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46526.40.9.3 The 667,10

Yer L 395, 461

HARVARD COLLEGE

APR 30 1914

LIBRARY

G. F. PARKMAN FUND

1

NOTICE

SUR

IFFLAND ET SUR BRANDES.

JAMAIS, je crois, on n'a tant lu, car jamais on n'a tant imprimé. Tant mieux on devient meilleur et plus heureux en s'instruisant; et l'un des plus sûrs moyens de s'instruire, c'est de lire. Mais la grande majorité des lecteurs ne veut chercher son instruction que dans les livres qui l'amusent ou qui l'intéressent. Parmi les ouvrages destinés à produire l'un de ces deux effets, et souvent tous les deux, on peut mettre en première ligne les Romans, les Voyages et les Mémoires. Depuis quelques années, ce dernier genre est recherché avec un avide

a

empressement: une curiosité satisfaite est un si grand plaisir! il est si doux de recevoir des confidences! on aime tant à comparer sa vie à celle de l'homme qui nous raconte la sienne! Les mémoires se font lire, même lorsqu'ils sont dénués de faits importans, d'événemens extraordinaires; à plus forte raison, quand ils sont remplis de faits singuliers, bizarres, quand ils racontent des actions, quand ils expriment des sentimens qui appartiennent spécialement à telle profession, å telle classe d'hommes. C'est alors que les mémoires nous intéressent autant et bien plus qu'un roman. En lisant un roman, nous ne pouvons perdre long-temps de vue que tous les événemens ont été imaginés, combinés par l'auteur; dans les mémoires, ces événemens si extraordinaires sont arrivés, ces sentimens inconnus au

lecteur ont été éprouvés, ces incidens si invraisemblables sont vrais; et voilà ce qui fait que les longueurs, les détails minutieux qui refroidissent, qui déplaisent dans un roman, plaisent et attachent dans les mémoires.

Par suite des grands ébranlemens, des grands bouleversemens survenus en Europe, depuis la révolution française, quel est l'homme aujourd'hui qui ne se mêle pas de politique? On a tort d'accuser ce siècle d'égoïsme; les intérêts publics nous occupent presque autant que nos intérêts personnels; c'est peut-être parce qu'on sent mieux qu'autrefois que les intérêts personnels sont attachés aux intérêts publics; mais enfin, il n'est si mince bourgeois qui ne lise son journal et qui ne s'inquiète des guerres et des traités. Aussi, les mémoires qui offrent le plus d'attrait sont, sans con

tredit, ceux des hommes d'état et des princes, des ministres et des généraux qui ont joué un rôle dans nos grands drames politiques, qui ont exercé de l'influence sur les destinées nationales et sur les destinées individuelles. Mais ensuite, les mémoires recherchés avec le plus de curiosité, ne sont-ils pas ceux des hommes ou des femmes qui ont brillé dans les arts, surtout dans les arts du théâtre? Le goût du spectacle est si généralement répandu ! Tous les soirs, nos grandes et nos petites salles sont remplies; après les nouvelles étrangères et les nouvelles de la Bourse, les nombreux abonnés de nos journaux quotidiens et hebdomadaires sont heureux de trouver des nouvelles de théâtre; ceux même qui ne fréquentent pas les spectacles, aiment à être au courant des chutes et des succès. Des mémoires d'auteurs

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