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iure subveniremus eisdem-quatenus, sicut alias in simili casu fuit concessum et factum per nos super differentiis existentibus inter fratres Rodi et Alemanorum, sic presentialiter facere debeatis, videlicet quod eligatis sex de nostris nobilibus apud vos, et videatis, examinetis, faciatis et terminetis sicut vobis vel maiori parti vestrum videbitur, per illum modum quo alias factum fuit, et quando erit tempus abile quod unus vestrum possit secure, et cum securitate loci vobis commissi, debeat unus vestrum ire ad videndum cum predictis sex locum de quo supra fit mentio, et quod ille vestrum qui ibit, possit dormire extra castrum per unam noctem predicta de causa, nonobstante puncto vestre commissionis; et sic mandamus vobis cum dictis nostris consiliis quatenus ut dictum est observare et observari facere debeatis.

5.

DOCUMENTS GENOIS

CONCERNANT L'HISTOIRE DE CHYPRE

Les pièces suivantes, recueillies à Gênes par M. le chev. C. Desimoni, ont quelque intérêt, la seconde surtout.

On n'ignorait pas que Fernand II de Majorque, fils de l'infant Fernand 1o, prince de Morée, tué à la bataille du Céphise, et d'Isabelle d'Ibelin, avait eu (avril 1341) une fille de son mariage avec Échive de Lusignan, fille du roi Hugues IV de Lusignan, ce roi sous lequel le royaume de Chypre parvint au comble de la prospérité, ce roi si sage, si ferme, si habile, mais qui n'était pas parfait, car il détestait son gendre, jeune prince, digne, paraît il, de toute estime. Mais on ne savait rien de plus de la fille de l'infant.

Les pièces de Gênes n. II et III nous rendent cette enfant presque perdue et nous apprennent, avec son nom, une partie de son histoire. Elle s'appelait Alix, Alix de Majorque, par conséquent, elle avait épousé un grand personnage de l'île de Chypre, qui finit fort mal.

Philippe d'Ibelin, sire d'Arsur, fils de Balian II d'Ibelin d'Arsur, était l'époux de cette princesse. Née en 1341, Alix n'avait pu lui donner sa main avant 1355 ou 1356, et peut-être le mariage est-il de plusieurs années postérieur à ces dates. Après avoir loyalement servi le roi Pierre 1er dans ses guerres et ses voyages 2, Philippe d'Ibelin, comme tant d'autres seigneurs chypriotes, finit par être exaspéré des brutalités odieuses auxquelles le malheureux roi, aigri par des chagrins en partie mérités, se laissa aller vis à vis de ses chevaliers. Au lieu de se borner à rompre le pacte féodal, ce qu'autorisaient les assises et ce que la majorité des liges

1 Hist. de Chypre, t. II, 179, 180, n. 182, n. 191, 203-205. Le mémoire confidentiel que l'infant adressa à son frère Jacques, roi de Majorque, se trouve aux pages 182-200.

2 L. Machera, trad. Miller, p. 103; Strambaldi, fol. 66, n. 137, verso; Amadi, fol. 274; G. de Machaut, Prise d'Alexandrie, p. 284; Hist. de Chypre, t. II, p. 291.

se bornait à réclamer, le sire d'Arsur, et quelques autres chevaliers, n'espérant plus rien de la raison du roi, avaient résolu d'aller jusqu'aux dernières extrémités. D'Arsur porta les premiers coups au prince, qu'achevèrent le vicomte de Nicosie et le sire de Gaurelles, dans la nuit de 17 janvier 1369 3. Il resta depuis un des personnages considérables du nouveau gouvernement, sous la minorité de Pierre II et la régence de la reine Éléonore. Il présida la haute cour comme lieutenant du sénéchal du royaume 4, et seconda activement le co-régent Jean de Lusignan, prince d'Antioche, dans la guerre que les Génois déclarèrent aux Chypriotes pau après le sacre du jeune roi. Devenu maître de Famagouste par la ruse autant que par la force des armes, l'amiral génois, Pierre de Campo Frégoso, frère du doge régnant, satisfit à la fois les ressentiments de son armée et la haine d'Éléonore d'Aragon, en sévissant contre les meutriers de Pierre Ier. Par ses ordres, le sire d'Arsur eut la tête tranchée à Nicosie, au mois d'octobre 1373, avec ses deux principaux complices, Jean de Gaurelles et Henri de Giblet 5.

Alix de Majorque, sa femme, aurait eu un rôle assez équivoque dans toutes ces circonstances, si l'on peut s'en rapporter à Léonce Machera. Notre chroniqueur ne l'inculpe de rien moins que d'avoir eu d'abord des relations criminelles avec l'amiral de Chypre, Jean de Monstry 6, puis de s'être donnée à un autre marin, au vainqueur de Famagouste lui même, à l'amiral Pierre de Campo Frégoso, et d'avoir déterminé l'amiral à faire décapiter son mari pour la sauver de la vengeance qu'elle redoutait 7.

Voilà bien des accusations et de la plus haute gravité. Le caractère de Léonce Machera, si précieuse que soit sa chronique, ne permet pas cependant de les accueillir san réserve. Machera est réellement une mauvaise langue. En toute occasion, dans toute son histoire, il se montre enclin aux soupçons, aux médisances et aux commérages en ce qui concerne toutes les femmes. Ce n'est point là de l'histoire sérieuse et digne. D'autres témoignages permettront, je crois, de justifier la dame d'Arsur de ces odieuses inculpations.

