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tions fêtent partout leur patron par des réjouissances communes. Elles ont même contribué puissamment à moraliser ces jours de liesse en donnant aux travailleurs une idée plus exacte de leur propre dignité et de l'honneur dû au métier qu'ils professent.

La grande famille corporative ne protège pas seulement les vivants, elle conserve encore avec un soin jaloux la mémoire de ses membres défunts. L'assistance aux obsèques d'un confrère est partout obligatoire sous peine d'amende; des messes sont dites aux frais de la gilde pour le repos de son âme.

11. ASSOCIATIONS CONCERNANT LES INTÉRÊTS PROPRES
DES OUVRIERS.

S 1. Coopératives.

En dehors des centres principaux sur lesquels porta notre enquête, nous avons déjà signalé l'établissement d'un embryon de coopérative entre petits patrons et ouvriers cordonniers au sein de la gilde des métiers et négoces de Bruges.

Le capital leur a été fourni par une personne bienfaisante; il n'est donc point encore question d'actions possédées par des cordonniers.

Ces travailleurs achètent en gros, à Bruxelles, les instruments de travail, les clous, le fil, la soie, dont ils peuvent avoir besoin; ils revendent ces marchandises au prix moyen établi par les magasins brugeois. Tous les ans, on partage les bénéfices en proportion des acquisitions de chacun des membres. En 1899, ces derniers, au nombre de 32, ont touché un dividende de 20 p. c.

Des coopératives fondées exclusivement entre cordonniers sont encore établies à Gand (1), à Malines (2), à Bruxelles (3),

(1) Revue du Travail, numéro de janvier 1898, p. 14.

(2) Revue du Travail, numéro d'août 1897, p. 661.

(3) Revue du Travail, numéro de juin 1896, p. 565; juillet, p. 648, et décembre 1897, p. 1056.

à Anvers (1), etc. Dans cette dernière ville, l'entreprise fut tentée au sein d'une société de secours mutuels. L'étude approfondie de ces institutions nous mènerait trop loin; il nous suffira de savoir qu'elles existent et qu'elles se développent pour apprécier les avantages que les ouvriers peuvent en retirer; notamment l'achat en commun des objets de première nécessité, parfois aussi la fabrication collective telle qu'elle se pratique dans la coopérative mécanique bruxelloise.

§ 2. Caisses de prêls gratuits.

Nous avons déjà signalé les avances de fonds pratiquées par la Gildenhuis, maison corporative d'Iseghem. Le cercle ouvrier lierrois intitulé Nut en Vermaak possède également une institution de ce genre.

S3. Caisses d'épargne.

La succursale de la Caisse générale d'épargne et de retraite, établie au cercle ouvrier d'Iseghem, comptait une encaisse de 1,333,259 francs en 1898; 15,000 versements opérés dans la même année atteignaient la somme de 463,379 francs.

De nombreuses sections établies dans les écoles et les patronages lui permettent de paraître en tête de liste dans les annales de la prévoyance.

Bon nombre de cordonniers y possèdent un livret et y font des versements hebdomadaires.

Mais nombreux sont aussi ceux qui versent leurs économies dans sept ou huit petites sociétés d'épargne établies dans les cabarets et portant à tort le nom de corporations. Un homme y est spécialement chargé de percevoir les versements chaque dimanche. Les sommes ainsi réunies sont retirées,

(1) Revue du Travail, numéro de décembre 1897.

chaque année, avant le 1er septembre, date de la «kermesse », au moment le plus favorable aux dépenses exagérées. Le chiffre des versements atteint généralement 25,000 à 30,000 francs. Avec une rare imprévoyance, le tiers, au moins, de cette somme est dépensé pendant les fêtes communales en boisson et en nourriture.

Chez les ouvriers les plus sobres, ce qui reste après les fêtes communales sert à acheter des provisions de charbon, des pommes de terre, des habits, des meubles; enfin on en use encore pour payer le loyer.

Le bureau de poste d'Iseghem a délivré 1,381 livrets d'épargne. En 1897, il y eut 2,209 versements pour une somme de 452,429 francs; le solde de compte accuse 1,148,798 francs.

A Thielt, une société d'épargne fondée au sein de la corporation des cordonniers, dite « gilde de Saint-Crépin », achète des lots de ville; ce stimulant donné aux habitudes d'ordre et d'économie a déterminé l'adhésion de quelques jeunes ouvriers; mais les hommes faits se montrent sur ce point assez revêches.

Les cordonniers de Thourout ont le même défaut; il n'existe pas à leur profit de société d'épargne; cette institution n'aurait guère chance de réussir, étant donné que le relevé des livrets d'épargne délivrés au bureau de poste, n'a pas signalé un seul versement effectué par un ouvrier de ce métier. On donne pour prétexte la modicité des salaires; mais cette raison ne suffit pas pour expliquer l'abstention en masse des cordonniers puisqu'un bon nombre d'entre eux trouve le moyen de faire de fortes dépenses au cabaret.

A Poperinghe, quelques disciples de Saint-Crépin sont affiliés à la caisse d'épargne établie au cercle ouvrier nommé Het Volkshuis; leur nombre est fort restreint.

Cent soixante-quinze travailleurs de Sottegem, en majorité des cordonniers, achètent des lots de ville au moyen de ver

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EXTÉRIEUR DE MAISONS DE CORDONNIERS CAMPAGNARDS A ISEGHEM. (Construites par la Société des habitations ouvrières.)

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