus rien descouvrir, s'ilz ne sont sallariez, et que ne trouvons aultres personnes que << eulx qui s'en vueillent mesler ».

Après avoir signalé cette recrudescence, nous terminerons ce chapitre par l'exposé des condamnations qui marquèrent la fin de 1564, et qui furent prononcées soit par le Magistrat, soit par les inquisiteurs, sur les informations de Mes De le Val et Clarembault.

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1.

Sentences rendues par le Magistrat.

Le 18 septembre 1564, Liévin Sohier, sayeteur, natif de Valenciennes, accusé « de s'être ingéré et « advanchié d'avoir chanté publicquement chansson « de l'escripture, ayant meisme tenu aucuns propos «tendant à sédition, est condamné par le Magistrat, sur la réquisition du Prévôt-le-comte « d'estre

«

led' jour mis sur une charrette, et illecq estre fustighié de verges par les carfours, le confinant

1 Voir même lettre. Nous n'avons pu retrouver les sentences.

« en oultre en ceste dite ville l'espace d'un an sans « en pooir widier, n'est du sceu et consentement de « Mr de la Justice, ou durant lequel terme il sera « tenu d'aller les dimences oyr la grant messe en sa « paroische, et de ce rapporter chascun mois à « Mrs de la Justice certification de son curet1».

Nous possédons sur cette exécution une appréciation assez étrange du marquis de Berghes. Ou il veut flatter la Gouvernante, ou bien il se fait de singulières illusions. Suivant lui, la population valenciennoise aurait vu avec plaisir le châtiment infligé à Sohier. Le Magistrat, écrit-il à Marguerite de Parme le 24 septembre 1564, a fait fouetter «bien verdement > un prisonnier pour avoir chanté des psaumes, «mons«trant le peuple grant contentement, disant que « c'estiont ces bélistreaux qui les mectiont en ces < perplexitez2 ».

Le 23 du même mois, a lieu la décapitation d'Amé Gravelle, mulkenier, natif de Nivelles en Brabant. Cet homme est, d'après sa calenge, accusé « de s'estre « trouvé séditieulx et contrevenant au placcart de « Sa Maté, ayant aussi cy-devant commis homicide « sans en avoir rémission entérinée, estant venu << prendre l'habitation de ceste ville sans avoir prins « la franchise d'icelle, comme il estoit tenu de le < faire 3».

1 No 85 des pièces de ce volume.

Nous ne comprenons pas la juridiction du Magistrat dans l'espèce. Il faut supposer que l'affaire remontait à une époque antérieure à l'établissement du conseil inquisitorial. · Liévin Sohier fut exécuté après le siége.

2 No 92 des mêmes pièces.

3 No 91 des mêmes pièces.

Cette condamnation, libellée en ces termes, aurait de quoi surprendre. Eh quoi! la mort, pour avoir négligé de s'assurer une franchise, au moment où tous les priviléges locaux craquent sous l'étreinte soit du pouvoir politique tendant au nivellement général, soit des idées modernes qui commencent à se dégager avec puissance! Nous trouvons dans la lettre déjà citée du 24 septembre, la raison de cette extrême rigueur. Le Magistrat, écrit le Marquis, « a fait copper la teste à ung qui avoit maltraictié de « parolles ung curé de lado ville » .

J.

D

Ajournements et sentences rendues par les inquisiteurs sur les informations de Mes De le Val et Clarembault.

Les 23 septembre, 7 et 21 octobre 1564, sont ajournés à la Bretèque :

Jenno Mouret;

Jacquo Quaret;

Philippe de Cartignies;
Martin Maillart;

Et Jehan Hiette 1.

Le 18 novembre suivant, viennent les sentences rendues par contumace. Elles prononcent le bannissement et la confiscation de biens contre :

1o Jennot Mouret, mulkenier, natif de Valenciennes, cousin de Laguyste, accusé d'avoir assisté à des assemblées illicites au bois de Raismes et à la croix vers Préseau; d'avoir joué le rôle « de semonceur » ; enfin, d'avoir fait le « pourchas » .

2o Jacques ou Jacquo Quaret, mulkenier, natif de cette ville, accusé des mêmes faits.

1 No 90 des mêmes pièces.

3o Martin Maillart, natif de Valenciennes, et Philippe de Cartignies, serrurier1, natif d'Haussy.

:

Ces deux derniers, condamnés au confinement, savoir le premier par le Magistrat, le 19 novembre 15632 et le second par les inquisiteurs, le 9 juin 1564, avaient quitté la ville au mépris des sentences rendues contre eux.

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4o Jehan Hiette, tanneur, natif de Valenciennes, chargé d'avoir tenu pluiseurs blasphèmes et pro« polz erronnez contre le sainct sacrement de la << messe, les sainctes évangilles et ordonnances de l'Église3».

K.

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Ajournements.

Sentences contre Jacques Deleave ou Deleaue; Gobert Nicolay; Claude Duflo; Aliénor Fontaine.

Les 18 novembre, 2 et 15 décembre 1564 sont ajournées à la bretèque par les inquisiteurs les quatre personnes dont les noms précèdent.

A l'expiration des délais, interviennent les sentences suivantes, portant bannissement et confiscation de biens contre : 1° Claude Duflo, pisneur, natif d'Arras, « chargé de poinct aller à l'église, ains au « contraire hanter les assemblées et conventicles illi« cités, estant le principal en icelles 5, et aultrement « suspecté d'hérésie » .

2o Aliénor Fontaine, chargé « d'avoir tenu con⚫ venticles en sa maison, aussy hanté aultres con

1 Dans la précédente sentence, il était qualifié de « furnier ». 2 No 169 de notre troisième volume.

3 No 108 des pièces de ce volume.

4 A la date du 6 février 1565. Voir pièce 115 de ce volume. 5 Voir ce que nous avons dit plus haut de Claude Duflo.

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