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A la même époque, ils avaient à Gênes, grand port maritime en relations continuelles avec l'Orient, une station et une loggia, et parmi ces mercatores Placentie, apparaît un Todeschus de Placentia 8: en 1245, trois plaisançais, Oberto Abbati, Guglielmo Rati, et Giovanni Pagani, s'y associaient au banquier Giovanni Ascherio pour affermer pendant un an la monnaie de la ville 9.

M. Belgrano, dans ses études sur les opérations commerciales des anciens Génois, nomme, parmi les Plaisançais devenus riches et assez puissants pour prêter de grosses sommes des Calderari, des Pagani, des Rosso, des Negrobuoni, des Leccacorvi, des Cantelli 10.

Déjà associés aux Génois dans Gênes même, les Plaisançais les suivirent naturellement en Orient, où les documents publiés ici même par le ch. Corn. Desimoni nous les montrent installés, comme si dans toutes les relations des Génois avec l'Orient, il fallait réserver une part aux Plaisançais.

Dans les 293 Documents relatifs aux deux croisades de S. Louis 12, publiés par le ch. Belgrano, documents qui embrassent les années 1238-1267, figurent 57 marchands de Plaisance, parmi lesquels je ne noterai que les Leccacorvi, les Abbati, les Speroni, les Braciforti, les Sordi, les Tedeschi, les Diani, les Della Porta, les Pecoraria, les Scotti, les Aghinoni, les Carli, les Pagani, les Anguissola.

Les Scotti, en particulier (nous le savons d'autre part) avaient formé une grande compagnie commerciale plaisançaise, dont faisaient partie Guglielmo de Vetula, Opizone de Farignano, Rolando de Ripalta, ces deux derniers familiers du pape Grégoire X. Cette compagnie négociait des prêts pour les besoins de la Terre Sainte; 10000 marcs sont avancés ainsi vers la fin de 1272 par Scotti et Vetula. Trois ans plus tard (27 octobre 1275), le même pape ordonne à l'archevêque d'York et au maître du Temple, Roger, de verser les fonds anglais de la croisade aux mains d'Opizone de Farignano et de Rolando de Ripalta, agents de la maison Scotti, qui était, par conséquent en état de faire passer ces fonds en Orient 13.

Nous devons à M. Servois 14 des documents qui prouvent l'existence en 1265 d'une compagnie de marchands plaisançais assez florissante: elle avait des comptoirs en France et en Palestine, comptoirs où figurent Nicolas da Sparavera, Bandino de Camprimola (Campremoldo?), Giovanni Maxilla, Ardoino de Moce, Rufino Maloscuderio, Gugliemo Borrino et Oberto Sperone.

Ces six marchands avaient donné au grand-maître des Hospitaliers, Hugues Revel, mille livres tournois, quart d'un prêt contracté par S. Louis pour les besoins de la croisade, et avaient reçu en échange une traite sur le roi. L'un deux, Giovanni Maxilla était parti d' Acre avec ce titre pour venir le réaliser en France: son navire le Saint-Esprit se perd entre Alexandrie et Tunis, et lui-même reste victime du naufrage. Ses associés obtinrent un nouveau titre.

Dans le premier des documents publiés par M. Servois qui est daté du 29 octobre 1265 les grands-maîtres du Temple et de l'Hôpital racontent au roi toute cette aventure: dans le second, du 6 juin 1266 15, les Plaisançais Guglielmo

8 Pandelte Richeriane (Archivio dei notari di Genova) Red.. B., Fogl. Notari, I, 503v, 525v, 494, sotto gli anni 1253-1254. Renseignement dû au chev. Desimoni, que je remercie de l'aide qu'il m'a prêtée dans le présent travail.

9 L. T. Belgrano, Not. et doc. rig. la Zecca di Genova, 6.

10 L. T. Belgrano, L'interesse del danaro.. dal sec. XII al XV. (Arch. st. it., ser. III, t. III, I, 117). 11 Archives de l'Orient latin, I, 436.

12 L. T. Belgrano, Documenti ined. rig. le due croc. di s. Lod. IX, re di Fr.; publication dont tout le public savant désire la continuation.

Archives de l'Orient latin, II, 2, 1883.

13 « Opizoni de Farignano et Rolando de Ripalta »> familiaribus pape vel aliis eorum sociis, civibus et » mercatoribus Placentinis de societate dilectii filii >> Bernardi Scotti, civis et mercatoris Placentini ». Ott. Posse, Analecta Vaticana, p. 56, n. 715, p. 69, n. 855-857. Nous publierons au tome III de ce recueil ces lettres avec les autres du même pape relatives aux croisades.

14 G. Servois, Emprunts de s. Louis en Palestine (Bibl. de l'écol. des Chart., XIX ann., t. IV, sér. IV, 123-125, 125-126).

