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riode 65. Il en est ainsi, notamment du verre chrétien avec le Bon Pasteur dont l'acclamation grecque nous a fourni un rapprochement et un supplément. Dans notre verre juif cependant, le dessin et la peinture sont très grossiers. Aussi n'oserais-je pas le faire remonter aux premières origines de cette fabrication; je préfère l'attribuer à la période moyenne, c'est-à-dire à la seconde moitié du troisième siècle ou à la première du quatrième.

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VIII.

NOUVEAUX MONUMENTS DES CROISÉS

RECUEILLIS EN TERRE SAINTE

Les trois planches ci-jointes (I, II, III) contiennent un groupe de huit nouveaux monuments des croisés, tous épigraphiques, sauf un, que j'ai recueillis, au cours de ma dernière mission en Palestine (1881).

Cette série forme donc un complément naturel aux quatre mémoires que j'ai publiés, il y a déjà plusieurs années, sous le titre géneral de Matériaux inédits pour servir à l'histoire des croisades. La présente publication sera la cinquième de ces études.

N. I.

(Pl. I, A et B).

Sur une grande dalle de marbre blanc que j'ai rapportée de S. Jean d'Acre et qui est aujourd'hui déposée au Louvre : Douze lignes.

1 I. Inscriptions médiévales de Palestine.
II. La présentation du Christ au Temple (d'après
un chapiteau provenant de Jérusalem).
III. La pierre de Bethphage (fresques et inscriptions
des croisés.

Archives de l'Orient latin, II, 1883.

IV. Sur une inscription arabe de Bosra relative aux croisades.

Ces quatre mémoires, extraits du Musée Archéologique, de la Revue Archéologique et du Journal Asiatique, se trouvent à la librairie Leroux.

30

+ Ici gist Sire Gautier Meinne-Abeuf, qui trespasa an l'an de l'incarna(a)cion notre Seignor Jesus) Crit M.° CC. LXX. VIII, à XX jors de iue. (Ecu du défunt)

esc espouze Madame Alemanne, qui trespasa a XXVII jors dou mois

d'aoust.

L'angle droit supérieur a été cassé; il est heureusement conservé. L'on remarque sur la pierre quatre trous avec traces de scellement au plomb.

La dalle mesure 55 X 482 X 5 (épaisseur) centimètres.

La partie postérieure de la dalle est ornée de bas-reliefs appartenant à une dalle primitive beaucoup plus grande, peut-être un côté de sarcophage antique de l'époque byzantine: grande croix grecque martelée, inscrite dans une couronne; losanges, entrelacs, fleurons etc. Le martelage de la croix a dû être exécuté par les Musulmans entre la domination byzantine et l'arrivée des Francs, qui utilisèrent ce debris déjà mutilé.

L'inscription présente certaines particularités orthographiques qui méritent de fixer l'attention des médiévistes.

Je signalerai entr'autres, le mot INCARNAAACION: qui semble être écrit avec deux a; la notation des chiffres de la date à la mode latine dans une inscription française 2; le nom de mois IVE, qui doit être juillet, ou peut-être juin; le groupe ESCESPOνze, et son épouse (sa espouse).

Sire Gautier Meinne-Abeuf ne tarda pas à être suivi dans la tombe par sa femme, madame Alemanne, et, quelques semaines après sa mort, l'on grava à la suite de son épitaphe celle de sa compagne. Le champ étant limité pour cette dernière inscription par la surface disponible de la dalle occupée en partie par l'écu du défunt, le lapicide a serré visiblement ses lettres et supprimé les points disjonctifs.

J'ai déterminé dans mon rapport n. III l'identité possible, chronologiquement parlant, de notre personnage avec le Guautier Maynebuef qui figure dans une charte datée d'Acre 15 septembre 1256, parmi les hommes de la seigneurie de Jean d'Ibelin, sire de Barût, et sa parenté avec Barthélemy Mainebeuf, un des vassaux de Julian, sire de Sagette, dont la signature est apposée en bas d'un acte de vente de son suzerain, daté de 1254 4.

Depuis j'ai relevé encore le nom d'un Sire Gerard Mainebeuf dans trois chartes françaises, datées d'Acre, des années 1265 et 1169;

2 La même particularité se retrouve dans l'épitaphe du chevalier Simon de Massy (1281) conser vée dans l'Église de Ste Marie Madeleine, à Massy (Inscriptions de la France), III, p. 529.

3 Archives des missions scientifiques, t. X, p. 40 et suiv. du tirage à part.

4 Paoli, Codice diplomatico, t. I, n.o 123. Ce même Berteleme Meinebuef souscrit un acte français en 1258, (Strehlke, Tab. Ord. Theuton., 97).

5 Sebastiano Paoli, Codice diplomatico, II, PP. 188 et 192.

180,

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dans l'une d'elles il figure parmi les « hommes de la Haute Cour du Royaume ». Ce Gérard Mainebeuf, contemporain de notre Gautier Meinne-Abeuf devait être son proche parent. Le nom de Menebauf est inscrit parmi ceux des familles fixées en Syrie par le Sommaire du supplément aux familles d'Outre-Mer 6.

Je n'ai pas retrouvé de trace de Meneboeuf au Cabinet des Titres, et j'ignore si la famille existe encore en France. Les armoiries pourraient faciliter de nouvelles recherches. L'écu est de x aux trois bandes de x. Les émaux demeurent indéterminés. Ils devaient être indiqués sur le monument dans son état primitif. L'on remarque, en effet, que le champ sur lequel se détachent les bandes, est travaillé à la pointe, de façon à retenir une pâte colorée qui y était incrustée et qui a disparu.

Ce monument est d'un rare intérêt aussi bien pour l'histoire des croisades que pour notre histoire nationale. Les textes en français trouvés en Terre Sainte ne sont pas communs. Je n'en connais qu'un comparable au nôtre, c'est celui mis au jour par le D. Sepp dans ses fouilles à Tyr pour retrouver le tombeau de Barberousse 7. Par une singulière ironie du sort, ces excavations coûteuses, entreprises dans des vues politiques pour la plus grande gloire du germanisme, et dont l'échec a soulevé en Allemagne de si vives polémiques, ont eu pour principal résultat l'exhumation de la dalle tombale d'un chevalier français.

On nous saura gré de reproduire ici, d'après le D. Sepp, ce monument qui est antérieur au nôtre de quelques années.

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ICEGISO DESSINE BERG
HELMECHA:CHR DESVRL
GRESPASSARLAN:DELIN CARNA

GION:NRE SELONOR:IRV:CRIST
M:CCLXVI SAMKOI JUSGIR:LE:
PREMIER ORDERERVIER LA
LOVET Amen

6 E. G. Rey, 1881, p. 17. Malheureusement l'auteur ne nous indique pas les sources auxquelles il a puisé ce renseignement.

der Kathedrale mit Barbarossa's Grab (p. 264); cf. à la P. 261 du même ouvrage un fragment d'épitaphe médiévale latine provenant des mêmes fouilles :

7 Dr Sepp, Meerfahrt nach Tyrus zur Ausgrabung HIC EST SEPVLCRY.....

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