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membres de cette Société est l'espérance d'obtenir, par le sort, et moyennant une faible rétribution, des tableaux de prix. journal a dit que cette Société répandait plus d'argent dans les ateliers, que le budget de l'État n'en accordait pour l'encouragement des beaux-arts. Cette assertion est, sinon inexacte, du moins incomplète. La liste civile fait bien partie du budget de l'État; or, elle a été calculée de manière à ce que le monarque pût, de son propre mouvement, encourager tout ce qui contribue à la gloire de la France. C'est un bel apanage que d'avoir à protéger, à récompenser les arts et les lettres. Cette intention n'a pas été méconnue. La liste civile a beaucoup fait pour les arts, depuis le retour du Roi; peutêtre même n'a-t-elle pas assez ménagé ses ressources, puisqu'il y a lieu de craindre qu'elle ne soit obligée de diminuer ses dépenses en ce genre, ce qui serait fâcheux. Ensuite, la ville de Paris, administrée par un magistrat très-éclairé, a également fait exécuter des travaux fort importans; c'est à elle, par exemple, que l'on doit les essais de peinture à fresque qui ont été faits à Saint-Sulpice. Le journal que je cite, sans le nommer, a donc dissimulé une partie de la vérité, pour faire ressortir davantage le mérite qu'il attribue à la Société des amis des arts, et je ne relève cette assertion que parce qu'elle donne une fausse idée de l'état des choses. Au reste, cette Société, telle qu'elle est constituée, atteint à peu près le but qu'elle se propose. J'ai remarqué, toutefois, que le nombre des actionnaires, pour 1823, était sensiblement diminué; j'ai attribué ce refroidissement à ce que les gravures de 1821 et de 1822 ont été confiées à de jeunes artistes qui n'ont pas fait des chefs-d'œuvre; et, comme il ne s'agit pas, pour les sociétaires, de produire et former de jeunes artistes, mais d'avoir de belles gravures, un certain nombre n'a pas renouvelé ses souscriptions. Le comité doit se tenir pour averti. Par suite de la lenteur avec laquelle les souscriptions se sont faites, pour 1823, la liste n'a été close, et le tirage des lots n'a eu lieu qu'au commencement du présent mois. L'exposition a duré ainsi fort long-tems; faible d'abord, elle s'est peu à peu garnie de jolis ouvrages; je citerai entre autres un tableau d'animaux de M. BERRÉ; de charmans dessins à l'aquarelle de M. CICERI; une scène d'hôpital militaire de M. DEUTCH, tableau de genre, exécuté par un peintre qui a fait toutes ses études historiques sous M. Girodet, et l'on s'en aperçoit bien à la manière dont toutes les parties sont traitées; des dessins à la seppia de M. ENFANTIN, dans lesquels on trouve de l'esprit et de la facilité; Henri IV prenant une leçon d'histoire, par M. FRAGONARD, Ouvrage plus fran

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chement exécuté que ne le fait ordinairement cet artiste; un intérieur de M. GRANET, qui n'ajoutera rien à sa réputation; deux marines de M. ISA BEY fils, dans lesquelles il règne une finesse de ton très-remarquable; Marie Stuart fuyant avec Douglas, par M. LAMY; l'intérieur d'une église, où sont représentées six jeunes filles hospitalières priant devant une statue de la Vierge, tableau dû à M. PINGRET, de Saint-Quentin, et qui prouve que ce n'est pas seulement à Paris qu'il y a des hommes de talent; une scène de M. H. VERNET, représentant un brigand, long-tems la terreur des environs de Rome, surpris dans une embuscade. L'expression de la physionomie de la femme qui l'accompagne, au moment où elle a aperçu le soldat caché, qui tient son pistolet tout armé, prêt à tirer sur lui, est une chose d'autant plus remarquable qu'elle est toute d'invention; l'observation ne fournit rien de semblable. Je citerai encore un joli tableau de M. Vauzelle, qui s'est voué tout entier à l'architecture mauresque, et deux compositions pleines de sentiment de MM. A. et H. Scheffer, représentant, l'une la famille d'un matelot sur le rivage de la mer, au commencement d'une tempête; l'autre, deux jeunes époux, pleurant la mort de leur premier né; le berceau est près d'eux, mais il est vide, et c'est la seule manière dont le peintre a voulu indiquer la source de leurs larmes peut-être laisse-t-elle quelque chose de vague; mais, ce qu'il y a de sûr, c'est que l'on est ému en les considérant; car il faut remarquer que les deux sentimens qui se partagent, pour ainsi dire, notre vie, le rire et les larmes, la joie et la douleur, sont contagieux. - Voilà les principales richesses que les sociétaires de 1823 se sont distribuées; quant aux gravures, qui forment l'unique consolation de ceux que le sort n'a pas favorisés dans le tirage des tableaux, elle ne sont pas encore terminées; mais il me reste à parler de l'une de celles de 1822, qui vient seulement d'être distribuée. Le tableau avait été très-bien choisi; il représente LasCasas, soigné par des Indiens pendant sa maladie. C'est une des compositions dans lesquelles son auteur, M. Hersent, a révélé tout ce qu'il y a de sensibilité dans son talent. Je regrette d'être obligé de dire que le graveur, M. P. ADAM, ne s'est pas tenu à la hauteur de son modèle; il ne connaît pas encore toutes les ressources de son art; mais c'est moins une défaite qu'un échec dont il pourra se relever, s'il veut réellement travailler.