15 L. c.

14

Borrino, Roccio de Rocciis et Arduino de Moccia donnent quittance de la somme prêtée.

Nous publions plus loin un troisième document du même genre, et qui contient huit traites tirées par s. Louis sur des marchands plaisançais.

Une autre pièce, datée de 1291 et par laquelle des marchands génois, donnent procuration à deux plaisançais, Deonisio Pallastrello et Oberico de Rustigassio, pour recevoir, en leur nom, du visiteur du Temple, Geoffroi de Vichier, 2350 1. tournois, montre que les marchands de Plaisance ont persisté jusqu'aux derniers jours de l'occupation latine à se maintenir en Terre Sainte.

1267, 28 juin.

I.

A. G. TONONI.

Acre.

Lettres de Guillaume, patriarche de Jérusalem, Thomas Bérard, grandmaître des Templiers, Hugues Revel, grand-maître des Hospitaliers, Geoffroy de Sargines, et Érard de Valery etc., priant s. Louis de faire un paiement à des marchands de Plaisance.

[Paris, Archives Nat. J., 473, n° 25]

Noverint universi presentes litteras inspecturis, quod nos GUILLELMUS, miseratione divina sacrosancte Ierosolimitane ecclesie patriarcha, apostolice sedis legatus, frater THOMAS BERARDI, domus milicie Templi, frater UGO REVEL, domus Hospitalis Sancti Iohannis Ierosolimitani magistri, GAUFRIDUS de SARGINIS, senescalcus regni Ierosolimitani, et ERARDUS de VALERIACO miles, vidimus et diligenter inspeximus quasdam litteras, sigillatas sigillo pendenti de cera simplici, serenissimi domini Ludovici, Dei gratia regis Francorum illustris, non cancellatas, non abolitas, non rasas nec in aliqua sui parte viciatas: quarum tenor talis est.

« LUDOVICUS, Dei gratia Francorum rex, universis presentes litteras inspecturis salutem.

Notum facimus quod quecumque persona seu persone mutuo tradiderit seu tradiderint per nobis in partibus transmarinis, dilecto amico nostro, G[UILLELMO], venerabili patriarche Ierosolimitano et dilectis et fidelibus nostris, GAUFRIDO de SERGINIS, senescallo regni Ierosolimitani et ERARDO de VALERIACO, vel duobus ex ipsis, trecentas libras Turonensium. Nos ei vel eis, vel certo eorum mandato pre

sentes litteras afferenti una cum litteris patentibus predictorum trium vel duorum ex ipsis super dicto mutuo confectis, dictas trecentas libras Turonensium, infra quindenam postquam dicte littere nobis fuerint presentate, reddi faciemus Parisius apud Templum. In cujus rei testimonium presentibus litteris nostrum fecimus apponi sigillum.

Actum apud Nealpham, die Mercurii post Brandones sexagesimo sexto.

Item tenor secunde littere:

anno Domini M°CC°

Ludovicus, Dei gratia, Francorum rex, universis presentes litteras inspecturis, salutem. Notum facimus quod quecumque persona seu persone mutuo tradiderit seu tradiderint pro nobis in partibus transmarinis, dilecto amico nostro G[UILLELMO], venerabili patriarche Ierosolimitano, et dilectis et fidelibus nostris, GAUFRIDO de SERGINIS, senescallo regni Ierosolimitani et ERARDO de VALERIACO, vel duobus ex ipsis, sexcentas libras Turonensium,

[Le reste comme dans la première lettre].

Item tenor tercie littere:

[Même teneur pour 700 livres tournois].

Item tenor quarte littere:

[Même teneur pour 800 livres tournois].

Item tenor quinte littere:

LUDOVICUS, Dei gratia Francorum rex, universis etc., salutem.

Notum facimus quod quecumque persona seu persone, mutuo tradiderit seu tradiderint pro nobis in partibus transmarinis, dilecto et fideli nostro, GAUFRIDO de SERGINIS, senescallo regni Iherosolimitani trecentas libras Turonensium, nos ei vel eis, vel eorum certo mandato, secum presentes litteras afferenti, una cum litteris patentibus ipsius senescalli, super dicto mutuo confectis, dictas trecentas libras Turonensium infra quindenam post quam dicte littere nobis fuerint presentate, reddi faciemus Parisius apud Templum. In cujus rei . . . etc.

Actum apud Nealpham veterem, die mercurii post Brandones: anno Domini M°CC sexagesimo sexto.

Item tenor sexte littere:

[Même teneur que la précédente, mais pour 300 livres].

Item tenor septime littere:

[Même teneur pour 600 livres].

Item tenor octave littere:

[Même teneur pour 700 livres].

In cujus rei testimonium, nos patriarcha, magistri, GAUFRIDUS et ERARDUS predicti presentibus litteris sigilla nostra duximus apponenda. Datum Accon die XXVIII' mensis junii, anno Domini millesimo ducentesimo sexagesimo septimo.

