dispendieux; leurs faibles poinçons, à chaque frappe, doivent êtresingulièrement émoussés et se renouveller fréquemment; mais remis en fonte, ils peuvent en produire de nouveaux. Ces MM. n'ont donc à supporter d'autres dépenses que celles des lames de plomb qui reçoivent l'empreinte, du déchet des poinçons remis en fonte, de la main d'œuvre et des ateliers nécessaires pour produire ces diverses opérations. A l'exception du déchet dans la refonte des poinçons, M. Herhan supporte les mêmes dépenses que MM. Didot; mais quelles autres bien plus considérables n'a-t-il pas à faire pour monter une imprimerie en caractères de cuivre gravés en creux? on peut s'en faire une idée en parcourant ses ateliers, et en voyant les nombreux ouvriers employés à ses diverses mécaniques, indépendamment des compositeurs et des pressiers; mais ce moyen n'étant pas praticable pour beaucoup de personnes, nous aiderons leurs conjectures en soumettant ici l'état de cette imprimerie au mois d'octobre 1805 (1). A cette époque, l'imprimerie de M. Herhan était composée, tant en lettres simples que capitales, etc., de 150,000 caractères; en supposant que cinquante de ces caractères pèsent, l'un dans l'autre, une livre, il s'ensuivra que cette imprimerie ne comporte que trois milliers pesant, tandis qu'il n'en est pas une à Paris, en caractères mobiles, passablement assortie qui ne pèse soixante à quatre-vingt milliers, qui n'ait coûté beaucoup moins, et qui ne puisse faire le double d'ouvrage et à moins de frais; en effet, une imprimerie ordinaire n'aura pas besoin de décomposer sans cesse pour recomposer, de couler son cliché, (1) Voyez le journal des Débats du 27 octobre 1805. de le nétoyer, le parer, etc., opérations qui exigent beaucoup de tems et d'argent. On n'aperçoit jusqu'ici, dans les deux procédés, qu'une dépense considérable, moindre il est vrai pour MM. Didot que pour M. Herhan; de part et d'autre, on coule beaucoup d'or enfouir quelques pages de plomb. pour Examinons à présent les principaux avantages que promet cette découverte. Est-ce, comme on l'avance, la diminution dans la consommation du papier? si l'ouvrage que l'on se propose d'imprimer est d'un débit assuré, quel que soit le procédé que l'on emploie, on en tirera le même nombre d'exemplaires, à la différence près, que l'imprimeur en caractères mobiles les tirera sans interruption, tandis que le stéréotypeur, pour ne pas débourser d'une seule fois le prix du papier, fera dix ou douze tirages séparés, à chacun desquels il faudra réitérer le lavage des formes, la mise en page, la mise en train, la lecture des épreuves; or, tout cela ne peut se faire gratuitement et sans un remaniement qui doit altérer plus ou moins les pages de plomb. Si l'ouvrage, au contraire, n'est pas susceptible d'un prompt débit, l'imprimeur ordinaire et le stéréotypeur ne le tireront qu'à un petit nombre, celui-ci à cinq cents, l'autre à mille exemplaires. Or, dans cette hypothèse, calculons de quel côté la perte serait plus considérable. Supposons que l'ouvrage non débité soit un volume in-18 de sept feuilles d'impression, ou 252 pages (la composition étant la même des deux côtés, nous n'en parlerons pas), tiré à cinq cents exemplaires; il coûttera aux stéréotypeurs : s... 252 pages de plomb à 30 s. 7rames de papier à 10 fr. tirage à 4 fr... ... 378 fr. A déduire de cette somme, pour valeur intrinsèque des pages de plomb, à raison de 10 s. par page.. 126 Pour le papier imprimé, que l'on peut revendre à raison de 6 f. la rame. 42 Perte pour le stéréotypeur. Frais de l'imprimeur ordinaire pour le même ouvrage, tiré à mille exemplaires : 14 rames à 10 fr. tirage à 4 fr. A déduire pour papier à vendre à la rame, 14 rames à 6 fr. Perte pour l'imprimeur ordinaire. 