Quoi qu'il en soit, ce qu'il y a de certain c'est que le 19 août 1374, l'amiral Pierre de Campo Frégoso, qui se disposait à partir de Famagouste avec la flotte triomphante, accepta d'Alix de Majorque une procuration pour s'occuper d'une manière générale de ses affaires et de ses intérêts. Mais le 18 mars 1376, l'amiral, alors à Gênes, substitue pour un an à la procuration qu'il avait reçue, Luc Gentile, de la noble famille de ce nom 8,

Nous voyons ensuite que Luc Gentile, dont le père Obert avait reçu antérieurement en Chypre, et dès le 13 avril 1361 (si la date est exacte) une procuration d' Alix de Majorque, fut substitué à cette procuration par son père, le 19 mars 1376, le lendemain du jour où l'amiral avait remis momentanément son mandat aux mains de ce même Luc Gentile.

Voilà ce que nous apprennent le actes de Gênes n.os II et III.

Mais demandera-t-on, qu'avait donc à faire la comtesse d' Arsur à Gênes? Je l'ignore.

Si ses dispositions et ses procurations annonçaient chez Alix de Majorque le projet de quitter l'île de Chypre et la pensée de venir se fixer â Gênes, au milieu des ennemis de son pays, auprès de l'homme qui avait envoyé son mari à la mort, cela pourrait paraître un peu suspect. Encore ne faudrait-il pas trop se hâter d'incriminer ses intentions. Qui nous dit que parmi les nombreux otages, choisis dans

3 Guill. de Machaut, Prise d'Alex., p. 268.

4 Assises de Jérus., t. I, p. 3.

5 Machera, trad. Miller, p. 238. Cf. Strambaldi et Amadi.

6 Trad. Miller, p. 161.

7 Pag. 238.

8 Cela est rappelé dans la substitution de procuration du 18 mars 1376. Piéce n. II.

les premières familles du royaume et emmenés à Gênes, avec le connétable de Chypre, Jacques de Lusignan, avec Héloïse de Brunswick, sa femme, avec le comte de Tripoli, et tant d'autres, ne se trouvaient pas quelques uns des plus proches parents de la princesse. Le voyage en Ligurie de la petite fille de Hugues IV aurait eu, en ce cas, les plus naturelles et les plus légitimes raisons.

La pièce n. I pourrait se rattacher aux négociations du traité conclu à Nicosie le 16 février 1329 entre le roi Hugues IV et la république de Gênes 9. Ce serait plutôt, nous semble-t-il, une des pièces préliminaires de l'accord que la cour de Rome parvint à faire accepter en 1320 par la république de Gènes 10 au sujet des actes de contrebande et de piraterie dont le royaume de Chypre avait tant à souffrir 11.

Comte de MAS LATRIE.

9 Hist. de Chypre, t. II, p. 150.

10 Hist. de Chypre, t. II, p. 151, note 1; Rinaldi, Annal. eccles., 1320, $ 47.

11 Hist. de Chypre, t. II, p. 125-127, 151, n. 155, 171, 177. 204, n. etc.; t. III, 681. 721 n.; Assises de Jérus., t. II, p. 363, 368; Machera, p, 45.

I.

1320-1329.

?

Projet de traité entre la république de Gênes et le royaume de Chypre.

[Gênes, Archives d'état. Materie politiche, mazzo Z].

In nomine Domini, amen. Ce sont le convenances faites entre le rey de Cipre de une parte et le Comun de Genes de l'autre, seloncs que desous pour hordene se contera.

Primerament, que le rey de Cipre nos mantendra nos preveliges e tout de point en point. Sauve que nos mesages prometons à vous que de les tres coses que nos a parlé 12 messire Balian de Belin 13 et ses compagnons de par vos, que nos le sospendrons jusque à la revenue de vos mesages, qui devent venir en Genes, qui devent partir et être en Genes dedans tel termine seloncs que dessous se montrera. Con se soit cose que de dans un an 14 o avant li susdictes mesages devent avoir apporté o mandé la responsion.

Encore, promettera le rey de mander li siens mesages desus dictes en Genes à tel temp que il seront arrivé en Genes à un dite mot tens, e q'il donra plein poer à ses mesages de fare e de dire avec le Comun tout en cete mainere que nous desous nomerons, ce est à entendre que da le jours qu'il entreront en Genes jusque à tal temp qui il se posent acorder avec les Jenoes, pendant le quel nos nomerons de sout et emettendes 's que nos promettons à le rey de faire que le Comun metera un home de Genes que aura le poer d'accordasser avec le mesage du rei. Et se il se poront accorder dedans celui termine por lor volontes, monsegnor le rey le fera payer selon que ce qu'il auront ordonez ensemble.

Les mandées de le quels nos requeront sont cestes et de le quels il se devent accorder ensemble selonque qu'il est escripte desouze. Primeramerament, à mander de li vaisseaux de Bafe et de les vaisseaux de Limison et de les nave de Famagoste, et se pour avventure le ij. hommes de souredictes, est à entendre 1. pour lo rei 16 et l'autres pour le Comun, ne se posent accorder ensemble, si volons que cette damage soit...... 17 eu par raison en tel mainere que mainctenant nos elions par comun.... freres menor en pl...s... le quel

12 Au ms. parler.

13 Peut-être Balian d'Ibelin, seigneur d'Arsur, témoin dans un acte de 1328 (Hist. de Chypre, t. II, p. 143); et père de Philippe d'Ibelin d'Arsur, dont il est question dans la pièce n. II.

14 Au ms. on ane.
15 Sic.

16 Au ms. pour lores.

17 Ici et plus bas quelques lacunes à notre copie, provenant de l'érosion de l'encre ou du papier.

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