1291, 27 mars.

II.

Gênes,

Procuration donnée par plusieurs marchands génois à deux négociants plaisançais pour toucher des Templiers de Paris une lettre de change souscrite à Acre le 16 août 1290.

[Gênes, Arch. notarile, Reg. Angelini de Sigestro, 1291, f. 181].

In nomine Domini amen. NOS PETRUS MALOCELLUS, BELTRAMUS CIGALA, OCTOBONUS BUCANIGRA, ACELLINUS AURE, BATHOLONUS PEPE et ODDOARDUS AURE, mercatores Ianue, facimus constituimus et ordinamus nostros et cujuscumque nostrum certos nuncios et procuratores DIONISIUM PALLASTRELLUM et OBERICUM de RUSTIGASSIO, cives et mercatores Placentie, de societate RUSTIGASSIOUM, absentes tamquam presentes, et quilibet eorum in solidum, ita quod non sit melior condicio occupantis, ad petendum et accipiendum a fratre IOFREDO de VACHERIO, visitatore domus militie Templi Parisiensis, vel aliquo locum ipsius tenente, libras duo milia trecentas quinquaginta Turonenses, quas recipere debent a fratre IOFREDO vel ab aliquo ejus locum tenente Parisius secundum quod de predictis plenius constat per litteras sigillatas et per litteras apertas fratris GUILLELMI de BERIGERI, humilis magistri domus milicie Templi in Accon, scriptas in Accon MCCLXXXX, die xvj augusti, et ad vocandum se inde quietos et solutos, et finem, [ac]reffutacionem quietam et liberam faciendam de predictis, nos inde et bona nostra obbligandum, que in predictis et circa predicta seu occasione predictorum fuerint necessaria, vel facienda, et que nos facere possemus, si presentes essemus. Promittentes tibi notario infrascripto stipulanti nomine cujuscumque intererit, nos ratum et firmum habere et tenere quicquid per dictos procuratores, vel alterum eorum, actum seu factum fuerit in predictis et circa predicta sub ippotheca et obbligatione bonorum nostrum.

Actum Ianue, ante stacione MALOCELLORUM. Testes: IOANNES de REVIGNO, VINCENTIUS de PALACIO et BENEDICTUS de DOMOCULTA, filius quondam PAGENI. Anno dominice Nativitatis M CC nonagesimo primo, die xxvij marcij, inter vesperas et completorium, indicione tertia.

9.

QUATRE TITRES

DES PROPRIÉTÉS DES GÉNOIS

À ACRE ET À TYR

Trois des quatre documents qui suivent sont conservés en originaux (parchemin) aux archives d'état de Gênes. Le second, daté du 14 juillet 1249, est très important, parce qu'il passe en revue toutes les maisons et terres possédées à cette époque par la commune génoise, tant à Acre que dans d'autres lieux de la Terre Sainte. Ces documents avaient été connus du P. Semini (Memorie ms. sul commercio dei Genovesi in Levante) et par Silvestre de Sacy 1. C'est celui du 14 juillet qui avait le plus attiré leur attention, ainsi que celle du M. Serra 2 et d'un auteur anonyme cité par Olivieri 3; tous ces historiens ayant cité au moins les totaux par sections des revenus des Génois à Acre. Seulement Serra suivi par Canale 4 a altéré ces chiffres d'une façon lamentable: il a fallu qu'avec son instinct critique habituel Heyds vint donner raison au P. Semini.

Une autre grave erreur commise par mes devanciers a été de totaliser les chiffres des sections, tandis qu'en réalité les quatre sections doivent être réduites aux deux premières; les deux dernières n'étant que la répétition de celles-ci, pour un an en avant. Les revenus sont calculés en monnaie courante d'Acre, c'est à dire en besants d'or et en carats ou caroubles, à 24 carats au besant.

Pour se faire une idée de ces valeurs en monnaie actuelle, il convient de considérer que, suivant les recherches les plus récentes 6, un besant d'or d'Acre pesait à cette époque à peu près 3 g′ 45 au titre de 750 mill., soit 2 g′ 58 d'or fin, d'une valeur intrinsèque de 8 f 89.

1 Mémoires de l'Institut., III, 108, 1818.

2 Storia dell'antica Liguria, 1835, ed. Capolago, IV, 174

3 Carte e cronache mss. per la storia genovese (Genova, 1855), p. 60.

4 Storia di Genova, 1a ed. (Genova, 1845), II, 509: 2 ed. (Firenze, 1860), II, 301.

5 Le colonie commerciali degli Italiani in Oriente: (Venezia, 1866), I, 192.

6 Blancard, Le besant d'or Sarrazinas (Marseille, 1880) pp. 36-39; Desimoni, Actes passés à l'Aïas, (Gênes 1881), pp. 7-8 (Arch, de l'Or. Lat., I, 437-8).

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