168 308 140 56 196 84 112 196 Réduisons, si l'on veut, le prix des pages de plomb à 1 fr., en supposant qu'en les vendant 1 fr. 50 centimes, MM. Didot ont un bénéfice de 50 pour cent, la perte du stéréotypeur serait encore presque double de celle de l'imprimeur ordinaire. Ainsi, l'ouvrage étant bon, la consommation du papier est la même de part et d'autre ; elle est double, il est vrai, sur un ouvrage douteux, en usant de l'impression ordinaire au lieu du stéréotypage; mais imprime-t-on des ouvrages de cette nature assez fréquemment, pour que le papier que l'on y emploie puisse influer sur cette branche de notre commerce avec le reste de l'Europe? Que l'on n'appréhende pas plus de voir en France une disette de vieux chiffons, que nous n'en craignons une de plomb, parce que les stéréotypeurs s'en servent et l'enfouissent. Si ceux qui font valoir cet avantage de non consommation, avaient quelques connaissances de la librairie, ils sauraient que les fonds les plus considérables en 'ce genre, sont composés d'ouvrages imprimés dans le cours d'un siècle, et que tous réunis ne forment pas la centième partie du papier fabriqué dans ce laps de tems; s'ils connaissaient la papeterie, ils n'ignoreraient pas que les exportations de ses marchandises ne consistent pas en papiers d'impressions. Les éditions stéréotypes assurent, nous dit-on, une correction rigoureuse; on pourrait assurer le contraire, ces éditions à la main. Nous n'en citerons qu'un exemple: ouvrez le Manuel républicain Ire partie, Paris, Didot, an VII, imprimé par ordre du ministre de l'Intérieur, adressé par lui aux commissaires du directoire exécutif près les administrations centrales et municipales, avec invitation aussi motivée que pressante, d'acquérir les planches stéréotypes de ce Manuel; vous trouverez, page 97: La perche carrée de 22 pieds vaut. "Et celle dite des eaux et forêts. 51 centiares 4 centièmes. 51 38 or, il n'y a jamais eu de différence entre ces deux perches, comme il est facile de s'en convaincre page 99 du même volume, où vous trouverez : L'are vant, en perches carrées de 22 pieds. 1,959 1,959 cette faute, comme on voit, peut entraîner des conséquences très-graves; cet ouvrage, d'après les éloges du ministre de l'Intérieur, sur sa correction rigoureuse, pouvant servir de régulateur lors des contestations qui viendraient à s'élever relativement aux acquisitions ou aux partages de propriétés rurales. Voulez-vous trouver dans le même volume une faute, bien moins grave à la vérité, mais qui est cependant une incorrection qu'il étoit facile d'éviter 2 Prenez le titre quelconque d'un des articles contenus depuis la page 137 jusqu'à la page 162, et vous n'en trouverez aucun à la page indiquée par la table. Nous prévenons ceux qui voudraient s'assurer de la vérité de nos assertions, qu'il y a cinq tables de matières dans ce petit volume, afin qu'ils ne cherchent pas dans l'une ce qui pourrait se trouver dans l'autre. Si un livre, destiné par le ministre, le ministre, à se trouver dans les mains de tous les citoyens, et qui contient des instructions d'un intérêt majeur, exigeant sous ce double rapport l'attention la plus scrupuleuse, n'a pu être préservé des fautes que le hasard nous a fait découvrir, que penser de ceux qui n'ont pas les mêmes titres à la surveillance? Ab uno disce omnes. MM. DIDOT corrigent leurs éditions stéréotypes de la même manière que les éditions ordinaires. M. HERHAN, au contraire, ne peut corriger les siennes que sur le cliché, une composition en caractères en creux, ne pouvant se peindre sur le papier. Cette correction s'opère en 'substituant un mot à un autre de même proportion; mais si ce mot destiné à en remplacer un autre, contient une lettre seulement de plus que celui qu'il doit remplacer, dès-lors le cliche est perdu, puisque l'on ne peut pas rapporter à la page suivante une seule lettre de la page qui précède. Or, comme il est presque impossible qu'à chaque page d'une première épreuve il n'y ait pas un mot omis, ou à changer, un second cliché devient nécessaire pour une seconde épreuve. Ce sera bien pis encore si l'on compose sur un manuscrit d'auteur vivant, qui peut ajouter ou retrancher des phrases ou des morceaux entiers. Que l'addition porte sur la première page d'une feuille in-18, les trente-six clichés, fondus et parés pour obtenir une première épreuve, deviennent inutiles'; trente-six autres leur succèdent, et comme les remaniemens occasionnents presque toujours de nouvelles fautes, une troisième |