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B.

INVENTAIRES ET DESCRIPTIONS

DE

MANUSCRITS

I.

INVENTAIRE

des matériaux rassemblés par les Bénédictins au XVIII' siècle pour la publication des Historiens des croisades.

(Collection dite de Dom Berthereau. Paris, Bibl. nat., fr. 9050-9080)

N ignore à quelle époque exacte les Bénédictins de la Congrégation de S. Maur formèrent le projet et arrêtèrent le plan d'un Recueil des historiens des croisades. Il est probable qu'ils ne songèrent d'abord qu'aux historiens occidentaux, c'est-à-dire à une réédition des auteurs publiés par Bongars, réédition augmentée des textes dont ce dernier se proposait de former le troisième volume de sa collection, et aussi d'extraits empruntés aux diverses chroniques d'Europe ainsi que de lettres et de chartes diverses. En janvier 1739, ainsi qu'il résulte d'une lettre de Dom Maillefer ce travail, dirigé par un religieux dont je n'ai pu retrouver le nom3, était assez avancé quant aux textes des chroniques, mais encore in

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3 Presque toute l'Hist. litt, des croisades (fr. 9070) est de sa main; c'est à lui que sont adressées les copies envoyées de province.

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complet quant aux lettres et pièces diplomatiques, si l'on en juge la liste des recueils imprimés que l'on se proposait encore de par dépouiller.

Il n'est donc point étonnant que l'impression du recueil projeté n'ait pas été commencée, et j'ajouterai que nous ne devons point le regretter: collationnés seulement sur un trèspetit nombre de manuscrits, souvent simplement copiés sur les éditions anciennes, les grands textes des chroniqueurs des croisades n'eussent guère mieux valu que ceux de Duchesne et de Bongars.

Les extraits de chroniques auraient eu le même défaut: quelquesuns à peine auraient été empruntés à des textes inédits: les autres n'étaient point revus sur les manuscrits: enfin les chroniques de France et d'Italie avaient été presque exclusivement mises à contribution; celles d'Angleterre, d'Allemagne et des autres contrées de l'Europe avaient été presque complétement négligées.

Sur près de 400 lettres copiées, cinq ou six à peine étaient inédites; les autres n'avaient point été collationnées.

Le Recueil, publié dans l'état où il nous est parvenu, eût été sans valeur, et les Bénédictins de la fin du XVIIIe siècle ont agi sagement en ne lui faisant point voir le jour.

Leur attention paraît d'ailleurs, vers 1770, s'être portée de préférence vers les auteurs orientaux, jusqu'alors presque entièrement négligés à l'endroit des croisades, et dont les récits si curieux durent leur paraître une véritable révélation.

Ce fut un peu avant cette époque qu'ils s'adjoignirent, et chargèrent de cette partie de la publication projetée, Dom Georges-François Berthereau, alors âgé d'environ quarante ans, et qui enseignait le grec et l'hébreu à l'abbaye de S. Denis. Ce courageux travailleur apprit l'arabe, et, aidé d'un syrien nommé Schahin, fit des extraits des manuscrits les plus importants de la Bibliothèque du Roi, et de celle de S. Germain des Prés, puis traduisit ces extraits, tantôt en français, tantôt en latin, et réunit ainsi en quinze ans une somme respectable de matériaux pour la partie orientale du Recueil projeté.

Il est probable que, dans les années qui précédèrent la Révolution, Dom Berthereau en était venu à diriger 7, peut-être même à continuer seul le travail de compilation des Historiens des croisades.

C'est ce qui expliquerait comment, lorsqu'il mourut de chagrin et de misère le 26 mai 1794, la presque totalité des papiers relatifs à cette compilation se trouvait entre ses mains.

4 Fr. 9070, pp. 175-176.

5 C'est avec lui que correspond en 1775 Dom Queinsert, envoyé en Flandre, pour faire diverses copies et collations (Fr. 9078, pp. 74-77).

6 Né à Bellème le 29 mai 1732.

7 Il avait été aidé quelque temps par Dom Alexandre Pihan de la Forest, mort à 33 ans en 1774(P. B. nat., fr. 16861, p. 188).

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Signalée à l'Institut en 1801 par Silvestre de Sacy, la partie déjà classée des papiers de Dom Berthereau fut décrite par cet illustre savant dans une notice assez longue 9; la Bibliothèque Nationale l'acquit en 1813. Quelques années plus tard, après la mort de Sacy (1838), les portefeuilles non classés vinrent rejoindre dans ce dépôt le reste de la collection, et furent reliés en 10 volumes in-folio.

Gardés avec un soin jaloux par Reinaud, qui s'en est abondamment servi dans ses diverses publications 10, les papiers des Bénédictins ne commencèrent à être mieux connus qu'en 1872, époque où le baron de Slane en publia un inventaire sommaire, précédé d'une courte notice sur Dom Berthereau ".

Cet inventaire, qui ne s'attache avec quelques détails qu'aux volumes arabes ou traduits de l'arabe est insuffisant: il convenait de décrire avec plus de soin, quelque imparfait qu'il fût, le recueil laissé par les Bénédictins: c'est ce que je me suis proposé de faire ici.

La collection dite de Dom Berthereau, classée d'abord sous le n.o 2503 du Supplément français de la Bibliothèque Nationale, se compose de deux parties distinctes. La première comprend 21 volumes petit in-folio, reliés du vivant de Dom Berthereau: ils occupent aujourd'hui les n.os 9050-9070 du fonds français. La seconde partie comprend 10 volumes in-folio occupant les numéros 9071-9080 du même fonds.

Le classement des volumes dans chacune de ces deux parties, et celui même des papiers dans chacun des volumes de la seconde partie, est en quelque sorte arbitraire, si ce n'est pour les lettres latines qui ont été à peu près rangées dans l'ordre chronologique: le désordre le plus grand règne au contraire dans les extraits de chroniques, dont les feuillets ont été comme dispersés dans chacun des volumes, quelquefois même répartis dans plusieurs volumes différents.

8 Magasin encyclopédique, VII, II, 1801, pp. 246

147.

9. Ibid., pp. 1-26, 145-161.

10 V. Reinaud, (Bibl. des cr. IV, p. viij) qui prétend: que l'écriture de D. Berthereau est si

» difficile à lire que quelquefois il faudrait recourir
» à l'arabe pour la déchiffrer ». En réalité cette écri-
ture est loin d'être indéchiffrabie; Reinaud le savait
mieux que personne et en a donné la preuve.
11 Hist, or. des cr., i, PP. j-vij.

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