GÉNÉRALITÉS

ÉTUDE DES MILIEUX

I. MILIEU PHYSIQUE ET DÉMOGRAPHIQUE.

L'industrie du tissage du lin a son siège principal dans les Flandres. On la retrouve encore, exercée, soit mécaniquement, soit à la main, dans la province d'Anvers (MalinesTurnhout), dans le Brabant (Ruysbroeck), et de ci de là, dans la Namurois et la province de Luxembourg. Si la fabrication mécanique progresse aux dépens du tissage à la main dans les Flandres, les tisserands à domicile continuent cependant à s'y maintenir, mais inégalement, selon les provinces.

Ils sont encore environ 10,000, dont plus de 8,500 appartiennent à la Flandre occidentale.

Les tisserands de toile de la Flandre orientale se rencontrent surtout dans l'arrondissement d'Alost, et puis, mais dans une faible proportion, dans ceux de Gand, Termonde, Audenarde.

Dans la Flandre occidentale, le tissage à domicile est concentré presqu'exclusivement dans les arrondissements de Courtrai, Roulers et Thielt.

Cette localisation de l'industrie tient principalement à la localisation de la culture du lin. Il n'est pas douteux que la

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proximité des matières premières et la facilité de se les curer n'aient déterminé la formation et le développement de la fabrication des tissus dans ces contrées (1).

La culture du lin elle-même a rencontré dans les Flandres, et notamment dans la Flandre occidentale et le pays de Waes, un ensemble de conditions physiques et démographiques des plus favorables.

Le sol, les saisons et les bons soins : voilà les circonstances qui influent principalement sur la production du lin (2).

Toute terre n'est pas propre à sa culture. Celles qui lui conviennent le mieux sont les terres sablo-argileuses, les terres sablonneuses mélangées d'un peu d'argile (3). Or, ce sont ces terres qui composent en grande partie le sol des Flandres (4).

« La Flandre, qui continue la Campine à l'ouest, en est le prolongement géologique. Les dépôts superficiels du sol y sont formés de sables d'origine marine et des formations récentes s'étendent au-dessus, sur une grande épaisseur. Ces sables ont été amendés et rendus fertiles par les efforts patients de nombreuses générations de Flamands laborieux. Les sables infertiles des Flandres n'auraient jamais pu donner que de mauvaises récoltes, si les habitants n'avaient partout ramené à la surface le sous-sol argileux, et c'est ainsi qu'ils ont changé leur terre, naturellement stérile, en campagnes d'une grande fécondité : ils en ont fait «< cette bonne Flandre, le

(1) Cependant le pays de Waes, qui s'est toujours signalé parmi les principaux centres de culture et de commerce du lin, n'a jamais été, à aucune époque, pas même au temps de la splendeur de l'ancienne industrie linière, un centre important de la fabrication des toiles. (Cf. PYCKE, Mémoire sur la prohibition de la sortie des lins, 1817, p. 3. — VAN DEN BOGAERDE, l. c., p. 21, note 1.)

(2) Enquête linière, II, p. 58.

(5) Ibidem, p. 40.

(4) Le Pays de Waes renferme beaucoup de terres d'argile grasse, mélangée de sable, également très propres à la culture du lin.