Quand, pour te faire un peuple agréable à tes yeux, Hélas! ce peuple ingrat a méprisé ta loi; Elle a répudié son époux et son père, Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère: Mais c'est peu d'être esclave, on la veut égorger: Ravirait aux mortels le plus cher de tes dons, Commande en me voyant que son courroux s'apaise, 1 Où, à laquelle. C'est ainsi qu'Iphigénie a dit, acte III, scène v: Et voilà donc l'hymen où j'étais destinée ! On consultera avec fruit, sur les divers emplois du mot où, le Lexique comparé de la langue de Molière, par M. Génin. Ce sont des vestiges précieux de notre ancienne langue qui reparaîtraient avec avantage. Ronsard a pu dire : Est-ce là le profit et le fruit que tu fais, SCÈNE V. (Toute cette scène est chantée.) LE CHOEUR. UNE ISRAELITE, seule. Tout Israël périt. Pleurez, mes tristes yeux': TOUT LE CHOEUR. O mortelles alarmes ! UNE AUTRE ISRAÉLITE. N'était-ce pas assez qu'un vainqueur odieux O mortelles alarmes! LA MÊME ISRAÉLITE. Faibles agneaux livrés à des loups furieux, TOUT LE CHOEUR. O mortelles alarmes! UNE ISRAELITE. Arrachons, déchirons tous ces vains ornements UNE AUTRE. Revêtons-nous d'habillements Que l'impie Aman nous apprête. TOUT LE CHOEUR. Arrachons, déchirons tous ces vains ornements Qui parent notre tête. UNE ISRAELITE, seule. Quel carnage de toutes parts! On égorge à la fois les enfants, les vieillards, Et la sœur, et le frère, Et la fille, et la mère, 1 Pleurez, pleurez mes yeux, et fondez-vous en eau. Corneille, le Cid, act. III, no. 1, Le fils dans les bras de son père !! Que de corps entassés! Que de membres épars, Grand Dieu! tes saints sont la pâture Des tigres et des léopards. UNE DES PLUS JEUNES ISRAÉLITES. Hélas! si jeune encore, Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur? Qui n'a vu qu'une aurore2. Hélas! si jeune encore, Par quel crime ai-je pu mériter mon malheur? UNE AUTRE. Des offenses d'autrui malheureuses victimes, TOUT LE CHOEUR. Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats: UNE ISRAÉLITE, seule. Hé quoi! dirait l'impiété, Où donc est-il ce Dieu si redouté Dont Israël nous vantait la puissance? UNE AUTRE. Ce Dieu jaloux, ce Dieu victorieux, UNE AUTRE. I! renverse l'audacieux. UNE AUTRE. Il prend l'humble sous sa défense. TOUT LE CHOEUR. Le Dieu que nous servons est le Dieu des combats : Qu'on égorge ainsi l'innocence. 1 Voltaire paraît avoir imité ce passage (Henriade, chant II, vers 26): 2 3 Le fils assassiné sur le corps de son père, « Purpureus veluti quum flos, succisus aratro, (Virg. Æn., 1. IX, v. 435.) << Delicta majorum immeritus lues. » (Hor., 1. III, od. vi, v. 1) DEUX ISRAELITES. O Dieu, que la gloire couronne Et dont le trône est porté par les anges', DEUX AUTRES DES PLUS JEUNES. Dieu qui veux bien que de simples enfants TOUT LE CHOEUR. Tu vois nos pressants dangers: UNE ISRAELITE, seule. Arme-toi, viens nous défendre. Descends tel qu'autrefois la mer te vit descendre; Qu'ils soient comme la poudre et la paille légère TOUT LE CHOEUR. Tu vois nos pressants dangers: 1 « Amictus lumine sicut vestimento... qui ambulas super pennas ventorum. » (Psal. CIII.) « Et ascendit super cherubim, et volavit, et lapsus est super pennas venti. » (IIe liv. des Rois, chap. XXII.) Fiant tanquam pulvis ante faciem venti. » « Et sicut stipulam ante faciem venti.» (Psal. XXXIV). Le poëte Racan a présenté la même image non moins poétique ment: La gloire qui les suit, après tant de travaux, Se passe en moins de temps que la poudre qui vole FIN DU PREMIER ACTE. ACTE DEUXIÈME. Le théâtre représente la chambre où est le trône d'Assuérus. SCÈNE I. AMAN, HYDASPE. AMAN. Hé quoi! lorsque le jour ne commence qu'à luire, Vous savez qu'on s'en peut reposer sur ma foi; AMAN. Quel est donc le secret que tu me veux apprendre? HYDASPE. Seigneur, de vos bienfaits mille fois nonoré, 1 Après cet aveu, auprès d'Assuérus. 2 On a excusé ce présent comme une hardiesse poétique. Toutefois, c'est le seul temps qui convienne, puisque le sommeil n'est pas encore venu. il n'y a pas d'équivoque sur le rôle d'Hydaspe 3 Cet usage des rois de Perse est attesté par Hérodote et Thucydide; c'était aussi celui des rois de France, et Racine, historio |