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Dans ce même livre d'annotations nous trouvons des renseignements plus complets quant au salaire du berger: « Le 9 mars 1817, y est-il dit, j'ai loué le berger, il gagne par an 15 écus, 15 brebis et 5 agneaux ».

L'année précédente, le fermier avait compté ses moutons; ici encore nous avons la preuve que certains animaux appartenaient au berger. Il est dit en effet : « Le 11 avril 1816, j'ai compté les bêtes à laisne avec le berger; il y en a 180 qui nous appartiennent et 50 agneaux; le berger a 29 bêtes et agneaux ».

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Le registre de comptabilité des domestiques, etc., de la ferme de Fresin, registre commencé le 1er mars 1843, nous fournit plus de renseignements :

Quant aux domestiques d'abord: « Engagé Joseph H..., premier domestique, au 15 mars 1813 jusqu'au même jour 1844; il gagne 120 francs, un charriage terroul, 2 verges de pommes. de terre et dringuel (1) en commun ». Jusqu'en 1849, il a les mêmes gages; mais dans l'engagement conclu le 16 mars 1849, il intervient un petit changement. Les gages de 120 francs subsistent, ainsi qu'un charriage de terroul (2); mais quant aux pommes de terre, il est dit « et une verge et demie de pommes de terre s'il y en a une charrée et deux verges si elles manquent et qu'il n'y ait qu'une charrée ».

C'est qu'on avait eu la maladie des pommes de terre et que celles-ci étaient devenues plus chères. Les mêmes conditions d'engagement subsistent pour cet ouvrier pendant les années 1850-1851 et 1851-1852. Après cette date, nous perdons sa trace dans le registre.

C'était là un premier domestique; pour différents autres

(1) Dringuel le flamand drinkgeld

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(Terroul, aussi terreau, mot wallon pour signifier une espèce de tourbe qui se trouve à la partie supérieure du terrain houiller et que, dans la première moitié du XIXe siècle, on allait chercher de Fresin au pays de Huy, Andenne. On la brûlait telle qu'elle, ou plus souvent on en faisait des «hochets », c'est-à-dire de petites boules ellipsoidales obtenues en mélangeant le terroul avec une substance agglutinante.

domestiques, il est question pour cette même époque de 100 francs de gages par an. Pour eux aussi nous voyons un changement apporté aux conditions d'engagement à la suite de la maladie des pommes de terre. Nous lisons en effet dans l'engagement d'un domestique pour 1847-1848: « mais je ne donne qu'une charrée de pommes de terre, s'il y en a plus sur 2 verges, je ne surpasse pas ».

Nous trouvons indiqué ce à quoi ce supplément en nature équivaut, en 1851 un domestique vend ses pommes de terre pour 35 francs. Les gages étaient payés en acomptes. Un de ces acomptes est libellé comme suit : « lui donné 1 franc pour jouer aux quilles ».

Quant aux servantes : Le 16 mars 1843 jusqu'au même jour 1844, le fermier de Fresin engage une servante pour 65 francs l'an, deux chemises, deux tabliers, une paire de souliers, une jupe de laine et le « dringuel » (drinkgeld) en commun avec les autres servantes.

Vers cette même époque, et pendant les années 1850, nous trouvons encore pour les servantes les gages de 65, 70 et un exemple de 80 francs. Chaque année il y a un compte pour chaque servante. Nous reproduisons ici un de ces comptes pour l'année 1843-1844 :

Le 21 mars 1844, donné acompte à sa mère.

. fr.

5.00

Le 27 avril, payé Marie Joseph pour quinze jours à sa place (1)

3.52

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Le 4 septembre, livré deux chemises qu'on lui doit pour 1844
Le 27 octobre, donné acompte à sa mère.

5.00

23.52

(1) Dans les extraits de comptes reproduits, nous maintenons l'orthographe du registre. Dans le compte de 1843, nous trouvons pour cette même servante renseigné : « elle a retourné le 14 août jusqu'au 12 septembre, à 4 sous le jour, soit fr. 6.60 ». Il s'agit ici d'une servante engagée le 1er novembre 1842.

Le 17 novembre lui payé 45, 48 francs souliers compris, fait qu'elle est payée jusqu'à la Toussaint 1844. »

Ici donc les souliers sont remplacés par 4 francs. L'année suivante nous trouvons mentionnés au compte: « le 12 septembre elle a eu ses souliers pour la fête de Berloz ». En marge du compte 1843-1844, que nous reproduisons, il est annoté <<< elle a eu aussi ses tabliers ».