Diorama. Les événemens de la guerre d'Espagne ont donné naissance au dernier tableau qui vient d'être exposé c'est l'arrivée du Roi d'Espagne au port Sainte-Marie. Le moment choisi est

celui où le Roi et la Reine viennent de débarquer et sont reçus par le prince généralissime à la tête de ses troupes en ordre de bataille. Il est facile de concevoir qu'une scène de cette nature, si elle eût été placée sur les premiers plans, aurait donné lieu à l'inconvénient que j'ai signalé dans l'un de mes derniers articles : l'immobilité des figures. Pour le diminuer, autant que possible, l'auteur du tableau qui, cette fois, ne s'est pas nommé, les a rejetées sur un plan éloigné où elles n'ont plus assez d'importance pour que l'on puisse être frappé de leur défaut de mouvement. Le spectateur est placé sur la tour la plus élevée d'un ancien fort de Port Sainte-Marie, bâti probablement par les Maures. De là, sa vue embrasse, d'abord, Port Sainte-Marie, la baie, puis, à droite, notre flotte et Cadix. De là, en allant vers la gauche, on trouve à l'horizon le fort de Puntalès, la Cortadura, l'ile de Léon, Porto-Réal et, enfin, la Sierra de Ronda. Ce tableau, qui réunit l'intérêt historique à l'intérêt pittoresque, est exécuté franchement et avec beaucoup d'habileté. Les lois de la perspective y sont bien observées. Le ciel, et l'allégorie n'échappera personne, est couvert de ces nuages précurseurs de tempêtes; conséquemment, les objets ne sont éclairés que d'une manière presque douteuse. Tout à coup, un rayon de soleil qui passe entre deux nuages, vient se refléter sur la mer qu'il brillante, et varier l'effet général du paysage. Je ne doute pas que cette nouvelle production des auteurs du Diorama n'attire également l'attention des connaisseurs.

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Lithographie. Il existe au pied du Capitole une maison que l'on dit avoir été habitée et même bâtie par Michel Ange. C'est ainsi que l'on montre, à Sorrente, la maison du Tasse. Quoi qu'il en soit de la vérité de cette tradition, ce qu'il y a de certain, c'est que l'architecture de cette maison est remarquable et disposée d'une manière pittoresque. Pendant son séjour à Rome, M. DEJUINE, élève distingué de M. Girodet, en a fait une étude, qu'il a terminée depuis son retour à Paris. Ce tableau, exposé en 1819, obtint, et il le méritait, le suffrage de tous les hommes de goût. Pour ajouter à l'intérêt des lieux, le peintre imagina d'introduire dans son tableau Michel Ange, lui-même. Frappé de la grâce d'un groupe formé d'une femme et d'un enfant qu'elle tient sur ses genoux, et qui sont placés sur l'escalier de sa maison; il saisit ses crayons, fixe sur son album le souvenir fugitif de cet ensemble, et le montre à l'élève qui le suit. Cette composition existe effectivement dans la chapelle Sixtine, et c'était une manière spirituelle de mettre l'un près de l'autre, le maître et son

ouvrage. M. AUBRY-LE-COMTE, également élève de M. Girodet, vien t de lithographier ce tableau. On devait s'attendre que, dans cette occasion, lorsqu'il s'agissait d'un compagnon d'études, il ne resterait pas au-dessous de lui-même. Cette attente n'a pas été trompée. Tous les détails de ce tableau ont été rendus avec autant de finesse que de talent; la distribution de la lumière est très-bien entendue, et cette planche, qui a été immédiatement recherchée, ne tardera pas à être épuisée; elle coûte 9 francs avant la lettre et 6 francs avec la lettre. P. A. NÉCROLOGIE.-BERTHAULD.- Louis Berthauld fut bon architecte, élégant paysagiste, et, ce qui vaut mieux encore, bon ami, bon époux, bon père, excellent maître, et collègue chéri de tous les artistes marquans, avec lesquels ses nombreuses entreprises l'avaient mis en rapport. Il tenait de la nature ce que toutes les leçons ne peuvent apprendre : il créait même en imitant. Les monumens qui nous restent de lui, les délicieux jardins qu'il a plantés, ont pu se passer de modèles, et en serviront quelque jour. La mort, qui vient de le surprendre au milieu de sa carrière, sauvera ses derniers succès des contestations de l'envie; sa réputation, déjà européenne, lui avait attiré une foule de demandes publiques et particulières ; la ville de Tours, où ses cendres reposent, s'honorera de son souvenir. Sa veuve, sa fille, son jeune fils, le pleurent; mais du moins, avec cette certitude, qu'ils ne sont pas seuls à le pleurer, et que la mémoire de Berthauld sera durable.

CONTENUS

DANS LE SOIXANTE-DEUXIÈME CAHIER.

FEVRIER, 1824.

I. MÉMOIRES, NOTICES ET MÉLANGES.

F. C. 257

II. ANALYSES D'OUVRAGES.

4. Essai sur la constitution géognostique des Pyrénées; par J. de

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10.- Suisse, 1. — Italie, 11. Pays-Bas, 4.
-FRANCE, 69, savoir: sciences physiques, 16; sciences morales et
politiques, 21; littérature et beaux-arts, 26; Rapports de Sociétés
savantes, 4; ouvrages périodiques, 1; livres en langue étrang.. 1.
IV. NOUVELLES SCIENTIFIQUES ET LITTÉRAIRES.

AMÉRIQUE. États-Unis; Virginie, Richmond, Serpent à son-

nettes.--Nouvelle-Orléans, Culture du thé.-New-York, Mis-

sions protestantes.-Expédition du major Long.-Beaux-arts,

peinture. Antilles, Tremblement de terre.-Barbade, État

sanitaire.-Colombie, Fondation d'un Muséum et d'une École

des mines..

ASIE.-Indes-Orientales; Possessions anglaises, Société des Mis-
sions. Calcutta, Société littéraire fondée par des Indous.
Siam, Voyage du capitaine Mac' Donnell.

AFRIQUE. Égypte, Culture du cotonnnier. — Voyage scien-

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