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De son union avec la fille de Charles II, il eut plusieurs enfants, dont trois parvinrent à de hautes dignités ecclésiastiques Marc fut chanoine des cathédrales de Cologne et de Strasbourg; Jean devint archevêque de Trèves, et Georges, évêque de Metz. Ce dernier se distingua par ses vertus et ses saintes actions, à tel point qu'on croyait communément qu'il dût être canonisé après sa mort1.

Si cet honneur lui fut refusé, il attendait l'aîné de la famille, Bernard de Bade, dont je vais m'occuper.

Les auteurs qui en ont parlé2 ne sont pas complétement d'accord sur l'époque de sa naissance, ni sur les particularités de sa vie. Dom Calmet, qui a traduit et paraphrasé une des Vies du Bienheureux, s'exprime à peu près de la manière suivante :

Bernard de Bade naquit environ l'an 1438, et fut, dit on3, fiancé à Madelaine, fille du roi de France Charles VII; mais, si brillante que fût cette alliance, et si flatteuse qu'elle dût lui paraître, le jeune prince y renonça pour

1. Meurisse, Histoire des évesques de l'église de Metz, p. 590. 2. Dom Calmet, Histoire de Lorraine, 1re éd., t. II, col. 704706; Godescard, cité plus haut; Moréri, Dictionnaire historique, art. Bade; les Bollandistes, t. IV de juillet; etc. On trouve indiquées, dans ce dernier ouvrage, beaucoup de variantes sur la vie du B. Bernard.

3. Dom Calmet renvoie au Supplément à l'histoire de la Maison de Lorraine, par le P. Benoit Picart, p. 105, où on lit: "Bernard fut fiancé à Madeleine, fille du roi de France Charles VII; "mais, entièrement occupé des affaires de son salut, il ne voulut "point passer outre et abandonna ses Etats à Charles, son cadet, " pour s'adonner le reste de ses jours à la piété. "

Celle opinion est celle de presque tous les historiens; un seul, cité par les Bollandistes (p. 112, 2e col.), dit que Bernard eut pour femme Madelaine, fille de Charles VII; et un autre, qu'il mourut avant la célébration de ses noces avec cette princesse.

s'adonner aux exercices de piété et vaquer uniquement à son salut. Non content de cette abnégation, il abandonna ses Etats à Charles, son frère.

Toutefois, il ne crut pas pouvoir refuser les dignités de gouverneur de la province d'Allemagne et de président impérial en Italie, que lui conféra Frédéric IV, bien qu'il n'eût encore que dix-huit ans. Cet empereur le combla de biens; mais il n'en devint pas plus riche, car il partagea sa fortune en trois portions égales la première fut pour les pauvres, la seconde pour les églises, la troisième pour son entretien et celui de sa maison.

Outre les vertus morales qu'il possédait à un souverain degré, comme la douceur, la modestie, l'humilité, la chasteté, la miséricorde et la justice, il avait un excellent esprit. L'empereur ayant formé le projet de pacifier tous les princes et de réunir leurs forces contre les Infidèles, qui, peu de temps auparavant, s'étaient rendus maîtres de Constantinople, il jeta les yeux sur Bernard de Bade pour cette importante mission, et le fit son ambassadeur près des princes chrétiens.

Bernard commença ses voyages par la France et négocia la croisade avec le roi Charles VII. De là il se rendit à Turin où Louis, duc de Savoie, l'accueillit avec de grandes marques de considération et d'estime, et lui offrit beaucoup d'argent et de munitions pour l'expédition que l'on projetait. Poursuivant sa route, Bernard alla jusqu'à Rome trouver le pape Calixte III. Il mourut à Montcallier, plus chargé de mérites que d'années, car il n'avait que dix-neuf ans accomplis, étant mort le 15 juillet 1458. Il fut enterré au pied du grand autel de l'église collégiale de cette ville.

1. Dom Calmet a passé sous silence, dans le texte de son ouvrage,

Le pape Sixte IV, informé des miracles qui se faisaient à son tombeau, fit procéder, dix ans après sa mort, à l'information de sa vie et le béatifia l'année suivante, 1469.

Georges de Bade, son frère, lui fit ériger un autel dans l'église collégiale de Vic, où l'on voit encore sa statue en bois, en habit de guerrier. On y a célébré longtemps sa fête comme d'un saint; mais, depuis quelque temps, M. de Coislin, évêque de Metz, a ordonné qu'on en usât de même à Vic qu'on en use à Montcallier, et que l'on se contentât de l'invoquer par une prière publique le jour de sa fête. On assure qu'il a fait bon nombre de miracles en Lorraine aussi bien qu'en Italie.

On l'honore aussi dans l'abbaye de Saint-Vanne de Verdun. Le peuple de cette ville a une dévotion particulière pour lui, et on croirait ne pas tirer fruit de son intercession si l'on offrait quelque chose au prêtre qui doit célébrer la messe en son honneur. Son portrait se voit sur la muraille du chœur de l'abbaye, du côté droit en entrant.