Toutes les servantes n'avaient pas ces suppléments en nature. C'est ainsi que nous trouvons porté en compte pour une autre servante dans le décompte de l'année 1850 « un tablier : fr. 1.35; deux chemises: fr. 3.70; lui apporté une jupe de Saint-Trond fr. 3.84 ». Pour une servante engagée le 16 mars 1845, nous trouvons annoté : « Elle gagne 65 francs, tout compris ». Quand les servantes retournaient chez elles, ne fût-ce que pour quelques jours, il y avait réduction des gages. Ainsi nous trouvons dans un compte pour 1850 : « elle est retournée 3 1/2 jours chez elle = 1 franc» et ce franc est

déduit des gages.

Les ouvriers avaient chez le fermier un véritable compte courant. Ils rapportaient des journées de salaire, le fermier leur livrait du seigle, du froment, du lard, du beurre, des œufs, faisait des charriages pour eux. Pour certains travaux, ils étaient payés en nature, par exemple, pour la moisson et pour le battage des grains. Nous n'en trouvons pas trace ici. Quand ils étaient payés en argent, les hommes gagnaient (de 1843 à 1852, les seules années pour lesquelles nous ayons des renseignements) 10 sous par jour (le sou de Liége valait un peu plus de 6 centimes, 1 franc 17 sous) et les femmes 8 sous. Nous trouvons également porté en compte 5 sous par jour pour une femme qui vient laver le linge, alors que cette même femme a 8 sous quand elle fait du travail agricole. Dans le premier cas, elle était probablement nourrie à la ferme.

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Ce que le fermier livrait à ses ouvriers était compté au prix du jour dans un compte de 1849-1850, nous trouvons une livre de lard portée en compte pour 17 sous, et quelques jours

plus tard, le compte est rectifié parce que, dit-on, le lard n'est vendu que 15 sous dans les boutiques. Nous reproduisons ici deux de ces comptes :

« Compte Nicolas L...

Le 7 juin (d'après le contexte, ce compte doit se rapporter à · l'année 1850) tout compte fini il doit encore un petit cochon. Le 8 juin livré une livre de beurre pour 11 écus.

Livré dix livres viande à 25 centimes pour fr. 2.50.

Le 22 juin lui payé en journées, jusqu'à ce jour, 1 1/2 sous de trop.

Le 6 juillet je lui ai marqué son petit cochon de l'année passée 5 francs.

Le 13 juillet livré un stier seigle pour fr. 3.50

Le 24 juillet livré deux stiers seigle et 1/2 stier froment, fr. 9.75.

Le 24 juillet rapporté 90 sous hommes et 46 femmes, journées.

Le 2 août livré deux stiers seigle pour 7 francs.

Le 13 août livré deux stiers seigle pour 7 francs.
Il trouve 42 sous journées en commun.

Il a des pommes de terre à payer.

Le 30 septembre rapporte 102 sous journées.

Le même jour il donne acompte 20 francs, fait que ce jour, tout compris, pommes de terre aussi, il m'est redevable de 17 francs.

La femme Colas a 13 jours moins 1/4 à compter, le jour du 23 octobre, et Colas a 9 1/2 journées à compter jusqu'au même jour. Le 1er décembre rapporté 92 sous femmes, 12 à faire la lessive, 15 sous de lui, tout compte fait : 316 sous, déduire 17 francs, qui font 289 sous, lui revient 27 sous que j'ai payés. Nous sommes quittes. »

Suit encore un autre compte relatif à l'année 1849 :

« Compte Joseph G...

Ce 29 juillet payé 42 sous journées et décompté deux livres beurre, 10 liards trop.

Le 3 juillet livré deux stiers seigle pour 7 francs.

Le 8 juillet pour 83 sous journées.

Le 13 juillet livré un pot de beurre de 10 livres, à décompter

le pot.

Livré deux livres lard à 15 sous.

Le 15 juillet rapporté 69 sous journées.

Le 16 juillet livré deux stiers seigle pour 7 francs.
Le 24 juillet livré deux stiers seigle pour 7 francs.
Le 31 juillet livré une livre lard pour 15 sous.
Le 2 août livré deux stiers seigle pour 7 francs.
Le 13 août livré deux livres lard pour 30 sous.
84 sous en commun (journées).

Le 30 août livré une livre de beurre pour 75 centimes.
Le 8 septembre lui donné 40 francs à titre de prêt.
Livré deux livres de beurre pour 25 sous.

Le 23 septembre rapporté pour 118 sous journées.
Le 25 octobre livré un stier seigle pour fr. 3.50.

Le 6 novembre des journées pour 135 sous.

Le 17 novembre des journées hommes et femmes pour 116 sous journées.

Le 19 novembre arrêté ce compte sans compter les 40 francs prêtés et le beurre de 10 livres, compris le pot, il m'est redevable de 19 sous. »>

Domestiques et servantes logeaient à la ferme. Actuellement encore, dans les vieux bâtiments de ferme, on peut se rendre compte de ces conditions de logement. Les servantes avaient des mansardes dans le corps de logis, les domestiques couchaient généralement dans une cage suspendue dans un coin.

TOME V. LETTRES, ETC.

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