Il y avait aussi une image de ce saint homme dans une chapelle des mines d'argent du Val de Saint-Dié, et il s'y fit, en 1530, un miracle par son intercession.

Le procès de sa vie et de ses actions miraculeuses,

une particularité qu'il indique lui-même, à la table de son 3e volume (1re éd.), de la manière suivante "Le beau Bernard à Venise. Il va joindre le duc Jean de Calabre à Naples. Cette mention renvoie à la Chronique de Lorraine où, dans le récit de l'expédition de Jean II en Italie, en 1415, pour aller au secours des Florentins attaqués par Alphonse, roi de Naples, on trouve ce passage: « Le comte Ferry de » Valdemont, le beau Bernard estoient ses ij cousins (du duc Jean). Ils ont tant vogué que à Venise ils sont arrivés..." (V. Recueil de Documents sur l'Histoire de Lorraine, t. V, p. 58.)

ajoute Dom Calmet, d'après Meurisse1, se conserve à Vic. Je ne voudrais pas récuser le témoignage de l'historien auquel est empruntée cette dernière assertion, et néanmoins j'ai peine à l'admettre. Elle est en désaccord avec plusieurs documents originaux que je ferai bientôt connaître, et desquels il résulte positivement que, si le chapitre de Vic, vers l'époque même où écrivait Meurisse, avait pu montrer le procès de la vie et des actions miraculeuses du B. Bernard de Bade, l'autorité ecclésiastique n'aurait pas interdit le culte qui lui était depuis longtemps rendu, et les chanoines n'auraient pas été obligés d'aller chercher au dehors des attestations.

D'un autre côté, lorsque les Bollandistes voulurent préparer, pour leurs Vies des Saints, l'article concernant notre Bienheureux, ils réclamèrent des renseignements partout, et n'en trouvèrent nulle part de satisfaisants. L'un d'eux écrivit à Turin pour que l'on demandât à Montcallier le procès de la béatification; on lui répondit que les actes y relatifs n'existaient pas dans cette ville, mais près des princes de Bade, et qu'on n'avait pu découvrir qu'une Vie du Bon Bernard, écrite en italien et imprimée à Turin en 1628.

On s'adressa alors au P. Valentin Hoeglin, recteur du collége de Bade, et celui-ci répondit, à son tour, qu'il avait écrit lui-même dans plusieurs lieux et à divers colléges de la Société, et n'avait rien pu recueillir qui fût digne

1. Histoire des évesques de l'église de Metz, p. 569; on y lit: Le Béat Bernard, dont la vie a esté si sainte que Dieu opère encor " tous les jours une multitude infinie de miracles au mont Callier, en "Italie, où il est ensevely, et dont l'image mesme qui est à Vic avec "le procès de sa vie et de ses actions miraculeuses, attire incessam"ment la dévotion de tout plein de personnes qui ressentent des " effets salutaires de son intercession. "

d'être rapporté, si ce n'est ce qui lui avait été envoyé de Vic.

Quelle était la nature de ces documents? le P. Hoeglin ne le dit pas; mais on peut supposer qu'il s'agissait de simples notes, car s'il eût été question du procès de la vie, il n'aurait pas manqué de l'indiquer, et les Bollandistes eussent certainement tiré parti de cette pièce capitale. Or, ils n'en parlent pas dans le long article consacré par eux au B. Bernard, et où un seul passage, assez court, rappelle le culte qui lui était rendu à Vic.

Les archives du chapitre de cette dernière ville ne furent pas détruites à la Révolution, comme on le supposait; elles ont été, à cette époque', remises au dépôt central du département, où elles forment un fonds d'une certaine importance. Je les ai minutieusement examinées1, et je n'y ai trouvé qu'un dossier de douze pièces, dont quelques-unes inédites, relatives au B. Bernard. Dans le nombre est une note2, sans indication sur sa provenance,

1. Ces recherches ont été provoquées par une démarche faite, il y a quelques années, de la part de S. A. R. le Grand-Duc de Bade, près de M. l'abbé Weiss, chanoine honoraire et ancien principal du collége de Vic, à l'effet de découvrir s'il n'existait point, dans cette ville, de documents relatifs au B. Bernard, et probablement ceux qu'indique Meurisse, lesquels n'y ont peut-être jamais été.

2. Cette note, portant la date du 12 juillet 1771, est ainsi conçue : Sur le B. Bernard de Baden.

"1o Les papiers envoies de Vic sont déposés au secrétariat pour " y recourir, le cas échéant.

"2o Il convient, avant tout, de savoir en quoy consiste le culte que » M. le doyen de Vic dit qu'on rend, dans l'église collégiale de cette "ville, au B. Bernard de Baden, comme aussi d'avoir une coppie dû"ment certifiée des actes qui établissent l'authenticité des reliques " qu'on prétend avoir dans cette église."

Ces pièces ont-elles été fournies par le chapitre de Vic? Je l'ignore ; ce qui est certain, c'est que je n'ai pu découvrir, dans ses papiers, aucun inventaire authentique des reliques du Bienheureux. Je me suis également assuré qu'il n'existe rien dans le fonds de l'Evêché, aux Archives du département de la Moselle.

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